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avantageux de la Saverne , l’on connoît peu les
rigueurs de l’hiver , & l’on n’a pas le terroir ftérile
des lieux pierreux & montueux. Aufli ces parties
baffes de la province de Montgomery abondent-
elles en grains & en fourrages , étant finguliére-
ment remarquâmes par la bonté & la beauté des
bêtes à cornes,'& des chevaux que l’on y nourrit.
G ’eft dans ce comté que la Saverne prend fa
Jource. L’on y compte 47 paroiffes, fix villes ou
bourgs à marché , 5600 maifons, 56000 arpens de
terres, & environ 34000 habitans. L’on y élit un
chevalier du comté pour la chambre des communes
, avec le membre qui repréfente la capitale ;
, & l’on y reffortit, pour le fpirituel, aux diocèfes
de Saint-Afaph, de Banger & de Hereford. Les
manufactures de flanelles font les feules qui foient
en quelque réputation dans la province : elles fleu-
riffent fur-tout dans le bourg de.Welch-Pool, auprès
duquel la Saverne commence à devenir navigable.
{R.')
Montgomery . Mans Gomericiancien & célèbre
comté de France , en Normandie , au diocèfe
de Lîfieux , à 5 li. f. o. de cette ville. Quoiqu’il ait
été démembré, il comprend encore plufieurs ba-
ronies, & un grand nombre de fiefs. Roger, comte
de Montgomery , ayant fuivi Guillaume le Bâtard,
duc de Normandie , à la conquête de T Angleterre,
obtint de ce prince le comté de Shrewsburi ,
& y fit bâtir un château , auquel il donna le nom
de Montgomery, dont il eft fait mention dans l’avant-
dernier article. On fait que de Lorges , comte de
Montgomery, bleffa mortellement, dans un tournois
, le roi Henri I I , qui mourut le 10 juillet
1559.(7?.)
M O N T !E L , petite ville dEfpagne , dans la
Nouvelle-Caftille , à 6 lieues o. d’Alcala. C ’eft le
Laminium des anciens , & le chef-lieu de la partie
orientale de la Manche, qu’on nommoit autrefois
Laminitanus ager. Long. 1 4 ,3 6 lat. 40,28. (R.')
MONTIGNAC , petite ville de France , dans le
Périgord, fur la rivière de Vezère, éleélion de
Sarlat. (/?.)
MO NTIGNI, petite ville de France , en Bourgogne
, dans l’Auxois , fur la rivière d’Armançon.
Long. 2 1 ,3 0 ; lat. 47 , 40. (R.)
MONTIVILL1E R S , ou Montiersvilliers’,
Monaflerium vêtus , petite ville de Erance , en Normandie,
au gouvernement du Havre - de-Grace.
Elle eft fituée fur la Lézarde, à une petite lieue
d’Harfleur, a du Havre-de-Grace, 6 de Fécamp &
deLiflebonne, 16 de Rouen, 37 n. o. de Paris. Il
y a une riche, ancienne & célèbre abbaye de
Bénédictines , fondée par le duc Warathon , maire
du palais , & établie vers l’an 674* Cette ville eft
le fiège d’un gouverneur particulier , qui l’eft aufli
de Harfleur. {R.)
MONTLUEL. Voye^ Mont-Luel.
MONTMARTRE. Voye^ Mont-Martre.
MONTMÉLIAN, ville autrefois très-forte du
duché de Savoie, avec un château, furT’Ifère. Elle
a été prife & reprife par nos rois, tantôt avec de
l’argent par François Ier & Henri I V , tantôt avec
le canon par Louis XIV ; mais Louis XIII fut
obligé d’en lever le fiège après treize mois d’attaque.
Louis X IV , qui l’avoit prife en 1691 , la
rendit en 1696 ; & l’ayant reprife en 1705 , il en
fit démolir les fortifications. Ses environs font
agréables , entrecoupés de plaines , de montagnes
& de collines , fur lefquelles il croît des vins efti-
més. Sa fituation eft commode pour paffer en Piémont
, en Dauphiné, dans les provinces de Savoie
dans le Génevois , & dans le Faucigny. Elle eft à
10 lieues n. e. de Grenoble, 30 n. o. de Turin ,
3 f. o. de Chambéry. Long. 23 , 4 c 45 32, pa H MONTMERLE. Voyeç Mont-Merle.
MONTMIRAIL, M.ons M..mollis, petite ville
du gouvernement de Champagne, dans la Brie,
fur une hauteur, avec un bailli d’épée , un lieutenant
général, & titre de baronie. (R.)
MONTMOREL , abbaye de France, en Normandie
, au diocèfe d'Avranche. Elle eft de l’ordre
de Saint Auguftin , & vaut 8500 liv. (R?)
MONTMORENCI, petite ville fans murailles,
de l’Ifle de France, dont la maifon de Montmo-
renci a tiré fon nom.
La terre de Montnrorençi étoit une des anciennes
baronies du royaume. Elle fut érigée en duché-
pairie Tan 15 5 1 , par Henri I I , en faveur d’Anne
{le Montmorenci , connétable de France , avec
l’union de plufieurs autres lieux. Ce duché s’étant
éteint par la mort du maréchal de Montmorenci,
en 1633 , Louis XIII érigea de nouveau cette terre
en faveur d’Henri I I , duc de Bourbon , prince de
Coudé, fous le nom d’Enghien , par lettres-patentes
de 1689 , regiftrées au parlement le 2 janvier
1690. Mais les habitans n’ont point confenti à
changer, & n’ont point changé l’ancien nom du
lieu. Il eft fitué fur une colline au-deffus d’une
grande vallée, dans un beau point de vue , à une
grande lieue de Saint-Denis , & 3 li. n. de Paris.
Long. 19 d. 58' 56 fec. ; lat. 48 d. 58' 4 fec.
Jean le Laboureur naquit à Montmorenci, eu
1623. Sa relation du voyage de Pologne, où il accompagna
la maréchale de Guébrian, la feule femme
qui ait fait les fondions d’ambaffadriee plénipotentiaire
, eft une relation amufante & romaneff
que. Mais les commentaires hiftoriques dont il a
enrichi les mémoires de Caftelnau, on£ répandu
beaucoup de jour fur l’hiftoire de France. Son traité:
de l’origine des armoiries n’eft pas affez travaillé.
Le mauvais poème de Charlemagne, qu’on lui a
donné, n’eft pas de lui , mais de Louis le Laboureur
fon frère. Jean le Laboureur mourut en
1675 ? à 52 ans.
Cette petite ville a toujours porté le titre de baronie
: plus de fix cents fiefs ont relevé de fon
domaine : elle a châtellenie & prévôté :c’ eft le fiège
du premier doyen rural du diocèfe de Paris, ayant
cent paroiffes dans fon diftriéi.
L’égÜfe collégiale & paroiffmle, dédiée à faint
Martin , eft fi ancienne , qu’on n’en connoît pas
le fondateur. Elle fut rebâtie dans le XVIe fiecle
fur les ruines de l’ancien château, par Guillaume
de Montmorenci , père d’Anne le connétable,
chambellan de Charles V I I I , Louis XII & François
I. On voit par-tout l’écu de fes armes, au portail
, aux voûtes , &c. . .
Ce feigneur , mort en 1525, & fa femme Anne
Pot y ont un tombeau magnifique. L églife fut
achevée par leur fils Anne le connétable : fon petit
fils Henri I I , duc de Montmorenci, donna en
1617 , cette églife aux prêtres de l’oratoire , qui la
deflètvent depuis ce tems , comme curés.
On fait que J. J. Rouffeau a demeuré, plufieurs
années à Montmorenci : il y connut M. le maréchal
de Luxembourg , qui l’aima, le'protégea , &.
honora en lui l’union des talens & des vertus.
La maifon de Montmorenci eft une des plus anciennes
& des plus célèbres maifons de France. On
la voit fortir de la nuit des tems, avec une fplen-
deur, qui ne laiffe que le trône au-deffus d elle. Une
tradition, qu’on ne peut garantir, donnoit pour premier
aïeul aux feigneurs de Montmorenci, Lifoie général
des Francs, fous Clovis, qui le premier après
fon r o i, fe fit baptifer par S. Remi : de-làd it-on ,
le titre de premier baron chrétien, que prennent les
feiyneurs de Montmorenci. On convient au moins
qu’ils portent ce titre depuis l’an 1390 , & nos rois
le leur ont toujours donné dans les aâes les plus
authentiques. - (
Ajoutons d’ailleurs que le titre de baron étoit
originairement*un titre éminent, qui fe donnoit
aux princes du fang, aux ducs, aux comtes, aux
primats , aux évêques. Quant à 1 origine de cette
maifon , on convient qu’elle remonte à l’an 955*
Dans ces tems d’anarchie féodale, où les nobles
, fléau de la nation , tyrannifoient le peuple,
pilloiènt le clergé , & dédaignoient les rois , les
Montmorenci, non moins puiffans & non moins
fiers que la plupart des autres grands feigneurs , affectèrent
quelque tems comme eux, de ne depen-
drê que de Dieu & de leur épée, & s’intitulèrent
barons par la grâce de Dieu.
Lorfque Hugues Capet monta fur le trône , &
réunit à la couronne fon duché de France, le plus
noble & le plus vafte fief du royaume ; les feigneurs
qui relevoient du duc de France, devinrent
alors vaffaux immédiats du roi. Du Cange nous a
confervé dans fon gloffaire les noms de ces vaf-
faux. C’étoient les comtes d'Anjou & du, Maine , les
barons de Bourbon-VArchapibaut, de Vendôme , de
Montmorenci, &c. Mais de toutes ces antiques maifons
il n’exifte plus que celle de Montmorenci ;les
autres ont difparu, ou font tombées dans l’obf-
cutité. Or tout le monde fait qu’après le titre de
grand-vaffal de la couronne, le plus noble étoit
celui de vaffal immédiat du roi. Les hauts barons ,/
qui iouiffoient de ce dernier titre , entroient dans
le parlement de la nation, fiégoient a çôté des ducs
de Bourgogne , de Normandie & d’Aquitaine, &
quoique moins puiffans , ne reconnôiffoient comme
eux d’autres fupérieurs que le roi.
A la fplendeur de la naiffance & du rang les
Montmorenci joignoient alors de grandes riche fies.
Leur baronnie de Montmorenci s’étendoit depuis
les portes de la capitale jufqu’à la rivière d’Oife.
Elle renfermoit toute cette riche & délicieufe vallée
connue encore aujourd’hui, fous le nom de
Montmorenci ; les villes de Saint-Denis, de Go-
neffe , d’Aubervilliers ; & une infinité de bourgs &
de paroiffes relevoient de cette Baronie. Ils poffé-
doient d’ailleurs quantité d’autres fiefs, moins nobles
fans doute, mais prefque aufli riches, tels
que les comtés de Montl’heri, de Rochefort ; les
vicomtés de Corb eil, de Troye ; les baronies d’E-
couen, de Conflans, Sainte-Honorme , &c. & c .
11 paroîr , .par un relevé très exa& que les différentes
branches de la maifon de Montmorenci ont
poffédé trois duchés-pairies, quatre duchés héréditaires
, deux principautés décorées de la grandeffe
d’Efpagne, fept autres principautés, dont cinq fou-
veraines, treize marquifats , vingt-huit comtés, dix
vicomtés , plus de quatre-vingt-dix baronies , parmi
lefquelles une vingtaine des premières & des
plus riches du royaume, & plus de cent cinquante
châtellenies, au nombre defquellesChantilly , Tlle-
Adam , Chenonceaux & beaucoup d’autres , dont
" le revenu eft plus confidérable que celui de bien des
duchés.
G11 compte encore aujourd’hui dans cette maifon
un duché-pairie , quatre duchés héréditaires , deux
principautés décorées de la grandeffe , dix ou douze
comtés , prefque autant de marquifats ou de vicomtés
, fans compter plufieurs belles châtellenies.
Lorfque Henri II érigea en duché-pairie la baronie
de Montmorenci, elle avoit éprouvé de
grands démembremens, parla néceflité-ous’étoient
trouvés les aînés de la maifon d’apanagerles cadets.
Elle n’étoit plus compofée que de vingt-quatre paroiffes
, ce qui n’étoit peut-être pas le tiers de ce
qu’elle poffédoit, lorfqu’elle étoit dans toute fa
fplendeur.
Anne de Montmorenci, parvenu aux dignités
de pair, de connérahle & de grand-maître de Franc
e , avoir fi peu, oublié la grandeur primitive de fa
maifon, qu’il prit pour devife ces mots de l’écriture
fainte, Jîcut erat in principio.W faifoit tant de
cas de fon titre de premier baron de France , qu’il
dédaignoit celui de duc , & qu’il ne le prit qu’avec
peine , peu jaloux de fe conformera l’u fage, qui
depuis long-tems avoit prévalu en faveur des ducs,
comte* & marquis , & qui leur donnoit la prééminence
fur les barons ; mais il fe garda toujours d’oublier
, dans la longue énumération de fes titres *
celui de premier baron chrétien de France , qui le
diftinguoit fi glorieufement des autres grands feigneurs.
La fplendeur des alliances répond à celle de la
naiffance, du rang & des richeffes. Les Montmo