
Aj6 -, N I S NISARO , île de l’Archipel, au couchant de
celle de Rhodes. Les Grecs qui l’habitent font tributaires
des Turcs &. des Vénitiens. On y recueille
du bled, du vin & du coton; mais il n’y a guère
de vaiffeaux qui la fréquentent, parce que fa rade
eft mauvaife. C ’eft la Nifyrus des anciens.
NISCHABOURG. Voyez Nich a bo u r g .
NISCHNEI-LOMOW, petite ville de Ruflie,
au gouvernement de Woronefch, fur la rivière de
Lomow.
Nischnei-Mic h a il o v , petite ville de Ruflie,
au gouvernement de Woronefch.
NISEN , Nie sna, ou Nisi-n o v o g o r o d , ville
très-peuplée de l’empire Ruffien , capitale du petit
duché de même nom, avec une citadelle & un archevêché.
On y vit à très-bon marché. Elle eft près
du confluent de l’Occa & du Woîga , fur une
montagne, à 98 lieues de Mofcow. Long,,65 , 45 ;
Ut. 56, 34.
NIS1BE , ou Nesbin, Nifibis, très-ancienne &
très-célèbre ville d’Afie, dans le Diarbeck , fur le
Tigre. Elle n’efl plus qu’une ombre de ce qu’elle
étoit autrefois, à 28 li. f. o. de Diarbekir. Long. 57, Ü f l a ti 36.
NISITRA, petite ville d’Italie, fur la côte du
royaume de Naples , près de Pouzzols.' Le trop
grand nombre de lapins nuit beaucoup à fa fertilité.
Elle a un petit port appelé Porto-J3avarie.
NISMES, en latin Nemaufus, ville de France,
dans le bas-Languedoc. Elle eft fort ancienne, &
doit vraifemblablement fon origine aux Phocéens
d'Ionie, qui fondèrent Marfeille. Leur colonie s’étant
trouvée trop refferrée dans le territoire de
Marfeille , fut obligée de fe répandre à Orange, à
Nice, à Antibes, à Turin , àTarragone & à Nîmes.
Les anciennes armoiries de cette v ille , & les épitaphes
grecques qui y ont été trouvées, femblent
confirmer cette opinion.
Nîmes refta environ 400 ans dans l’état où les
Phocéens la mirent, jufqu’au tems qu’elle tomba
avec le refte des Volfques, dont elle etoit capitale,
fous la puiflance des Romains. Les Volfques habi-
toient le long du Rhône ; ils avoient afliijetti cette
ville, ou avoient été conquis par elle. Ce qu’il y a
de fûr , c’eft qu’au tems où Fabius Maximus la fournit
aux Romains , elle étoit appelée Nemaufus,
urbs Volfcorum Arecomicomm. Apparemment qu’elle
fut dans la fuite fe fouftraire de cette nouvelle domination;
car on obfërvè qu’elle fut du nombre
des 837 villes que Pompée conquit dans fes exploits
, depuis les Alpes jufqu’aux dernieres extrémités
de l’Efpagne.
Plufieurs marbres que l’on a trouvés dans les débris
de Nîmes avec des infcriptions latines, font
voir que les Romains y ont envoyé des colonies ;
qu’elle a été gouvernée par des confuls & des décemvirs
; qu’il y avoit des édiles comme à Rome ,
un fénat, une compagnie de décurions, un quef-
teur ; enfin, qu’il y avoit un collège de prêtres, &
un temple dédié à Augufte,
:N I S Quand l’empire s’écroula fous Honorius & Arca^
dius, la ville de Nîmes tomba entre les mains des
Goths , après avoir été environ 500 ans fous la
puiflance des Romains. On conjecture avec vrai-
femblance , que la plupart des monumens dont o a
voit encore aujourd’hui de fuperbes reftes, ont été
ordonnés par les deux Antonins, pour marquer
leur bienveillance à une ville dont ils étoient originaires.
Nîmes vint dans le fixième liècle au pouvoir
des Vifigoths, & dans le huitième elle fuccombx
fous celui des Sarrafins, avec quelques autres places
du Languedoc , qu’ils conl’ervèrent environ
20 ans, & jufqu’à ce que Pépin reconquit ce pays.
Nîmes fut dans la fuite gouvernée par des vicomtes»
fous l’autorité des ducs de Septimanie. Ces vicom^
te*s de Nîmes s’en rendirent propriétaires dans le
X e fiècle. Raymond, comte de Touloufe, en ufurpa
le haut domaine. Les rois d’Aragon s’attribuèrent
enfuite le même droit fur cette ville & fur fon territoire
appelé le Nèmofeç ; mais Jacques , roi d’Aragon
, y renonça en faveur de Saint Louis, par
une traniaélion de l’an 1258,
En 14 17 , Nîmes, qui appartenoit à Charles V I ^
roi de France , fut prife par le prince d’Orange »
qui étoit à la tête des Anglois ; & ce fut alors
que l’amphithéâtre fut ruiné. Les maflacres qui fe
commirent dans cette ville pendant les cruelles
guerres de religion du X V Ie fiècle , y multiplièrent
les Calviniftes ; la plus grande partie des magiftrati
& du peuple fe déclarèrent pour la réforme , &
firent bâtir, en 1565, un grand temple qui dura
jufqu’en 1685, qu’il fut abattu par ordre de Louis
XIV. ; e.
Ils ’eft tenu à Nîmes quatre conciles particuliers i
le premier en 389, le fécond eh 886, le troifième
en 997, & le quatrième, convoqué parle pape
Urbain I I , en 1096. .
Nous parlerons des monumens antiques qui fe
trouvent dans cette ville ou dans fes environs: on
peut en lire les détails dans l’hiftoire de cette ville
par M. Gautier, & dans l’ouvrage des grands chemins
de l’empire Romain par M. Bergier. II ri’eft
pas douteux que Nîmes fe diftinguoit autrefois par
fon amphithéâtre nommé les Arènes, par la mai fon-
quarrée, qui paroît avoit été un temple; par l’étendue
-de fes murs qui avoient un circuit de 4640
toifes ; enfin ' par fes neuf tours qui defendoient
les anciens murs, dont la plus grande, appelée
pour cette raifon la tour-magne, iubfifte encore en
partie. Ajoutez à toutes ces antiquités le Pont-du-
Gard , qui fervoit’ d’aqueduc, & qui pouvoit fe
comparer à tout ce que les Romaips ont fait en ce
genre de plus hardi. Voyeç Gard ( pont du ).
Il refte encore des veftiges de quelques anciens
temples qui .donnent pareillement une grande idée
de la puiflance de ceux qui les ont fait bâtir , & de
l’état où les arts étoient alors. Celui qu’on croit avoir
été dédié à Diane, o u , fi l’on veut, à Vefla, offroi*
une ftru&ure très-belle & très-induft|ieufe. U étoif
N I S entièrement bâti de grofles pierres fans ciment ni
mortier, avec plufieurs niches dans les intercolonnes.
Il avoit dix-neuf toifes de long, fept & demi
de large, & fix de hauteur dans oeuvre ; on y voyoït
"Teizecolonnes d’ordre corinthien, quifupportoient
une corniche fur laquelle repofoit la voûte avec des
arcs doubles. On croit que la cathédrale de Nîmes
eft le temple qui âvoit été dédié à Augufte , fott
par flatterie, foit par les bienfaits qu elle en avoit
reçus.
Le bâtiment que l’on appelle la maifon quarree,
eft un édifice des Romains, qui forme, avec les
arènes, la plus belle des antiquités de cette ville, &
la mieux confervée. Le rapport de convenance de
toutes les parties de l’édifice, la proportion des
colonnes, la délicatefle des chapiteaux & des orne-
mens le font admirer des perfonnes de goût.
Le périftile qui y donne entrée, préfente une
façade ornée de fix colonnes d’ordre corinthien,
dont l’entablement & la corniche rampante du fronton
font décorés de tout ce que l’architeéhire a de
plus recherché. La frife de cette façade eft toute
lifte; elle n’a point de bas-reliefs, ni aucun de ces
ornemens qui font aux autres côtés : de petits trous
oui paroiflent mis au hafard la percent dans foute
ion étendue, & ces mêmes trous fe remarquent
encore fur une partie de l architedure.
La forme de l’édifice lui'a fait donner le nom
qu’il porté : c’eft un quarré-long, ifolé. La tradition
ne nous a point rranfmis fon nom primitif:
de-là naiffent les doutes & les cenje&ures des fa-
Vans qui en ont parlé; mais ce qu’on en a dit a
plutôt fervi à le faire nléconnoître, qu’à nous fournir
des éclairciffemens fur fon véritable ufage. C ’é-
toit, prétendoit-on , un capitole , une maifon con-
fulaire , un prétoire , un palais pour rendre la juf-
-tice, une bafiliqùe, un temple confacré à Adrien.
Enfin, M. Séguier, dans une fa vante differtation ,
imprimée à Paris en 1759 , in-8°., a détruit toutes
ces faufiles idées, & a rendu à ce magnifique édifice
fori ancien nom, (le nom primitif qu’il por-
toit il y a plus de dix - fept fiècles ). Il a plus fait,
il a prouvé quel étoit le véritable ufage de la
niaifon quarrée.
Elle pafloit pour un temple auprès dé ceux qui
jugeoient fans prévention : elle en a la forme &
l’ordonnance ; mais il n’étoit pas facile de fe décider
fur la divinité ou le héros qui y étoient vénérés.
Il ne paroifloit aucun veftige de l’infcrip-
tion qui pouvoit l’indiquer : l’on étoit perfuadé
que, s’il y en avoit eu , les révolutions des tems,
& les Barbares qui.les ont occafionnées, l’avoient
fait difparoître , & en avoient effacé jufqu’à là
moindre trace.
Malgré ces préventions , il y eut au commencement
du fiècle dernier, tin homme qui, par la
fupérioritè de fon génie, & la pénétration de fon
efprit, entrevit des traces de l’ancienne infeription
dans les trous qui reftent à la façade. C ’eft le favant
-Peirefc, qui, au moyen de femblahles indices,
N I S 477 avoit deviné à Aflife l’infcription d’un temple dédié
à Jupiter, & à Paris le nom grec d’un ouvrier, attaché
par de petites pointes à une améthyfte, où il ne
reftoit que l’empreinte des trous. Gafleridi, l’écrivain
de fa vie , rapporte qu’il fe flattoit de pouvoir
interpréter de même là fuite des trous de la bafi-
lique de Nîmes , qu’on nomme la maifon quarrée,
aufli-tôt qu’il en auroit une copie, exaéle. Voici les
propres paroles de M. Caffendi : Sic fe interpréta-
turum dixit foramina quadarn qua vifebantur AJJifii
in antiquo nefeio quo templo• Cion enim nemo dïcere
poffet ecquid ilia Jignificarent, divinavit ipfe inferip•
tionem ejfe feu dedicationem faflam, IO.VI. OPT.
MAX. idqut demonflravit per line as foramina fie con-_
neélentes.
fie fperavit fe interpntàturum feriem quamdam forami-
num Nemaufenfis bafilica.9 quam quadratam domum
vocant, ubi eElypum obtinuijfet.
Il y à grande apparence que M. Peirefc n’eut
point cette copie exaâe; car il ne faut pas douter
qu’il n’eût réufli à la déchiffrer. Il étoit naturel de
penfer que c’étoient les reftes d’une infeription, &
que ce temple avoit cela de commun avec quantité
d’autres oùTinfcription fe voit encore., C ’étoit la
coutume dir fiècle d’Augufte de fe fervir de lettres
de bronze pour les infcriptions des temples & des
autres édifices d’une grande magnificence. Le temple
de Jupiter tonnant, qu’on attribue à cet empereur,
en avoit; l’arc de Sufe élevé à fon honneur
par M. Jul. Cotius, commandant des nations alpines
, en étoit aufli décoré. Dans les fiècles fuivans,
& jufqu’au tems de Conftantin, on conferva le
même ufage. Les arcs de Titus, de Septime Sévère
eurent Tinfcription entière de métal; au lieu que
celui de Conftantin n’en eut que les glorieux titres
de FVNDATORI QUIETIS & de LIBERATORI
VRBIS, fous le pafl'age du grand arc.
Mais fans aller.chercher des exemples fi loin 9
nous pouvons produire les reftes d’uni bel édifice ,
qu’on a découverts depuis quelques années aux environs
de la fontaine de Nîmes où l’infcription étoit
en bronze. Chaque lettre étoit d’un affez grand
relief pour réflbrtir au-delà du mur. De petits tenons'
ou crampons débordoient par-derrière, au-
clëlà des 'jambages de chacune pour les fixer, &
les tenir attachées aux trous où elles dévoient être
fcelièesj C ’eft l’idée qu’on doit s’eri faire , & ne
pas fuppofer qu’il y avoit à la frife une longue
planche de bronze, fur. laquelle on avoit gravé
l’infcription , enforte que les trous qui reftent, ne
foient que ceux des crampons qui la retenoient.
Ces fuppofitions arbitraires ne font pas conformés
aiîxufages des Romains. Quelle grâce auroient eue
ces lettres ? Lorfque le bronze étoit terril, on n’a 11-
foit pu les lire que de près, & avec peine, 0 $