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de la Cordelière, dont les cimes élevées Jiifqu’âux
nues , 2k couvertes d’une neige éternelle, entretiennent
à San-Jago au plus. Fort de l’été , une
heureufe température. La terré y eft d’une fertilité
fingulière, & procure toutes fortes d’arbres
fruitiers; les pâturages y font excellens, 8c on y en-
graide quantité de bétail. Le boeuf & le mouton
s’y vendent pour rien, 8c font d’un goût délicieux.
Long. 308 ; lat. mêrid. 3 3, 40,
Jago de los Càvalleros ( San ) , ou Sant’
Iago, ville de l’Amérique, une des. principales
de l*île Saint-Domingue., & dont les habitans font
de la dernière pauvreté. Elle eft fur le bord oriental.
de la rivière d’Y ague, dans une terre fertile, 8c
un air p u r , à 10 lieues de la Conception de la
Véga. Long. 3.07, 30 ; lat. 19, 40.
Jago de C u b a .(San ) , ville de l’Amérique
feptentrionale , fur la côte méridionale de l’île
de Cuba, avec un port au fqnd d’une baie, 2k ;
fur la rivière, de même nom. Elle fut bâtie par
les Efpagnols en 15 14 ; mais la Havane a pris le
deffus, & tout le commerce de cette ville y a
été transféré..
Jago del Estero( San ) , ville de l’Amérique
méridionale, fans mura.,fans foffés, & prefque (ans
habitans ; car on y trouveroit à peine une centaine
de maifons. C ’eft néanmoins la réfidence de
l ’inquifiteur ordinaire de la province. Elle eft fituée
fur une rivière poiffonneule , dans un pays plat,
fertile en froment, en feigle, en orge, en fruits.
On y trouve beaucoup de tigres carnafliers, &
des lions fort doux , & une efpèce d’animal,
nomme guanocos, qui eft de la grandeur d’un cheval.
Sa diftance du Potofi eft d’environ 70 lieues.
Long. 315 , 35 ; lat. mêrid. 2.8, 25.
Jago de Léon ( San ). Voye^ Caracas ,
Guatimala.
Jago de las Vallès ( San ) , petite ville prefque
déferte de l’Amérique feptentrionale ,' dans
l ’audience de Mexico. Elle en fur la rivière de
Panuco, à 30 lieues de Panuco. Long. 276, 40;
lat. %y. ■■
Jago de la Véga (San ) , ou Spanis-Town ,
belle ville de l’Amérique , capitale de la Jamaïque,
bâtie par les Efpagnols , à qui les Anglois
l’ont enlevée. C ’eft la réfidence du gouverneur de
la Jamaïque. Elle eft à préfent fort peuplée, fife
à deux lieues de la mer, dans une plaine, fur la
rivière de Cobre , à 5 li. o. de Port-Royal. Long.
300,, 50 lat. 18. (Æ.)
JA G O D N A , ou JaGnievo, ville de la Turquie
Européenne, dans la Servie, près de la Mo-
rave. Elle eft fituée dans une plaine entourée de
montagnes ,\à une demi-journée de Monte-Nuovo,
à 25 lieues n. o. de Niffa, 38 f. e. de Belgrade.
Long. 39 d. 50' y lat. 44. (R.)
JAÇ O S , nom d’un peuple d’A frique, dont il
eft parlé dans Maty & de la Croix. Ce font des
Arabes errans, adorateurs de la lune & du foleiï,
hommes agiles & robuftes , & voleurs de pro-
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feflîon. Ils font armés d’une hache, d’arcs 8c dé
flèçhes, & paffent pour antropophages. Ils habitent
la baffe - Ethiopie J fur - tout ie royaume
d’Anzico.
JAGR A , félon d’autres G ia r r a , royaume
d’A frique, au fud de la rivière de Gambra, borné
à Toueft par celui de Kaen, 8c à l’eft par celui
d'Yamina, .L’île des Eléphans , fur la Gambra ,
appartient à ce royaume. Les habitans font très-
laborieux , riches fur-tout en riz, & en bled,
JAGR ENATE , ou Ja g a n a t , lieu des Indes,
fitué à quarante-cinq milles de Ganjam , fur l’une
des embouchures du Gange. C ’eft-là que le grand
bramine , .c’eft-à-dirè, le grand-prêtre des Indiens,
«fait fa réfidence, . à eaufe de la pagode qu’on y a
bâtie , 2k dont nous allons parler. Long. 103 d . ,
'45% 3P//j lat. 19 , 50.
L’edifiçe de ce temple indien, le plus célèbre
d’Aije 9 eft extrêmement élevé, '& renferme une
yafte enceinte. Il donne fon nom à la ville qui
l’environne, 8c s toute la province ; mais la grande
idole qui eft fiir l’autel, en fait la gloire 8c la.
riçheffe. Cette idole, nommée Kéfora, a deux dia-
mans, à la place des yeux ; un troifième diamant,
attaché à fori cou, lui defcend fur l’eftomac : le
moindre de ces diamans eft d’environ quarante
kar.its , au rapport de Tavçrnier. Lés bras de
l ’idole , étendus 8c tronçonnés un peu -plus bas
que le coude, font entourés de bracelets, tantôt
de perles, tantôt de rubis ; elle eft couverte , depuis
les épaules jufqu’aux pieds, d’un grand manteau
de brocard d’or ou d’argent, félon les occa-,
fipns ; fes mains font faites de .petites perles ,
appelées perles à L’once ; fa tête 8c fon corps font
de bois de fantal.
Ce dieu, car c’en eft un dans Fefprit des Indiens,
quoiqu’il foit aflez femblâble à un linge ,
eft continuellement frotté avec des huiles odoriférantes
qui l’ont entièrement noirci. Il a fa fceur
à fa main droite, & fon frère à fa gauche, tous
deux vêtus & debout ; devant lui paroit la femme
qui eft d’or maffif. Ces quatre idoles font fur une
efpèce d’autel, entouré de grilles, 2k perfonne ne
peut les toucher que certains bramines deftinés
à cet honneur. Autour du dôme qui eft fort élevé,
& fous lequel cette famille eft placée, ce ne font;,
depuis le bas jufqu’au haut , que des niches
remplies d’antres idoles , dont" la plupart reprêfen-
te.nt des monftres hideux, faits de pierres de différentes
couleurs ; derrière la déeffe Kéfor,a eft lfe
tombeau d’un des prophètes indiens, à qui l’on
rend(aufïi des adorations. .
Il y a dans le même temple une foule d’autres
idoles, où les pèlerins vont faire leurs moindres
offrandes ; & ceux qui dans leurs maladies,
ou dans de grands événemens, fe font voués à
quelque dieu , y apportent leur ex voto, pour
reconnoître le fecours qu’ils croient en avoir
reçu. | x
Le temple de Jagrenate qui poflede toutes ce»
J A G Idoles, eft le plus fréquenté de l’Afte ; à quoi
contribue beaucoup fa fituation fur le Gange »dont
les eaux lavent de toutes feuillures ; on y aborde
de toutes parts, & le revenu en eft n conlidê-
rable, par les taxes & les aumônes, qu il pourvoit
ftiffire à nourrir dix milles perfonnes chaque
jour. L’argent que produit le culte que Ion y
vient rendre aux idoles, eft un des plus grands
revenus du raja de Jagrenate, qui eft prince lou-
yerain, quoiqu’en apparence tributaire du grandmogol.
, -
En entrant dans la v ille , il faut payer trois roupies,
c’eft pour le raja; avant même que de mettre
le pied dans le temple, il faut payer une roupie
pour les bramines, 8c c’eft la taxe des plus pauvres
pèlerins, car les riches donnent magnifiquement.
Le grand-prêtre, qui difpofe feul des revenus
du temple, a foin, avant que d’accorder
la permiflion aux pèlerins de fe rafer, de fe laver
dans le Gange, 8c de faire les aurres chofes né-
ceffaires pour s’acquitter de leurs voeux, de taxer
chacun félon fes moyens, dont il s’eft exactement
informé ; le tout eft appliqué à l’entretien de la
pagode , à celui des dieux du temple , à la nourriture
des pauvres, & à celle des prêtres.
Mais on a beau payer cher l’entrée du temple,
8c les dévotions aux idoles , le concours du inonde
qui y aborde de toutes les parties' de 1 Inde, foit
en-d e çà, foit en-delà du Gange, n’en eft que
plus grand 8c plus fréquent, j ; ■'
Il y a des pèlerins qui, pour être dignes d entrer
dans le temple , font des deux cents lieues , en fe
profternant fans ceffe fur la route , jufqii’à la fin
de leur pèlerinage , qui dure quelquefois plufieurs
années; d’autres traînent par mortification de longues
8c pefantes chaînes attachées à leur ceinture ;
quelques-uns marchent jour & nuit les épaules
chargées d’une cage de fe r , dans laquelle leur
tête eft enfermée. On a Vu des Indiens fe précipiter
fous les roues du char qui portoit l’idole
de Jagrenate, & fe faire brifer les os par piété.
Enfin, la fuperftition réunifiant tous les contraires
, on a vu d’un côté les prêtres de la grande
idole amener tous les ans une fille à leur dieu,,
pour être honorée du titre de fon époufe, comme
on en préfentoit une quelquefois en Egypte au
dieu Anubis.; 8c d’un autre cô té , 011 conduifoit
au bûcher de jeunes veuves, qui fe jetoient gaiement
dans les flammes fur le corps de leurs maris.
( * ) •
JA G S T , ou Ja x t , rivière de Franconîe, qui
prend fa fource dans-le comté d’OEttingerï , 8c
qui fe jète dansile Necker, près de Wimpfeïi.
JAGU AN A, les Efpagnols la nomment Santa-
Maria del Puerto, Fanum Sandrz«Mariai ad
Portutn , petite ville de l’Amérique, dans l’île
Saint-Domingue, à 60 lieues de la capitale. Elle
fut furprife par les* Anglois en 1591 , mais ils
l ’ont rendue aux Efpagnols. Long. 306, 15 y lat»
16 , 25. (R.)
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JAICK ( l e ) , grande rivière de la Tartarie à
fon extrémité orientale. Elle la fépare du Tnr-
queftan , prend fa fource au Caucafe, dans la partie
que les Tartares nomment AraLtag, à 53 degrés
de lotit. , & à 85 de long. Après un cour#
d’environ quatre -vingt lieues d’A llemagne, elle
fe Jète dans la mer Gafpienne, à 45 lieues à l’eft:
de l’embouchure du Wolga. Il y a une quantité
pïodigjeiîfe de poiflbn , dont on tranfporte les;
oeufs talés par toute l’Europe, fous le nom de
caviar. (Rf)
J A IT 2 A , ville forte d.e la T urquie Européenne
dans la Croatie, fur la rivière de Verbas , à 20 iù.
n. o. de Bagnaluck, 52, f. o. de Bude , 54 n. o de
Belgrade. Long. 35 , 10 '; lat. 44 , 5. (/?.)
JAKUTES , ou Y akutes ( l e s ) - , nation
Tartare de la Sibérie orientale , qui habite les
bords du fleuve Lena. Elle eft divifée en dix tribus
d’environ trois mille hommes chacune. Dans de
certains tems, ils font des facrifices aux dieux 8c
aux diables ; il confiftent à jeter du lait de jument
dans un grand feu, & à égorger des chevaux &
des . brebis qu’ils mangent , en buvant de l’eau-
de-vie jufqu’à perdre la taifon. Ils n’ont d’autres
prêtres que des [chamans, efpèçes de fofeiers en
qui ils ont beaucoup de fo i , qui les trompent
par une infinité de tours & de ftiperchéries. Ils
font tributaires de l’empire de Ruffie, 8c paient
leur tribut en peaux de zibelines, & autres pelleteries.
Un ufage bien étrange des Jakutes, c’eft
que, lorfqu’une femme eft accouchée , le père de
l ’enfant s’approprie l’arrière-faix, 8c le mange avec
fes amis qu’il invite à un régal fi extraordinaire-;
Voye£ Gmelin , voyage de Sibérie*
Les Jakutes ou Jakutiens portent, contré l’ufagé
de leurs yoifins , les cheveux longs, 8c des habits
courts 8c ouverts. Ils s’inquiètent peu pour avoir
du pain, leur nourriture ordinaire confiftattt en différentes'fortes
de racines , tels que l ’ail, l’oignon a
&ç. Ils fe nourriffent atiflï de chair de vache, de
celle de cheval, & du lait de leurs troupeaux. Le
feorhut eft un -mal fort ordinaire parmi eux ; mais
ils le guériffent facilement en mangeant du poiflbn
crud 8c du goudron. Ils font païens, mais beaucoup
d’entr’eux font baptifés ; la communication avec
la Ruflie , dégromra un peu les moeurs de cette
nation, aufli mal-propre que barbare. (/?.)
JAKIJTSK, ou Ja c ü t sk o i , ville de Sibérie,
fur les bords du grand fleuve de Lena, qui va
fe jeter dans la mër Glaciale. I! y règne un froid
extraordinaire, 8c la terre y eft gelée la plus
grande part je de l’année jufqu’à une très-grande
profondeur. Les habitans dépofent leur provifiont
de poiflbn & de viande dans leurs caves, où étant
gelées , elles fe eonfervenc très - long - tems. La
ville de Jakutsk peut être èompofée d’environ ft’x
cents maifons d’e bois, outre un fort bâti de bois
égalomeiit. Les habitans ne s’occupent que de
la chafle & de la pêche. Ils pourraient cependant
! cultiver les environs de la ville qui font pro«