
i)6 L Y O ce mot antiquaille , parce qu’une partie de la colline
en a retenu le nom.
Lorfqne ,-dans le V e fiècle , les Gaules furent
envahies par des nations barbares, Lyon fut prife
par les Bourguignons, dont le roi devint feuda-
taire de Clovis fur la fin du même fiècle. Les fils
de Clovis détruifirent cet état des Bourguignons ,
& fe rendirent maîtres de Lyon. Mais cette v ille ,
dans la fuite des tems , changea plufieurs fois de
fouverains ; & fes archevêques eurent de grands
différends avec les feigneurs du Lyonnois, pour
la jürifdiâion. Enfin les habitans s’etant affranchis
de la fervitüde , contraignirent leur archevêque de
femettre fous la proteéfion du roi de France, &
de reconnottre fa fouveraineté. C ’eft ce qui arriva
fous Philippe-le-Bel en 1307; alors ce prince
érigea la feigneurie de Lyon en comté, qu’il lai fia
à l’archevêque & ^u chapitre de Saint-Jean. D ’autres
peut-être avec plus de raifon , font remonter
de titre à l’an 1173 »époque à laquelle leglife
de Lyon fuccéda par échange 8c au moyen de
1100 marcs d’argent, fuccéda, dis-je, aux droits
de Guillaume I , comte de Forez 8c de Lyon.
En 1563 , le droit de juftice que l’archevêque
avoir, fut mis en vente, 8c adjugé au roi, dernier
enchériffeur. Depuis ce rems-là toute la juftice de
Lyon a été entre les mains des officiers du roi.
Cette v ille , du reffort du parlemènt de Paris, a
préfentement Une gouverneur , un intendant, une
fénéchauffée 8c liège préfidial, qui reffortiffent au
parlement de Paris ; un arfënal, un bureau des
tréforiers de France , unccour des monnoies une
grande maîtrife 8c une maitrife particulière des
eaux 8c forêts , prévôté de maréchauflée, jurifdic-
tion des gabelles, bureau général du tabac, recette
générale de la capitation , direéfion du
vingtième , confulat, cpur de la confervation,
chambre du commerce, primâtie , archevêché,
pfficialité métropolitaine» .
L ’archevêque de- Lyon jouit de très - grandes
diftinâions : il prend lé titre de primat des Gaules ;
il a la fup'rématie fur les provinces eccléfiaftiques ;
de Lyon , Tours, Sens, & Paris. Ses revenus font |
de 130,000 livres. Quand If liège eft Vacant, c’eft
l’évêque d’Autun qui en à l’ad mi ni ft r à fi o n , 8c qui
jouit delà régale: mais il eft obligé de venir en
psrfônne en faire la demande au chapitre çle Saint-
Jean de Lyon, L’ârchëvêqüe de Lyon à aufii l’ad-
miniftratiôn du dîocéfè d’Aûtun pendant la vacance
, mais il né jouit pas de la régale.
Cette ville, fmiéé au confluent du Rhône 8c de la
Saône, étant par fa pofirion à portée de la France,
de l ’Italie , ;dè la Suifle, de l’Allemagne ; une fi- ,
tuation aufii heureufe la met en état de fleurir, 8c de
profpérèr éminemment par le négoce. Elle a une
douane fort ancienne 8c fort confidérable ;mais il
eft bien fingulier que ce n’èft qu’en 1743 , que les ,
marchandifes allant à l'étranger ont été déchargées
des droits, de cette douane. Cette opération fi tardive
, dit un homme d’efprit, prouve allez com-
L Y O bien long-tems les François ont été aveuglés fur la
fcience du commerce. Elle^a quatre foires très-
renommees ; fon commerce auiïi riche que varié
s’étend en France, en Italie, en Allemagne, en
Suifle, en Efpagne, en Angleterre, dans les Pays-
Bas , dans le Nord, au Le vant, en Amérique,
8c dans les Indes. Les principales branches de fon
commerce aéfif font les étoffes de fo ie , les draps
d’or 8c d’argent, les galons , 8c dentelles en or 8c
argent ; la rubanerie, la chapellerie, la librairie , la
mercerie, les favons, les modes, la draperie y font
des objets confidèrables de négoce. On y envoie des
laines, des foies, des drogues pour la teinture, des
piaftres, des lingots d’or 8c d’argent, des velours,
des damas , des brocateîles, des fatins , des taffer
tas , du-riz. Lyon tire encore des vins , dés huiles,
du. bled , des fers , dés fourages ; des fromages,
des toiles, des chevaux. Mais, -comme nous l e vons
d it, fes principales affaires font dans le produit
de fes fabriques qui ne font point encouragées.
Aggraver le poids des impofitions fur une ville qui
ne s’eft élevée que par l’induftrie, c’eft: fapper les
fondemens de fon exiftence !
Lyon a 14 paroiffes, 2 collèges ,. 2 féminaires,
4 abbayes, dont trois abbayes royales , 7 communautés
leculières, un prieuré, 12 couvensde filles,
15 couvens d’hommes, 2 hôpitaux généraux, 8c
d’autres établiffemens de charité; une communauté
de nouvelles catholiques, une maifon de
pénitentes, une maifon de réclufes, un collège
de médecine, une académie des fciences, belles-
lettres 8c arts , 8c une école vétérinaire.
Cette ville eft ornée de deux fuperbes places, la
place de Belle-Cour, ou de-Louis le-Grand, au
milieu de laquelle s’élève une magnifique ftatue
équeftre en bronze de Louis XIV: aux deux côtés
longs du piédeftal font les deux figures aufii en
bronze du Rhône 8c de la Saône. La figure équeftre
a été fondue fur le modèle de Coifevox', 8c les figures
du Rhône 8c de la Saône, plus grandes que
nature , font de Ccuftou l’aîné. La place des Terreaux
reçoit fon éclat de l’hôtel-de-ville qui en
forme un des côtés , & qui eft lé plus magnifique
qui exifte en Europe, fi on excepte peut-être celui
d’Amftefdam, Le monâftère de S. Pierre , abbaye
royale de filles , décore un côté de cette place.
La placé des Cordeliers eft ornée d’une fort belle
colonne gnomoniquë, & la place Confort l’eft
d’une pyramide mefquine, érigée à Henri IV.
Le quai d’e Rets annonce avec fomptuofité la
ville que nous décrivons. Indépendament des
grands 8c beaux bâtiméfis qui s’y offrent, prefque .
fans interrup tion , P Hôtel - Dieu y déploie toute
la magnificence 8c la richeffe de l’arçhiteélure moderne.
Lyon eft généralement bien bâti, mais les rues
en font étroites, Ô£ fon pavé de cailloux roulés eft
incommode à ceux qui le parcourent. Les amateurs
ne manquent pas d’y voir la chapelle des Gon-
falonniers, ornée de très r bons tableaux , 8c la
bibliothèque ,
L Y O bibliothèque auffi remarquable par le nombre 8c
le choix des livres, que par la beaute du vaifleau.
La fallede fpe&aeles eft,fans contredit, une des
plus belles du royaume.
Les chanoines de Péglife métropolitaine, dediee
à S. Jean, portent le titre de comtes 6c doivent
être nobles de 4 races. Ils officient la mitre en
tête. L’horloge qui fe trouve dans un des bras
de la croifée, attire l’attention des ciKieux. Au
haut eft un coq qui à toutes les heures bat des ailes
8c fait deux cris. Au-deflous eft une annon-
ciation en figures mouv.antes. Sur differens cadrans
cette horloge marque les heures, les jours, delà
femaine, les mois , les années , les ides , les nones,
les calendes, le lieu du foleil dans le zodiaque
les phafes de la lune. Le cadran des heures eft
o v a l, 8c l’aiguille -qui le parcourt s’alonge ou le
racourcit fuiyant quelle parcourt lé grand ou le
petit diamètre de lovai. Le diocèfe de Lyon comprend
841 paroiffes. _
Cette ville eft peuplée de-180,000 habitans. vautre
la métropole , elle a fept églifes collégiales.
Ses différentes, parties communiquent entr elles
par cinq ponts , dont deux font fur le Rhône , 8c
trois fur la Saône. Les colonnes du grand autel
de l’abbaye d’Ainay appartinrent au fameux temple
d’Augufte , dont nous avons parlé.
’ Il y a un fort nommé Pierre-fcife, ou Pierre-en
elfe , qui eft une prifon d’état. Le prévôt des mar-
chands, les échevins, le procureur, 8c le greffier
de la ville acquièrent la nobleffe 8c la tranimettent
à leur poft-érité. Il s’eft tenu à Lyon deux conciles
généraux , le premier en 12.45 » * autre en
1274. Une entreprife auffi couteule que hardie
eft celle qui a été tentée 8c exécutée dans ces^derniers
tems pour reculer la jonètion du Rhône
8c delà Saône, 8c augmenter ainfi l’affiète de la
ville. •
Lyon eft à 5 lieues n. o. de Vienne, 17 n. o.
de Grenoble, 28 f. o. de Genève, 36 n. d’Avignon
, 36 f. o. de Dijon, 57 n- ?• de Turi? » ï0°
f. e. de Paris. Long, fuivant Caffini, 22 d. 16 , 30' ;
Ut. 45 d. 4 5 ', 20//.
Ôn fait que l’empereur Claude , fils de Druius »
8c neveu de Tibère, naquit à Lyon 10 ans avant
J. C. mais cette ville ne peut pas fe glorifier d un
homme dont la mere, pour peindre un ftupide,
difoit qu'il étoit auffi fot que fon fils Claude. Ses
affranchis gouvernèrent l’empire, 8c le déshonorèrent
; enfin lui-même mit le comble au defaftre en
adoptant Néron pour fon fuçceffeur au préjudice
de Britannicus. Parlons donc des gens de lettres,
dont la naiflance peut faire honneur à ^ y o n , car
elle en a produit d’illuftres.
Sidonius Àpollinaris doit être mis à la tête .
comme un des grands évêquçs 8c des célèbres écrivains
du Ve fiècle. Son père étoit préfet des Gaules
fous Honorius. Apollinaire devint préfet dç
Rome, patrice, 8ç évêque de Clermont. Il mourut
en 489 , à 52 ans. Il nous refte de lui neuf
Géopri. Tome IL
L Y O 157 livres d’épirres & vingt-quatre pièces de poefies ,
publiées avec les notes de Jean Savaron Sc du pere
Sirmond. , _ „ , „
Entre les modernes , MM. Terràflbn, de Boze,
Spon , Chazelles . Lagni, Truchet, le pere Vlone-
trier, M. l’abbé Bofliit, M. Pouteau, ont eu Lyon
pour patrie. v , . , j l!" ir
L’abbé Terraffon ( Jean ) , plulofophe pendant fa
vie 8c à fa mort, mérite notre reconnoiiîance par
fon élégante & utile traduâion de Diodore de Sicile.
Malgré toutes lés critiques tpi on a faites
de fon Sethos, on ne peut s’empêcher d avouer
qu’il s’y trouve des caraSères admirables & des
morceaux quelquefois fublimes; il mourut en 175<->-
Deux de fes frères fe font livrés a la prédication
avec applaudiffement; leurs fermons impnm-s forment
huit volumes S j B L ’avdcat Terraffon ns
s’eft pas moins diftingué par fes ouvrages de juril-
prudence. Il étoit l'oracle du Lyonnois, & de toutes
les proviaces qui fuivent le droit romain.
M. de Boze (Claude Gros de) , habile antiquaire
& favant httérateur, s’eft diftingué par plufieurs
differtations furies médailles antiques , par fa bibliothèque
de livres rares & curieux , & plus encore
par les quinze premiers volumes . . des
mémoires de l'académie des Infcnptions, dont il
étoit le fecrétaire perpétuel. Il mourut eu 1754 , âgé
1SLe public eft redevable à M. Spon (Jacques),
les recherches curieufes d’anfmuités in-folio, d’une
•dation de fes voyages de Grèce & dp Levant,
imprimés tant de fois , & d’une bonne hiftoire de
la ville de Genève. Il mourut en 1685 , âge (eule-
ment de 38 ans. Charles Spon fut un.habtie me».
iecin. ' , . . .
Chazelles (Jean-Mathieu de) , imagina le premier
qu’on pouvoit conduire des galères fur l’Océan;
ce qui réuffit. Il yoyagea dans la Grece 8c daqs
l’Egypte; il mefura les pyramides,. 8c remarqua que
les quatre côtés 4e la plus grande font expofes aux
quatre régions du monde ; c^ft-à-dire à 1 orient, à
ï'occjdent, au midi 8c. au nord. Il fut affocie a 1 aca^*
demie des Sciences, 8c moiirut à Marfeille en 17iq ,
âgé de 53 ans. ,
M.de Lagny (Thomas Fantet d e ) , a publie plusieurs
mémoires Je Mathématiques dans le reçueilde
l’académip des Sdences , dont il étoit membre. 11
mourut en 1734 âgé de 74 a^s. M
Truchet (Jean), célèbre mécanicien, plus connu
fous ieuom deP. Sébaftien, naquit à Lyon en 1637,
8c mourut à Paris en 1729. Il enrichit les manufactures
du royaume de plufieurs machines tres-utiles,
fruit de fes üécouvertçs 8c de fon génie ; û inventa
les tableaux mouvans, l’art de tranfporter de gros
arbres.entiersfansl.es endommager, & .cent autres
ouvrages de mécanique. . .
I Le % Ménétrier ( Claude - François ) , j.ef«ite,
décédé en 1705 , a rendu fervice à Lyon fa patrie ,
nar l’hiftôïre confulaire de cette ville. Il ne faut pas
le confonde avec les deux habilçs anuquatres de