
574 P A R _ détruit en 1712 , 5c reconftruit deux fois depuis.
11 contient une pompe foulante 8c afpirante pour
élever les eaux 8c en fournir tant au jardin des
Tuileries 8c au Louvre, qu'ailjeurs. C ’eft une chofe
affez digne de remarque , que le réfervoir de-la
Samaritaine ait été converti en un gouvernement
qui rapporte 6000 livres à celui qui en eft pourvu,
La place Dauphine, qui eft limée a la pointe de
Hic du palais, fut formée en 1606, peu d années
après la naiflance de Louis XIII, 8c on la nomma
place Dauphine, à caufe du titre de dauphin que ce
prince avoir alors. Cette place 8c les quais qui font
a de chaque côté ; favoir , le quais des Orfèvres,
& celui des Morfondus, ont été pris dans un grand
terrein , qui faifoit autrefois partie des jardins du
palais, lorfque les rois y tenoient leur cour.
Nous ignorons fila cathédrale de cette v ille , dans
les premiers tems , etoit Saint-Etienne-des-Grès ou
Saint-Marcel : nous favons feulement que fous les
enfans de Clovis, l'églife Notre-Dame étoit à peu-
près où elle eft encore aujourd’hui, 8c que fous le
règne de Louis-le-Débonnaire, il y avoit dans le
parvis de Notre-Dame, du côté de l’Hôtel-Dieu ,
une églife de Saint-Etienne , où-fe tint un concile
en S 29. Il en reftoit encore des murs du tems de
Lonis-le-Gros : ce prince, dans fes lettres au fujet ■
des limites, de la voirie des évêques de Paris , les
appelle muras vetcris ecclefix fanëi Slephani ; c’ètoit
probablement l’ancienne cathédrale, appelée du
nom de Saint-Etienne dans plufieurs auteurs.
Cette partie de la cité, ne s'étendoit pas plus loin
que Saint - Denis-du-Pas 8c L’archevechè; car ce
qu’on nomme le terrein, connu du tems de SaiDt-
Louis fous le nom de la motte-aux-papelards, parôît
s’être formé des décombres '8c des gravois qu'occa-
fionna la conftruflion du vafte bâtiment de l’églife
de-Notre-Dame. Quant à l’autre partie oppolée,
elle ne s’ctendoit que jufqu a la rue de Harlai. Au-
delà étoient deux îles , l’une plus grande vis-à-vis
les Auguftins, 8c l'autre plus petite au bout-du
quai de l’Horloge. La pofition de ces deux îles eft
marquée dans un ancien plan de Paris en tapifterie,
dont M. Turgot, prévôt des marchands, a fait l’a»
quifition pour la ville.
Je reviens à l’églife de Notre-Dame : elle fut
fondée en 1160 , fous le règne de Louis-le-Jeune,
8c ne fut achevée que fous celui de Philippe-Au-
gufte. C’eft un des plus grands vaiffeaux gothiques
qui exiftent.C’eft dommage qu’une fuite de
grands tableaux, de droite 8c de gauche de la n e f ,
en mafque l’architeâure , dérobe à l ’oeil la continuité
des faifceaux de colonnes 8c des moulures, 8c
détruife le fvelte qui réifulte de Pexhanfièment des
voûtes, 8c de la ténuité des maflifs. On dit que ces
tableaux font un don? Mais le donateur a voulu
orner le temple, 8c non le déparer j 8c s il eft reconnu
qu’ils le gâtent, les y placer, c’eft aller évidemment
contre fes intentions ; c eft abufer de fon
bienfait. La longueur du vaiffeau eft de 66 toifes
eu 396 pieds; fit largeur eft de 24 toifes ®u ‘44
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pieds , Sc fit hauteur, fous voûte , eft de 17 toifes
ou 102 pieds. Les deux tours ont 34 toifes ou
204 pieds. Au rond point de l’églife, eft une def-
cente de croix, de bonne main , exécutée en
marbre blanc. De droite 8c de gauche, font les
ftatues, aufti en marbre blanc , de Louis XIII 6c
de Louis XIV. Le choeur eft orné de tableaux de de
Jouvenet, repréfentanr la vie de la Vierge. Le grand
autel a été exécuté par les ordres de Louis XIV,
pour accomplir le voeu de fon père. Les anges de
métal , de grandeur naturelle, ont été jetés en
fonte en 17 15, par Roger Schabot ; la croix d’argent
& les- fix chandeliers font de Claude Balin ,
fameux orfèvre. L ’évêché de Paris fut érigé en
archevêché en 1622. Les archevêques font ducs 8c
pairs depuis 1674.
, L’Hôtel-Dieu , fitué auprès de Notre-Dame, n’a
pas moins de 1100 lits , 8c on y a vu jufqu’à 4000
mulades , quelquefois même beaucoup plus. On les
met alors trois’ou quatre enfemble dans un même
lit. Ils y ont même été jufqu’à fix & à huit ; pratique
d’autant plus funefte , qu’elle multiplie les
caufes de mort qu’elle procure fouvent à ceux qui
réchapperoient s’ils étoient feuls dans un lit.. Cette
obfervation eft d’autant plus importante , que les
revenus de cet établiffement fuf&fent & au-delà à
. l’execution de ces vues falutaires. Frappé de ces
çonfidérations , le fage Necker, dont le nom vivr-a
dansles faftes delà monarchie , conçut le deffein
de divifer l’hôtel-Dieu en fept ou huit hôpitaux
différons , riiftribués dans autant de quartiers diffé-
rens de la ville, où les malades feroient feuls dans
un l i t , ainfi que dans l’hôtel-Dieu qu’il eût con-
fervé. Avant d’y procéder , il voulut s’affurer par
l’expérience , à quoi reviendroit dans chacun de
ces hôpitaux, la journée d’un malade. Il choifit à
cet effet un édifice fur la paroiffe Saint-Sulpice,
barrière de S ev e, où il établit 120 lits , portés aujourd'hui
à 128. L’endroit étoit un couvent de filles
réduit à deux feules religieufes, qui furent transférées
dans une autre maifon La ville fournit aux
frais de l’ameublement. L’établifiement fut confié à
des religieufes hofpitaliêres , au nombre de 14.
D ’après le réfultat de leurs comptes pour les trois
premières années, La journée de chaque malade
n’eft revenue qu’à 17 fols, y compris l’entretien
des hofpitalieres , les honoraires des médecins &
chirurgiens , & les dépenfes généralement quelconque
de la maifon , ce qui eft de beaucoup moins
qu’à l’hôtel-Dieu , où les malades font amoncelés
dans un même lit. M.Necker ayant rendu compte
au roi du fuccès de cette épreuve, fa majefté a
affigné à perpétuité 42000 livres à L’entretien de cet
établiffement. M. Necker établit alors en loi , dans
la manutention de l’hofpice, que la fupérieure fe-
roit tenue à rendre fes comptes publics par la voie
de l’imprelîion , ce qui s’exécute régulièrement
chaque année. Il y mit une fupérieure, dont le
mérite 8c l’intelligence honorent fon choix ; 8c pour
fufccroît 4e bien, fyïadame Necker en eft^adminiftvatrice
, .conjointement avec une Dame des premières
maifons du royaume. Cette inftitimon date
de l’année 1778. Dix-"huit cens malades qui entrent
annuellement dans cet holpice , eft. affût e-
ment le moindre des biens qui réfulte de Ion établiffement.
L’utilité dominante de l’établiffement
formé par M. Necker, eft dans de l’exemple donne
pour perfectionner les hôpitaux du royaume 1 en
les calquant, comme on a commencé a le taire,
fur le modèle en ce genre , que les affaires d état
& le fardeau du minitlère ne lui ont point empêché
de donner pour le bien-être & la confolatton
de l’humanité. ... A . ta- * c
On attribue la fondation de 1 hotel-Dieu a Saint
Landry , évêque de Paris , qui vivoit fous Clovis
I I , en 66q. De l’autre côté de l'Kotel-Dieu,
eft un hôpital-des Enfans-Trouvés, rebâti dans
a fiècle.
Le Palais , qui a été autrefois la demeure-de nos
rois , fut cédé aux officiers de juftice par Philippe-
le-Bel, qui voulait rendre le parlement fédentaire.
Ce prince , pour donner plus d’efpace à 1 édifice,
fit bâtir la plupart des chambres, & tout l’ouvrage
fut achevé en 1313* Cependant il eft certain qu il
y avoit de grands bâtimens avant ce temsffà. Clovis
y avoit tenu fa cour ; & Saint Louis, qui y fit un
plus long féjour que les autres rois, y avoit fait
faire plufieurs ouvrages. Nous parlerons un peu
plus bas des tribunaux qui y fiègent. La grand-
falle a été conftruire fur le plan d une très - ancienne,
quedécoroient les flatues des rois de
France. C ’étoit le lieu où ils rècevoient les am-
baffadeurs. Ils y donnoient des feftins publics
à certains jours de l’année, 8c.même on y faifoit
les nôces des enfans de France. Cette falle fut
réduite en cendres au commencement du dernier
fiècle , fes voûtes en pierres de taille, font vantées
des connoiffetirs. La grand’chambre eft à côté de
la grand’falle, 8c fut bâtie fous Saint-Louis , qui
y donnoit des audiences publiques. Louis XII la
fit réparer comme elle eft.. La Tournelle , qui eft
la chambre où l’on juge les criminels, eft celle où
couchoit Saint Louis.
Un incendie ayant confumé une partie de.ee
palais, au mois de Janvier 1776, on Ta reconf-
truite avec magnificence, 8c le fanéluaire de Thémis
s’annonce aujourd’hui, comme la dignité du
lieu le demandoit depuis long-tems. Dans 1 enceinte
du Palais eft la Sainte-Chapelle, bâtie par Saint
Louis", 8c qui fut achevée en 1.2-47. Ce Pr*n.ce y
établit un maître chapelain , qu’on nomme aujourd’hui
t t è f o n e r , lequel a , comme les évêques, la
qualité de confeiller du roi en tous fes conjfeils,
& le privilège d’officier pontifi.calement, à l’exception
de porter la croffe. Cette églife ne dépend
que du faint-fiége. Le vaiffeau eft un gothique fort
délié. Une voûte le partage en deux églifes ; l’une
inférieure, baffe & obfcure, qui fert de paroiffe
dans l’enceinte du Palais ; l’autre fupérieure, belle
8c bieq éclairée, 8c qui eft proprement la Sainte-
Chapelle. A fon retour de la Paleftine, Saint-Louis
dit en rapporter le fer de la lance qui perça le côté
de N. S . , la couronne d’épine qu’on lui ploya autour
de la tête, 8c un morceau confidérable de fa
croix. Tout s’eft dépofé 8c fe garde dans la Sainte-
Chapelle. Boileau Defpreaux fut inhumé dans la
baffe Sainte-Chapelle ; dans la haute, on vante une
figure de la Vierge, de Germain Pilon.
A quelque diftanee du palais, eft le pont Notre-
Dame , le plus ancien 8c le premier, en cette v ille ,
qu’on ait bâti de pierre. Il fut achevé en 1507.
Les banquettes en étoient occupées par une file de
maifons dont il étoit très-à propos de les débat*
rafler, comme on vient de le faire : une des plus
grandes communications de cette vil.le immenfe fe
faifant par ce pont, où les hommes, les cheyaux,
les voitures fe preffent, s’embarraffenr, s’entrechoquent
perpétuellement. L’affluence fur-tout 8c
le concours des voitures de toute efpèce , y mena-
çoit fans -cefïè la vie des gens de pied. On ne
pouvoit trop tôt rendre au citoyen la faculté d’y
marcher sûrement 8c librement.
Au milieu de ce pont, on a dreffé deux machines
qui élèvent l’eau de la rivière pour la commodité
des quartiers de la ville qui en font éloignés..
Près de là, eft l’églife paroiffiale de Saint-Landry,
où l’on voit le beau maufolée de Girardon.
Le petit-Pont, ainfi nommé ,a été plufieurs fois
détruit 8c refait ; les maifons qu’on avoit bâties défi
fus en 1603 , furent détruites en 1718, 8c l’on a
rétabli ce pont fans les y reconftruire.
A côté du pont Notre-Dame, on trouve le pont-
au Change, appellé de ce nom, à caufe qu’il y
avoit autrefois un grand nombre de changes , ou
de changeurs; ces changeurs faifoient une forte
de bourfe dans cet endroit. Ce pont , qui étoit
de bois , ayant été confumé en 1639 par un furieux
embrâfement, on le rebâtit folidement de pierres
de taille , 8c on fut affez mal avifé pour élever def-
fus-deux rangs de maifons.
A l’autre bout du pont au Change, au coin du
quai des Morfondus, eft Fhorloge du palais, fur
laquelle on régloit les féances du parlement : horloge
funefte, qui donna le fignal pour le maffacre
de la Saint-Barfhelejni.
Le p'ont Saint-Michel , voifin du palais, eft
à l ’oppofite du pont au change. Il a été confirme
feus le règne de Louis X I I I , tel qu’on le voit aujourd’hui
, 8c chargé de maifons de briques 8c de
pierres de taille, qu’on démolira fans doute. Il a
vraifemb'.ablement pris fon nom de la petite églife
Saint Michel qui étoit dans l’enclos de la cour du
palais , mais qui ne fubfifte plus.
Le quartier de Paris qu’on nomme la Cité, eft un
cloaque , 8c un amas de repaires obfcurs , mal-
fa ins , infeéles , ténébreux. Dans fes rues fétides
que le foleil n’éclaira jamais , on refpire un air humide
, épais, meurtrier, où fe forment 8c fe perpétuent
des races d’hommes dégénérées. Il feroit ne-
ceffaire d’y ouvrir trois ou quatre grandes rues pour