
longueur , & 50 pieds de largeur. De vaftes éclates
ouvroient & le canal & le la c , ou les fermoient
félon le befoin.
La pèche de ce lac va)oit aux princes beaucoup
cPargent ; mais fa principale utilité étoit pour obvier
les trop grands débordemens du Nil. Au
Contraire, quand l’inondation étoit trop baffe, &
menaçoit de ftérilité, en tiroit de ce même la c ,
par des coupures & des faignée's, une quantité
d’eau fuffifante pour arrofer les terres. C ’eft donc
en confidérant l ’utilité de ce lac, qu’Hérodote a
eu raifon d’en parler avec admiration, de le préférer
aux pyramides , au labyrinthe, & de le regarder
comme le plus beau 6c le plus précieux de
tous les ouvrages des rois d’Egypte.
Ce lac eft fitué à l’oppofite & par la latitude du
Caire. Il fe nomma aufti le lac de Caron ; aujourd’hui
il eft connu fous le nom de lac de Kern. Il
a encore communication avec le Nil par un cariai.
(R.) '
MCERTHEN, beau château d’Allemagne, dans
la régence de Burghaufen , en Bavière. (RI)
MOESKIRCH- Voym Meskirchen.
MOESLINGEN, bourg de Suabe, dans le
comté de Graveneçk, près d’Eglingen. (/?.)
MCETLING. Voyeç Metling.
MOEURS, Me u r s , ou Mxers, petite principauté
d’Allemagne, au cercle de Weftphalie , fur
la gauche du Rhin. Elle a deux milles d’Allemagne
dé long , & amant de large , & elle eft environnée
des duchés de Clèves & de Berg , de l'archevêché
de Cologne , & du duché de Gueldre. Après l’ex-
tinefion des anciens princes d’Orarige & de Naf-
fau, ftadhouders de Hollande , lapoffeflion en eft
parvenue à la maifon éle&orale de Brandebourg ,
par les droits de Louife d’Orange , époufe de Frédéric
Guillaume , éleâeur de Brandebourg, &
mère du roi Frédéric I. Moeurs, capitale de cette
principauté, n*en eftjjoint la ville la plus confi-
dérable : elle le cède de beaucoup à Crefeld ou
C re ve lt, ville très-bien bâtie, & qui a de bonnes
fabriques de foieries , de velours , & autres étoffes.
Après la mort du roi d’Angleterre, Guillaume
I I I , le comté de Moeurs fut érigé en principauté ;
ce fut en 1707. Les fortifications de 1a ville & du
château furent rafées en 1764. Moeurs eft fituée à
une lieue du Rhin, 2 de Rheinberg, 7 n. o. de
Duffeldorff, & 5 f. e. de Gueldre. Long. 24 , |
lat. 51 , 2 3 .(R.)
MCEUSSEBERG montagne de Suède, dans la
■ Weftro-Gothie. Elle étoit fameufe dans le teins du
paganiftnepar un précipice du haut duquel al-
Idierit fe jeter certains dévots qu’aveugloit 1 orgueil
de favoir , que, tombés morts au pied du rocher',
leurs corps feroient lavés fur la place, & inhumés
enfuite dans la montagne. fÆ.)
M O G A D O R , petite rie , place & château
d’A frique, au royaume de Ma roc,h. 5 milles de
l’Océan , près du cap d’Ozem. C ’eft “aujourd’hui le
grand marché pour les produâions de l’empire.
Ma^is fon port, qui n’eft qu’une efpéce de canal,
11 eft pas affez profond pour recevoir de gros navires.
On croit que l’île de Mog^dor eft l’île Ery^
tarée des anciens. Il y a des mines d’or & d’argent
dans une montagne voifine. Long. 8 ; lat. % 1 , 1 ç.
(R.) ô * ‘ j *
MOGOL ( l’empire du ) , grand pays d’Afie ,
dans les Indes , auxquelles il donne proprement le
nom.
Il eft borne an nord par l’Imaiis , longue chaîne
de montagnes où font les fources du Sinde & du
Gange; & cette chaîne de montagnes fépare le
Mogol de la grande Tartarie. Il a pour bornes à I orient le royaume d’Aracan, dépendant de Pégu.
II fe termine an midi par le golfe du.Gange , & la
prefqu île occidentale dans laquelle font eompri-
fes les nouvelles conquêtes du Décan , de Golî
conde , & de quelques autres pays. Enfin , il eft:
borné du côté du couchant par la Perfe & par
les Agwans , qui occupent le pays de Canda-
har.
Timur-Bec , ou Tamerland,fut le fondateur de* 1 empire des Mogols dans l’Indouflan, mais il ne
fournit pas entièrement le royaume de l’Inde ; cependant
ce pays , où la nature du climat infpire la
molleffe, réfifta foiblement à la poftériré de ce
vainqueur. Le fultan Babar, arrière petit-fis deTa-
merlan , fit cette conquête. Il fe rendit maître de
tout le pays qui s’étend depuis Samarkande juf-
qu’auprès d’A g ra , & lui donna des Ioix qui lui
valurent la réputation d’un prince fage. Il mourut
e V 5 î K Son fils Amayum penfa perdre ce grand empire
pour toujours. Un prince Patane, nommé Chirchar
le détrôna, & le contraignit de fe réfugier en
Perfe. Chircha régna heureufement fous la pro-
teélion de Soliman. C ’eft lui qui rendit la religion
des Ofmalis dominante dans le Mogol. On voit
encore les beaux chemins, les ca ra van ferais, &
les bains qu’il fit conftruire pour les voyageurs.
Après fa mort & celle du vainqueur de Rhodes,
une armée de Perfans remit Amayum fur le trône.
Akébar, fucceffeur d’Amayum , fut non-feulement
fe maintenir, mais étendre avec gloire les
frontières de fon empire. A un efprit pénétrant
& à un courage intrépide , il joigrîit un coeur généreux
, tendre & fenfible.il fit à l’Inde plus de
bien qu’Alexandre n’eut le tems1 d’en faire. Ses
fondations étoient immenfes, & l’on admire toujours
le grand chemin bordé d’arbres l’efpaee de
150 lieues , depuis Agfa jnfqua Lahor; c’eft un
ouvrage de cet illuftre prince : il s’empoifonna par'
une méprife , 6c mourut en 1605.
Son fils Géhanguir fui vit fes traces, régna 23
ans, & mourut à Biinberg en 1627.
Après fa mort, fes petits-fils fe firent la guerre,
jufqua ce que l’un d’eux, nommé O rangée b oit
Aureng^eb, s’empara du trône fur le dernier de
fes frères , le tua, & foutint un feeptre qu’il avoit
ravi par le crime. Sou père vivoit encore dans une '
p ri fon dure ; il le fit périr par le poifon en 1666.
Nul homme n’a mieux montré que le bonheur n’eft
pas le prix de la vertu. Ce fcéléraf, fouillé du fang
de toute fa famille, réuffit dans toutes fes entreprîtes
, & mourut fur le trône chargé d’années,
en 1707.
Jamais prince n’eut une carrière fi longue & fi
fortunée. Il joignit à l’empire du Mogol, les royaumes
de Vifapour & de Golconde , le pays de Car-
nate , & prefque toute cette grande prefqu’île que
bordent les côtes de Coromandel & de Malabar.
Cet homme, qui eût péri par le dernier fupplice s’il
eut pu être jugé par les Ioix ordinaires des nations ,
a été le plus puifiant prince de l’univers. La magnificence
des rois de Perfe, toute éblouiffante qu’elle
nous a paru , n étoit que l’effort d’une cour médiocre
qui étale quelque fafte , en comparaifon des
richeffes cfOrangzeb.
De tout tems les .princes afiatiques ont accumule
des tréfots ; ils ont été riches de tout ce qu’ils
entafl’oient, au lieu que dans l’Europe , les princes
font riches de l’argent qui circule dans leurs états.
Le tréfor de Tamerlan fubfiftoit encore, & tous fes
fucceffeurs l avoient augmenté. Orangzeb y ajouta
des richeffes étonnantes. Un feul de fes trônes a
été eftimépar Tavernier, ifiomillions de fon tenis,
qui font plus de 300 du Vôtre. Douze colonnes
d or , qui foutenoient le dais de ce trône , étoient
entourées de groffes perles. Le dais étoit de perles
& de diamans , furmonté d’un paon, qui étaloit
une queue de pierreries. Tout le refte étoit proportionné
à cette étrange magnificence. Le jour le
plus folemnel de l’année étoit celui où l’on pefoit
1 empereur dans des balances d’o r , en préfence du
peuple; & ce jour-là, il recevoir pour plus de 50
millions de préfens.
Si jamais on peut dire, le climat a influé fur les
hommes , c’eft àffurément dans l’Inde ; les empereurs
y etaloient le même lu xe , vivoient dans
la même molleffe que les rois Indiens dont parle
Quinte-Curce, 8c les vainqueurs Tartâres prirent
infenfiblement ces mêmes moeurs , & devinrent
Indiens.
Tout cet excès d’opulence & de luxe n’a fervi
qu’au malheur du Mogol. Il eft arrivé, en 1730,
au petit-fils d’Orangzeb, nommé Mahamad Scha ,
la même chofe qu’à Créfus. On avoit dit à ce roi
de Lydie , vous avez beaucoup d’o r , mais celui
qui fe fervira du fer mieux que vous , vous enlèvera
cet or.
Thamas-Kouli-kan élevé au trône de Perfe après
avoir détrôné fon maître , vaincu les Agwans , &
pris Candahar, s’eft avancé jufqu’à D é li, pour y
enlever tous les tréfors que les empereurs du Mogol
avoient pris aux Indiens. Il n’y a gnères d’exemples
ni d’une plus grande armée que celle de Ma-
hamad-Scha levée contre Thamas-Kouli - kan , ni v
d’une plus grande foibleffe. Il oppofa 1200 mille
hommes, ïo mille pièces de canons, & 2 mille
éléphans armés en guerre au vainqueur de la
M O G 373
Perfe , qui n’avoit pas avec lui 60 mille combat-
tans. Darius n’avoit pas armé tant de forces contre
Alexandre.
La petite^armée Perfane afîiégea la grande , lui
coupa les vivres , & la détruifit en détail. Le grand
Mogol Mahamad fut contraint devenir s’humilier
devant Thamas-Kouli-kan , qui lui parla en maître
, & le traita en fujet. Le vainqueur entra dans
la capitale du Mogol, qu’on , nous préfente plus
grande & plus peuplée que Paris & Londres. Il
trainok à fa fuite ce riche & miférable empereur,
l’enferma dans une tour, & fe fit proclamer en
fa place.
Quelques troupes du Mogol prirent les armes
dans Déli contre leurs vainqueurs. Thamas-Kouli-
kan livra la ville au pillage. Gela fait, il emporta
plus de tréfors de cette capitale, que lesEfpagnols
n’en trouvèrent à la conquête du Mexique. Ces richeffes
amaffées par un brigandage de quatre fiè-
cles , ont été apportées en Perfe par un autre brigandage
, & n’ont pas empêché les Perfans d’être
long-tems le plus malheureux peuple de la terre.
Elles y font difpèrfées ou enfevélies pendant les
guerres civiles, jufqu’au tems où quelque tyran
les raffemblera. *
Kouli-kan , en partant du M ogol, en Jaiffa le
gouvernement à un vice-roi, & à un confeil qu’il
établit. Le petit fils d’Orangzeb garda le titre de
fouverain , & ne fut qu’un fantôme. Tout eft rentré
dans l’ordre ordinaire, quand on a reçu la
nouvelle que Thamas-Kouli-kan avoit été affaffiné
en Perfe au milieu de fes triomphes.
Peu de tems après , une nouvelle; révolution
renverfa l’empire du Mogol. Les princes tributaires
,• les vice-rois ont tous fecoué le joug. Les
peuples de rintérieur ont détrôné le fouverain , &
ce pays eft devenu, comme la Perfe, le théâtre
des guerres civiles : tant il eft vrai que le defpo-
tifme qui détruit tou t, fe détruit finalement lui-
même. C ’eft une fubverfion de tout gouvernement:
il admet le caprice pour toute règle : il ne s’appuie
point fur des Ioix qui affurent fa durée ; & ce co-
loffe tombe pair terre dès qu’il n’a plus le bras '
levé. C ’èft une belle preuve qu’aucun état n’a
forme confiftante , qu’autant que les Ioix y régnent
en fouveraines.
De plus, il eft impofîïble que dans un empire
où des vice-rois foudoient des^ armées de 20, 30
mille hommes , ces vice-rois obéiffent long-tems
& aveuglement. Les terres que l’empereur donne
à ces vice-rois, deviennent, dès-là même, indépendantes
de lui. Les autres terres appartiennent
aux grands de l ’empire, aux rayas,’ aux nababs ,
aux omras. Ces terres font cultivées , comme ailleurs
, par des fermiers & par des colons. Le petit
peuple eft pauvre dans le riche pays du Mogol ,
ainfi que dans prefque tous les pays du monde ;
qiais il n’eft point ferf & attaché à la glèbe, ainfi
qu’il l ’a été dans notre Europe , & qu’il l’eft
encore en Pologne , & dans plufieurs lieux