
coup de toiles. Cette ville eft le fiëge d’un Bail-
lage & d’un gouvernement particulier.
Péronne eft furnommée la pucelle , parce
qu’ elle n’a jamais été prife , quoiqu’afïiégée
quelquefois , & entr’autres par le comte Henri
de Naflau-en 1536. Elle a fa coutume particulière
, qui eft fui vie à Mont-Didier & à Roye.
I l y a dans cette v ille une éleélion & un Bail-
lage auquel la prévôté eft unie ; mais elle
eft fur-tout redoutable par les vexations des
commis de la ferme. Long. .20. 35. 44. lut. 45?.
55: 3°-
Fraflen ( Claude ) natif de Péronne ou de
V i r e , s’eft diftingué par fon favoir dans l’ordre
de S. François, dont il devint définiteur
général en 1682. I l a fait des diflertations fur
la bible intitulées : Difquifinones Biblicoe 2.
vol. in-4. II mourut à Paris en 1711.
Longueval (Jacques ) laborieux jéfuite , naquit
à Peronne en 1680 •, il a publié les huit premiers
volumes de l’hiftoire de Péglife Gallicane
, & avoit prefque mis la dérniere main
au neuvième 8c au dixième volume de cet ouvrage
, lorfqu’ il mourut à Paris en 173 5-'
Péronne ^ eft encore la patrie de Michel Germain
, bénédictin, mort à Saint-Germain-des-
Prés , en 1694. A une petite lieue de Péronne
eft la fameufe abbaye du mont Saint-Quentin
de l’ordre de S. Benoît. Lçng. 2oJ, 23', 44//, lat.
49J. 55'. jo " . (R . ) H H H B
PEROU , ( l e ) vafte région de F Amérique
méridionale , dans fa partie occidentale. Elle
eft bornée au nord par le Popayan •, au midi
par le Chili ; à l’orient par le pays des Amazones
, 8c au couchant par la mer du fud. Ce pays
a environ fix cent Jieues de longueur du nord
au fu d , 8c cinquante à foixante de largeur'.
Dès l’année 1502 , Ghriftophe Colomb étant
dans la province de Honduras , qu’ il venoit de
découvrir, eût dés naturels du pays quelques con-
jnoiffânces du Pérou , c’eft-à-dire, d’ un puiflant
empire abondant en or , qui étoit du côté de 3’occident. En 1524, Pafcal de Andagoyâ découv
r it une partie de la côte de la mer du fu d ,
onais il tira peu de profit de ce voyage. Enfin,
en 1524, François Pizarro partit de Panama,
découvrit la province du Beru ( c’étoit le nom
d’ un indien) , qu’ il donna au pays en changeant 3e B en P. ; car les Efpagnols écrivent Péru-,
8c prononcent Pérou. On fait comment il conquit
toute cette région- depuis le royaume de
Quito jufqu’au Chili., dansl’efpace de dix ans.
On fait aufli qu’avant ce tems-là cette vafte
contrée avoit été gouvernée par des rois nommés
Incas , dont la magnificence étoit étonnante ,
& dont les richefles étoient immenfes -, ofi peut
en juger par l’offre que fit à Pizarro le dernier
des Incas pour obtenir fa liberté. Atahualipa
.lui offrit pour fa rançon autant d’or qu’ il en pourroit
entrer dans une chambre de vingt-deux pies
de lo n g , de dix-fept de large , & de fix de haut.
I l refte encore dans lé pays des veftiges de leurs ,
temples en l’honneur du foleil , 8c du grand
chemin de Quito qui avoit quarante piés de largeur
, cinq cent lieues de longueur, 8c de hautes
murailles des deux côtés. L’empire des Incas
avoit alors des bornes deux fois plus étendues
que celles qu’on donne au pays nommé aujourd’hui
le Pérou. '
. Il eft traverfé par' une' chaîner de montagnes
appellées la Cordilltra de los-Andes. Il eft rempli
de plufieurs autres montagnes fameufes par
les abondantes mines d’or 8c d’argent qu’on y
a trouvées. Les forêts y produifent des cèdres-"
de plufieurs efpéces , des cotonniers , des bois’
d’ébène & différens autres. Les vallées qui peuvent
être arrofëes font très-fertiles, mais la plus-
grande partie du pays eft ftérile faute de pluies.
Le chaud & le froid y font exceflifs, félon les
différens endroits -, les montagnes qui font étendues
lé long des Andes font très-froides-, tandis
que1 l ’on étouffe dans le" plat-pays*
Depuis que le Pérou eft fous la domination
espagnole1, il eft gouverné par un viceroi, dont
le pouvoir eft fans bornes. Ses appointemens
fixes vont à quarante mille ducats, 8c l’accef-
foire monte infiniment au-delà. Il nomme a toutes
les places civiles 8c militaires, avec cette ref-
triftion que les procédures feront confirmées par'
le roi d’Efpagne , ce qui- ne manque guère d’arriver.
Entre les Indiens naturels du pays, une
partie a embrafle le chriftianifme, & s’ eft fourni
fe au joug -, l’autre partie , infiniment plus
considérable, eft reftée idolâtre 8c indépendante.
Les Efpagnols divifent le Pérou en trois gou--
vernemëns, qu’ ils appellent audiences ; favoir ,.
l’audience deQuito,l’audience de Lima ou deLc-s-
Reyes-, l’audience de LosCharchas ou de la Plata.
Lima porte te titre de capitale du Pérou. Voyeifuv
cette grande région d’Amériqüe le commentaire
royal du Pérou du chevalier Paul Ricaut, 2. vôl.
in fo l. 8c fur-tout ce qu’ en ditM. l’abbéRaynaL
Mais entrons dans de plus grands détails :
quoique ce pays foit fttue fous la lig n e , nous
avons dit que le froid y étoit prefque infuppor--
table'dans plufieurs endroits. Le voifinage des
montagnes en expofe une grande partie aux ge--
lées fortes , aux neiges & aux frimats, fur-tour
à une douzaine de lieues de la ville de la Plata ;
on voit dans ces montagnes des ours, des tigres, 8c
des léopards , qui tous femblent dégénérés &
n’approchent point de la vigueur 8c delà férocité
de ceux d’Afrique. Prefque toutes font rem-
•' plies de riches mines d’or & d’argent. C’ eft dans
la jurifdiélron d e là Plata' que le trouve le fameux
lac Titicaca , le plus grand de tous ceux
qu’on connoît dans cetre partie de l’Amérique.
Il a 80 lieues de circuit, 8c jufqn’ à 80 b rafles1
dé profondeur, 10 à 12 grandes rivières, fans
- compter
compter les petites , y portent conftamment
leurs eaux. Celle du lac , n’eft ni falée ni amère
-, mais elle eft fi épaiflè & fi dégoûtante , qu’on
ne peut en boire. La pêche y eft affez abondante.
Ce lac renferme plufieurs île s , dont l’une appel
lée Titicaca du nom du lac eft confidérable.
Elle formoit autrefois une coline que les Incas
firent applanir , ils y avoient fait bâtir aufli un
temple des plus riches, confacré au foleil.
La province de Quito a une étendue immenfe,
mais la plus grande partie de ce vafte efpaceeft
remplie de forêts , de marais, de déferts , où l’on
ne rencontre que de loin en loin quelques Sauvages
errans^. Les Efpagnols n’occupent guere
qu’une vallée de 80 lieues de long , fur quinze
de large , formée par deux branches des corde-
lieres. C’eft un des plus beaux pays du monde ;
quoiqu’au centre de la Zone-Torride , il y régne
un printems perpétuel. L’élévation du globe,
8c le voifinage des montagnes tempere continuellement
les chaleurs qui feroient extrêmes.
Ce pays eft expofé à de frequens orages 8c à des
tonneres épouvantables , le climat eft des
plus fains-, l’air très-pur-, on voit continuellement
les fleurs fuccéder aux fruits , & les fruits
aux fleurs. Dans cette fécondité toujours rè-
naiflante , l’ année fe pafle à femer & à recueillir
, aufli cette contrée eft-elle la plus peuplée
de toute l’Amérique , tant à caufe de cette pro-
digieufe fertilité, que parce qu’on n’y enterre pas
comme ailleurs , les habitans dans les mines, à
caufe du mauvais préjugé où l’ on eft qu’elles
ne font point affez riches. La province de Quito
abonde aufli en manufaélures de chapeaux , de
toiles de coton , de draps, 8cc. Elle produit
du Quinquina , 8cc. voye\ Q u i t o . La province
de Lima eft confidérable , voye\ Lim a .
lettons maintenant un coup d’oeil rapide fur
les productions de VHijloire-Naturelle du Pérou.
Les plus riches mines , font celles d’or 8c d’argent.
Savoir celles de Quito , les mines d’argent
tfOruro , d'Ollachea, celles de Lippes , •
8c du Polofi, celles d'or de la province de Gua-
liuco , celles de Ckuguyago , & c . Ces précieux
tnétaux fe trouvent prefque partout -, plufieurs de
fes mines fontépuifés par les Efpagnols, lefquelles
feroient très-riches encore pour des mineurs plus
induftrieux *, un grand nombre d’autres ne font
point ouvertes encore. L’audience de Quito a
des mines aufli de divers autres métaux , 8c n’eft
pas moins abondante en carrières de pierres. On
y trouve aufli des mines de mercure, fur-tout
vers A\oque dans la partie méridionale. Le terroir
de Cutnça, contient des mines de fer. On
trouvé aufli en plufieurs endroits du Pérou des
mines d’émeraudes, de rubis, 8cc.
La plûpart des montagnes du Pérou, offrent lés
marques les plus récentes des volcans , plufieurs
vomiflent des tourbillon-, de fumée & de flammes.
Cette chaleur qui fermente fans celle dans
Céogr. Tom, IL
lés entrailles de la terre, jointe aux rayon®
brûlans du foleil , 8c. aux pluyes continuelles
occafionnées par le voifinage des montagnes ,
font fans doute la caufe de l’étonnante fécondité
d’ un grand nombre de ces contrées. Mais
ce climat eft très-dangereux en beaucoup d’ endroits
aux Européens , 8c fou vent même aux
naturels du pays. Il y régne une foule de maladies'auxquelles
on n’échappe que rarement ;
celle qu’on nomme pafucos, eft prefque toujours
mortelle. Le plus grand nombre n’eft oc-
cafionné que par ce partage continuel 8c trop
rapide d’une chaleur exce.Lve à un air trop
froid.
On trouve dans ce pays trois efpeces de ponts :
ceux de pierres font en très-petit nombre , ceux
de bois, qui font les plus communs , & ceux
de liane ou de béjuque. Voici la maniéré dont
Don Ulloa, mathématicien Efpagnol, parle de
ces derniers.
» Ces ponts, d i t - i l, fe font fur les rivières
» dont la largeur ne* permet pas qu’on y jette
» des poutres , qui de quelque longueur qu’el-
» les fuflent, ne pourroient atteindre de l’une
» à l’ autre rive. On tord enfemble plufieursbé-
» juques, dont on forme de gros palans de la lon-
» gueur qui convient à l’efpace. On les tend
» de l’un a l ’autre bord , au nombre de fix pour
» chaque polit. Le premier de chaque côte eft
>5 plus élevé que les quatre du milieu, & fert
» de garde-fou. On attache entravers, fur ces
» quacre palans de gros bâtons par deflus le f-
» quels on ajoute des branches d’arbres, & c’eft
>5 le fol où l’on marche. Les deux palans qui
» fervent de gardes-fous , font amarrés à ceux
» qui forment le pont, pour fervir plus folide-
» ment d’appui, fans quoi le balancement con-
» tinuel de la machine expoferoit beaucoup les
» paflans. I l n’y a que les hommes qui partent
» fur ces ponts •, on fait pafler les bêtes à la
» nage , ce qui arrête long-tems un voyageur :
» car non-feulement il faut qu’ elles foient dé-
» chargées , mais on les fait pafler une demie-
» lieue au-deflus du pont, dans la crainte que
» le fil de l’eau , qui les fait dériver confidé-
» rablenvpnt, ne les entraîne trop loin. Pen-
» dant quelles partent , les Américains tranf-
» portent à l’autre bord leur charge & leurs
» bâts. Cependant ces ponts font quelquefois
» fi larges que les mules peuvent y pafler tour
t e s chargées ». T e l eft le pont de la riviere
RApurimac, partage de toutes les marc h and i-
fes qui forment le commerce entre les principales
provinces du Pérou.
Les chemins répondent aux ponts. Dans quelques
endroits, les fentiers ont fi peu de largeur
fur le flanc des montagnes, que contenant
a peine les pieds d’une mule, le corps du cavalier
8c celui de la monture , font comme perpendiculaires
à l’eau d’une riviere qui coûle à
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