
84 I S L poiffori de différentes efpèces, & en abondance'!
on trouve auffi fur les bords de la mer du corail
blanc , qui n’a d’autre propriété que celle de faire
de très-bonne chaux pour bâtir. On voyoit pareillement
, au tems de l’établiffement de cette île , de
la tortue de terre ; mais l’efpèce en eft entièrement
détruite, & on eft actuellement obligé d’en envoyer
chercher à Rodrigue. C ’eft une petite île
éloignée d’environ cent lieues de celle-ci, qui en
fournit en quantité ; le bouillon en eft très-bon ,
8c lesTcorbutiques y trouvent en peu de tems une
parfaite guérifon.
Quoique ce pays-ci foit très-chaud » il femble-
roit qu’il dût y avoir beaucoup d’animaux nuifibles
à l’homme 8c aux troupeaux ; il n’y en a cependant
aucun, c’eft-à-dire qu’on n’y voit pas une
feule couleuvre, ni de crocodiles, non plus que
de lions, ni de tigres ; il y a feulement une ef-
pèce de petits fcorpions, mais la piqûre en eft
très - peu fenfible, 8c n’eft aucunement dange-
reufe.
Comme mes opérations m’obligent à parcourir
toute l’île , & à monter fur le fommet de prefque
toutes les montagnes (8c les inégalités) , tant pour
y faire des obervations , que pour tâcher de découvrir
lès endroits de l’île qui ne font point encore
connus , j’ai remarqué que l’efcarpement des
montagnes 8c les inégalités du terrein, proviennent
de ce qu’il y a eu autrefois ici un volcan.
Voici comment j’en juge : on voit ça 8c là , aux
environs du milieu de l’île , maintes cavernes
d’une profondeur énorme, les unes pleines d’eàu,
les autres fé c h e s q u i, à leurs embouchures, montrent
desserres totalement dénaturées 8cfondues,
comme u elles avoient paffé vingt-quatre heures
dans un fourneau le plus ardent : on y trouve pareillement
des morceaux de mine de fer qui, du
côté où le feu paroît les avoir touchés, font voir
un fer auffi épuré que l’eft celui qui fort des fourneaux
après douze heures de fufion , tandis que la
partie oppofée ne parok nullement endommagée,
8c eft très-faine. J’ai auffi remarqué que la terre
des environs de ces cavernes reffembk>it à celle
que l’on voit dans les endroits où on a fait cuire
du charbon ; j ’en ai fait tamifer, 8c j’y ai trouvé
des grains de fèr très-purs ; on trouve auffi aux environs
de ces mêmes cavernes, 8c au bas de quelques
montagnes, une elpèce de pétrification très»
poreufe 8c prefqu’auffi légère que la pierre de
ponce, à cette différence près, qui eft que la
pierre de ponce que l’on trouve ici ne plonge jamais
dans l’eau, 8c que cette pétrification fe précipite
, mais ce n’eft qu’après avoir nagé au moins
Jept à huit heures fur la fuperficie. J’ai comparé
dernièrement un de ces morceaux avec un que Ton
m’apporta de Bourbon , qui provenoit d’une eraffe
que le volcan dépofe; il s’eft trouvé être la même
chofe 8c n’en différer qu’en groffeur, 8c en ce que
'Celui de Bourbon , qui éroit de peu de chofe moins
gros que le mien , fe précipita d’un quart-d’heure
I SL
plutôt. Je croîs , monfieur, que toutes ces chofes
bien examinées, prouvent affez que cette île a porté
autrefois un volcan.
N’ayant pu , dans le détail que je viens de vous
faire, inférer le commerce que l’on fait ici des
efclaves , ni la manière dont ori les traite , je vais
tâcher de vous en donner une idée. La compagnie
arme ordinairement trois ou quatre vaiffeaux par
an pour aller chercher de ces noirs dans différens
pays , tels que Madagafcar, Mofambique 8c la,côte
dé Malabar. Les vaiffeaux qui viennent de France
8c qui relâchent en Guinée, nous en apportent du
Sénégal ; de même que ceux qui reviennent de
l’Inde , nous en amènent du pays. Ces noirs fe troquent
dans les endroits où on les prend, pour des
couteaux, des fufils , d elà poudre à~ canon, des
petits miroirs, de la toile bleue , de l’eau-de-vie,
8c quelques piaftres, de forte que chaque efclave
ne coûte pas plus de 25 à 30 livres fur le lieu de
l ’achat. Quand un vaiffeau en a fa cargaifon , qui
peut monter à cinq ou fix cents, on les met tous
aux fers pour prévenir les révoltes ; car ils ont en
idée qu’on ne les achète que pour les manger ; on
les nourrit comme les matelots jufqu*au lieu de
leur deftination ; 8c lorfqu’ils font débarqués on
en fait la vente aux particuliers qui les achètent ,
depuis 200 livres les enfans, jùfqu’à 500 8( 600
les plus beaux. Quand ces noirs font fur les habitations
, ©n en occupe, comme je l’ai déjà dit, la
plus grande partie à la culture des terres, 8c les
autres au fervice de la maifon; pour lors ils fe
- nourriflent avec du manioc , qui eft un arbriffeau
dont la feuille approche affez de celle de la vigne ,
mais plus veloutée 8c moins large ; fa racine eft
à-peu-près laiteufe comme le falfifis , tendre comme
des navets, 8c très-greffe ; il y a de ces racines
qui pèfent jufqu’à douze 8c quinze livres. Pendant
que tous les noirs font au travail, il refte une né-
greffe à la maifon, qui n’eft occupée qu’à leur faire
à manger, c’eft-à-dire qu’elle va arracher les racines
de manioc qu’elle les râpe, les met en farine
, 8c en forme des galettes quelle fait cuire
fur une plaque de fer,telle que celle dont fe fervent
les chapeliers pour fouler leurs chapeaux.
C ’eft pour lors ce qu’on appelle cajfave à la Martinique.
Lorfque. les noits vont le matin au travail
, on leur donne à chacun une de ces galettes
pour leur déjeuné , une autre à dîner, 8c une
autre à fbuper. Ils mangent avec cela une efpèce
d’épinarsqvr’on appelle ici brèdes, qu’ils font cuire
fim-plement avec de l’eau ; ils y mettent pour tout
affaifonnement un peu dé fe l, 8c voilà leur nourriture.
La compagnie, ainfi que quelques habitans
aîfés, donnent deux livres de bled de turquie à
chacun de leurs noirs , par jour ; cette nourriture
eft plus forte que la première, mais on prétend
qu’elle eft moins faine, 8c il y a des perffinnes
qüi y préfèrent la caffave.
Comme ce.s noirs ne mettent d’autre frein à leur
paffion que celui que la nature leur infpire, on
I S L les marie pour les empêcher d’aller courir la mut,
les uns pour chercher des négrefles, & le s autres
des noirs;voilà comment: le maître a qui ils appartiennent
fait venir devant lui ceux & celles qui
ne font point encore mariés ; il les aflortn le mieux
qu’il lui eft poffible, c’eft-à-dire , les Indiens avec
les Indiennes, ceux de Madagafcar avec celles de
leur pays , , ainfi des autres; apres quoi, il leur
demande s’ils fe veulent pour maris oc femmes : fi
tôt qu’ils font convenus , il donne a chaque coup e
une bouteille d’eau-de-Vie pour la noce , & voila
toute la cérémonie- . ~ ,
Quoique ces noirs croient ce mariage auiii bon
que celui que nous contrarions en face de l’églife,
ils n’en obfervent néanmoins pas les devoirs avec
le même fcrupule y & pour le moindre fujet de
mécontentement, ils favent fort bien fe demarier
81 fe pourvoir à leur guife. En voici un exemple :
il y a quelques jours que MM. les Lazariftes eurent
la vifite d’une négreffe qu’ils avoient mariée
avec les cérémonies ordinaires , après l’avoir inf-
truite , ainfi que fon mari, fur la religion catholique
8c fur les devoirs du mariage ; elle adreffa la
parole à celui de ces meffietirs qui lui avoit admi-
niftré le facrement ; elle lui prélenta l’encens qu’il
lui avoit donné en la mariant, 8c lui dit de le reprendre
, parce qu’elle ne vouloit plus pour mari
celui qu’on lui avoit donné, & qu’elle prévoyoit
être plus contente d’un autre noir qu’elle nomma ;
on lui fit toutes les repréfentations nèceffaires en
pareil cas, mais tout cela fut inutile ; apres les
avoir écoutées avec toute l’attention poffible, elle
jeta fa bague fur une table, 8c s’en fut trouver le
noir quelle demandoit en fécondés nocesj & s’eft
mariée toute feule avec lui. Quand quelques noirs
ou négreffes ont commis quelques fautes, on les
fait attacher par les pieds « p a r le s mains fur une
échelle, 8c on leur fait diftribuer depuis vingt-
cinq coups de fouet, pour les petites fautes, jufqu’à
cinq cents pour les plus grandes ; on ne peut
leur en faire donner davantage fans contrevènir
aux ordonnances du r o i, mais on peut les tenir à
la chaîne autant de tems que le juge à propos le
maître à qui ils appartiennent : on peut auffi les
* faire pendre pour le moindre v o l , comme pour
s’être révoltés contre leurs maîtres ; mais c’eft un
abus dans lequel les habitations ne donnent guère ;
ils aiment beaucoup mieux s’en défaire au profit
de quelqu’un de leurs confrères , moyennant cinq
ou fix cents* livres , que de les mettre entre les
mains de la juftice.
J’ai inféré dans le premier volume,'la notice
de l’île de France, qui m’a été fournie par M.
Duval , ancien greffier en chef de l ’île de Bourbon.
T ai cru que l’une de ces descriptions ne de-
voit point exclure l’autre, mais qu’il étoit au contraire
effentiel de les conferver l’une 8c l’autre.
Voye^ France (île de). (JL)
Isle Gorgone , île de la mer du Sud, an
Popayan, à .3 deg. de latit. feptentrionale : elle
eft remarquable, à caufe de deux collines fort
élevées qui la dominent. Cette île n’eft habitée
que par de petits finges noirs, 8c cependant elle
eft pourvue de toutes fortes d’arbres, qui ne quittent
point leurs fleurs 8c leur verdure. Il y pleut
beaucoup tout le long de l’année, 8c Souvent
comme fi on jetoit l’eau par un crible. On y
trouve quantité d’huitres, 8c quelquefois des perles
dans quelques-unes. Ces huîtres croiffent fur
des rochers, à quatre, cinq ou fix braffes d’ertn ,
attachées par de petites racines comme les moules ;
le dedans de la coquille eft plus brillant que la
perle même : Dampier dit que c’eft le feul endroit
de la mer du Sud où il en ait vu. (JL)
Isle de Jean Mayen , île de l’Océan Septentrional
, au nord des îles de Fé ro, au levant du
Groenland, vers le 7 1e deg. de latit. 8c le 13e de
longitude. Elle fut découverte en 1614 par Janfz
Mayen ; on la reconnoît par une haute montagne
que l’on voit de loin. (JL)
Isle Jourdain ( 1’ ) , petite ville de France,
en Poitou, dans une île formée par la rivière dé
Vienne. (JL) .
Isle Jourdain ( T ) , Caflellum Mium, petite
ville de France dans le bas-Armagnac, avec titre
de comté. M. l’abbé de Longuerue n’a pas dédaigné
d’en faire l’hiftoire dans fa defçription de là
France, tom. I , pag. 197. Long. 1 8 ,4 5 ; ^atm 43 >
40. ( * .y - m | t ,
Isle Longue , île de 1 Amérique Septentrionale,
fur la côte de la Nouvelle-Yorck. Elle s’étend
de l’eft à l’oit e ft, a environ cent milles de
tour, 8c en plufieurs endroits huit à quatorze milles
de large. Son terroir eft excellent, 8c habité d’un
bout à l’autre. L’on y voit au printems les bois
8c les champs fi garnis de rofes 8c d’autres fleurs,
qu’ils égalent plufieurs jardins d’Angleterre.
Isle des Pins , île de- l’Amérique feptentrio-
i nale , au midi de Cuba , dont elle eft féparée par
un canal de trois à quatre lieues de largeur , par lé
295e deg. de longitude. L’île de Pins n’a que d ii
ou douze lieues de long , avec une haute montagne
au milieu , garnie d’arbres, dont la plupart font
inconnus en Europe. Les collines font couvertes
de forêts de pins , hauts, droits, 8c affez gros
pour fervir de grands mâts à de petits bâtimens.
On y trouve en quelques endroits des tortues de
terre 8c des cancres blancs 8c noirs;les alligadors
8c les crocodiles rodent beaucoup autour de cette
île. (JL)
Isle du Prince. Voye^ Prince (île du ).
Isle DE Quelpaers , autrement appelheFung~
ma y c’eft Une île de la mer de Corée, au midi de
cette péninfule, 8c placée par les Hollandois qui y
firent naufrage en 1653 , par les 33 d. 32/ de latit»
nofd, 8c par M. Bellin entre les 153 8c 1^4 de
long. Les mêmes Hollandois lui donnent quinze
lieues de circuit. (JL)
Isle de Résolution', île de l’Amérique feptentrionale
, au 6 2 ,3 3 de variation nord-oueft ; fis