
nibors dans le moderne Brandebourg, & les princes
Slaves , des Caffubiens & des Poméraniens
dans la Slayre qui contenoit toute la Poméranie
moderne.
Les princes 8c habitans de la Poméranie ne
furent convertis au chriftianifme que dans le
onzième üécle par Otton évêque de Bamberg,
8c ce ne fut que l’an 1186 , a la diète de Lubeck
, que l’empereur Frédéric I. aflocia les
fouverains de la Pomérauie à l’empire d’A llemagne
, fous le titre de ducs par leur libre fou-
million. Les margraves de Brandebourg qui
en qualité de margraves , ou comités limita-
nei , établis pour contenir les Slaves avoient
acquis une certaine fupériorité fur ces nations,
prétendoient être feigneurs fuzerains des ducs
de Poméranie & de Mecklenbourg, 8c les traiter
en vaflaux. Ces ducs ne voulurent pas re-
çonnoître ce vaffelage, d’où , il refulta une fuite
de guerres longues &fanglantes , fur-tout dans
le X V e üécle. Après que les grands princes de
la maifon de Zollem furent devenus éleéleurs
de Brandebourg , ces guerres finirent entre les
deux maifons ducales par des conventions confirmées
par les empereurs, dans lefquelles les
éleéleurs de Brandebourg renoncèrent aux droits
de fuzeraineté : mais on leur aflura en échange
la fuccelïion éventuelle dans l’un & l’autre duché
, dans le cas d’ extinélion des familles ducales
de Poméranie & de Mecklenbourg. C’ eft
de là que date encore aujourd’hui le droit in-
conteftable de fucçeflioti éventuelle que la maifon
royale de Prufle & de Brandebourg a fur-
tout le duché de Mecklenbourg , dont elle porte
déjà les armes & les titres. La famille des ducs
de Poméranie de l’ancienne race Slavo-Venede
s’éteignit en 1637 par la mort du dernier duc
Bogiflau X IV . L’éleéleur 4e Brandebourg devoir
fuccéder dans tout le duché de droit &
fans conteftation ; mais comme c’étoit au fort
de la guerre Germanique dé trente ans , les
Suédois s’emparèrent de toute la Poméranie &
la demandèrent dans la conférence de la paix
de "Weftphalie pour dédomagement des frais de
la guerre , & de l’afliftance prêtée aux états de
l ’empire.
L’éleéleur de Brandebourg Frédéric Guillaume
s’ y oppofa de toute fa force, 8c même fur la
reflitution de la Poméranie , comme de Ion
patrimoine héréditaire , voulant établir fa résidence
à Stettin , mais il fut obligé de céder
à la force, 8c aux volontés des puiflances belligérantes
& des états de l’empire. L’empire
. céda donc aux4 Suédois dans la fameufe paix
d’Ofnabruck conclue en 1648 à la couronne
de Suede a titre de f ie f , l’île de Rugen ,*
8c la Poméranie citérieure depuis les frontières
du Mecklenbourg jufqu’a l’Oder , y compris
cette riviere & les deux importantes villes
de Stralfund 8c de Ste.ttin. On «e laifîa à l ’éleélenr
de Brandebourg que la Poméranie nF-
terieure depuis l’Oder, jufqu’aux frontières de
Pologne, mais on lui afligna pour équivalent
de la Poméranie citérieure, l’Archevêché de
Magdebourg, ainü que les évêchés de Hal-
berftadt, de Minden, & de Camin qui furent
(ecularifés 8c érigés , le premier en duché
, & les trois derniers en principautés de
l’empire avec féance-j & voix à la diète. Cec
équivalent fut peu proportionné dans ce tems-
là à la Poméranie cédée aux Suédois, mais il
ell devenu enfuite très-important par la fage
administration des fouverains de Brandebourg.
La bonne fortune qui paroit fingulierement fa-
vorifer cette maifon , lui a aufii fourni dans
la fuite une occaüon heureufe de reconquérir
la meilleure partie de la Poméranie Suéaoife ;
Charles XII ce fameux roi de Suède ayant à
la fin fuccombé à la fortune après la bataille
de Pultava l’an 17051 , 8c voulant après fon
retour de Turquie recommencer la guerre dans
le Nord de l’Allemagne , le Czar Pierre I.
& les rois de Pologne , de Dànnemarck, d’Angleterre
8c de Prufle fe réunirent en 1715 fous
le nom des alliés du Nord pour arrêter le feu
de la guerre en Allemagne. • Le Czar prit la
forterefle de Stettin , & la donna pour le payement
des frais du fiége en fequeftfe à Frédéric
Guillaume roi de Prufle. Ce roi voulût
maintenir la neutralité en Poméranie, mais
Charles XJI s’y refufa , 8c attaqua un détachement
Pruflien. I l en réfizlta une guerre dans
laquelle les rois de Prufle , de Pologne, & de
Danemarck aflîégerent & prirent la ville de
Stralfund , & obligèrent Charles XII de fe re*
tirer en Suède. Ce prince ayant été tué au fiége
de Friedrichfall, en No rvè g e , fa foeur la reine
Lyrique Eléonore , & les états du royaume de
Suède firent enfin en 172,0 la paix de Stockholm,
avec Frédéric Guillaume roi de Prufle, par laquelle
il lui cédèrent la partie de la Poméran
ie , qui s’étend depuis la rîviere de Péene,
jufqu’à celle d’Oder, y compris la ville de
Stettin , moyennant la fomme de deux millions
d’écus., que le roi de Prufle leur paya en argent
comptant, de forte qu’ il a acheté plutôt que
conquis ce pays q u i, dans ce tems-là ne rap-
portoit pas 100,000 écus par an. La couronne de
Suède a gardé & pofledé encore jufqti’à 'préfent
l’île de Rugen , la v ille de Stralfund 8c la Poméranie
citérieure, jufqu’ à la riviere de Péene.
Le roi dé Prufle poflede donc à préfent plus
des trois-quarts de la Poméranie , depuis la Péene
jufqu’à Dantzik. La capitale1 de cette province
eft à préfent Stettin , ville très-forte 8c très-
commerçante fituée fur la riviere d’Oder , qui
lui établit communication avec la mer Baltique,
8c le port de Swinemunde , tandis que
du côté du midi , elle la fait communiquer
avec le Brandebourg , la Siléfie 8c la Polog
w .
gne , auxquels elle fournit tout ce qu’ ils veulent
tirer du Nord 8c du Sud. Elle partage la Poméranie
en deux parties -, mais il y a encore beaucoup
d’autres rivières dans ce pays , telles que la
Péene , la Réga , la Perfante , la ‘Wipper^ la
Stolpe, 8cc.
La Poméranie contient outre Stettin un nombre
de villes confidérables 8c commerçantes, en
partie par leur fituation fur la mer Baltique ,
telles que Anclam , Treptow , Rugenwalde ,
Stolpe, 8c fur-tout Colberg fitué à l’embouchure
de la Perfante & fameufe par le fiége
qu’elle foutint avec une très-mince fortification
pendant trois ans contre les Rufles, 8c qui ne
finit que par la famine. Depuis la paix de 1.763 -,
cette place à été beaucoup mieux fortifiée.
Le fol de ce duché eft fabloneux dans" quelques
contrées de la Poméranie ultérieure dont
la moitié confifte en bruyères ou marais, mais
prefqife par tout ailleurs il eft gras 8c très-fertile.
On y recueille beaucoup de grains de toute ef-
pèce, du farrafin , des pois , des fèves , du lin ,
du chanvre & du millet, 8c plufieurs fortes de
fruits. Une grande partie du pays eft couverte de
forêts , où le chêne abonde; ces bois font employés
à la confiraélion des bateaux , des mai-
ions , & à faire du charbon ; en plufieurs endroits '
on trouve des mines de tourbes. Les environs de
Stargard fourniflent de très-bonne cimolie 8c
la Pomeranie ultérieure â des eaux minérales 8c
des falines ; les plus riches font celles de Col-
b e st, de Trepto w ; il y a aufii d’excellens pâturages
où l’on éleve de très-nombreux troupeaux.
Les oies de la Poméranie font particulièrement
renommées par leur grofleur ; les oies , ainfi que
les jambons., les fauciflons , 8c les faumons du
pays étant fumés paflent pour les plus délicats
de l’Allemagne. Il s’ y trouve d’ailleurs plufieurs
lacs tous très-poiflonneux.
La mer Baltique qui cotoye cette province,
lui procure des avantages infinis, pour la navigation
, le commerce , 8c répand fur les rivages
beaucoup d’ambre jaune , für-tout près de
Stolpe où l’on en trouve aufii la meilleure fabrique.
On compte dans ce duché 68 v ille s , 8c
l ’on évalue la population à environ 500,000 âmes
dans une longueur de 60 milles géographiques ,
& depuis 8 jufqu’à 13 milles de largeur. M.
Vofgien en lui donnant 100 lieues d’étendue
fur 30 dans fa plus grande largeur , fe trompe
confidérablement. I l eft vrai qu’anciennement
cette province étoit bien plus étendue , puif-
qu’elle confinoit au Levant jufqu’ à la Viftule
comprenoit la Pomérellie 8c entroit bien avant
encore dans la grande, Pologne. Une partie de
la nouvelle marche 8c de la marche Uckérane
en dépendoit vers le Midi ; & elle renfermoit
vers le Couchant le pays de Stargard, 8c une
partie de celui de Mecklenbourg.
Les prélats, la noblefle & les villes compo-
Céogr. Tom. IL
fent les états de la province ; la majeure partie
des habitans profefle la religion Luthérienne ,
le refte eft compofé de Catholiques & d e Calvi-
niftes ? on y fuit laconfeflion d’Augfbourg. Outre
une foule d’écoles latines , on y a un collège-
à Stralfund , un autre à Stargard, 8c une uni-
verfité à Gripfwalde.
La Poméranie eft remplie de manufaélures &
de fabriques de toutes fortes ; on peut dire
que^ toutes fes villes , fur-tout celles qui font
fituées le long des fleuves navigables , & le rivage
de la mer Baltique , font un commerce très-
etendu. Enfin c’eft une. riche province qui eft
d’un bon revenu pour la Suède , mais fur-
tout pour le roi de Prufle , qui en 1768, en
percevoir annuellement 800,000 rixdalers , &
oui aujourd hui. en retiré bien davantage
‘ encore. . ' , . ' ; .
orientale 8c Poméranie occidentale. L’Oder coû~
le entre deux.
La Poméranie citérieure s’étend le long de 1 Oder , depuis la marche de Brandebourg jufqu’à
la mer Baltique, 8c depuis les frontières
du Mecklenbourg jufqu’ à l’Oder. On y trouve
Stettin , Guftrow , l’ île dé Rugen , &c.
. Poméranie ultérieure eft entre la mer Baltique,
la Prufle , 8c la marche de Brandebourg
deS'& leSf° nt Stargard’ Colberg , Rùgenwal-
Cette province contient une noblefle nom-
breufe , fort ancienne , mais peu riche , & qui
par cette raifon , fournit à l’état Pruflien les meilleurs
fujets pour les armes , & le civil. Toute la
nation eft fort guerriere , & les-régimens Po-
meramens font fort diftingués dans l’armée Prnf
fienne. Le roi Frédéric I I . bon connoiffeur du
mente perfonnelfaifoit une grande diftinaion de
la noblefle Poméranienne , principalement dans
les emplois militaires , &pour la foutenir il lut
a donné , depuis la paix de Hubertzbourg de
1763 , tous les ans 300,000 écus pour être'em
ployés à défricher & à améliorer leurs terres Ibus
la réferve de deux pour cent d’intérêt de cette
fomme qui font employés à faire des penfions aux
veuves des officiers. Ce prince a aufli établi deux
ecoles de cadets a Stolpe 8c Culm pour y élever
les enfans de la noblefle àePomèranie & de Po-
méreüie , qui à l’âge de 13 ans paffent de-là à
la maifon des cadets de Berlin. Ces trois écoles
font une nombreufe pepiniere pour les officiers
de l’armée pruflienne : (R. )
POMERELLIE, contrée de la Prufle occidentale,
fituée entre la Poméranie Pruflienne & Ie s
rivières de Viftule & de Netze , & dont la ca-
pitale & principale ville a toujours été Dant-
“ g i jufqu’à l’époque du démembrement de la
Pologne. Ce pays fut anciennement habité par
lesGoths, nation véritablement Germanique;
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