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la meilleure partie de là Siléfie T 8c en confentant
que les villes de Jægerndorff & de Benfche, avec
quelques diftri&s , reftaffent' fous la fouveraineté
de l’Autrichê. (/?.)
Jægerndorff ; en bohémien yKamow ; en latin
, Qarnovïa , Cornuvia ; ville de la Siléfie, fur
la rivière d Oppa , Sc au centre de montagnes
allez élevées. C ’eft la capitale de la principauté qui
en porte le nom , & dont on vient de parler. Elle
eft fermée de murailles, & ornée d’un palais , où
réfidoient autrefois les princes du pays. L’on y
profeffe la religion catholique ; & l’on y obéit à la
maifon de Lichtenftein , fous la fouveraineté de
l ’Autriche. Cette ville eft une de celles que cette
puiffance fe réferva par le traité de paix fait avec
la Prulle, l’an 1742.
JAEN, ville d’Efpagne,. capitale d’un canton
appelé Royaume, dans l’Andaloufie, avec un évêché
fuffragant de Tolède, riche de vingt mille ducats
de revenu fixe. Ferdinand I I I , roi de Caftille,
prit Jaen fur les Maures, en 1243. Elle eft dans un
terrein abondant en fruits exquis , & très-riche en
foie , au pied d’une m on ta gn e à 16 li. n. de Grenade
, 6 f. o. de Baeza, 46 n. e. de Se v ille , 72
f. e. de Madrid. Long. 14 , 55 ; lat. 37, 38.
Cette ville eft environnée de bonnes muraillés
8c dé tours ; on y trouve douze églifes paroiflîales,
huit couvens de moines , fept de religieufes, onze
hôpitaux , & près de cinq mille habitans.
Jaen de Bragomoros : il y a près d’un fiêcle
que c’étoit une ville aftez considérable de l’Amérique
méridionale', au Pérou; ce n’efl plus guère
aujourd’hui qu’un village, aftez mal peuplé.
JA FA , dite autrefois par les étrangers Joppé ;
ancienne ville d’Afie, dans la Paleftine, & fa-
meufe dans l’Ecriture Sainte, à 8 li. de Jérufalem,
avec un mauvais port. Saladin la ruina; quelques
années après, S. Louis tâcha de la- rétablir, & y
donna des exemples de fa charité. Elle eft aujourd’hui
fi miférable, qu’on y comptoit à peine trois
cents, pauvres habitans, au rapport de Paul Lucas,
qui la vit en 1707. Le plus beau bâtiment confifte
en deux vieilles tours quarrées, où demeure un
aga du grand feigneur , qui y reçoit quelque tribut
des pèlerins du lieu. Long. 52 ,55 ; lat. 32,20.
JAFANAPATAN, ville fortèdes Indes orientales,
capitale d’un royaume & d’une prefqu’ile
de même nom , riche oc bien peuplée , dans l’île
de Ceylàn. Les Hollandois la prirent fur les Portugais,
le 21 juin 1658 , & depuis ce tems-là elle .
leur eft demeurée. Long. 98 ; lat. 9 , 30.
JAGANAT , ou Janagar , ville d’A fie , dans
Flndouftan , province de Joret.
JAGAS, Giagas, Jagues, ou Giagues ,
peuple féroce, guerrier & antropophage, qui habite
la partie intérieure de l’Afrique méridionale ,
aux confins des royaumes de Benguelé & d’Angola,
8c qui s’eft rendu redoutable à tous fës voi-
fins par fes excurfions 8c par la défolation qu’il a
fouvent portée dans les royaumes de Congo 8c
J A G d’Angola , c’eft-à-dire, fur les côtes occidentales
de l’Afrique.
Si l’on en croit le témoignage unanime de plu-
fieurs voyageurs 8c miflionnaires qui ont fréquenté
les Jagas, nulle nation n’a porté fi loin la cruauté
8c la ujperftition. En effet,' ils nous préfentent le
phénomène ètrange.de l’in humanité la plus atroce,
àutorifée 8c même ordonnée par la religion 8c par
la légiflation. Ces peuples font noirs, comme tous
les habitans de cette partie de l’Afrique : ils n’ont
point de demeure fixe, mais ils forment des camps
volans, appelés kilombos, à-peu-près comme les
Arabes du défert ou Bédouins ; ils ne cultivent point
la terre; la guerre eft leur unique occupation : non-
feulement ils brûlent 8c détruifent tous les pays par
où ils paffent, mais encore ils attaquent leurs -voi-
fins, pour faire fui- eux des prisonniers, dont ils
mangent la chair 8c dont ils boivent le fang , nourriture
que leurs préjugés 8c leur éducation leur fait
préférer à toutes les autres. Ces guerriers impitoyables
ont eu plufieurs chefs fameux dans les annales
Africaines , fous la conduite defquels ils ont porté
au loin le ravage 8c la défolation. Ils confervent la
mémoire de quelques héroïnes qui les ont gouvernés
, 8c fous les ordres de qui ils ont marché à la
viétoire. La plus célèbre de ces furies s’appeloit
Ten-ban-dumbà. Après avoir mérité, par le meurtre
de fa mère, par fa valeur 8c pat fes talens militaires
de commander aux Jagas, elle leur donna les lois
les plus propres qu’elle put imaginer pour étouffer
tous les fentimens de la nature 8c de l’humanité, 8c
pour exciter une valeur féroce, 8c des inclinations
cruelles, qui font frémir la raifon. Ces lo is , qui
s’appèlent Quixillos, méritent d’être rapportées,
comme des chefs-d’oeuvre de la barbarie, de la
dépravation, 8c du délire des hommes, Perfuadée
que la fuperftition feule étoit capable de faire taire
la nature, Ten-ban-dumba l’appela à fon fecours :
elle parvint à en impofer à fes foldats par un crime
fi abominable, que leur raifon fut réduite au fi-
lence. Elle leur fit une harangue, dans laquelle elle
leur dit qu’elle vouloit les initier dans les myftères
des Jagas leurs ancêtres , dont elle alloit leur apprendre
les rites 8c les cérémonies, promettant parla
de les rendre riches, puiffans 8c invincibles. Après
les avoir préparés par ce difcours , elle voulut leur
donner l’exemple de la barbarie la plus horrible :
elle fit apporter fon fils unique, encore enfant,
qu’elle mit dans un mortier, où elle le pila tout
v if de fes propres mains, aux yeux de fon armée.
Après l’avoir réduit en une' efpèce de bouillie, elle
y joignit des herbes 8c des racines, 8c eh fit un onguent
dont elle fe fit frotter tout le corps., en présence
de fes foldats. Ceux-ci, fans balancer, fui-
virent fon exemple , 8c maffacrèrent leurs enfans
pour les employer aux mêmes ufages. Cette pratique
abominable devint pour les Jagas une loi qu’il ne
fut plus permis d’enfreindre : à chaque expédition ,
ils eurent recours à cet onguent déteftable. Pour remédier
à la deftruâion des mâles, caufée par ces
J A G pratiques exécrables, les armées des Jagas étoîent
recrutées par les enfans captifs qu’on enlevoit à la
guerre, 8c q u i, de vertus grands 8c élevés dans le
carnage 8c l’horreur, rieoonnoiflbient d’autre patrie
que leur camp, 8c d’autres lois que celles de leur
férocité. La vue politique de cette odieufe reine
étoit, fans doute, de rendre fes guerriers plus terri-
- blés , en détruifant en eux les liens de la nature 8c
du fang. Une autre loi ordonnoit de préférer .la
chair humaine à toute autre nourriture, mais défen-
doit celle des femines. Cependant on remarque que
cette défenfe ne fit qu’exciter l’appétit exécrable des
Jagas les plus diftingués pour u'në chair qu’ils troü-
voient plus délicate que celle des hommes. Quelques
uns de ces chefs faifoient, dit-on ', tuer tous
les jours une femme pour leur table. Quant aux
nutres, on affure qu’en conféquence de leurs lois ,
ils mangent de* la chair humaine qui fe vend publiquement
dans leurs boucheries. Une autre loi ordonnoit
de réferver lés femmes ftériles, pour être
tuées aux obfèques des grands : on permettoit à leurs
maris de les tuer pour les manger. Après avoir ainfi
rompu tous les liens les plus facrés de la nature parmi
les Jagas, leur légiftatrice voulut encore éteindre
en eux toute pudeur. Pour cet effet, elle fit
une loi qui ordonnoit aux officiers qui partoient
pour une expédition, de remplir le devoir conjugal
avec leurs femmes, en préfence de l’armée. A
l’égard des lois relatives à fa religion, elles confif-
toient à ordonner de porter dans des boëtes ou
çhâffes les os de fes parens, 8c de leur offrir de
tems en tems des viffimes humaines, 8c de les ar-
rofer de leur fang , lorfqu’on vouloit les çonfulter.
D é p lu s , on facrifioit des hécatombes entières de
vifUmes humaines aux funérailles des chefs 8c des
rois. On enterroit tout vifs plufieurs de fes efclaves
8c officiers, pour lui tenir compagnie dans l’autre
monde, 8cl’on enfeveliffoitavec lui deux de fes
femmes, à qui l’on caffoit'préalablement les bras.
Le refte des cérémonies religieufes étoit abandonné
à la difcrétion des Jïnghïllos, ou prêtres de cette
nation abominable , qui multiplient les rites 8c les
.cérémonies d’un culte exécrable, dont eux feuls fa-
vent tirer parti. Quelques Jagas ont, dit-on , em-
brafté le chriftianifme ; mais on a eu beaucoup de
peine à les déshabituer de leurs rites infernaux, 8c
lur-tout de leur goût pour la chair humaine. Voyeç
Th e modem, part, o f an-univerfal hiftory, Vol.
X V I . {R.)
JAGENDORF ( gros ) , fpr la Prégel, dans le
royaume de Prjiftç, au cercle de Nantangen, Les
ÎRuffes y défirent les Pruffiens, en 1757. ;
/AGERDORF. Voye^ Jegerndorf.
JAGNIEVO. Voye^Jagodna,
JAGO (S a n ) , S an Elus-Jacobus, grande rivière
/de l’Amérique , qui prend fa fôurce dans l’audience
de Quito, au Pérou. Elle eft navigable,
8c fe jète dans la mer après avoir arrofé un pays
fertile, 8c abondant en çotoniers, habité par des
fauvages trgs-féroçes?
J A G 19 Jago. ( San ) , la plus grande 8c la mieux
plëuplée de toutes les îles du Cap-V erd. Elle a
environ quarante-cinq lieues de long fur dix de
large. Son fol eft couvert de montagnes hautes
8c déferteS ; mais toute la partie baffe, nommée
Campo, eft très agréable, très-fertile, 8c arrofée
par un grand nombre de ruifîeaux.
Les pâturages font excellens, 8c fervent à nourrir
de grands troupeaux de boeufs, de vaches, de
porcs , d’ânes , de chèvres, 8c de mulets. L’ile
contient aufti des civéttes 8c des finges qui ont le
vifage noir , 8c la queue fort longue. On y recueille
en abondance du maïs, du bled de Guinée
, des plantains, des bananes , des courges ,
des oranges, des limons , des tamarins, des pommés
de pin , des melons d’eau. La noix de cocos,
la guave, 8c la canne de fucre' n’y croiffent pas
moins abondamment. La vigne y réuflit fort bien,
8c l’on y feroit de l’excellent v in , fi le gouvernement
Portugais ne s’y oppofoit. Le coton y croît
auffi en affez grande quantité pour fuffire aux
befoins des habitans, 8c pour en exporter le fup’er-
flu .au Brefil.
San-Jago, ou Ribeyra-Grande, eft la capitale
de l’île. Elle peut avoir environ trois cents mai-
fons toutes de pierre , avec deux couvens, l’un
de Cordeliers, l’autre de filles ; une églife cathédrale
qui eft lin affez bel édifice, 8c lin château.
Prefque tous les habitans de la ville font Portugais
; mais dans le refte de l’île le nombre des
nègres l'emporte de vingt pour un.
Les autres villes fontrraïa, Saint-Domingo, 8c
Saint-Domingo-Abaçace. On croit devoir prévenir
les navigateurs que les infulaires de San-Jago
font très-enclins au v o l, 8c que l’on doit être avec
eux dans une continuelle défiance. ( Ma s s o n d e
Mo r VI LL ie r s . )
Jago (San) , çonfidérable ville de l’Amérique
méridionale, capitale du Chili, avec un beau port,
un évêché fuffragant de Lima, 8c une audience
royale. C ’eft la réfiden.ce du gouverneur du Chili,
8c du tribunal de l’inquifition. Elle fut bâtie par
Pierrç de Vaidiyia en -1.541, dans une belle 8c
vafte plaine, abondante en tout ce qui eft nécef-
faire à la vie , au pied dç la Çordillera de los
Andès, fur la petite rivière de Mapécho, qui la
traverfe de l’eft à l’oueft. Il y a différens canaux,
par le moyen defquels on ârrofe les jardins, 8c
on rafraîchit les rues.
Elle a éprouvé de fréquens tremblemens de
terre, 8c quçjques-uns qui l’ont Tort endommagée,
entr’autres ceux ffe 1647 & 1657. Le premier
renverfa cette ville de fond en comble, 8c répandit
dans l’air des Vapeurs fi vénéneufes, que
tous les habitans , qui font Efpagiaols’ 8c Indiens,
en moururent, à trois ou quatre cents perfonnes'
près.
Cependant les chaleurs de ce climat, qui gît
fous le 33? degré de latitude fud, font extrêmement
modérées par le vpifinage dés montagne*
C ij