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Dieu sous le nom deBacchus-, G’èst dans
-la lune qui travailla concurremment
avec le taureau à l’organisation universelle
du monde dans la théologie des
Japonois.
_ On voit par-là l’universalité de l’opi-'
nion, qui attribuoit à la lune une énergie
créatrice et une action féconde dans
le développement des germes, et dans
1 organisation descorps sublunaires. On
doit donc en tenir compte dans l’explication
des monumens religieux et
des fables sacrées de l’antiquité. Plutarque
explique '( î ) par-là le fameux
Sistre d Isis ; il voit dans l’arrondîssep
ment de sa partie supérieure la cour-
fciure de 1 orbite d.e la lune qui renferme
au-dessous d’elle la partie du monde
dans laquelle s’opère la génération-et
la destruction des corps, et ou s’agitent
les quatre élémens qui entrent dans leur
composition. Aussi appelle-t-il la lune
la mère du monde ( 2 ) , et l’épouse
fécondé cl Osiris. On donnoit à cette
Déesse , sous- le nom d’Isis (3 ) , une
robenuancée de toutes les couleurs, pour
peindre ses rapports avec la matière
quelle modifie sous différentes former,
et qui reçoit successivement les ténèbres
et la- lumière , la vie , la mort, le commencement,
la Jin, ete. qui subit mille
métamorphosés par la combinaison des
élémens soumis à son action.
On voit par cette explication que
donne Plutarque de la robe d’Isis, que
les préjugés des anciens, sur les propriétés
jrresumees de la lune , ont été
consacrés dans la composition de leurs
fables et de leurs monumens religieux,
et qu ainsi ils doivent entrer dans lé
système d’analyse que nous établissons,
comme le grand instrument de solution,
pour les enigmes- et les allégories de
l'antiquité sacrée.
Je crois devoir faire cette réflexion
pour ceux qui penseroient qu’à, tort nous
O ) Plut. delside,:p. 276-
(iV: Ibid. p. 36$:
(.3) Ibid; p 38a..
& Voyez 1« Scholiast, d’Horac.sur lepoëin.
D I V E R S E . L L E.
rappelons ici les idées astrologiques des
anciens, et que nous attachons trop
dhmportanee à ces chimères, comme
si toutes les fois que l’on parle de religion
et qu’on en explique les dogmes ,
on n’étoit pas toujours réduit à ne s’occuper
que des chimères. Pour retrouver la
route qu’ont tenue lès auteurs des fables
théologiques , il faut consentir à les
suivre dans tous leurs écarts ; et tel èj.t
le sort de celui qui fait l’histoire des
opinions des hommes , d’être presque
toujours l ’hiflorien- des abus de • leur
raison. Mais enfin , quand on veut
entendre les anciens, il faut connaître
leur génie et les principes de leur
science vraie oufausse. Car noms n’expliquerons
pas plus leurs dogmes philosophiques
avec les idées philosophiques du
nos jours , que nous n’expliquerons les
ouvrages écrits dans leur langue avec un
dictionnaire françois.
Ces opinions erronnées sur la lune né
sont pas celles d’un ou de deux hommes,
d un ou de deux siècles, d’un ou de deux,
peuples; elles ont été de tous les pays-
et de tous les temps. Elles ont dont eu
toute 1 autorité des idées vraies , et
en conséquence elles ont dû entrer dans
toutes les théologies sur la Nature et
sur les causes. Non-seülement nous les
trouvons consacrées dans les écrits des
Astrologues , tels que Firmicus et Haly ;
mais dans ceux des Physiciens (4 ), tels
que Pline, des Philosophes (rrr), tels que
Plutarque, et des Théologiens, tels que
les prêtresEgyptiens et queMacrobe chez
les R omaios. Cicéron lui-même (5 ) n’a
pu s’en défendre, et il les adopte dans
son traité de la Nature des Dieux où
il reeonnoît, qtfil sort du corps delà
lune des émanations1 qui servent à la
nourriture, tant des- corps des animaux,
que des plantes, à leur accroissement
et à l’entretien de leur fraîcheur:
On trouvera (6 ) dans- Eusebe, dans
sec. p. 299, Apulée métamorph. 1. i;i , Euseb.
Præp. 1. 4 , c. i , p. >3.2.
(-5) Cicer. de Nat; Deor. 1. 2, c. 19.
f â , Euseb. i. 3 ,, c- 1.1, p. ij,y. Origçn. com-
R E L I G I O N U N I V /E E S E L L E . ,,3
Origène , chez les Métaphysiciens eux*-
mêmes , tels que Proclus', les vestiges
de l’ancienne puissance dont on avoit
investi la lune, regardée comme la
cause immédiate des générations , et
des destructions qui s’opèrent ici bas:
Le mouvement de la lune’est considéré
par ce dernier, comme l’origine des
formes variées que prend la matière
et des changemens qui - se succèdent
dans la sphère élémentaire où se fait
là génération (1 ). Il associe en conséquence
la lune à l’empire qu’exerce
le soleil sur la terre, et aux effets produits
par l’un comme1 père , et par
l’autre comme mère (2). «C’est entre
» eux que se partage l’administration
» visible du monde. La lune a les
» rapports les plus immédiats avec la
» terre par saposition1 (3 ) , et elle
» tient lieu de nature et de mère dans
» les opérations productrices de celle-ci.
» C’est par la lune que tout est nottîri ;
» tout croît à mesure qu’on voit croître
» sa lumière, tout décroît aussi avec
» elle. Le- soleil placé au-dessus d’elle
» la remplit des principes de vie et des
» qualités fécondes quelle reverse sur là
» terre,et agit concurremment avecellê
» dans le grand ouvrage--de la géné-
» ration universelle. C’est lui qui est
15 en possession de la dignité de chef
* et de premier agent dans cette opë-
» ration créatrice (4) , et sur-tout dans
* la génération du temps! Aiissi les
» théologiens l’appellent-iis le temps- dit
» temps., comme étant celui qui le pre-
* mier nous le manifeste et nous le fait
» connoître. C’est lui qui engendre les sai-
» sons par sa révolution. La lune tient
* le second rang après hti, en ce qu’elle
* agit immédiatement’ sur la matière
» quelle meut par le mouvement de
i/nération y et qu’ellé fait croître et
1 décroître par ses qualités ou in-
* fluences particulières. Ainsi, de même
260£ r=S- 311* in Tira. pag.
') Procl. Ibid! p. >7T.
H Procl. io-Tim. 1. 4, p. 35y;.
» que l’on suppose que le soleil change
» ses formes à chaque- saison, et dans
» chaque signe du Zodiaque, de même ,
» continue Proclus, la lurie les change
» chaque jour ; ensorte qu’elle éprouve
» et-fait en un mois-, ce 'que lé soleil
fait en un an, par son -mouvement
»od’un tropique à l’autre*'.
Proclus f 5 j ajoute/que cette action
combinée du soleil et de la lune’ se
trouve ensuite diversifiée à l’infini par
les mouvemens variés des autres1 plat
nètes , qui ont chacune des-révolution»
d’une, marche et d’une durée différente.
Il entre dans quelques détails (6) sur
la manière dont ces planètes1 - mêlent
leur action à celle de ces deux grandi
astres qui règlent l’année, lés saisons,
les mois, les nuits et les jours; mais
nous crayons ces détails en grande par*
tie inutiles.à notre objet, et assez étrùrù
gers à notre théorie, au moins peur
ce qui regarde la durée des périodes
planétaires, et les positions variées, que.
chaque année une planète peut avoir
avec le soleil. Il faudrait connoître leurs
lieux dans le ciel, tel jour à telle heure
dans l'immense diïiéedès siècles , ce
qui rendrait tonte application imposé
sihlé ; ou si arbitraire qu’on n’en nourÀ
roit rien ooncltirre de certain.
Si les planètes se trouvent liéesiàùx
fables sacrées faites sur le soleil et sur la
lune, les/deux seuls instruinens du-
temps dont dn se soit servi dans l’usagé
ordinaire, et'lesdeux principaux acens-
de la génération sublunaire, c’est à:
raison des signes qui leur furent affectés
dans le ciel, comme lieux de leur
domicile et de leur exaltation. Et bientôt
nous. exposerons les principes de
cette1 nouvelle théorie1’1 des- planètes..
Maintenant revenons <1 la lune,, et à.
lopin ion - que . les driciëns- durent ’de
cette Divinité, considérée comme première
cause active avec le soleil,.
' (2) Ibid. p. 258. -
(4) Ibid. Procl. I. 4 , p. 256.
(.5.)' Ibidi 41. 2Ç<S./ ' '■ ■ "
(é) Procl. 1. 4 , ibid. P/2S9; 1