mille ou au septième signe , à compter
du point équinoxial du printemps.
Cette théorie nous servira aussi à expliquer
les mystères des voyagesdel’ame
humaine à travers les spli^ères, lorsqu’elle
vient ici-bas s unir à la matière du corps ;
et lorsqu’ensuite, affranchie de ses liens,
elle remonte par l’Agneau oupar le Taureau
dans l’empire dDrsmud, son séjour
naturel, pour être régénérée sous cet
emblème , après avoir été dégradée par
celui du- serpent. Car la mysticité fit
entrer le système des deux principes
dans la théorie de l’aine humaine, et
dans les fictions sacrées, qu’on imagina
sur son origine et sur sa destination ;
la métaphysique s’étant toujours approprié
les idées et les combinaisons systématiques
de l’ancienne physique. Les
failles sacrées des Manichéens sur l’ame
en sont une preuve et s’expliquent par-
là , comme on peut le voir dans le Traité
de Eeausobre sur le Manichéisme (1).
La nature entière se partagea entre
les deux principes lumière et ténèbres
et entre leurs agens , ou entre les causes
partielles, subordonnées à ces deux causes
premières. Ainsi, dans la religion
des Chrétiens, sil’ame n’est pas à Dieu
elle est à son ennemi; si les anges de
lumière ne sont pas ses guides, elle est
sous la tyrannie des anges de ténèbres.
Dès Pcfrigine des choses, il y eut, suivant
les Chrétiens, une scission entre
les anges : les uns restèrent fideles
ala lumière, et les autres prirent leparti
des ténèbres, et ces deux armées d’anges
blancs et d’anges noirs, ou autrement
de bons et de mauvais anges, marchèrent
chacune sous la banière de leur
chef, Dieu et le Diable , pour se faire
mutuellement une guerre, dont le succès
fût la victoire de Dieu ou d’Or-
musd, et la défaite de son ennemi. C’est
la guerre de Jupiter et des Géans , terminée
parle triomphe de ce Dieu et parla
défaite de ceux-ci, qui furent précipités
dans le noir tartare. Dans cette guerre, on
(0 Beausobte, 1. 1 , I. 6.
voit Minerve , Vulcain , Tan , Bae.
chus, &c. tous les Dieux de l ’Olympe se.
ranger du côté du Dieu-Lumière ou de
Jupiter Ammon , figuré par l’agneau ou
par le bélier , et de l’autre tous les ea-
î'ans ténébreux de la terre et du cahos
Typhon, &c. combattre Jupiter, et foudroyés
ensuite par lui, retomber dans le
sein obscur de la terre rebelle, qui lgs
avoit fait éclorè.
Proclus,(2) dans son Commentaire sur
Timée, regarde la guerre des Géans
comme une fiction mythologique ,. qui
exprime la résistance de la matière ténébreuse
et cahotique, à la force active
et bienfaisante qui l ’organise ; ce qui
rentre en partie dans notre théorie des
deux principes, attachés Tun à la substance
active et lumineuse du ciel, et
l’autre à la substance inerte et ténébreuse
de la matière, qui résiste à Tordre
, et au bien que lui communique le
ciel.
C’est sur-tout à l’équinoxe du printemps,
que cette action créatrice du ciel
se manifeste et cpie se développe toute
son énergie démiourgique. Aussi toutes
ces fables sur le triomphe d’Ormusd ou
de Jupiter, d’Osiris , d’Apollon ou de
Christ, &c. en général du principe lumière
sur le génie des ténèbres son ennemi,
sont-elles des fablessurTéquinoxe
du printemps ( aaaaa ) ? Les formes
d’agneau , de bélier on de taureau que
prendle triomphateur enfontunepreuve.
Le ^ Poème de Nonnus confirme cette
vérité. Les deux premiers livres peignent
les combats de Jupiter contre TypLon,
qui lui avoit ravi son tonnerre pendant
1 hiver. Le Dieu Lumière le reprend jfou-
clroie son en n emi, qui a des bras e tdes pieds
de serpent. L ’hiver finit ; le soleil monté
sur le Taureau, accompagné d’Orion ,
brille aux cieux , dit le poète en commençant
son troisième livre. La nature
entière se réjouit de cette victoire ; Tordre
et l’harmonie se rétablissent dans
toutes ses parties, où quelque temps aupa-
(î) ProcL in Tiraeun., p. 119»
-avant tout étoit dans une affreuse conf
u s io n ,par la suite de l’empire qu’y avoit
[ e x e r c é le ténébreux Typhon. C’est bien-
là ce qu’on appelle la victoire d’Ormusd
[sur Anriman, qui termine les longs combats
de ces principes ennemis. Car,
c o m m e nous l’avons dit plus haut, c’est
O rm u s d qui, en dernière analyse , doit
[ t r io m p h e r et rester maître c h i champ de
[bataille, suivant la doctrine des Mages.
Nous allons ajouter ici quelques extraits
de cette doctrine tirés du Boun-
desli, où Ton verra le germe de toutes
Iles, idées , qui ont fourni la matière des
ouvrages théologiques et poétiques, soit
[des Juifs, soit des Egyptiens, soit des
Grecs, sur la guerre des dieux et des
anges. (1) « Le Zend nous apprend, que
« l’être a été d’abord donné à Ormuscî
1» et à Pétîârêh Ahriman ; ensuite com-
» ment le inonde a été donné depuis le
1» commencement y et le sera jusqu’à la
» fin. Ormusd, élevé au - dessus de
I) tout, étoit avec lascience souveraine,
b> avec la pureté, dans la lumière du
I» monde. Ce trône de lumière, ce lien
» habité par Ormusd, est ce qu’on ap-
p pelle la lumièrepremière.Cette science
p> souveraine, cette pureté, production
» d’Ormusd, c’est laloi. Tous les deux,
1» Ormusd et Ahriman , dans le cours
de leur' existence, sont un seul peu-
l> plj du temps sans bornes. L ’excel-
lent Ormusd existe avec sa loi. Ahri-
I" man existe aussi avec, sa loi dans les
I” ténèbres. Il a toujours frappé ; il a
I11 toujours été mauvais ; il Test encore;
p mais il cessera enfin de l’être et de frap-
f 1 Per. Le lieu ténébreux qu’il habite,
P’ s appelle Ténèbres premières : il étoit
r seul au milieu d’elles, lui qui estap-
r Pelé le méchant. Ces deux êtres cachés
P "ans l’excès du bien, et du mal, et
1“ sans bornes, parurent en se mêlant
r ensemble ; les lieux qu’ils habitaien t
P etoient aussi sans bornes ; savoir, celui
r c‘u grand Ormusd, qui est appelé
I S Jend-Aves. t. î , p . 343.
' ■> Apoc, c. a©, a i , sa.
» Lumière première ; et celui de ce mé-
33 chant, appelé Ténèbres premières. Ils
33 habitaient seuls au milieu de ces aby-
33 mes, et l’un s’unit à l’autre. Chacun
33 des deux est borné selon son corps.
33 Ahriman sait tout, comme Ormusd.
33 chacun d’eux a donné tout ce qui
3» existe ; ■>■> c’est-à-dire, tout le bien et
tout le mal de la nature. Chacun d’eux
a son peuple. « Le peuple çTOrmusd
33 sera sans fin au rétablissement des
33 corps , pendant le cours perpétuel des
» êtres : le peuple d’Ahriman clisparoî-
^ tra, au temps où se fera le rétablisse-
33 ment des corps ; pour lui il sera sans
33 fin 3,.
C est absolument-là le dogme consacre
dans les trois derniers chapitres de
1 Apocalypse , (2 ), dans les écrits de
Théopompe * dont parle Plutarque , et
dans le Traité d’Isis , où cette déesse ne
fait pas périr Typhon après sa défaite ,
parce que sa nature ne peut être entièrement
anéantie , quoique son armée ait
été défaite, (3) etses amis vain eus, au moment
de la résurrection d’Osiris réuni
à Oms. « Ormusd, continue le Boun-
33 desh , (4 ) par sa science universelle,
33 connoissoit ce qu Ahriman machi-
33 noit dans ses désirs oppofés au bien -
33 comment il devoit inêlçr jusqu’à la
33 fin ses oeuvres à celles du bon prin-
33 cipe, et quels seraient à la fin ses
33 derniersefforts. Ormusd étoit éclatant
33 de lumière, pur, de bonne odeur,
33 faisant le bien, et pouvant tout ce qui
33 est pur. Regardant ensuite au-dessous
33 de lui , il apperçut , à quatre-vingt-
33 seize mille farf angs, Ahriman qui était
33 noir, couvert de fange et de pourri-
33 tare , et faisant le mal 3,. Ormusd fut
étonné de l’air effrayant de fon ennemi.
Des qn il le v it, il songea en lui-même
aux moyens de le faire disparaître du
milieu des etres. « Alors il commença à
33 agir , et tout ce qu’il a fa it, il Ta fait
33 avec le secours du temps, qui Téta-
( j) De Iside, p. 358— 567.
(:) Zen.-Avcst. t. 2, p. 345.