le Taureau et la Balance pour son domicile.
Après elle venoit Mars qui eut le
Bélier et le Scorpion ; puis Jupiter quiprit
son siège aux Poissons et au Sagittaire
entre les sièges de Mars et ceux de
Saturne , entre lesquels il est réellement
placé dans l’ordre successif des sphères.
On trouve dans Manilius , dans Macro
be, dansFirmicns, dans Porphyre, etc.
cette distribution des planètes dans les
signes , telle que nous venons de la
décrire On trouve aussi dans une collection
de médailles d’Anton in, frappées
en Egypte, et imprimées dans les Mémoires
de l’Academie des Belles-Lettres
de 1780 (Acad. Inscript, t. 41.xMéin.
de l’abbé Barthel. ) les signes du Zodiaque
, chacun avec l’effigie de la planète
qui y a son domicile.
11 sera important de faire attention
à cette nouvelle théorie dans les
fables et dans les monumens de la religion
ancienne. Car souvent on y fait allusion
: ainsi on dit que le fameux Bélier
à toison d’o r , placé au nombre des
signes célestes, était suspendu dans le
temple de Mars; que le fameux Dragon
de Cadmus, ou le Serpent du serpentaire
placé sur le Scorpion , siège de
Mars , habitait près de la fontaine du
Dieu Mars. De même on verra pourquoi
Vénus qui a son domicile au Taureau,
prend , pour symbole de Sa domination,
une tête de Taureau dans la cosmogonie
Phénicienne, qui désigne cette
planète sous le nom de la reine Astarté,
que l’auteur dit être la Vénus des Grecs",
à moins qu’Astarté étant la lune, ce symbole
ne fût pris du signe de son exaltation
qui est aussi ce même Taureau. On
verra pareillement pourquoi la lune , la
grande Diane d’Ephèse , porte toujours
pour emblème le signe du Cancer sur la
poitrine; car il est dans les images de cette
Déesse. On verra aussi pourquoi Apollon
Egyptien, le fameux florus, avoit des
figures de Lion qui soutenaient son
(1) Fitnia. I. 2, c. 3.
pi) Z-jnc. Avest. t. 2 , p. 333.
trône. On appercevra également la raison
qui lit Consacrer, dans le -calendrier
dés Romains, les quatre premiers mois et
le dixième aux divinités, qui portent
les mêmes noms que les planètes qui
ont leur siège dans' les signes célestes
que parçoure le soleil durant ces mêmes
mois. N,ous nous bornons à ces exemples
./qui.feront juger de l’usage qu’ont
fait les ! anciens de cette théorie des
domiciles dans leur système religieux.
Quant aux exaltations dontnous avons
déjà parlé, les planètes n’aveient qu’un
lieu d’exaltation ( 1 ). Pour le Soleil
c’était le 19°. du Bélier, pour la Lune
le 3®. du Taureau , pour Mercure le
i 5°. de la Vierge, pour Vénus le 27°.
des Poissons, pour Mars le 28°. du
Capricorne, pour Jupiter le i 5°. du
Cancer, et peur Saturne le 20°. de la
Balance. /
C’étoit là, que ces planètes jouissoient
de toute leur dignité et de toute leur
grandeur, et qu’elles eontribuoient le
plus au bonheur des hommes. Aussi les
Chaldéens prenoient-ils pour domicile
le lieu de l’exaltation. Ils sont aussi désignés
pour le lieu qu’occupoient les
planètes au commencement du monde,
dans la cosmogonie des Perses (2 ) , ou
dans les Livres que nous avons sous ce
titre. Les Egyptiens en ten oient .aussi
compte , puisqu’ils consacrèrent le Scarabée
Tauriforme à la lune (3 ); parce
que cette Déesse avoit son exaltation
au Taureau céleste. Plutarque y fait
aussi allusion (4 ), quand il dit que
Mercure donna à Isis un casque fait
d’une tête de taureau.
Cette première division du Zodiaque
en douze signes fut suivie de celle
de chaque signe en trois parties égales,
et conséquemment du Zodiaque entier
en trente-six parties , qui partageaient
entre eux l’énergie universelle qui se
développoit dans tout le Zodiaque. On
consacra chacune de ces trente-six par-
(3) Hor. Apol. 1. 1, e. 10-
(l) Fini, de Iside, p. 358.
lies par une nouvelle répartition des
sept planètes entre elles, de manière
à ce qu’elles eussent chacune autant de
places, à l’exception de la première
planète, qui ouvrant et fermant la série
des sept planètes répétée cinq fois , eut
nécessairement une place de plus; car
sept fois cinq ne donne que trente-cinq ,
et il Y avoit trente-six ’divisions. Cette
distribution paroît postérieure à la première
, puisqu’il n’y avoit aucune raison
de commencer par Mars ou par la planète
qui siège au Bélier, si le Bélier
n’eût pas été à l’équinoxe et le premier
des douze signes et des deuze grandes
divisions, lorsqu’on imagina cette sous-
division du Zodiaque en trente-six
parties.
Il ne peut y avoir que cette raison,
qui ait fait commencer par lui une distribution
qui cominençoit chez lui. Il
ouvroit la marche de la série répétée
des sept planètes et la fermoit, comme
on peut s’en assurer en comptant Mars
le premier, le Soleil le second, Vénus
la troisième, Mercure le quatrième.,
la Lune la cinquième , Saturne la
sixième, Jupiter la septième , et encore
Mars la huitième, et touj ours ainsi
jusqulà ce qu’on ait épuisé le nombre
trente-six, et que chaque signe ait reçu
chez lui trois planètes , de dix dégrés
en dix degrés , ou dans chaque tiers
de signe , lequel comprend dans sa totalité
trente degrés, et répond à trente
jours. C ’est-là sans doute ce qui a donné
lieu aux Chaldéens de dire , que les
Dieux conseillers, ou astres qu’ils su-
bordonnoieiit aux douze grands Dieux,
descendoient tous les dix jours l’un
après l’autre sous la terre ; que réciproquement
tous les dix jours il en montait
un nouveau en haut ( 1 ) , et que
cette circulation se maintenoit durant
toute l’éternité.
C’est cette théorie Astrologique , qui
entra dans la science sacrée sous le
(■ ) Diod. Sic. I. 2, c. 30, p. 144.
(2) Juli Fir. 1. 4 , c. 16.
(3) Asclepius, c. 8.
nom de Théologie des Décans, pu des
Génies subalternes.qui avoient l’inspection
chacun d’un tiers de signe ou qui pa r-
tageoient pour un tiers l ’action de chacun
des douze signes , et farm oient
une société de trente-six Dieux pj.), qui
régnoient sur tout le Zodiaque, et concouraient
aux effets produits par le
soleil et la lune', et par les cinq autres
astres mobiles chargés de l’administration
du monde. Ce sont-là ces trente-
six figures de Dieux, qui composent
l’empire du DieuPantômorpliique placé
dans la sphère des fixes, et qui applique
à la matière les formes variées que lui
communique le Zodiaque, ou le ciel
figuré. L ’auteur de l’ouvrage attribué à
Mercure Trismegiste (3 ) Te place au-
dessus des causes qui résident dans les
sept sphères planétaires. Chacune d’elles
ont leur Ousiarque , ou chef, qui concourt
à former le système général de
la fatalité. Jamblique ( 4 ) dans son
traité des mystères Egyptiens , après
nous avoir parlé des différentes divisions
du ciel en deux parties, d’un
solstice ou d’un équinoxe à l’autre ,
en quatre parties, ou par signes des
quatre saisofis, en douze parties ou en
signes de chaque mois, fait aussi mention
de cette dernière division en trente-
six parties, soumises chacune à l’inspection
d’un chef ou même de plusieurs,
qui eux-mêmes sont subordonnés
à un Dieu unique.
Les Indiens représentent ce Dieu
unique ou chef pantomorpliique, par un
Génie à trente-six têtes ( 5 ) , ou qui
porte sur ses épaules, au lieu d’une tête ,
trois étages de têtes rangées sur douze
de Tong ; ce qui donne bien les trente-
six faces de Dieux, don t parlen t Mercure
Trismegiste et Jamblique. C’est ainsi
qu’est divisée la sphère Indienne (6),
celle des Perses et la sphère barbare ,
dont Aben-Ezra a donné la description
et qui se trouvent rapportées porScaliger
(4) Jambîic de myst. Ægypt. c. 39*
(5) Voyage de l’Inde par le Gentil, t. i ,p l . 2.
(6) Jui. Scalig. not in Apotel. M mil., p. 331 .
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