des Argonautes , au contraire , excepté
les tableaux qui lixent dans le ciêl l'aspect
du matin et du soir de l ’équinoxe
mi printemps, et qui donnent les premières
bases du poème, et le sujet de
la liction , le reste n'est qu’un voyage
de navigateurs, qui lèvent la carte des
mers, des îles et des ports connus par
les navigateurs Grecs de ces siècles-là.
•C est cette description à-peu-près exacte
des lieux, qui existent réellement sur la
terre , qui ti fait croire aux G recs, qu'il
s agissoit d’un voyage réellement entrepris
par leurs ancêtres , q u i, pour la
première fo is , pénétrèrent dans la mer
Noire , et arrivèrent à l'embouchure
du Phase. Ce mélange de la vérité aux
fictions anciennes a fait penser aisément
, que ces fictions » ’étaient que de
l ’histoire embellie par la poésie , ou défigurée
par le temps : c’est tout le contraire.
Ce n est pas la fable, qui est venue
se mêler à la vérité , et qui l’a déguisée ;
c est plutôt la vérité qui, venant à se
lier à la fable ,.à fait méconnoître celle-ci,
et a donné le change au lecteur, qu ia
pris pour le fond la broderie , et la
broderie pour le fond. Le fond est une
fiction ; la broderie, c ’est la liaison de
cette fiction à des pays , à des beux ,
et souvent à des choses vraies et connues.
C’est ainsi que les Auteurs de la
legende de Christ ont lié leur roman à
des hommes et des temps , et à des
lieux très-connus, et dont l’existence
est incontestable. Ce caractère original
des fictions sacrées entroit dans le but
des anciens Législateurs et des Prêtres,
lequel etoit de taire croire à l ’existence
reelle des faits , qu’ils imaginoient , et
qu’ils enveloppoient du voile du mystère.
Toute la Grèce crut à la navigation
de Jason , parti des ports de Thes-
sab e , passant près du mont Athos , et
de Samothrace , débarquant en Col-
chide, revenant parlaChersonèse-Tau-
rique , abordant aux marais Moeotides ,
etc. parce que tous ces beux étaient
connus de tous les navigateurs , et qu’il
n’y a voit rien d’extraordinaire en cela,
si ce n’est que les Argonautes portèrent
quelque teuips par terre leur vaisseau i
ceci était plus merveilleux. Néanmoins
celan était pas étrarigedans un poème,où
les bre bis p ortoien t des toisons d’o r , et où
les taureaux souffloien t le feu de leurs naseaux;
oùl on voy oit des dragons tou jours
veillans au pied d’un arbre sacré » et où
les Princesses voloien t sur des chars'attc-
lés de dragons. Voilà le roman, et on ne
peut s’y méprendre au style merveilleux.
On ne peut pas non plus se dissimuler
, que c est là le sujet du poème ,
et que le voyage n ’est que le moyen.
JJonc la partie qui a les couleurs de
1 histoire n étant évidemment que le
moyen, et le sujet étant romanesque ;
d s ensuit, que l’essence du poème étant
dans le sujet, le poème n’est essentiellement
qu’un roman, et un roman
astronomique. Car le dragon , le taureau
, le belier à toison d’o r , le vaisseau
, le héros de l ’expédition , et la
plupart de ses compagnons sont des
etres astronomiques, qui se lient tous à
une grande époque du mouvement du
Soleil ; époque célébrée Ghez tous les
peuples, celle de son retour à l ’équateur
et a l’equinoxe du printemps (ç).
Voilà donc encore un événement
prétendu historique , qui, depuis bien
des siècles , est regardé comme fixant
une des plus importantes époques de
1 histoire^, lequel se trouve ne former
qu une epoque astronomique , qui ne
date que dans les annales étemelles de
la nature. Il en sera de même de Pé-
poque de la guerre de Troye , puisque
son roi Priant avoit été mis sur lè
trêne par les Argonautes. Les bases
de 1 Histoire grecque s’écroulent donc ,
comme celles de notre Histoire sainte j
car nous aurons lieu dans la suite, en
parlant du déluge, de faire v o ir, que
le vaisseau de Jason et celui de Noé
sont la même constellation ; aussi porte-
t-il le double nom d’Arche dé No é , et
de vaisseau Argo. Comme le retour de
la lumière sur notre horizon fait dispa-
roître les illusions et les fantômes de la
n u it , de même les lumières de la philosophie
et de la science font évanouir
ces fantômes chronologiques, auxquels
on veut attacher tous les événemens de
l ’histoire réelle et connue. C ’est ainsi
qu e , dans tous les temps et chez tous
les peuples, l ’érudition a toujours cherché
à étendre les limites de son cm*-
pire, en paroissant vouloir reculer celles.
de l’histoire et de la vérité. C’est cette
ligne de démarcation qu’il faut bien
tracer. L ’histoire perdra bien des terres
qui ne lui appartenoient pas ; mais elle
sera plus sûre de celles qui lui appartiennent;
et quelque chose qu’elle perde,
ce sera toujours un gain pour la vérité,
dont elle s’enorgueillit d’être fille. Passons
à Eacchus, antre nom et autre
forme du Soleil.
Fin de la Matière du Tome premier..