r i8d e l i g i o n u n i v e r s e l l e .
génération. Ils supposoientque jusqu’aux
hommes tout etoît sorti cLu limon de
ce fleuve échauffé , par le soleil (r).
Aussi donnoient-ils à leur fleuve le nom
a Océan ; et ils disoient que les Dieux
eux-mêmes étoient nés du Nil (2).
Cicéron en compte plusieurs à qui on,
donnoit cette origine. Orphée, qui le
premier, dit Athenagore (3) , inventa
les noms des Dieux, et mit en vers
leur filiation ou théogonie et leurs
exploits, Orphée, dont l’autorité en fait
de religion a toujours été si respectée,
attribue à 1 eau la première cause de
.leur génération (4). Au reste les anciens
appelaient Océan , non-seulement
le vaste réservoir dans lequel vont
se précipiter tous les-- fleuves, mais
en général le principe humide de, la
Nature, qui alimente et nourrit tous
les Etres (5). Les Grecs, 'si nous en
croyons Diodore , le prirent. souvent
dans ce sens, et c’est dans ce sens
qu.il faut entendre les vers du poète,
qui fait l’Océan père des Dieux , et qui •
leur donne pour mère Tethys. Eusèbe,
d’après^ Porphyre, nous a donné (6)
1 énumération des différens noms donnés
aux différentes parties du fluide
universel, connu sous le nom générique
d.Océan , et qui peut être considéré
sous divers rapports, à raison des
qualités diverses de l’eau, salée ou douce,
marine , ou fhrviatile, etc. L ’Océan ,
dans Hésiode, naît de ' union du ciel
avec la terre : il est un des premiers fruits
de leur hymen, lui et les gouffres profonds
qui le renferment (7). La mer
donna naissance à son tour au bon
Ner.ee , dont les eaux, -et leur çrystal
fidele ne mentirent jamais (8). De Nérée
et de Doris son épouse, naquirent
la foule des Néréides (9 ) , qui habitent
ch. a , psg. 875. Sex. Empir. hÿp. pyrrh. .1. 3,
c. 4.
0 ) Eusèb. præ. Ev. 1. 3 ,0 . 9 , p, 85.
G ) Cicércn de Nat. Déor. I. 3, c. 22.
(3) Athenagi leg. pro Christ, p-7®.
(4) Athesag. ibid. p. ijo.
C ) Eusèb. præp. ev. 1. 3 , c. 9, p.. 89. Hom.
la mer et les nymphes qui président
aux eaux des rivières et des fontaines.
De ï Téthis et de l’Océan ,(10)' sont
sortis les fleuves les plus fameux, le
N il, l ’Alphée, le Pô, le Stry mon , le
Mæandre , le Danube , le Phase „ fe
Rhésus, le clair Acheloiis, le Nessus,
le Rhodius, l ’Halicmaon, l’Eptaporus \
le Granique, lAEsapus, le Simoïs, le.
Penée, l’Hermus, le Caïcus, le San-
gar, le Ladon, le Parthenius, l’Evenus,
1 Ardeschus et le divin Scamandre.
_Je ne suivrai pas plus loin la gé.
nealogie des enfans de l’Océan et de
1 hétis , que nous a laissée Hésiode. Je
remarquerai seulement, que l’élément
« H N se décomposa en une foule de
divinités partielles, qui se mêlent souvent
aux Dieux célestes, et qu’il na
faut pas confondre avec eux.
On remarquera aisément, que la terre
et 1 eau nous ont déjà donné autant
de Dieux que le ciel et ses astres, et
que ç est toujours le même génie qui
les a créés. Car c’étoit un principe qu’on
devoit regarder comme Dieux les causes
éternelles de ce qui se reproduit, quelque
part qu’elles fussent disséminées dans
la Nature et à quelque partie du grand
tout qu’elles appartinssent, soit à la
partie active ou au ciel, soit .à la partie
passive ou à la matière élémentaire dont
sont composés les corps. Qr l’eau avoit
ce caractère de. cause perpétuelle et
d agent éternel dés générations. Toutes
les prières des Perses sont remplies d’invocations
adressées à l’eau génératrice „
qui détruit les productions du mauvais
principe, et qui pendant toute la révolution
annuelle ( 1 1 ) , appelée figu-
réinent les 12,000 ans de, la durée du
monde, donné à toute la Nature les
germes et les sucs qui forment sa force,
Iliad. §'. 5. et autor vitæ homeri , p, 324. ( Edit,
Tho. Gai. ) Idem Eusèb.
(6) L. 3 , c. U ,, p. 1 i l et 112,
(?) Hesiod, Théo. v. 134..
(S) Ibid. v. 233.
(9) Hud.; y. 240.
(10) Ibid. v. 3 33.
if <) ^end Ay. t. 1, pars a5, p. 262, ferg. 2n
R E L I G I O N U
«t la mettent en état de résister aux
efforts des Déws (1 ) , ou des agens
de destruction qu’emploie le principe
de discorde, qui combat les opérations
de la Nature. Car la Nature et la discorde
se contrarient dans le monde élémentaire
, suivant Ocellus ; et suivant
les docteurs des Perses, c’est Ahriman,
chef des ténèbres et dü mal, qui y contrarie
les opérations d’Ormusd, principe
de bien et de lumière. Nous aurons
bientôt occasion d’entrer dans de plus
grands détails sur ces deux principes
opposés. Ce sera le sujet du chapitre
suivant.
Osiris chez les Egyptiens, peint avec
les attributs du Boeuf, étoit, suivant Plutarque
(2) ,. dépositaire de ce principe
humide générateur, ainsi que le Bacchus
des Grecs peint également sous les traits
du Boeuf. Le Taureau céleste, invoqué si
souvent par les Perses, étoit aussi dépositaire
de ce principe humide (3), qu’il
communiquoit à la Lune, et les Hyades,
qui sont sur son front, étoient regardées
comme les causes des pluies. On prétend
même que leur nom vint de,-là. Aumoins
Virgile leur donne l’épithète de pluvieuses
, et Pline leur reconnoît cette
qualité (4). Aussi les Perses invoquent-ils
souvent les astres germes de l’eau (3).
C’est par l’eau , dit Ofmusd , dans les
litres sacrés des Perses (6) , que moi
Ormusd je donne la force , la grandeur
et l’abondance. On adresse des prières
à cet élément près dés lacs, des rivières
et des puits {7). On remarquera que
l’astre Taschter, qui dans ces prières-
est presque toujours regardé comme le
dispensateur de l’eau, est appellé dans ces
mêmes prières l’astre brillant et lumineux,
qui a un corps de Taureau et des cornes
d’or (8) ; ce qui le rapproche infiniment
de l’Osiris Egyptien et du Bacchus Grec
( 0 Ibid. p. 424.
(2) De Eide, p. 364—.363.
(3) Zend. Av. t. 1 , pars 2 , p. 17— 18 , etc.
(4) Pline, 1. 2 , c. 39.
(?) Zend. Av. Ibid. 427.
O Ibid. t. 2 , p. 18— 19,
N I V E R S E L L E . 187
peints sous ces mêmes traits , et qui
étoient censés être dépositaires du principe
humide de la nature, comme nous
l’avons dit plus haut d’après Plutarque.
C’est pareillement sur le fluide, que
nageoit l’oeuf symbolique du monde,
dans la Cosmogonie Japonoise, lorsque
le Taureau vint de côncert avec la Lune
le rompre et organiser l’Univers. Moïse
fait aussi sortir le monde des eaux, ainsi
que les Egyptiens et les Phéniciens le
font sortir d’un limon imprégné du fluide
caothiquè (9). Car on donna souvent le
nam de cahos, suivan t Acli illes Tatius (10),
au fluide principe et origine de toutes
choses dans la Cosmogonie de Phéré-
cyde , et dans la doctrine de Thaïes,
Zénon pensoit que Dieu, existant avec
lui-même dans le commencement ( n ) ,
avoit converti en eau, par le moyen de
l’air, toute la substance matérielle; et
que de même que les germes sont contenus
dans le fluide spermatique, de
même la raison séminale et organistique
du monde fut déposée dans la matière
humide, pour la disposer d’une manière
propre à recevoir la génération. D’abord
il produisit les quatre élémens, le feu,
l’air, l’eau et la terre. Le monde, suivant
ce philosophe , se forme, lorsque de
la substance du feu naît l’eau, par le
moyen.de l’air. (y$y ) La partie la plus
crasse devient terre ; la plus légère s’élève
et devientl’air , dont la partie la plus subtile
se volatilise. et devient fe.u éther.
( z z z ) Du mélange de ces élémens combinés
entre eux, suivant certains rapports,
sont formés les corps des animaux , des
plantes et de tous les êtres engendrés.
Isidore dans son livre des Origines donne
aussi à l’eau une espèce de préférence
sur les autres élémens, et une .action plus
universelle. L’élément de l ’eau, suivant
lui, commande à tous les autres. L ’eau
(7) Ibid. t. 2, p. 19— 20.'
(8) Ibid.- Zend. Av. t. 1 , pars 2 , p. 419.
(9) Enseb. præp. ev. I. 1 , c. 7. c. 9.
(10) Achill. Tat. c. 3 , p. 73.
( n ) Diog. Laer. vitâ Zenon , I. 7 , p. <29—331;
fil) Isid. Orig. 1. 13, c, 12.