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Bacchus , et de plusieurs autres institutions
religieuses que Melampus porta
d’Egypte en Grèce (i).
Le même Hérodote ajoute que ce sont
les Egyptiens qui prétendgient être les
premiers qui eussent donné aux Dieux
des autels , des statues et des temples ,
et sculpté sur la pierre de* ligures d’a-
nimâUx, et ils pronvoient par des mo-
numens la vérité de la plûpart de ces
assertions.
Les Egyptiens sont aussi les premiers ,
( 1 . suivant- le mênre historien , qui
aient établi des assemblées religieuses,
des fêtes, :1a pompe des solemnités et
les processions ; les Grecs n’ont fait
que les imiter ; la preuve est, continue
toujours Hérodote , que les fêtes des
Grecs sont nouvelles , au lieu que celles
des Egyptiens paroissent remonter à la
plus haute antiquité.
L ’art de la divination fait aussi partie
du culte religieux qui est venu d’Egypte,
et on remarque le plus grand rapport
entre la manière de rendre les oracles à
Thèbes en Egypte , et la manière dont
ils se rendoient a Dodone en Grèce.
Nous conclurons donc , d’après
Hérodote , que les Egyptiens paroissent
avoir plus contribué qu’aucun autre
peuple à l’établissement des institutions
religieuses et à l’organisation du cérémonial
et du culte public. Diogènes-Laërce
leur attribue également l’invention des
statues et des temples des Dieux (3).
Lucien , dans son traité de la déesse
de Syrie , s’explique de la manière la
plus précise à cët égard (4) :
» Les Egyptiens , dit cet auteur , pas-
» sent pour être les premiers de tous
sa les peuples connus, qui aient eu des
» notions Sur les Dieux , aient entendu
» les pratiques du culte , aient bâti des
» temples et institué des assemblées
*> religieuses ; ils sont les premiers qui
-33 aient bien connu les noms consacrés
'(.t) Euterp. c. 49.
(-) Ibid. c. 58.
(3) Diog. Laert. in proem. p. 7.'
(4) Lucien, t. 2, de Dca Syr. p. 877,
I V E R ' S E L L F..
» anx Dieux et fait des fables religieuses.
33 Les Assyriens adoptèrent Bientôt
33 leur doctrine et leurs usages , élevè-
>3 rent des autels et des temples , et y
33 consacrèrent des images et des sta-
33 tues ; mais anciennement les Egyptiens
33 n’avoient point de statues dans leurs
>3 temples. Il y a aussi des temples en
33 Syrie ; qui ne sont pas de beaucoup
33 postérieurs à ceux de l’Egypte , èt
33 j’en ai vu un assez grand nombre. «
Euîèbe en dit à-peu-près alitant ; il
prétend que ce ne fut qu’après une longue
suite de siècles que cette innovation
dans la religion arriva (S) ; que les premiers
inventeurs furent les Egyptiens et
les Phéniciens , et que leur exemple fut
ensuite imité par les autres peuples et
en particulier par les Grecs.
Lactance observe que les Egyptiens,
placés sous un beau c ie l, furent les
premiers qui admirèrent les corps célestes
et les adorèrent, et que d’observateurs
qu’ils étaient de la Nature , ils
en devinrent les adorateurs ; qu’ensuite
ils imaginèrent les figures symboliques
d’animaux auquel ils rendirent un culte;
que tous les autres peuples dispersés
sur la surface dp la terre , également
pénétrés de respect pour lès parties élémentaires
du monde, honorèrent le
ciel, la terre , le soleil, la mer , mais
sans statues, sans temples et sans images
, et qu’ils leurs sacrifioient en plein
air : néanmoins il ajoute que dans la
suite on inventa les temples et les simulacres
de ces Dieux naturels ; qu’on
leur offrit des victimes et qu’on brilla
l’encens sur leurs autels. (6) L’auteur du
livre de la Sagesse convient auffi que
le culte des images ,et des statues est
d’une invention récente et qu’on ne
le connoissoit pas anciennement (7).
Nous ne balancerons donc point à
-croire , que la construction des temples,
le culte des images , et tout l’appareil
(y) Enseb. præp. Ev. b 1 , c. 9.
(6) Lact. Iib. 2 , c. 14.
(7) Lib. Sap. c. 14, v. 13.
marche
R E L I G I O N U
extérieur des religions ne soit une invention
bien postérieure à l’établissement
des religions elles-mêmes. Il dut
en effet se passer bien des siècles avant
qu’il entrât dans l’esprit d’un homme
de peindre la divinité , et de la resserrer
dans un lieu plus étroit que l’Univers :
mais enfin cette idée est venue, et il
paroît que l’Egypte en a été la berceau,
comme elle paroît l ’avoir été des
sciences et de la philosophie. C’est
donc à l’Egypte qu’il faut encore nous
attacher , afin de bien saisir le génie et
le but de ces sortes d’institutions. Cette
marche n’a rien qui ne s’accorde parfaitement
avec le génie inventif des
Egyptiens, avec leur réputation de sagesse
, avec l ’antiquité de leurs monu-
inens, et les preuves non équivoques de
leur ancienne grandeur, et sur-tout avec
les témoignages rapportés plus haut,
qui leur assurent la première place
parmi les inventeurs des religions. Il
n est point invraisemblable que les pie-
miersinstituteurs du culte en aient aussi
ordonné le cérémonial, établi la pompe,
et ne l’aient revêtu de tout l’appareil
imposant que le génie et les richesses
pouvoient lui donner.
Ce sera donc le caractère du culte et du
cérémonial Egyptien, ainsi que le génie
qui présida à la construction et à la distribution
des temples en Egypte , et à
la composition des images et des statues
des Dieux , qui vont faire le premier
objet de notre étude. Bien connus > ils
nous mettront en état de prononcer sur
les signes du culte des autres peuples.
Un temple n’étant autre chose qu’un
édifice propre à contenir un grand
nombre d’hommes, réunis par une même
religion et pour les pratiques d’un
même cnlte, nousn’en chercherons point
1 origine ailleurs que dans le même be-
«oin qui a fait construire les autres
édifices , celui de se garantir des intempéries
de l ’air; et les lieux couverts
destines aux assemblées religieuses auront
fa même origine, que ceux qu’é-
toient déjà construits pour les assern-
Relig. Univ. Tomel
N I V E R S E L L Ë . 49
blée$ politiques. On se mit d’abord à
l’abri de la chaleur, en se réunissant
à l ’ombre de bois consacrés ; on se»
réunit aussi dans des grottes ou cavernes
sacrées ; enfin , on eut des temples
quand on eut des édifices, publics , eï
quand les arts et la richesse eurent enfanté
les magnifiques monumens, dont
la grandeur est ordinairement la suite
du luxe et de la fortune des empires.
Telle fut, cerne semble, l’origine des
temples en Egypte, c’est-à-dire , dans
un pays où on trouve plus qu’aillenrs des
vestiges de magnificence et de grandeur
dans les établissemens publics , et dans
tonte espèce de constructions. Les Egyptiens
furent grands dans les monumens
qu’ils élevèrent pour les besoins de la
religion , comme ils l'étaient dans ceux
qn’ils Construisaient pour les besoins
de la vie sociale; leurs temples furent
magnifiques , parce qu’ils l’etoient eux-
mêmes en tout : ainsi, nous ne donnerons
aux temples d’autre origine que
celle que nous donnons aux habitations
des hommes , tant aux édifices publics,
qu’aux maisons particulières.
Mais si l’origine fut la même, la distribution
et le plan ne le furent pas ;
la demeure de la divinité ne dut pas
ressembler à celle d’un mortel, et la
Nature fournit elle-même le modèle du
premier temple qui lui fut élevé. L ’oeil
des adorateurs du c ie l, du soleil et des
astres r circonscrit dans l’étroite et
obscure enceinte d’un temple, rede-
mandoit ses Dieux et regrettoit le spectacle
brillant du premier temple de la
Divinité, et du seul qui fût digne d’elle, "
celui de la Nature. Il fallut donc leur
en conserver l’ombre et l’image, pour
accoutumer insensiblement leurs yeux à
se reposer sur des murailles et sur des
marbres, au lieu de contempler, comme
autrefois, la Nature en elle-même et de
voir les Dieux qu’on invoquoit.
La Nature fut donc imitée,et fournit le
dessein sur lequel fut exécuté le premier
temple que la main d’un mortel osa lui
élever. On construisit, en honneur du
G