l’observation cl’Hygin (t) et deThéon (2).
Nous avons été séduits par l’autorité de
quelques Auteurs, quitfnt cru que la partie
postérieure des Centaures étoit oiigi-
nairement un corps de boeuf (3); opinion
peut-être, qui n’est fondée que sur l’étymologie
, la plus fausse de toutes les
bases d’explications. L ’épithète d’animaux
féroces , armés de cornes (4)_, que
leur donne Nonnus (s), conlirmoit encore
cette opinion. Le Sagittaire , qui
est un Centaure, porte dans (5) Bayer,
et dans Blaeü , le nom de Taurus ; et
Manilius (6) lui-même a cru y voir
le fruit monstrueux des amours de Pa-
siphaë , et le fils du monstre de Crète,
qu’amena Hercule, et qui figuroit dans
la fiction des amours de Pasiphaë. Tous
ces accords nous ont long-temps fait
croire , qu’il s’agissoit effectivement du
Centaure, qui se couche avec le Verseau
le matin , le jour même où
le Vautour s’y couche le soir. Néanmoins
, comme les traditions disent que
ce Taureau étoit, non le fruit des amours
de Pasiphaë , mais le Taureau (7) avec
qui elle eut commerce ; et comme ce
Taureau amant de Pasiphaë est incontestablement
celui des signes, ou celui qui
suit le Belier , et qui à cette époque culmine
,ou passe au méridien, au coucher
du Verseau et du Vautour, nous avons
cru devoir préférer celui-ci, d’autant
plus que les passages au méridien ont
été aussi employés , quoique plus rarement,
à fixer la marche du temps, avec
les levers et les couchers. J’ajouterai
encore, que ce Taureau de Crète ne
fut pas tué par Hercule ; mais simplement
amené à Eurysthée : au lieu qu’on
dit du Vautour, qu’il fut tué j et il se
couche effectivement. Enfin, il ne peut
guères rester de doute que ce ne soit
le Taureau des signes, puisqu’on lui 1 2 * 5 6
(1) Hygin. 1. 4.
(2) Tiieon ad Arat. Phænona. p. 175.
(3} Faloephat. 1. a.
{4) Uionys. 1. 3, v. 615.
(5) Bayar Vranom. Tah. 41.
(6) Manilius, v. 9,1. 4, v. 789,
donne tous les noms que portoit ce.
lui - ci. Apollodore dit en effet , C|lle
ce Taureau , objet du septième travail
étoit celui qui enleva Europe (8), e’J
qu’après avoir été lâché par Hercule, i|
alla ravager les terres voisines de Marathon.
Or, tous ces traits conviennent
au Taureau céleste, que les uns disent
être l’amant de Pasiphaë, d’autres celui
d’Europe , quelques-uns enfin celui
de Marathon (9). Ce sont tous ces traits
réunis , qui nous ont fait donner au
Taureau céleste , qui passe en ce moment
au méridien , la préférence sur
le Centaure , qui commence à se
coucher. Ce Taureau, dit-on, vomis-
soit des flammes (10), caractère duTauJ
reau céleste, qui brille de mille feux,
et qu’il a conservé dans la fiction de
la conquête du Bélier à toison d’or,
auprès duquel il est placé ; car c’est
par lui que nous expliquons.la fable do;
' fameux Taureau , subjugué par Jason;
C’est à la suite de ce travail, et sous
le même titre du septième chant,
qu'Hercule est supposé arriver enElide,
monté sur le cheval Arion , et qu’il y
institue les jeux Olympiques ( t ) , sur
les bords du fleuve Alphée. Non-seulement
il institue ces jeux, mais il donne
même la dimension du stade Olympique J
qu’il mesure avec son pied, et qu’ilafaio
de six cents pieds, ou de six cents foi#
la longueur de son pied. Les Juge»
de ces jeux furent portés an nombre
de douze , fournis par chacune des
Tribus d’Elide, ou de la-contrée consaj
crée au Soleil, en l’honneur duquel
se célébroient ces jeux (11). Plusieurs
Dieux y combattirent. Hercule lui-meOT
entra en lice , et il sortit vainqueur M
tous les combats. La série de ses travaux
fut, dans la suite, gravée sur les p°r1
tes du temple d’Olympie ( 12 )•
(7) Hyg. 1. 2. -
(K) Theon, p. 1 2 4 - Hyg’n. 1. 2. Gérman. C*j
(9) Cointus Smyrnæus-, 1. 6 , v. »37*
(10) Aulugelle, 1. 1, c. 1.
(11) Paus. Heliac. 1 , p. 134— 156.
(12) Paus. Heliac. », p. i$g-
On remarquera, que le signe céleste
,ju Verseau, qu’occupe le Soleil au septième
mois ( 1 ) , est précisément celui dans
lequel arrivoit la pleine Lune du Solstice
d’été, à laquelle étoit fixée la célébration
des jeux Olympiques. Poîybe ( 2 ) dit ,
que ce fut Hercule qui régla le cérémonial
de ces fêtes. On y trouve aussi
ll'origine du nom Olympias , que l’on
donnoit à la Lune, qui ouvroit la carrière
de la période Olympique (3). Ce
[phénomène de la Lune , pleine tous les
ans dans le signe céleste du Verseau,
lorsqu’on annonçoit au peuple la célébration
des jeux, donna lieu auxPoètes,
jqui chantèrent les courses du Soleil
dans le Poème des douze travaux , de
dire, à l’occasion de son passage sous
IleVerseau, qu’Hercule y céléoroitlesjeux
Olympiques, dont le Verseau étoit,
par son union à la pleine Lune , le
feignal tous les ans. Aussi disoit - on
[de l’homme du Verseau , Aristée, qu’il
avoit appris à observer les Solstices,
iet le lever de Sirius, qui l’annonce (4) ;
rqu’il ramenoit les vents Etésiens , qui
tempèrent les ardeurs caniculaires ( 5 ).
J’ajouterai que , dans le temple de
Jupiter Olympien, il y avoit un lieu
[consacré, sous le nom d’Olympias, et
qu’on montroit en ce lieu un trou par
lequel on supposoit que s’étoient écoulées
les eaux du déluge, sousDeucalion(6) :
or, l’homme du Verseau s’appelle aussi
peucalion en Astronomie- ( 7 ). On
ajoutait aussi, que c’étoit Deucalion
qui avoit bâti ce temple , et on se
jîervoit même de cet argument pour
[prouver le séjour de Deucalion à Athè-
pes. Si on fait attention, qu’il s’appelle
aussi Cecrops ( 8) , qui fonda les douze
bourgades d’Athènes , cette tradition
LO ) Petty. Rat. Temp. part. Ie, 1. 2 , c. 5 ,
[treret. defen. Chron. 1er. part. p. 136.
W Polyb. 1. U.
(i) Syncelle, P- 197-
(4) Justin ,1 . 13 , c. 7.
|Hg Hygin. 1. 2 in Boote.
y) Pausan, Attic. p. 16.
17) Hygin. 1. 2, c. 30. Germ. C*s. c. 25.
s’expliquera aisément. On voyoitun semblable
trou, dans un temple consacré
à la Déesse tutélaire du Verseau ou à
Junon, en Syrie (9) , et OH disoit que
c’étoit par-là que l’eau du déluge s’étoit
écoulée. Ces rapprochemens sont in-
téressans à faire.
L’arrivée d’Hercule en Elide, où il pa~
roît monté sur le cheval Arion (10), confirme
encore l’allusion faite à son passage
sous le Verseau , sur lequel sont
placés la tête et les pieds du Pégase ; car
il est le même que le cheval Aérion,
ou Arion. Neptune étoit père du cheval
Arion, comme il l’étoit de Pégase , ou
plutôt-, parce qu’il l’étoit de Pégase.
Or, ce sont deux noms de la même
constellation ( 1 1 ) , puisqu’Arion n’est
que la contraction du mot Aérion,
épithète du cheval céleste Pégase , chez
les Poètes Astronomes. C’est à cette
même époque du coucher du Verseau ,
que se couche le Dragon du Pôle. Dans
la guerre des Géans , ceux-ci, dit-on,
lancèrent ce dragon contre Minerve ,
et cette Déesse le saisit, et l’attacha
au Pôle (12). C’est également sous le
titre de ce même chant , ou du septième
travail, que Diodore place le secours
qu’Hercule (i3) porta aux Dieux,
dans la guerre que leur faisoient les
Géans (k), aux environs de Pallêne (14).
Ainsi le coucher du Dragon du Pôle,
celui du Vautour , le passage au méridien
du Taureau, ont fourni les principaux
traits du tableau Poétique du
passage du Soleil sous le septième signe,
et celui des -constellations qui prési-
doient au septième mois.
Huitième Division ou huitième Travail,
Le Soleil, arrivé au huitième signe ,
(8) Hygin. ibid.
(9) Lucian. de Dei Syr. p. 883.
(10) Paus. Arcadie, p. 237.
(11) Servius Georgiq. 1. i , v. 13. Hesych, in
voce, l'ir'iroç.
(12) Hygiq. 1. ».
(13) Horac. 1. a, od. 9, v. 6.
(14) Nonnus Dionys. 1. 48, v. 33, etc.
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