S o le ilc e fameux labyrinthe dont la distribution
seinbloit avoir été calquée sur
celle de l’Univers. Les douze grandes
maisons du Soleil y étoient représentées
par un assemblage de 12 palais qui com-
muniquoient entre eux, et qui formoient
la masse du Temple de l’Aftre qui, circulant
dans les douze Signes , engendre
l’année et les saisons. » Plusieurs (1), dit
» Pline, en parlant de cet édilice, regar-
>3 dent le labyrinthe comme un monu-
» ment religieux, consacré au Soleil, «
et cette opinion est la plus accréditée.
11 y avoit pareillement à Héliopolis en
Egypte, oit dans la ville du Soleil, un
Temple consacré à ce Dieu. On y remar-
quoit douze superbes colonnes (2.), qui
étoient chargées de sy mboles relatif s.aux
douze Signes, & d’autres emblèmes repré-
çen tarifs des quali tés occultes des élémens.
(//) Ces douze maisons du labyrinthe, ces
douze colonnes du temple d’Héliopolis
ctoient vraisemblablement consacrées
aux douze grands Dieux, ou aux douze
Génies tutélaires des douze divisions du
Zodiaque ( i). La distribution même du
labyrinthe ofrVoit la division du Zodiaque
en' deux parties de six signes chacune ,
telle qu’elle est produite par l’intersection
de l’Equateur (3) , qui partage le
Zodiaque en signes supérieurs et inférieurs
, en hémisphère boréal et hémisphère
austral, en partie d’été et partie
d’hiver, en grands'jours & en petits.
Les murailles intérieures étoient remplies
de ligures hiéroglyphiques, et nous
verrons bientôt que ces sortes de ligures
représentoientles mystères de la Nature.
*A l’angle, où se termine le labyrinthe,
s’élevoitune pyramide de quarante toises
de: haut, monument non équivoque de
la religion du Soleil. Car, comme l’observe
très-bien Porphyre, la ligure pyramidale
et celle de l ’obélisque , si conforme
à la forme sous laquelle s’élève la
'flamme (4)', a fait consacrer au Soleil et
t'j rün: V 36, c. >3.
' (ipICirker, CSEdip. t. 3, part. 2,p. 110.
: .r V tiered-Euterp. c. 148. ■
(.,) 'Eusçti. prap Ey. 1. )•,<. 7.
au’feu ces sortes de monumens (d).Cètte
pyramide étoit couverte de figures d’animaux,
ou de caractères hiéroglyphiques}
et Pline , en parlant des obélisques ,
espèce de rnonumens solaires du même
genre , et que l’on chargeoit aussi de
caractères symboliques et de figures
d’animaux (6), nous dit que ees monumens
étoient consacrés au Soleil, et con-
tenoient l’interprétation des myfières de
la Nature , qui faisoient l’objet de la
science des Egyptiens. Ainsi le labyrinthe
a tout ce qui convient à un monument
de la religion du Soleil et du culte de la
Nature , dont il nous rappelle les divisions
, les opérations mystérieuses, &
ridée sur-tout de l’agent principal qu’elle
emploie.
Quant aux pyramides et aux obélisques
, rien de plus connu que la raison
qui les fit consacrer dans la religion
Egyptienne, & que le rapport qui les lie
il Fa Nature. C’est, même comme monumens
religieux qu’ils ont existé en Egypte
en aussi grand nombre ; & c’est la superstition
seule qui les y a si fort multipliés
: car tel est le sort de notre triste
humanité, de n’élever presque jamais de
grands monumens , que pour perpétuer
où des malheurs'ou des sottises, tels quê
des combats ou des erreurs religieuses^/
Pline , dans son Histoire naturelle (7) ,
s’explique de la façon la plus claire sur
le choix qu’on lit de l’obélisque & de la
pyramide , de préférence aux autres
ligures qu’on eût .pu donner aux colonnes
sacrées élevees au Soleil. » G étoit
« autant de rnonumens , dit Pline, con-
33 sacrés à la divinité du Soleil. Leur
» figure môme est une image des rayons
» de cet Astre, & le nom qu’elles por-
»“ tant a cette signification en égyptien.
Le savant Jablonshi retrouve cette étymologie
encore dans la langue Cophte.
11 observe (8) que le mot (rri-çn) , ï'yx e ,
qui entre.dans la composition du nom
(5) Scholiast. d’Horace, 1. 3 , ad ultim. p, 211-
(6) Plin. 1. 36,c. 9.
(7) Plin. 1. 36, c. 8 & 1 1.
(8) Jabloaski, l’anth. Ægypt, proleg. p. 81.
de, la. pyramide , est encore aujourd’hui
celui du Soleil en langue Cophte, ou dans
l’ancienne langue égyptienne , dont les
Cophtes ont conserve les réstes.
Pyr est aussi le nom du feu chez les
Grecs (r ) ; le feu et le Soleil ont une
analogie trop naturelle entre eux ,
pour que les noms du Soleil et du feu
n’aient pas eu quelque ressemblance
chez deux peuples , dont l ’un étoit en
partie une colonie de l’autre. Jablonski
trouve l ’autre partie du mot pyramide
dans ( muï) qui, dans la même langue,
signifie éclat & rayon. Quoi qu’il en
soit de l’étymologie, il est certain que
la pyramide , comme l ’obélisque , étoit
consacrée au Dieu-Soleil (2) , d’après
de? raisons d’analogie entre la figure
pyiamidale et celle sous laquelle le
rayon solaire se propage et la flamme
s’élève. .
Timée de Locres (3) , donnant les figures
géométriques qui composent chaque
élément , assigne au feu la pyramide,
cc Le triangle équilatéral, dit ce Philo-
» sophe, entre dans la composition de
» la pyramide , qui a quatre faces et
» quatre angles égaux, et qui constitue
» la nature du feu le plus subtil et ,1e
■ » plus mobile des élémens (Æ). » Cette
expression géométrique du feu étoit
empruntée des Egyptiens (4) , chez .qui
Pythagore , maître de Tijnée , avoit
appris sa théorie des nombres et des
figures mystiques. Ce n’est donc point
sans une raison très-philosophique, que
ces sortes de formes furent données aux
monumens du culte du feu et du Soleil ;
la Nature même sembloit en avoir tracé
le dessin.
Ammien Marcellin assure que l ’obé-/
lisque (5) étoit consacré par un culte
spécial au Dieu-Soleil. L ’explication
qu,’il nous a donnée des inscriptions hié-
roglyphiques gravées sur un de ces obélisques,
et que l’Egyptien Hermapion
(*) Isidore, Orig. 1. 3 , c. 5 . deGeom.
[ (z) Plut, de Placit. Phil. 1. i ,c . 14 , p. 883.
L. a , c. 6, p. 887.
(3) Titnée, de Ani» . Riuadi , C. 3 , §. f î
avoit traduites , a tous les caractères
d’une inscription sacrée , telle qu’on
devoit en trouver sur des monumens de
la religion du Soleil. C’est le Soleil.,
grande Divinité de l’Egypte, qui est supposé
y parler au roi Ramessès : » Je t’ai
» donné de régner sur la terre, lui dit-il,
» toi que le Soleil aime, qu’aime Apol-
» Ion le fort, le fils de Dieu, lui qui a
» fait le monde , .toi que le Soleil a
» choisi, rett Ramessès, immortel fils
» du Soleil, cc A la deuxième ligne , on
lit : s» Apollon le fort , vrai Seigneur
33 des Diadèmes , qui possède l’Egypte
33 et la remplit de sa gloire, qui embellit
33 la ville du Soleil, qui donne la forme
33 à la terre entière, qui honore les
33 Dieux habitons de la ville du Soleil,
33 que le Soleil aime, ce .
Nous ne rapporterons pas toute 1?inscription
, qu’on peut lire dans Ammien-
Marcellin. Il nous suffit de dire qu’à
chaque ligne on trouve répété le nom
du Soleil et d’Apollon 5.que le Soleil s’y
qualifie de . grand Dieu et de Seigneur
ou Ciel, de maître du Temps, de Père
de la lumière : toutes qualités qui appartiennent
au grand Osiris, première Divinité
de l ’Egypte et de tout l’Univers.
Il est le Mithra des Perses , et les traditions
sacrées de l’Egypte portoient que
c’étoit Mithra, qui régrioit autrefois à
Héliopolis, qui le premier éleva ces sortes
de monumens au Dieu-Soleil, dans
la ville qui lui étoit consacrée (6). .On
voit aisément, que cette tradition est
fondée sur une allusion à un des noms
du Soleil, Mithra , en honneur duquel
ces taonumens religieux furent élevés.
Voilà donc encore un monument Egyptien
élevé à la Nature et à un de ses
premiers agens, et dont la forme est
empruntée de celle sous laquelle se produit
l ’élément auquel il est consacré.
La Nature est donc encore ici imitée
par ses adorateurs. Aussi Abneph , auf
4) Achilles Tatlus, C. 6, p. 77.
<5; Ammian. Marcel!. 1. 1 7 , p. 100.
(6) Pline, 1.34,«. 8.
G h