4°S R E L I G I O N O
est dans l'hémisphère Supérieur du
Monde, tous les peuples, des contrées
boréales entrent plus avant, et restent
plus long-temps dans l'héiUisphère lumineux.
Ils ont les jours plus longs
que les nuits. C’est le contraire, lorsque
le Soleil est dans l'hémisphère inferieur,
et qu’il voyage dans la partie
australe; Alors la partie boréale de la
Terre et les signes célestes, qui y répondent
, entrent plus avant dans l’ombre et y
restent plus long-temps. C’étoit alors
.quele Taureau , premier des signes septentrionaux
, entroit dans l’ombre, d’où
il ne sortoit, que lorsque le Soleil le re-
joignoitau printemps, et qu’il repassoit
par lui dans l’hémisplière boréal. Ce sont
ces alternatives et cette succession de
jours et de nuits prolongés, et les
rapports du lieu du Soleil et du centre du
cône ténébreux, qui produit la nuit,
avec les signes supérieurs et inférieurs ,
avec le Soleil, et avec les phases principales
de la Lune, qui font le sujet de
là fable sacrée d’Qsiris et d’Isis.
Lorsque Typhon, ou lorsque le principe
ténébreux de la Nature, dont le règne
commence à l’équinoxe d.’Automne,
enferme le principe lumière Osiris dans
le coffre obscur, à la recherche duquel
s’achemine Isis; la fable suppose, qu’Osi-
tis etoit de retour d’un long voyage ,
durant lequel il âvoit comblé toute la
terre de bienfaits (l). Typhon alors fui
dresse des embûches , et fait entrer dans
sa conspiration une reine d’Ethiopie.
Il prend , sans qu’Osiris s’en doute ,
la mesure de sou corps fait faire uii
coffre sur cette mesuie, le fait bien
orner , et ensuite apporter dans un
festin , qu’il donne . à son frère. On
s’égaye^ pendant le repas , et Typlioil
dit artificieusement, qu’il donnera ce
superbe coffre à celui qui voudra entrer
dedans, et voir s’il est juste à
sa mesure. Tous essayent, sans qu’il
puisse convenir à aucun d’eux. Osiris
{•) De Iside, p. 356.
(1) Columelle , 1. 1 1 , c. 2 , p. 432.
N I V £ n S E L L E.
essaie aussi, et à peine est-il CoucU
dedans, que tous les conjurés se
cipilent dessus , le ferment fortement'
le clouent, et y coulent du plomb’
pour en boucher toutes les ouvertures’
Ils finissent par le ieier dàns le Nil'
sur les eaux' duquel il est porté à ]j
mer , par l’embouchure de Tanis. Tel
est le détail que Plutarque nous donne
de l’exécution dn plan de conjuration,
Nous ferons une remarque à l’ocli
casion de cette reine d’Etbiopie , qui
conspire avec Typhon , au 17 du mois
du Scorpion ; c’est que précisément cette
époque du temps de" l’année est fixée
par le coucher de Cassiopée, reine
d’Etbiopie , qui est un Paranatellon du
Scorpion. Nous l’avons projetée déjà
sous ce signe , dans notre Planisphère
des travaux d’Hercule; elle trouve donc
encore ici sa place, sous une autre forme
et c’est sa forme la plus Connue. Cota
m elle marque le coucher de Cassiopée,
ù la fin d Octobre, ou sous le Scorpion.
j 11 nous dit qu’elle annonçait les
vents impétueux (A Plutarque dit âusSij
que la reine d’Ethiripie , qui s’unit à
Typhon, pour faire périr Osiris, dési-
gnoit les vents du Midi , qui souffioient
U Ethiopie et qui détruisoient les
vents Etesiens. Ceux-ci sotrffleÿent" dç
Nord, et avoient amené les Pluies, qui
avoient fait croître le Nil. Aussi disoit-oa
d Osiris,quiipérissôitau tempsoùlesvents
Etésiens cessent de souffler, et où le Nil sé
retirant, et laissant à sec le sol d’Egypte,
coule plus paisiblement dans son lit (4).
C est alors que les nuits prolongent leur
durée , et que, là force de la lumière
s affaiblit et succombe sous l’einpire dé
Typhon. Or tous ces phénomènes ar»
rivent au coucher dé Cassiopée , daüs
le mois pendant lequel le Soleil
parcourt le Scorpion. Il n’y manqué que
le nom de la reine , que Plutarque dit
s’appeller Aso; du teste elle est, connue
Cassiopée, reine d’Ethiopie.
(3) De Iside, p. 368.
(4) De Iside, p. 365..
Revenons
R E L I G I ON UNI VERS E L L E , 409
Revenons à Isis. Lorsque le coffre
eut été : brisé , et que le corps d’Osiris
eut été déchiré en j 4 morceaux, que
Typhon jeta çà et là , sans sépulture ,
I s is , recueillit ces précieux débris , et
donna la sépulture à ^chacun de ces
membres, dans le lieu même où elle
les trouva ; ce qui explique, dit Plutarque
(1), la multiplicité des tombeaux
d’Osiris, qu’on rencontre dans l’Egypte.
D’autres prétendent, qu’Isis ne déposa
que'.le simulacre du corps de son époux,
dans tous ces différens tombeaux, à
l’exception d’un seul, qui avoit son véritable
corps, afin de tromper Typhon
dans ses recherches, et afin que la multiplicité
des tombeaux lui ôtât l’espoir de
pouvoir découvrir le véritable. Il ajoute,
que le membre viril d’Osiris fut jeté par
Typhon dans le N il, et avec lui les germes
de la fécondité, qui restèrent déposés
dans les eaux(o). Qu’Isis, en conséquence
, en fit faire le simulacre qu’elle
consacra, et qu’on révère encore dans les
cérémonies religieuses des Egyptiens,
établies en l’honneur d’Osiris. Le récit de
Diodore s'accorde en cela avec celui de
Plutarque (2,). Cés cérémonies sont les
fameuses Paamylies, ou fêtes de la
génération, qui se célébraient tous lés
ans , à l’équinoxe du printemps , en
honneur du principe fécondant Osiris,
ou du Soleil, agent puissant de la végétation
universelle, et qui, de concert
avec Isis, ou la Lune, versoit dans l ’air,
dans la terré et dans les eaux du Nil
le germe de fécondité qui s’y dévelop-
poit; Les Grecs les adoptèrent ensuite
dans le culte dé Baechus; Nous avons
déjà parlé plus haut de ces fêtes instituées
en l’hpnneur du principe fécond
de la Nature , et de l’action qu’il exerce
sur le Monde sublunaire, tous les ans,
au moment où l’Ether , Dieu tout-puissant
, féconde la matière et tous les élé-
(1) IX- Iside, p. ,338.
(?)’ IXoù. I. d, c. 12, p. 34 , c. 13, p. 26.
(3) Jabtonski, 1. 5 , c. 7.D. 206.
'4; Thcon -p. 153. Achiil. Tat. Apud Petâv.
TJranolog. t. 3, p. 06'.
R e lig . U n iv . T om e l.
mens , qui entrent dans l’organisation
des corps.
Jablonski prétend, que ces fêtes ré-
pondoient à l’équinoxe (d), et au temps
même où nous célébrons la fête de l’Annonciation
, ou de la fécondité donnée à
Marie par le tout-puissant, c’est-à-dire, à
l’époque où en Egypte on célébroit
l ’entrée d’Osiris dans la Lune , au mois
Phamenoth; ou au Printemps ( 4 ). C’est
alors en effet, qu’Apollon , ou Orus,
le Dieu Jour, fils du Soleil du Printemps,
reprend sa lumière et sa force ,
et Combat le principe de ténèbres , et
tous les mauvais Génies , qui composent
sa cour. C’est alors , qu’Apollon
triomphe du Serpent Python, dont l ’image
est le Dragon du Pôle ; celui-là
même qui se lève en Automne avec le
Scorpion, et qui fournit les attributs de
Typhon, ou du principe ténèbres. C’est
au mois Phamenoth , que les Juifs célébraient
leur Pâque, pendant quelque
•temps (5).
Ceci s’accorde parfaitement avec le
récit de Plutarque (6) , qui nous dit,
qu’aussi-tôt qu’Isis eut recueilli les membres
( k) . épars de son époux, et consacré
l'image du Phallus d’Osiris par une
cérémonie religieuse , Osiris revint des
Enfers au secours d’Orus , et le mit
en état de combattre son ennemi, ou
le chef des Ténèbres. C’est alors en effet,
que la lumière du jour va reprendre sort
empire sur les nuits. Le passage du Soleil
aux Régions supérieures est annoncé
par le lever dü soir des étoiles du Cheval
du Centaure, et de celles du Loup, quç
percé le Centaure. La fable ( 7 ) Suppose ,
qu’Osirisinterrogeason fils, et lui.deman-
cîa, lequel il préférait pour compagnon de
combat,ou du Lion, oudu Cheval;et que
celui-ci répondit,qu’il s'associerait de préférence
le Cheval. C’est la tradition rapportée
par Plutarque. Synésius dit, que
(5) .Uranolpg. Petav. t. 3 , p. 213.
(6) De Iside, p. 338,
(7 ) Voy. ci-dest. Art. Osirii, c. 2.
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