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rances de son retour, qu’elle joie dut-
on éprouver, lorsque cet astre remonté
déjà vers le milieu du ciel eut chassé
devant lui les ténèbres, qui avoient empiété
sur le jour et usurpé une partie
de son empire ï Alors l’équilibre du jour
et de la nuit, et avec lui l’harmonie
de la Nature étant rétablis, un nouvel
ordre de choses aussi beati que le premier
recommencoit, et la terre, fécondée
par la chaleur du soleil, qui avoit repris
la fraîcheur et les forces de la jeunesse ,
s’embéussoit sous les rayons de son
époux. Ce n’est plus ici le Dieu du jour
que les oiseaux chantent dans leur
ramage; c’est celui de l'amour, dont les
feux brûlants s’allument dans les veines
de tout ce qui réSpire. l’air devenu plus
pur et plus plein de principes de vie.
Déjà les mères prévoyantes ont choisi
l’arbre ou Je buisson , où elles suspendront
le nid, qui doit recevoir le fruit
de leurs amours , et que va ombrager
le feuillage naissant 5 car, la Nature a
déjà repris sa parure, les prairies leur
verdure, les forêts leur chevelure nouvelle
, et les jardins leurs fleurs; la terre
fi déjà une face riante, qui fait oublier
la tristesse et le deuil dont 1 hiver l’avoit
couverte; les vents bruyants ont fait
place aux zéphlrs, dont La douce haleine
Bespecte le feuillage tendre, qui s’abreuve
encore de rosée, et qui joue légèrement
sur le berceau des enfants du printemps.
Les fleuves, rentrés dans leur lit, reprennent
leur cours tranquille et majestueux
, et le ruisseau. qui serpente dans
la plaine à travers la verdure nouvelle ,
présente une eau pure aux plantes et
aux fleurs , qui croissent et se nourrissent
sur ses bords. La terre par sa beauté
ri valise avec le ciel, depuis l’instant qu’elle
a recouvré son époux.
Il n’est aucun de ces tableaux que
le génie des poètes né se soit exercé
à rendre, et qui n’ait été copié par
les peintres de la Nature. On trouve
dans les Géorgiques de Virgile (i) une
|G VirgU. Géorgie. I. i . T. 3*4, û*r
de ces descriptions du printemps et dë»
heureux effets du retour du soleil vers
nos climats ; et ce morceau est un de*
plus beaux de son ouvrage. On y voit
la terre amoureuse du ciel s’ouvrir
aux pluies fécondes, qu’il répand dans
son sein, et recevoir de lui ce feu
actif, qui circule dans tous les corps,
où il répand la force et la vie. Le
spectacle qu’offre la Nature à cette
époque est trop brillant, pour n’avoif
pas rempli d'admiration tous les hommes,
sur-tout dansnos régions boréales, où le
passage de la Nature d’un état à l’autre
est plus sensible, et se trouve contraster
d’une manière plus forte et mieux prononcée
; ce sera donc là une des époques
de la N ature qui aura été plus observée
et consacrée plus qu’aucune autre dans
les fictions sacrées , dans les fêtes , et
par tous les monuments et par tout l’appareil
du culte religieux. Ce sera donc
aussi pour nous un point de comparaison
dans nos recherches, qui devra
nous donner le plus de solutions; car,
la marche et le développement de la
végétation étant toujours en correspondance
avec celle du soleil, et avec sa
proximité ou son éloignement, il s’ensuit
que le point le plus important est celui
auquel il répond dans les deux, au
moment où la Nature , chaque année ,
se renouvelle.
L ’observation du lieu où se trouve
le maximum de .son élévation, et où
il s’approche le plus du point qui répond
perpendiculairement sur notre tête;, ne
doit pas être non plus négligée , puis-
qu’à cette époque il est le plus près
de nous, et qu'il est en quelque soi te
placé sur le haut de : son trône. Le
jour alors a reçu tout l ’accroissement
dont il étoit susceptible, et la nuit se
trouve renfermée dans les limites-les
pluséttoites,qui puissent laressérrerdàns
un climat donné. Les ténèbres vaincus
sont au plus gi and degré »d’dffioiblisse-
ment, et l ’ombre n’a rien d’effrayant
pour
pour l’homme, qui n’y trouve plus qu’un
abri contre la trop grande ardeur du,
jour, et dans leur durée, que celle qui'
est nécessaire à son repos. Le soleil
alors consomme sans obstacle le grand
ouvrage de la végétation, en préparant
les fruits à la maturité , à laquelle il
doit les amener avant sa retraite. Il
descend déjà de son"trône, et se dispose
à^ achever son ouvrage, après la
perfection duquel il doit se reposer.
Telles sont à-peu-près les observations
que durent faire les hommes des climats
septentrionaux, sur la marche du Dieu
du jour et du créateur des productions
sublunaires., - comparée soit avec le? '
différens lieux du ciel ,- soit avec les
changemens de face de la terre, avec.les
vicissitudes de l ’air et la succession des
saisons , que le soleil engendre dans sa
révolution oblique. -
Pendant- que le soleil parcourt cette
route, et fait une de ces révolutions qui,
en 1 approchant et 1’éloignant successivement
de nous,. semble renfermer,
comme clans un cercle, tous les;effets
sublunaires, qui résultent de son absence
et de sa presence, ou pour parler plus
juste, de son éloignement, et ensuite
de son retour vers nos régions , la lune
1 epe te douze fois sa marche, qu’elle divise
en douze temps, appelés mois. Elle
monté et descend comme lui dans les
deux douze fois, pendant qu’il monte et
descend une fois , et elle subdivise en
12 parties la marche progressive de ses
opérations, auxquelles on diroit qu’elle
s associe en l ’imitant dans sa course.
L action du soleil et son repos successif
embrassent le cercle entier de sa
révolution annuelle ; et la lune fixe
les six points de partage de l ’une comme
de I autre. Les phénomènes produits ,
< -tirant chacun de ces douzièmes du
cercle annuel, ou du cercle que parcourt
le-soleil, correspondent à ;douze lunaisons
; et la lune qui mesure leur durée
parut s insensiblement coopérer à< les
produire. Car il arrivé presque toujours,
que les signes qui annoncent un effet,
M ( ig . U u iv . Tome I.
et qui en mesurent la durée > se confondent
dans l ’opinion des peuples avec
les causes qui les engendrent ; c’est
par cette raison que la lune dut être
associée .au soleil et élevée jusqu’à la
dignité de cause par les adorateurs de
la Nature. lis lui dévoient d’ailleurs la
lumière douce de* nuits,quinons console
de l’absence de celle du soleil : elle
leur fouraissoit des mesures du temp ;
les plus commodes. Tant de titres qu’elle
avoit à la reconnoissance des hommes
la firent ranger au nombre des causes
premières, et des sources éternelles de
leur félicité. •
Après la lune, un autre astre beaucoup
plus petit qu elle en apparence et moins
lumineux , quoique très-brillant, et qui
quelquefois même n’attend pas la retraite
du soleil pour se montrer, dut attirer
.1 attention des hommes. Mobile, comme
le soleil et la lune, il semble s’attacher
aù pas duroi des cieux, et tantôt ouvrir,
tantôt fermer les portes de l ’Olympe,
dont la garde lui paroît confiée; il
chasse la nuit et devance l ’aurore, ou
il reste après le soleil pour fermer la
marche du jour , et remettre à la nuit
les clefs du ciel ; ami du jour, tour-à-
tour il fuit la nuit, ou la fait fuir.
Long-temps l'ignorance a pu.en fane
deux astres différens panais son mouvement
qui l ’approche ou l’écarte du soleil,
sans jamais l ’en éloigner trop, a du
bientôt le faire reconnoître pour le
même corps lumineux, qui tantôt; pré-
cédoi t, tantôt suivoit l ’astre brillant, qui
pendant le jour verse sur nous à grands
flots sa lumière. On se borna donc à lui
donner deux noms, à raison de sa doublfc
fonction d’étoile du matin et d’étoile
du soir. Cet astre dut sur-tout être remarqué
par son éclatetpar la singularité
de sa fonction , qui ne lui permet pas de
quitter le roi de l’Olympe , qu’il accompagne
dans tous ses voyages, soit en
haut, soit en bas des cieux. C’est par
cette raison,-qu’après le soleil et la lune,
cet astre est le mieux connu du peuple,
qui T'appelle l’étoile du berger ; car