naus-i’avons déjà, observé, phùrieurs mor-
cetiux épisodiques ; et ce sujet ayant été
traité par une infinité de Poètes, sous des
forine^ et avec des fictions différentes,
il en est résulté, toutes ces traditions
variées, sur différentes aventures d’PIer-
cule , qui , sortent de l ’ensemble.- du
poème des douze travaux, ou qui n'y
entroient, que sous là forme d’épisodes.
Nous nous bornerons ici à en rapporter
quelques-unes,' dontnous donneronsl’ex-
plication ; nous laissons au lecteur le soin
de travailler sur les autres, et de les analyser
d’après nos principes , les seuls qui,
puissent conduire à une solution vraie
de ces anciennes allégories sur 1? Dieu
Soleil. .
Hérodote (i) raconte, quelesThébains
et tous ceux des Egyptiens, qui comme
eux s’abstiennent de manger des brebis,-
apportent une raison de leur respect
pour cet animal, et de la loi qui leur a
imposé cette abstinence. Ils en trouvent
l ’origine dans une ancienne tradition ,
qui suppose, que Jupiter ne voulant point
accorder à Hercule la demande, que
celui-ci lui faisoit de se laisser voir à lui,
ne trouva d’autre moyen de le satisfaire
en partie , que. de se montrer au héros
sous un déguisement. En conséquence
il se revêtit de la peau d’un bélier, qu’il
tua : il en mit la tête sur ses propres
épaules , et sous cette forme il apparut
à Hercule. Cette tradition se trouvoit
'confirmée par une cérémonie, qui se
pratiquoit tous les ans le jour de la fête
de Jupiter. On tuoit un bélier, que
l’on dépouilloit, et l’on revêtoit de sa
peau la statue de Jupiter, près de la-
quelle ensuite on conduisoit la statue
d’Hercule, que Jupiter étoit censé recevoir
sous ce déguisement. Quel pouvoit
être le but de cette singulière cérémonie ,
et quelle étoit l’origine de la fable sacrée
qui s’y trouvoit liée P C’est ce que nous
allons examiner j et nous trouverons
sans peine, que l’Astronomie en foumis-
soit le fond. (i)
(i) Hérodote i. 2 , c. 42.
(a) Petav. Urunol. p. 13,6.
Le Bélier céleste, de qui Jupiter, sons,
le nom d'Ammon , empruntait ses attrL
buts , et qui pendant bien des siècles
occupa l’équinoxe de printemps , étoit
le domicile de laplanète deMars (2). Celle
planète portait, chez les Egyptiens , le
nom de planète d’Hercule, commenous
l ’apprennent Achilles Tatius (3) et Ma-
crobe. La troisième planète , dit le premier
, est celle de Mars , que leç Grecs
appellent Y enflammé, Pyroeis , et les
Egyptiens l ’étoile ou planète d’Hercule.
Il n’en fallut pas davantage, que cette
union Astrologique chez les Egyptiens,
adorateurs du Soleil, des planètes et des
signes, pour réunir, dans les fêtes solaires
de printemps , ou du bélier Amin
on , l’image du Soleil revêtu des attributs
du bélier ou du signe, où il se trouvoit
, à l ’image de la planète d’Hercule
ou de Mars , qui avoit son domicile dans
ce signe. C’est là qu’elle exerççit sa principale
influence ; et c’estpar cette raison,
que chez les Romains elle donna son nom
au mois, qui y répondoit, ou au mois de
Mars. Dans le planisphère Egyptien de
Bianchini, on voit Mars avec son casque,
etsapique, età côtéleSoleil,casés sousle
Bélier, dans les deux premiers Décans
de ce signe. Ces unions sont dans le
génie de l ’Astrologie, principale base
du culte Egyptien. Voilà un premier fondement
, sur lequel peut s’appuyer cette
tradition, ainsi que la cérémonie religieuse
qui unissoit Hercule à Artimon,
quand on entend par Hercule sa planète
ou Mars.
Si on veut en chercher un autre dans
les constellations et dans celle qui porte
le nom d’Hercule 4 on y trouvera également
un fondement aussi naturel, en
remontant à l’époque, où le signe équinoxial
étoit le Taureau. Car alors ce
point important de la mar che des saisons
étoit annoncé le matin par le lever
Héliaque du Bélier, qui fournit à Ammon
ses attributs , et qui s’appelle encore
Ammon , et le soir par le lever du Ser*
(3) Macrob. Sat. !. 3 , c. Ï Serv. ad ÆneM.
1. 8, v. 27t.
celui qui est au ciel , suivant Hygin
( 3 ) et tous les autres Mythologues \
qui nous ont conservé les traditions sacrées
, dont les constella rions sont l’objet.
Germanicus César (4) ajoute , que Bac-
chus appela ce bélier, Jupiter Ammon,
et qu’il plaça dans les deux cet animal
officieux,qui luiavoitincliquéles sources
d’eau. O r , Servius rend cette tradition
commune à Hercule et à Bacchus : donc
c’est le même bélier dans la fable d’Hercule.
Ajoutons à cela, qu’Hygin dit que
c’est de-là que vient l’origine de donner
une tête de bélier à la statue de Jupiter
Ammon, c’est-à-dire , de le représenter
tel qu’on suppose qu’il s’étoit montré à
Hercule, et avec les attributs dont il étoit
revêtu dans la cérémonie religieuse, dans
laquelle , tous les ans , il recevoit la visite
de la statue d’Hercule.
Mais si l ’on a cru pouvoir représenter
dans les temples l'image du signe du
Bélier , pourquoi n’auroit-on pas aussi
représenté celle du Paranàtellon équinoxial
, Hercule , soit le Serpentaire ,
soit l’Ophiucus? A moins qu’on ne s’en
tienne à prendre pour Hercule le Soleil
lu i-meme , qui dans son entrée au signe
du Bélier , appelé règne d’Ammon,
étoit censé rendre visite à Ammon , et
se parer de ses formes symboliques , de
manière à ne faire plus qu’une seule et
même divinité. Je laisse au lecteur, à
donner la préférence à celle de ces conjectures,
qu’il jugeralaplus vraisemblable,
quoiqu’elles le paroissent toutes également.
Ce qu’il y a de certain , c’est
que l’Astronomie seule doit fournir l’origine
de cette cérémonie singulière, et
que le Bélier céleste est incontestablement
l ’objet de cette monstrueuse
parure donnée à Jupiter , lorsqu’il se
montre à Hercule, et reçoit sa visite
dans son temple. Cette cérémonie de-
voit naturellement appartenir à l’équinoxe
de printemps , puisque la
Bélier l’a occupé long-temps , et que
0) Servius ÂF.neid, 1. 4 , v. 196. (3) Hygin. I. 2 , German, .Cses, c. 18.
I2) Statius in Thebaid, 1. 3. v. 476. (4) Hygin, Fab. 133. Xsid. Orig. 1. 3 , e. 47.