de la morsure d’un Serpent ou d’un
Scorpion , c’est-à-dire, du signe avec lequel
se lève le Sanglier d'Erymanthe,
dans la fable d’Hercule. Ainsi le Serpent
et le Sanglier d'Erymanthe, deux
Paranatellons de la Balance et du Scorpion
, tuent le pilote du vaisseau Argo ,
connu sous le double nom de Tiphys
et de Canopus.
Voilà"donc Jason arrivé sur les mêmes
plages où arrive Hercule à la lin de
son huitième travail (i), au coucher de la
Vierge céleste, à l’instant où le Soleil
entre au Bélier, dont Aëtès est possesseur.
LePoète nous donne la description Géo-
graphiquedupays qu’arrosent le Phase et
l ’Araxe (a). Là règnoit Aëtès (3) fils du
Soleil,' qui avoit fait suspendre à un lietre
la fameuse toison. On délibéré si l’on fera
une députation àcePrince. Jason seul s’en
charge(4). Il trouve toute la famille d’Aë-
tès effrayée d’un prodige, que ce prince
avoit vu en songe (5). G’étoit un Astre
brillant tombé du Ciel, dans le sein de
Médée sa fille , encore vierge. Cette
princesse l’avoit reçu et conservé dans
son sein , et s’étoit avancée vers les
bords du fleuve du Phase ; mais les eaux
du fleuve avoient emporté l’Astre («)
dans les flots de la Mer noire (6). La
circonstance du coucher de la Vierge,
le matin, "suivi de celui de Jason, et
du lever 'du fleuve d’Orion, et du lever
de Méduse, font la base de toute cette
vision, qui annonce à Aëtès la conquête
, qui va être faite de son Bélier,
Effrayé de ce songe , Aëtès fait réparer
son char (7), afin d'allerappaiser le fleuve
du Phase. Il se fait accompagner de ses
filles , Chalciopê, qui avoit déjà perdu
Phryxus son époux, et de sa plus jeune
fille Médée. Absyrthe son fils ou le
Cocher, demeuroit à quelque distance
de-là (8). Un char doré portoit Aëtès et
ses filles. Le vaisseau Argo venoit d’aborder
sur les rives du Phase (9), et
Jason, le premier des Argonautes, est
apperçu par Aëtès et ses filles, qui le
distinguent bientôt de tous les autres
héros (10). Aëtès se présente à euxàvec
tout l’appareil éclatant, qui environné
Apollon son père. Ainsi parut Phaëton,
également fils du Soleil, lorsqu’il voulut
conduire le char du Dieu qui lui
donna naissance. Il montait un char tel
que celui du Soleil (11). Une couronne
rayonnante ceign oit, sa tête lumineuse.
Il tenoit en main son sceptre , brillant
comme l’éclair. Ses deux filles siégeoient
à ses côtés. Ici lePoète met dans la bouche
d’Aëtès un discours menaçant (12) ,
qu’il adresse aux Argonautes, et auquel
Jason répond, à-peu-près dans les termes
du discours d’Ilionée à Didon(i3). Il
expose l'objet de la mission dont l’a
chargé Pélias , fils de Neptune ( 1 4 ) ,
savoir, d’apporter à Iolcos la riche toison
du Bélier de Phryxus.
Aëtès y consent, à condition qu’ils
enverront un d’entre eux pour exécuter
une tâche difficile, dont l ’accomplissement
sera recompensé par le prix
qu’ils sollicitent ( i5). Argus, fils de Phryxus
et de Chalciopê , petit - fils d’Aëtès,
de retour, vient trouver les Argonautes
affligés, et leur annonce d’avance le peu
de succès (16), qu’auroient les projets
perfides que forme contre eux Aëtès. Il
leur découvre la passion, qu’a déjà conçue
pour Jason sautante Médée (o),
fille du roi de Colchide, et il leur parle
des secours , qu’ils peuvent attendre de
cette princesse, ,
Orphée racontecommeiitMédée, par
ÇI ) V. 73U.
(sj V.745—7
fj) V. 762.
(4 ) V. 766.
C# v . 775'
(6) V. 782.
(7) V. 787-
$) V. 7 9 5 -
(9) V. 800.
(ic) V .'804.
(11) V. 810.
(m v- 815.
U 3) y . .8*7- (14) V. 8st>.
(* 5) V. 850.
(16) V. 860.
amour poiir Jason, subjugua des Taureaux
, qui vomissoient des flammes (1) ;
comment elle détruisit cette moisson de
Dragons, nés des dents du Serpent ,
qui avoient été semées dans leurs champs,
et comment elle fit honneur à Jason, son
amant, de tous ces hauts-faits (2) ; enfin
comment cette princesse déguisée se
rendit de nuit à bord du vaisseau Argo,
sans être arrêtée par la crainte de la
colère de son père. Elle prodigue ses
caresses à Jason (3) , et lui offre les
moyens de vaincre les obstacles, qui
semblent devoir s’opposer au succès de
son entreprise ; car ils étoient des plus
effrayans. Le fleuve du Phase couloit
sous les murs de la ville et du palais ,
et en défendoit l’entrée ( 4 ) .
Ici est une description du palais du
roi de Colchide, et de sa ville formée
dé sept éminences ( 5) , nombre égal
à celui des Orbites planétaires. On y
voit aussi celle du temple de la Lune,
de'Diane ou d’Hécate, la grande Divinité
du pays (6 ), et dont Médée est
la Prêtresse. Elle seule connoît le secret
de ces redoutables mystères, renfermée
dans un Sanctuaire , dont l’approche
est défendue. Près de-là est un
bois sacré , planté d’arbres de différentes
espèces (7)» et d’herbes venimeuses.
Au milieu est le Hê tre sacré (8),
auquel est suspendue la riche Toison
du Belier de Phryxus ( 9 ). Au pied, de
cet arbre couche un Serpent, qui ne
<lort jamais, semblable en cela à celui
du Dragon des Hespérides , lequel défend
la Toison de toute insulte. Le
Poète fait la description du monstre ,
qui,de ses longs replis, entoure l’arbre
sacré, et défend le dépôt précieux (10).
( ,) V. 868.
(*> V. 875.
(3) V. 88ojt
' (4) V. 892.
m v . 895-
(6) V. 900.
(7) V. 910.
(8) V. 922. 19) V. 925. (te) V. 9jo.
Orphée et Médée s’unissent pour
faire, à la déesse Hécate un sacrifice
( n ) , qui la rendent favorable à
leur entreprise, eu. les faisant triompher
du terrible Dragon. Le Poète décrit
toute la cérémonie et l ’appareil de ce
sacrifice (12), et les spectres efi'ravans,
qui apparoissoient, et sur-tout celui de
la redoutable Hécate ( i 3 ).
Orphée nous peint en même temps le
terrible Dragon, qui faitretentirl’air de
ses horribles sifüemens (14) , au moment
où il le voit lui, Jason , les Dloscures
et Médée s’approcher de l’arbre sacre ,
qui est lui-inême ébranlé par les secousses
de l’affreux Dragon, qui s’agité
en tous sens. Médée seule n'en est point
effrayée ( i.5). Orphée fait entendre
les sons de sa Lyre, et assoupit le
monstre (16). Aussitôt Jason, par les
conseils de Médée, se saisit de la Toison-
d’or, qu’il emporte triomphant vers le
navire Argo. Les Argonautes, ivres
de joie ( 17 ) , applaudissent à son
succès ( p).
Cependant Aëtès apprend la fuite de
sa fille. Il mande aussitôt Absyrthe ,
et appelle son peuple aux armes, en
leur ordonnant de courir à la poursuite
de Médéè. Ainsi Cadmus et les fils
d’Inachus se mirent à la recherche d'Europe
et d’Io leur soeur. Médée étoit
sur les bords du Phase , et déj à méditait
la mort de son frère , qu’elle fait
périr, et elle sème dans les flots ses
membres (18) épars : ainsi Phaéton fut
jeté dans l’Eridan. Les Argonautes
prennent le large, et déjà fuient loin
des rivages de la Colchide et de l’embouchure
au Phase (19) , à la faveur de
la nuit.
(u ) V. 940.
( ii) V. 950.
(13) V. 975-
(14.) V. 990.
(13) v . 996.
(té) V. toio.
(17) V. 1020.
(18) V. 1030.
(19) V. 1040.
Nnn a