
 
        
         
		tempère  la  nature  du  ciel,  fertilise  la  
 terre,  1 imprègne  de  vapeurs  et  de  
 î.osee ;  1 eau monte  vers le ciel et  en  redescend  
 sur  la  terre,  où elle  entretient  
 la  végétation  des  plantes  ,  des  arbres,  
 et  des  moissons.  Cette  circulation  cle-  
 1 eau,  qui  se  suspend  sur  nos  têtes  en  
 nuages, qui se condense ou se raréfie dans  
 1 air  où elle entretient  une  fraîcheur  salutaire, 
   et qui ensuite se résout en pluies,  
 a pu offrir dans  les  allégories  anciennes  
 le  sujet  de  bien  des  métamorphoses  de  
 cet  élément  unique.  Il  sera donc  à propos  
 d en  tenir  compte dans l’explication  
 de 1 antiquité ,  qui a Considéré  cet  élément  
 agissant  non-seulement  dans  le  
 bassin  immense  des  mers,  dans  le  lit  
 des  fleuves  et  à  la  source  des fontaines,  
 mais  encore  dans l’air auquel  il  se  marie  
 ,  dans les nuages, dans la rosée bienfaisante  
 et dans  les  pluies fécondes. Les  
 Pléiades  et  les  Hyades, qui  dispensent  
 ce  fluide,  furent  censées  être  filles  de  
 . ^ Océan,  ou de 1 element dont elles semblent  
 partager  la nature.  L ’air lui-même  
 imprégné  d’eaux  fut  invoqué  sous  le  
 nom  de  Jupiter P  lu vins,  ainsi  que  la  
 constellation  de  la  Chèvre céleste ,  qui  
 provoque  les  pluies,  et  qui  fournit  à  
 Jupiter ^quelle  avoit nourri,  sa redoutable  
 Egide,  et son nom d’AEgiochus. 
 L ’air  ne  jouaipas  un  rôle  moins important  
 que l’eau et  la  terre  dans  l’ancienne  
 Théologie ;  et  souvent même  il  
 fut  coriiondu avec  Junon  la soeur et l’épouse  
 de Jupiter, la première des déesses,  
 comme celui-ci étoit le premier clés Dieux.  
 Nous  avons déjà rapporté  ailleurs  l’opinion  
 de plusieurs Philosophes,  tels qu’A-  
 iiaxitnène ( i ) ,  Anaximandre,  Diogène  
 d Apollonie, et celle  des Egyptiens , qui  
 attribuoient  la  divinité  à.  l’air.  Anaxi-  
 mène  (t)  suppôsoit  que  cet  élément  
 etoit  une  substance  divine,  immense ,  
 infinie,  mise en activité perpétuelle  (3). 
 O)  OUdess.  1;  i ,   c.  3. 
 (2,1  Sext. Emp. hypoîh.  pyrh. 1.  3,  c.  4,  Cic.  de  
 Nat. Dar. 1.  1,  c.  10.  ■ 
 '  I-  3,  c.  8,  Minuit  Félix,  p.  130. 
 (l)  Ci-detius  p.  158. 
 Au reste il n ’admettoit l’air infini que dans  
 sa  nature;  mais il  le supposoit  fini dans  
 ses formes  et  dans  les  qualités  qui  le  
 modifient.  Il étoit,  selon  lui,-le  principe  
 de  toutes  choses.  Il  çroyoit  que  tout  
 naissoit  de  la condensation  ou  de la raréfaction  
 de  cet  élément :  que  cet  air  
 condensé et comprimé avoit d’abord produit  
 la terre,  et que  de  la  terre  étoient  
 nés le  Soleil,  la Lune et les  Astres (aaa).  
 Aussi  donnoit-il  au  Soleil  le  nom  de  
 terre,  et  il  pensoit  que  la  rapidité  de  
 son  mouvement  produisoit  la  chaleur,  
 dont il nous brûle.  Parménide  (4 )  avoit  
 la  même  opinion  sur  la  formation  de  
 la  terre  par  la  condensation  du  principe  
 aérien.  Tout,  suivant Anaximène  ,  
 (6)  naissoit  de  l’air  et  se  résolvoit  en  
 air,  même  notre ame  ,  qui, selon  lu i,  
 n’étoit  qu’une  émanation  du  spiritus  
 ou  souffle  aérien.  C’étoit  l’air  qui  avoit  
 été lepremier agent de la divinité, suivant  
 Zenon  ,  lorsque  Dieu  mit  la  matière  
 dans un  état  de  fluidité ,  comme  nous  
 l ’avons  dit plus haut. 
 On  reconnoît  dans  ce  premier  Etre  
 le  spiritus, oti  souffle, qui  reposoit  sur  
 le fluide, dont Moïse fait sortir le inonde.  
 C’est aussi l’élément spiritueux,  ou  l’air  
 ténébreux,  suivant  Sanchoniaton,  qui  
 est  un  des  premiers  principes  dans  la  
 cosmogonie  Phénicienne  (6). 
 Diogène  d’Apollonie  (7)  admettoit  
 pour  premier  principe  de  l’organisation  
 des  mondes,  dont  il  recon-  
 noissoit  la  pluralité  ;  l’infini ,  le  vide  
 et  l’air,  principaux  élémens  de  toutes  
 choses.  Il  pensoit  que  l’air  raréfié  ou  
 condensé  avoit  produit  tout ;  que  rien  
 ne naissoit  de rien ,  et ne  rentroit  dan*  
 le  néant.  Archélaiis  (8)  fils  d’Apollo-  
 dore  attribuoit  aussi  à  l’air  et à l’infini  
 l’origine  de  toutes  choses  ,  et  faisoit  
 naître  l’eau  de  sa  condensation  et  le  
 feu  de  sa  raréfaction.  OEnopidè  de 
 (5)  Euseb.  præp.  ev. 1.  1 ,   c.  8  ,PIut.  de pUcir.  
 phii.  I.  1 ,   c.  3  ,  p.  876. 
 (6)  Euseb.  præp.  ev.  1.  1 ,  c.  10. 
 (7)  Diog.  Laer.  1.  9 ,  vit Diog,  p.  66f>. 
 (8)  Plut,  de  plac.  Phii.  1.  1 ,  c.  3,  p. 67S. 
 (Clno  ( I )  associoit  le  feu  à  l”air  dans  
 lia fonction de cause  première. Les Assyriens  
 et une grande  partie  des Africains  
 assignoient  aussi  la prééminence  à  l’air  
 sur  les  autres  élémens,  et  le  représen-  
 Stoientpar des images ,  qui étoient l’objet  
 (de  leur  vénération.  Ils  le  consacroient  
 soit  à  Junon soit à Venus Vierge  , si ja-  
 hnais la virginité a pu plaire  à Vénus, dit  
 [Julius  Firmicus  (2).  Ils  ont  donné  un  
 [caractère  féminin  à  cet  élément,  je ne  
 bais  par  quel  principe  religieux,  et  ils  
 l’ont  fait invoquer par l’organe  de  leurs  
 Prêtres.  . 
 C’étoit  dans  l’air  que  la  lune,  suivant  
 les  Egyptiens  (3 ) ,  versoit  les  
 [principes  de  fécondité  que  lui  cominu-  
 niquoit  le  soleil,  et  qui concouroient  
 pi  l’organisation  des  Etres.  C’étoit  par  
 le  même  canal  de  l’air  (4 ) ,  quelle  
 Dieu  ciel  au  printemps  venoit  s’unir  
 p  la  terre,  en  répandant yces  rosées  
 [douces  et ces  pluies  chaudes qui  la renvoient  
 fertile.  Anaxagore le physicien ,  
 pu  rapport  de  Varron  (6 ) ,  pensoit  
 fjue  l’àir  étoit  imprégné  de  germes  de  
 fécondité, qui échâppoient à notre  vue ,  
 pais  qui  agissoient  puissamment  dans  
 le  grand oeuvre des  .générations. 
 [  On  donnoit  à  l’air  les  deux  sexes  
 funsi  qu’aux  autres  élémens,  à  raison  
 les deux divisions,qu’on établissoit entre  
 les différentes  couches et les  différentes  
 fcodificatiohs  de  ces  élémens.  Cette division  
 ou  distinction  de  sexe  dans  les  
 .afferentes  parties  du  même  'élément  
 pvoit  été  imaginée  par  les  Egyptiens ,  
 pi nous  en  croyons Senèque  (6). L ’air,  
 jscms  le  rapport  de  Vent,  étoit  censé  
 nale  et  partager  la  Nature  du  prin~  
 |pe  actif.  Sous  le  rapport  delément  
 marge  de ^vapeurs  et  inactif,  il  étoit  
 lemelle.  L ’eau  de  la  mer  pareillement  
 [toit  supposée  avoir  le  caractère  de  la  
 ■ nhté ;  tout  autre eau  étoit  censée  fe- 
 W fjll E“ P‘ h5'P- pyrh-13 > c. 4.  
 a  S f l  Drm.  de prof.  Err.  Relie,  p.  9. 
 (3)  Plut,  de  Iside, p. 368.  ^ 
 !  Vtrgil.  Georg.  1.  »,  v.  325. 
 151  Virron, 1. 1, c. 40. 
 nielle.  Le  feu,  entant  qu’il  brûle  et  
 s enflamme,  etoit  mâle;  au  contraire,  
 fl n’étoit que femelle ,en tant qu’il éclairé  
 et  qu il  rend  une  lumière  qui  ne  peut  
 faire  aucun  mal.  La  terre  âpre  ,  couverte  
 cle  rochers  et  de pierres,  avoit  le  
 caractère  de  la  virilité ;  la  terre  propre  
 à  la  culture  étoit  censée  femelle,  et  
 de Nature  à  recevoir  la  semence.  Cette  
 distinction  de  sexes  dans  les  quatre  
 elémens  mérite  d’être  remarquée. 
 Isidore  de  Seville  établit  aussi  une-  
 distinction dans  l’élément  de  1 air  (7)  
 dont  une  partie,  suivant  lui  ,  est  dé  
 Nature  terrestre ,  et  l ’autre  cle  Nature  
 céleste.  Ce  dernier  air  réside  dans  la  
 partie  la  plus  élevée  de  l ’atmosphère,  
 que  jamais  n’agitent  les  vents  nj,  les  
 tempêtes.  Le  premier  ou  l’air  terrestre  
 est  la  partie  inferieure  de cet  élément  
 toujours  chargée  de  vapeurs  humides,  
 qui lui  font  prendre  en  cpiel  que  sorte  
 un  corps.  Celui-là  appartient  proprement  
 à  la  terre  ,  et  produit  comme  
 elle  de  son  sein  une  foule  de  formes  
 ou  de  phénomènes  météorologiques  ,  
 T !j  116  s°nt  que  l’air  diversement  modifié  
 et  combiné  avec  d’autres  élémens  
 (8).  Est-il  agité? il engendre  les  vents;  
 est-il  froissé  plus  rudement: ?  il  fait  
 jaillir  la  lumière  de  l ’éclair  et  lance  au  
 loin la foudre,  Vient-il  à  se  condenser ?  
 il  f orme  les  sombres  nuages,  qui  lors-  
 qu’il  se  raréfie,  se  résolvent  en  pluie. 
 C est-la  ce  que  Pline  (9)  appelle  les  
 phénomènes  remarquables  de  cet  élément, 
   à qui souvent  on  a  donné le nom  
 de  ciel,  et  qui  semble  offrir  un  vicia  
 immense,  d’où  découle  ce  souffle  de  
 vie  que  nous  respirons.  C’est dans  l’air  
 que se forment les nuages,  les tonnerres  
 et  les  foudres.  Là  se  forment  aussi  la  
 grêle,  les neiges,  les pluies,  les orages,  
 les tempêtes  et les tourbillons fougueux.  
 De- là  partent  la  plûpart  des  grand* 
 (6)  Senec.  qviæt. Nat.  I.  3,  c.  14. 
 (7)  Isid.Origin.  1.  13  ,  c.  7. 
 (b)  Isid. Origin. ibid. 
 (9)  Pline, Hist. Nat.  1,  2 , c.  3$.