» blit roi borné pendant l’espace de
33 douze mille ans. Alors Orniusd dit :
33 il faut former par ma puissance le
>3 peuple céleste. Il forma le. ciel et le
33 peup|e céleste ; et cet ouvrage lui
33 coûtatrois mille ans33. Nous avons vu
plus haut Ormusd se faire trois fois plus
grand et aller composer l’armée céleste ,
dont Sirins devint le;-chef. « Ensuite
33 Ahriman se leva et s’approcha de la
33 lumière. Dès qu’il vit cette émanation
33 d’Ormusd , il courut dedans pour la
3o gâter. Mais voyant sa ■ beauté , son
33 éclat, sa grandeur, de lui-même il
33 retourna en fuyant dans les ténèbres
33 épaisses, qu’il habitait auparavant, et
s3 il lit un grand nombre de Dc\ys et de
33 Daroudis, génies de destruction, qui
33 dévoient tourmenter le monde. Or-
33 musd, qui sait tout, se*leva et vit le
33 peuple d’Ahriman, peuple effrayant,
33 qui ne respirait que pourriture’». Ce
sont les génies de l’automne où tout
tombe en putréfaction , par le défaut
de sève -vivifiante. Ahriman , de son
côté, vit le peuple d ’Ormusü , peuple
nombreux et excellent, digne d'être produit.
Ici Ormu-sd: (î) propose la paix à
. Ahritn an, qui la refu se, et qui ne veut point
consentir à respecter le monde ni aucunes
des productions d’Ormusd. Il annonce
, au contraire , qu’il tourmentera
spn peuple,tant que les siècles dureront,
et\en conséquence il lui déclare la
guêtre. _
. itne sera pas difficile de reccnnoitre
danii cette théologie l’origine des idées,
queues Chrétiens ont du démon qui, dès
le commencement , cherche à perdre
l’homme, et qui lui fait ici-bas une guerre
implacable, jusqu’à ce que Dieu ait
rappelé\à lui ses Elus. Ormusd lui
signifie -(b), qu’il ne pourra faire aucun
mal à son peuple, tant que lui Oi’musd
ne s’en éloignera pas. Il s’ensuit, que
dès qu’Orrriusd s’éloignera, Ahriman
pourra nuire ; ce qui s’accorde bien (i) *3
(i) Zend-Avest. vt.'a, p. 346.
(1) Ibid. p. 347. \
(3) Julian. Orat. 5.
avec ce que dit l’empereur Julien, fel
craintes que les amis de la lumière
et les initiés aux mystères du soleil
avoient, que leurs âmes n’éprouvassem
la tyrannie des ténèbres, clans tout h
temps que le soleil restait éioigr-i
de nos régions et parcouroit les *i- .-J
méridionaux ( 3 ) , qui répondent à l’ats
tourne et à l ’hiver. Il prétend, que c’est
pour cela , qu’on a voit fixé aux époques
équinoxiales la célébration dës niys-
tères, dans lesquels les rapports dé I
l ’arne avec la lumière étaient exprimés
comme nous le ferons voir dans notrei
traité des mystères et des initiations
anciennes.
« Ormusd ajoute que,1- quelque mal
» qu’Ahriman puisse faire à son peu-
33 pie ( 4 ) , il ne parviendra pourtant
>3 pas à le détruire ; mais qu’il pourra
33 lui nuire, lorsque les hommes « 1
33 se multipliant feront beaucoup de
» mal. Ormusd savoiÈ, que pendant trois
>3 mille ans il agirait seul , de 'même
33 que pendant trois mille ans Ahriman
»3 régneroit seul; que pendant trois antes
33 mille ans , leurs ombres seroientmê-
33 lées, et qu’à la fin Ahriman seroit
33 sans force., et l’autéur du mal éloigné
33 des créatures 33. Ce sont sans doute
ces trois derniers mille ans reste de
la période de 12,000 ans, qui étaient
affectés au dernier combat, dans lequel
Ahriman, enfin vaincu, laissoit triompher
Ormusd, dont la victoire 'étoit
le terme nécessaire de tous ces com-|
bats fictifs (5).
Ces périodes de trois mille ans se
retrouvent dans la théologie que, Théo-
pompe attribue aux Mages, et dont
nous avons parlé plus haut, à l’occasion
du dernier triomphe d’Ormusd. «Celui-
33 ci, dit le Boundesh , savoit qu’à h
33 fin il seroit victorieux, et qu’Ahriman
33 seroit sans force, que les Devs dis-
33 paroîtroient,et qu’à la résurrection des;
33 morts, et au rétablissement des corps
(4) Boundesh, p. 347.
(5) Zend-Av. t, 1 , p. 347,
ïe inonde seroit sans Pétîârêh ou sans
[mal, pendant toute la duréedes siècles.
On voit, que l’auteur du Boundesh,
I ue les Mages dont parle Théopompe, et
Iflue l’auteur del’ Apocalypse,professent la
Ijjjème doctrine sur le sort du monde,
et sur les deux principes qui s’y com-
llatîent. La première production d’Or-
niusd fut le ciel, que Bahman , roi du
monde de lumière , devoit bien conduire
( 1 ). Ormusd forma la lumière
[entre le ciel et la terre ; il fît les fixes
[et les planètes, ensuite la lune , puis
[le soleil. Il partagea les fixes en douze
[constellations mères, dont les noms (a),
[sont XAgneau, le Taureau, etc. Ce sont
[nos douze signes, qui déterminent les
[douze maisons du soleil. Il fit aussi les
vingt-huit constellations, qui fixent les
[vingt-huit stations de la lune. Toutes ces
[constellations, ou les astres, qui les composent,
sont destinéesàsecourir les créatures
contre les entreprises du méchant.
[Effectivement les Talismans étaient plaices
sous leur influence et portaient leurs
[diverses empreintes. L ’auteur représente
[ces astres, comme une armée de sbklats
[prêts à faire la guerre aux ennemis de la
[Nature. C’est ce que les livres Juifs appellent
la milice céleste. Ce sont eux
fcue Nonnus , dans la description de la
[guerre de Jupiter et de Typhon, met
[aux prises avec ce redoutable ennemi,
K11 leur conservant le nom même, qn’iis
Iportent encore aujourd’hui. Six mille
Iqiiatre cents petites étoiles, continue
[toujours le Boundesh (3 ), ont été for-
Imees pour seconder chaque étoile de
[ces constellations. Ormusd a encore
placé aux quatre coins du ciel quatre
[sentinelles , pour veiller sur les étoiles
[fixes,; Ce sont vraisemblablement les
[quatre étoiles Royales de iios Astrologues.
L ’astre Taschter garde l ’Est ;
jSatevis, l’Ouest; Venand , le Midi,
[Hiftorang, le Nord. Après avoir dis-
I 0) Boundesh, p. 448.
[ (2) Ibid. p. 34p.
(l) Boundesh ,-p. 349.
Il; Boundesh, p. 350.
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tribué ainsi le camp de la milice céleste
, avec ses premières sentinelles ,
Ormusd (4) harangue son armée et la
dispose à l’attaque. Ahriman en fait
autant de son côté, accompagné des
Dews ou des Génies malfaisans, qui marchent
sous ses drapeaux. C'est sur-tout
•la vue de la pureté et du bonheur de
l’homme , qui excite son envie et qui le
plonge dans l’abattement ( 5 ). Enfin
rassemblant toutes ses forces, et encouragé
par les exhortations d’un chef
de bande de ces mauvais génies , qui
lui promet de corrompre la lumière ,
le feu , l’eau , les arbres et les plantes,
et de reproduire, sa Nature maligne,
dans tout ce qu’a fait Orujusd ,
Ahriman se présente à la lumière avec
tous les Dews, et pénètre dans le ciel
sous la forme-d’une couleuvre. C’est précisément
la forme de la constellation qui
s’étend sur la Balance et qui monte avec
elle , au moment où les Perses supposer! t
que le mal entre pour la première fois
dans le monde , qui avoit été heureux
jusqu’alors sous les six mille, de Dieu,
dont le premier nulle répond à l’Agneau
du printemps; Il pénètre au milieu de la
terre par un trou,qu’il y avoit fait; idée
absolument la même que celle- des
Mages, qui supposent, que le mauvais
principe fit un trou à l’oeuf -symbolique,
pour y verser son poison. Ahriman va
dans l’eau. (.6); il va sur les arbres,
sur le feu et sur-tout sur le fameux taureau,
qui en mourut. Il répandit sur la
terre d’épaisses ténèbres,comme la nuit,
en se portant sur le midi ( 7 ). Il mit
sur là terre les Kharfesters,qui déchirent
et sont venimeux, comme la couleuvre,
comme le scorpion et lé craneau. Il
brûla tout jusqu’à la racine; il mit une
eau brûlante sur les arbres, et les fit
secher sur-le-champ. Le taureau, frappé
par celui qui ne veut que le mal, et
par son poison,. tomba malade et mou-
(y) Ibid. p. 351.
(6) Boupdesh, p. 3jï, 352/
(7) Ibid. p. 3 53.