«ne des puissances multiples, dont est
doué le Dieu-Soleil, suivant la différence
de son action dans la Nature.
C ’est le Soleil qui est en tout, et dont
l’activité circule par-tout.Macrobe ajoute,
que la substance d’Hercnle n’est point
étrangère à celle du Soleil ; qu’il est
une puissance de cet astre, qui imprime
à l’hoinme une force, qui le rapproche
de celle des Dieux ; celle sans doute
qui fait les héros. C’est le Dieu fort ,
mais d’une force qui ne se manifeste
que par des bienfaits. Car tel l’antiquité
a toujours représenté Hercule. Il parcourut
la terre et les mers, disent
les traditions Indiennes, et en enleva
tous les maux ( i) . Il fut donné à la
terre pour en être le Sauveur, dit l’empereur
Julien (2), jusqu’à ce quele Dieu
son père l’eût rappelé à lui. Me manquant
de rien lui-même, il soulageoit
les misères des autres , suivant Diogène
( 3 ). On peut lire l’éloge qu’en fait le
rhéteur Aristide. Le Dieu suprême son
père l’a placé, suivant lui, pour présider
a tout ce qui (4) est soumis à la sphère
de la Lune. Il purgea la terre des
monstres et la rendit habitable ; il vint
au secours des peuples opprimés (5),
même sans en être prié (6) 5 il creusa
de nouveaux canaux aux fleuves pour
en rendre le cours pkts utile, arrêta
leurs débordemens, établit la communication
entre les deux mers, bâtit
dés villes, abolit les sacrifices des victimes
humaines, institua des fêtes et
des jeùx, pour honorer les Dieux, et
encourager les arts. Il enseigna l’Astronomie
( 7 ) ; et Sophocle , dans la tragédie
de Palamède, loue Hercule d’avoir
fait connoître le premier aux hommes,
te mouvement des astres. Cela dut être ,
si Hercule est la force puissante et éter-
(1) Arrian. de Reb. Ind, p. 174.
• (z) Julian. Orat. 7 , p. 40CJ.
(3/ Lucian. t. a , p. 971.
(4.) Ariatid. t. 1 , p. 56.
(5) Serv. ad AEneid. 8 , v. 271.'
(6) Ibid, v, J70.
(7> Voss. de Scien. Math. c. 32,
aelle , qui meut le ciel, et dont l’ac
tivité se développe avec autant d’éner"
gie dans le Soleil. On en disoit autant
d’Uranus. Les Tyriens (8) lui foisoient
honneur de la découverte te'plus pré.
cieuse pour leur commerce, celle dj
la pourpre. Clément d’Alexandrie en
fait un devin et un physicien (m.
Enfin il fut un véritable philosophe
(r o), commeil étoit un héros invincible
qui fit servir sa sagesse et sa force an
bonheur des hommes, et qui mérita par
ses innombrablès bienfaits l ’immortalité
que décerne aux grands hommes U
sentiment de 1a reconnoissance. Ce ta.
bleau est celui que tous les peuples ont
toujours fait du bon principe, à quel,
ques différences près, dans les traits
particuliers sous lesquels ils l’ont peint.
TelOsiris, Bacchus, Christ lui-même,
ou le Soleil, sous ces trois noms, ont
été représentés par ieutrs adorateurs,
qui dans leurs éloges nous lès peignent
comme les plus grands bienfaiteurs de
l’humanité. Eh ! qui pourroit en effet
avoir une autre idée de 1a divinité du
Soleil ? Aussi donnoit-on à cet astre
l ’épithète d’Alexicacos , ou de Dieu tutélaire,
qui écarte les maux de la terre,
et sous ce rapport, dit Porphyre, on
l ’appeloit Hercule. On voyoit à Mégalo-
polis 1a statue d’Hercule à côté de
celle du Soleil sauveur ( n ) , avec
celle d’Apollon et de Neptune. Lorsqu’Alexandre
eut revu Néarque, qu’il
Croyoit perdu avec sa flotte, il en témoigna
sa j oie par un sacrifice de reconnoissance
envers la divinité bienfaisante
et tutélaire des navigateurs
il sacrifia à Jupiter Sauveur, à H e r c u le ,
et à Apollon Alexicacos, ainsi qn®
Neptune et aux Dieux marins p ètil Ht
Geiébrer des jeux Gymniques- Hercure
(8) Jul. Poltux , 1. 1 , c. 4 - , Cedr. p. 18.
(9) Stron*. 1. 1 y p. 506-.
(10) Cedren. p. 18,
( 1 1 ) Pausan. Arcact p. i0fé
(12) Nearchi paraplus ex Arriano 9 p» 28. Geogf'
veteres, t. 1.
étoit
R E L I G I O N U N I V E fi S ï L L E. 3,3
étoit associé dans cet acte de reconnaissance
à Jupiter - Sauveur et à
Apollon , qui écarte de nous les maux,
| 0u plutôt Hercule, Apollon et Jupiter
n’étoient que trois formes différentes
du même Dieu-Soleil, bienfaiteur de
toute la nature. Aussi on nourrissoit
clans son temple le coq ou l’oiseau
du matin et du Soleil, que les Grecs
plaçoient près d’Esculape ( i) , qui est figure
aux cieux dans le Serpentaire ,
lequel porte le double nom d’Hercule
et d’Esculape et qui n’est qu’un emblème
du Dieu-Soleil. On entonnoit en son
honneur l’ïo Péan (/) , qui s’adressoit
à Esculape et à Apollon ( 2 ) . Comme
Esculape, Hercule guérissoit les maladies,
et en l’invoquoit à ce titre
en Sicile et à Yetton en Béotie (3).
C’est dans le vestibule du temple d’Apollon
, qu’Aristide ( 4 ) chante les"
louanges d’Hercule. Comme Apollon
(5) de Delphes recevoit 1a dixme, 1a
dixme étoit aussi consacrée à Hercule
I (6). C’est une institution lucrative, que
les prêtres du Soleil, sous le nom de
Christ, ont surtout adoptée, et c’est
.le côté le plus réel des romans faits sur
Je Soleil. Le laurier d’Apollon ceignoit
la tête de ses prêtres et celle du Préteur
Romain, lorsqu'ils sacrifioient à Hercule
sur le grand autel (7 ) , et ils y sacrifiaient
, au lever et au coucher du
Soleil (8). La statue d’Hercule., d’Apol-
[ ion et; des Muses, leurs compagnes
ordinaires, étaient les principaux mo-
; numens du temple d’Esculape à Messène,
ou du temple du Dieu-Soleil, peint avec
lies attributs de l’équinoxe d’automne,
uJnit?e Apollon l’étoit avec ceux de
■ equinoxe de printems et Elercule avec
oeux du Solstice d’ été ( 9 ). C’était les
formes solaires de ces trois saisons. Quant
aux Muses, elles nous fournissent encore
une nouvelle preuve de l’identité
d’Hercule et d’Apollon.
En effet, s’il estun trait caractéristique
dans Hercule, qui ne permette pas de
douter, que ce Dieu ne fut 1a même
divinité , que 'celle que l ’on honoroit
ailleurs sous le nom d’Apollon et conséquemment
qu’il ne fut le Soleil, c est
l’Epithète de Musagête ou de chef des
Muses, qu’on lui donnoit, et qui lui est
-commune avec Apollon et avec Bacchus.
On sait que le Soleil, sous le nom
d Apollon, étoit le chef des neuf Muses,
et que par les Muses les anciens théologiens
entendoient les intelligences des
sphères célestes (10), dont, le Soleil
occupoit le centre et à qui on a cru
souvent qu’il imprimoit le mouvement,
par l’activité du feu Éther qui bouillone
dans ce foyer lumineux et qui se répand
de- là dans tous l ’univers. .Les
anciens avoient- imagirfë un système
,d Harmonie dans les distances et dans
les mouvemens des sphères célestes.
Pour exprimer cette idée musicale, on.
mit souvent une lyre entre lès mains
,dù Dieu-Soleil, comme étant le lien et
le centre de l’harmonie universelle (11).
Il donnoit, dit Martianus Capelte dans
son superbe hymne au Soleil, le double
Tetrachorde (12). Cette explication de
1a lyre d’Apollon est assez généralement
reçue de tous les sçavans, et
c’est cet instrument symbolique, placé
entre les mains du Dieu-Soleil, qui l’a
fait regarder comme le Dieu de la
musique et comme le chef, des' Muses.
Le même instrument est figuré dans les
cieux à côté de l ’image d’Hercule, on
de 1a constellation qui porte ce nom
ou près de l’Ingéniculus , autrement
de l’Hercule agenouillé placé -sur le
(7) Macrob. Sat. 1. 3, c. 12.
(8) Serv. in -AEneid. I. 8 v. 271.
(9) Pausan Meffen. p: 141.
(10) Plut. Sympo«, 1; 9, p. 74,6.
(11) Plut, dû Aniro, ' Procr. p. 1,020.
(iz) Mart. Capell.-de Niip. Phil.
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