circompôlaires ou de l’ourse , dont le
temple de Jérusalem (1) , suivant Clément
d’Alexandrie , retraçoit aussi l’image.
Nous avons parlé plus liant du
rôle important, qu’a joué cette constellation
dans toutes les anciennes religions
(2).
On pourrait en dire autant de la constellation
du cocher céleste, placée sur
l’équinoxe de printemps, lequel, par son
lever héliaque, au moment où le. soleil*
arrivoit aux Pleïades , près du taureau ,
annonçok le commencement de la révolution
annuelle du soleil. Il est fameux
dans là mythologie, sous le nom de
Phaéton, conducteur du char du soleil ;
sous celui de Myrtile (3) , suivant d’autres
y d’Absyrthé , cocher d'OEnomaüs ,.
dont on voyoit le tombeau en Arcadie ,
pays qui futcomme nous l’avons dit,
le berceau du culte des premiers Romains.
Ce fut à cet OEnomaüs, roi
de Pise (4) , q.te les traditions grecques
et romaines attribuèrent la première institution
de ces fêtes solaires en Europe,
dans le Péloponèse , d’où étoient partis
oes Areadiens , qui vinrent s’établir en
Italie, dans les lieux où Rome fut depuis
bâtie. Il les institua , dit fauteur de la
chronique, au mois de mars, Ou Xi tîntes,
c’es- à-dire sous le signe & Arles, à cause
de l’exaltation du soleil que l’on célé-
broit dans oette fête. Nous avons vu
plus* haut (5) , que toutes les fêtes des
planètes, chez les Sabéens , avoient été
fixées à l’époque de leur arrivée au lieu
de leur exaltation : ceci en est une nouvelle
preuve. On donnoit à cet OEnomaüs
pour femme, Stéropè, une: des
Atlandides ou ■ des Pleïades (6) , avec*
lesquelles* le sofeif se traüvoih alors' eif
conjonction , au moment où if entroit
dans sa nouvelle carrière. On donnoit
au char de cet OEnomaüs quatre, chevaux
, comme à celui du âpie'flj ,.j
(1) Cleni. Çtromat. 1. 5.
. .(2^ • Çi-^esftiiS', p.
(3) Paus. Arc.id. p 249. , 1
(4) Chrorâc. ihid. p. 261.
tile, ouïe cocher céleste étoîtreprésenté
en Elide devant ce char (7).
Dans les fêtes du cirque , tout étoit
personnifié ; la mer , la terre (8), Neptune
, Cérès , et les autres élémens ,
étoient représentés par des acteurs qui
y combattaient : ce qui nous conduit à
croire , qu’QEnomaüs lui-même ne fut
qu’un de ces êtres personnifiés , comme
l'était elle-même la belle constellation
du cocher métamorphosée* en cocher
d’OEnomaüs.
On dit d'OEnomaüs , qu’il tiroit au
sort avec un étranger quelconque le
rôle qu’il devoit jouer ; et lorsque le
sort lui faisoit tomber le rôle de Neptune
, il prenoit un habit couleur de
vert de mer ; son adversaire au contraire
, un habit qui imitait la verdure
dé la terre : si OEnomaüs au contraire
faisoit le rôle de Céiès , il changeoit
d’babillement. Le vaincu étoit sacrifié.
Une foule de peuple se rendoit de
toutes parts à ccs fêtes , et chacun y
prenant parti, faisoit des voenx pour tel
et tel acteur. Ceux qui habitoient les
îles ou les rivages de la mer , fàisoient
des voeux pour l’acteur de Neptune ;
les habitons de l’intérieur des terres en
fàisoient pour celui de Gérés , parce
que chacun tiroit des augures de la
victoire^ ou de la défaite , suivant la
différence des intérêts, qu’il avoit a
l’abondance des récoltes* ou de la pêche.
On prétend qu’OÉnomaüs vainquit plusieurs
fois de suite ses: rivaux , parce
qu’il avoit pour conducteur de ses chevaux
Ab.syrthe ; mais qu’enfin il fut
vaincu par Pélops le Lydien.
Le premier in venteur de ces* sortes de
courses était, dit-on, Enualyus, fils de
Neptune ;1 qui épousa Lybie j fille cl’Io,
ou de cette fameuse fille métamorphosée
en vache, placée dans le taureau.céleste,
exaltation de la lune; Jo en langue sacrée,
(5) Ci-dessus, p. . , :
(6) Paus. Eliac. 1 ,p. 157. Or. Tfist. Eleg. 10. v. M
(7) h>W- P, > 57.
(8) Chronic. p. 261, &c.
et
et dont le fils , défiant le même cocher
céleste sous son autre nom de Phaéton,
l’engagea à demander au soleil la conduite
de son char ; ce qui occasionna sa
chute malheureuse, comme on sait. On
voit ici comment toutes ces fables se
lient entre elles. Phaéton fut imité, ajoute
la chronique, par Erictonius : il est bon
de remarquer que c’est encore un des
noms du cocher ; ce qui prouve que
c’est une même fable sur le même génie
, faite en cent façons différentes. Sa
fonction d’astre précurseur du soleil,
au moment où chaque année, au printemps,
le soleil récommençoit la carrière
des douze signes, a dû le faire remarquer
pendant bien des siècles par tous
les peuples , et lui faire jouer un grand
rôle dans les poèmes et dans les cérémonies
religieuses , qui avoient les Cycles
pour objet.
Ce sont-là les fêtes que Romulus transporta
en occident, ou plutôt qu’y portèrent
les Areadiens et les Grecs du Pé-
loponèse ; elles se célébraient tous les
ans dans le Champ-de-Mars, et on les
appela les fêtes du Champ-de-Mars. Le
peuple se partageoit en quatre factions,
qui avoient les livrées de chaque élément,
et on leur donnoit des noms relatifs aux
élémens auxquels elles étoient attachées.
Nous avons cru devoir entrer dans
quelques détails sur ces fêtes , parce
qu’elles nous peignent bien le génie
imitatif des anciens adorateurs du soleil
et des astres. Il y eut des fêtes en
Phonneur des saisons, qui se célébroient
aux quatre principales divisions de la
révolution annuelle : nous y avons substitué
nos tristes quatre-temps.
Il y en eut au bout du petit cycle de
quatre ans, ou à chaque retour d’année
bissextile , lequel roulant trois cents
soixante-cinq fois sur lui-même, formoit
la période Sothiaque de quatorze cents
soixante ans. Telle fut l’origine des
Olympiades, qui se célébroient tous les
(1) Procl. in Tim. 1. 4,p. 2.45,251.
Relig. Univ. Tome I.
quatre ans au solstice d’été, et qui fixèrent
la chronologie des Grecs. Il y eut
des fêtes séculaires à la fin de la révo-
lntion de chaque siècle , dans lesquelles
on adressoit des voeux au soleil et à la
lune, sous les noms d’Apollon et de
Diane , comme aux arbitres souverains
des siècles et des années, qu’ils engen»
drent par leur révolution (bb).
Les phases de la lune furent aussi
célébrées, et sur-tout la Néoménie , ou
la lumière nouvelle , dont la lune se
revêt au commencement de chaque révolution.
I.e Dieu Mois eut ses temples,
ses images et ses mystères (1) : il en fut
de même du jour et de la nuit , et
des heures, qui furent personnifiées et
représentées par les adorateurs de la
Nature et du temps.
La Nature et ses agens principaux
furent aussi mis en spectacle dans les
mystères. A Eleusis, on représentait le
soleil par le dadouque , ou porte - flambeau
; la lune par l’épibome, qiü portait
l’autel ; Mercure par l’hiéroceryx , ou
liérautsacré : les élémens et les météores
y étoient imités.
A Samothrace, suivant Varron (2) ,
on représentoit le ciel et la terre , que
l’on appeloit les grands Dieux.
Presque toutes les figures symboliques
de la procession d’Isis décrite dans Apulée
, représentent la terre , le soleil, la
lune , les constellations et les élémens ,
comme nous le ferons voir dans notre
traité des mystères et des initiations
anciennes. Devant donner à cette théorie
un très-grand développement dans
cet ouvrage , nous n’entrerons point
ici dans de plus grands détails sur
les rapports qu’avoient les tableaux de
l’initiation avec ceux de la Nature , aux
mystères de laquell on initioit à Eleusis
, à Samothrace, à Corinthe , &c.
Dans les cérémonies du mariage chez
les Romains, on allumoit un nombre de
cierges égal à celui des cinq planètes,
(2) August. de Civ. Dei. !. 7 » c-
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