a pour objet les prognostics des phénomènes
sublunaires, entroit aussi dans
h' plan de leurs études 5 et que l'opinion
cle l ’action des corps célestes sur
la partie élémentaire étoit le fondement
de toutes leurs spéculations ; ce que nous
cherchons à prouver ici. Car notre but
principal en ce moment est de démon-
irer, que tous les peuples de toute antiquité
ont vu dans les corps célestes, mobiles
ou fixes, autant de causes éternelles
ou de Dieux. Ces Dieux, suivant des lois
don nées, modif ioien t san s cesse 1 a matière
dans laquelle s’opère la génération ou la
partie passive du monde, la fécondoient,
et la remplis soient de qualités différentes
ù raison de leurs influences et de leurs
qualités variées. Us mettaient en jeu
tous les élémens par l’action du feu
éther, dont ils possédoient une portion
plus ou moins grande , plus ou
moins bienfaisante. C’était par-là que
les astres avoient part à l’administration
du monde , et qu’ils étaient honorés
, comme autant d’agens éternels
cle la Nature universelle, ou de l’Univers
Dieu.
Ce fut donc là l ’origine du culte que
l ’on rendit à ces causes, ou à ces parties
différentes de la cause unique éternelle
, dont on fit autant de Dieux.
C était en effet un dogme avoué et reçu
chez tous les anciens peuples , dit
Maimonide ( 1 ) , que les hommages
qu’on rendoit aux astres procuroient la
fécondité à la terre. Les sages, et tous
ceux qui passoient pour avoir un esprit
religieux, faisoient dépendre de là les
succès de l’agriculture. Les prêtres en-
seignoient au peuple , que le culte que
1 on rendoit aux astres et à leurs images,
attiroit la pluie sur leurs champs, fai-
soit fructifier les plantes et les arbres,
mûrir les fruits , et procuroit à la
terre une heureuse fécondité. Nousavons
vu en Grèce des peuples honorer l ’image
de la chèvre céleste ( 2 ) , et d’autres
( 1 ) Maimonid. More Nevoch. part. 3 , c. 3o.
(a) Paus. Corimh. p. 56, ci-dess. 1 . 1 , p. 72.
sacrifier à Sirius , pour détourner l’eff«
de l’influence maligne cle ces astres. 0
sacrifioit au serpentaire pour avoir <]e
vents favorables.
On voit que le culte des astres et
des Dieux constellations et planètes
n’a pu s’établir que par une suite dé
l ’opinion où l ’on était , qu’ils agissoient
sur la terre, et qu’ils étaient causes cl«
effets qu’on attendoit d’eux. Le senti,
ment seul du besoin a été la base de
tous les cultes, qui n’eussent jainaig
existé sans la supposition de certains
rapports, que le ciel et ses agens avoient
avec les effets terrestres. Si le ciel n’eût
été que brillant ; s’il n’eût présenté ente
l ’image de son éclat et de son harmonie,
il n’eût eu que des admirateurs.
C’est la persuasion dans laquelle oa
étoit de son empire sur l ’homme
sur les biens et les maux qui modifient
son existence , et sur tout ce qui naît,
croît et meurt ici baa, qui lui a mérité
des adorateurs. Tout culte est in-
terressé. Si l’Astrologie judiciaire est
née de la curiosité, la religion est née
du besoin de l ’homme ; et de la croyance
dans laquelle il étoit, que les corps
célestes dispensoient les biens et les
maux de la Nature, et qu’il pouvoit
les intéresser à son sort. De-là les prières
et les offrandes que les hommes leur
adressèrent, comme à leurs souverains
et aux arbitres éternels de leur sort;
aux seules et uniques causes , pour me
servir des termes des Egyptiens et des
Phéniciens (3 ) , de toutes les générations
et cle toutes les destructions , qui
s’opèrent ici-bas. C’est-là l’idée mère
et générale , que nous retrouvons partout.
Née dans l’antiquité la plus reculée
, elle s’est propagée de siècle en
siècle jusqn’à ces derniers âges, et conséquemment
elle a dû maintenir les
Dieux ou corps célestes dans la possession
de leur empire et de leurs
temples.
(3) Ci-dess. f. 1 , c..*.
Sextus
Sextus Empirions ( 1 ) , quoiqu’il attaque
l’Astrologie judiciaire , convient
néanmoins de l’utilité des observations
Astronomiques dans l ’agriculture et pour
la navigation ; c’est-à-dire qu'il admet
les prognostics de l’Astrologie natur
e lle , qui a pour objet de prédire les
sécheresses,, les grandes pluies, les
maladies épidémiques, les tremblernens
de terre, et toutes les variations de
l’air. Toute sa philosophie n’alloit pas
jusqu’à refuser sa croyance à des prédictions,
semblables à celles du messager
boiteux ou de Matthieu Lansberge ; tant
l’Astrologie étoit accréditée. Il ajoute,
» que le principe fondamental de la
» science des Chaldéens est la sym-
» pathie ou la correspondance qu’ils
» avoient imaginée entre les choses ter-
» restres et les corps célestes, et leurs
» influences sur tout ce qui se fait iei-
» bas. Ils assuraient que les sept pla-
» nètes faisoient la fonction de causes
» à notre égard, et que les douze signes
» du Zodiaque concourraient avec elles
» à opérer tons les effets produits dans
n le monde sublunaire,».
On voit aisément qu’il a dû résulter
de cette opinion deux classes de Divinités
ou de causes, les mies par sept,
les autres par douze, et que dans toutes
les religions où nous voyons des Dieux,
des Génies, des Anges, des Apôtres, etc.
ainsi groupés , on ne peut douter
que ces Etres divins , ou sanctifiés
n’aient un rapport avec les divisions
du ciel , et n’appartiennent à la
religion Astrologique , sous quelques
noms et sous quelques formes qu’ils
soient déguisés. «Il est nécessaire, dit
» Simplicius ( 2 ) , qu’y ayant généra-
» tion et destruction ici-bas, il y ait
» aussi dans le ciel des mouvemens
® différens, qui soient causes d’effets
* aussi opposés. Car la génération et
la destruction des Êtres est subor-
* donnée au mouvement des xorps cé-
(0 Sext. Emp, adv. Math, I. 5. •
(2) Simplic. in Arist. 1. î , p. 94,
Relig. Univ. Tome I.
»■ lestes. Qui ignore en . effet que le
» soleil en s’approchant de nous, et
» du point le plus voisin de notre
» zénith, répand la chaleur dans tout
» ce qui nous environne, élève les va-
» peurs , et volatilise l’eau en air et en
» feu ; qu’en s’éloignant, au contraire,
» il condense et confond entre eux ces
» mêmes élémens, d’où résulte ensuite
» une surabondance dans l’élément de
» l’eau»? Voilà qu’elle étoit la physique
de Simplicius sur les métamorphoses
, que subissoient les élémens par
l ’approche et l’éloignement du soleil,
d’où résultait la variation de température
dans l’air, l ’eau et la terre.
Sans s’arrêter à examiner la solidité
de cette opinion sur les transmutations
des élémens , on ne peut disconvenir
au moins qu’ils ne soient diversement
modifiés par le soleil, suivant qu’il est
plus ou moins voisin de nos régions.
Les variations des saisons en sont une
preuve, et l’aGtivité de, sa chaleur ne
produit pas évidemment le même effet
sut1 la terre à l’équinoxe de printemps,
qu’à l'équinoxe d’automne , quoique sa
hauteur méridienne, on sa distance de
nos régions -soit la meme. A Ta première
éipOque se fait la génération ; à
la seconde répond la destruction et le
dessèchement des plantes, et des feuilles
qu’avoit fait pousser le printemps. C’est
une observation qui n’a pu échapper à
personne , et le retour, ainsi que le
départ du-soleil étaient assez visiblement
causes des deux effets opposés produits
sous une élévation égale de cet Astre.
Voilà deux effets contraires, mais aussi il
y a deux directions contraires(0000) dans
la marche du soleil ( 3 ) »qui dans le
premier cas monte, et dans l’autre redescend
j et Sextus-Empiricùs a raison
de dire, que la génération êt la destruction
ont pour causes des mouvemens
nécessairement contraires.
Nous reviendrons souvent sur ces
(3) Silos t. phil. c. 7.
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