Perses, des Anges qui président aux
quatre parties du monde ( i ). Ils rér
vèrent l ’Ange gardienne de la terre ;
car ils prétendent qu’il y a des Ange?
femelles ; ils leur donnent des corps ,
et supposent qu’ils peuvent avoir des
enfans. Ces Anges veillent à la conservation
des mortels, et au gouvernement
de l’Univers. Sept classes, plus parfaites
l’une que l’autre, les distinguent
entre eux, et ils ont leur habitation
dans sept cieux différens. Les astres,
les vents, la pluie , la terre , les montagnes
, les villes, etc. sont sous leur
direction. Ils examinent la conduite des
hommes : et les Siamois s’adressent à
eux dans leurs besoins. Ils croient le
ciel éternel et incréé. Chaque planète,
suivant eux, est habitée par une intelligence
parfaite. Cette doctrine est en
beaucoup de points celle des Perses ,
qfi est consignée dans les livres Zends
et dans le Boundesh, ou dans la Cosmogonie
des Parsis.
Les Parsis subordonnent au Dieu suprême
sept ministres (2), sous lesquels
il y en a vingt-six autres, qui se partagent
le gouvernement du monde. Ces
Dieux subalternes sont des médiateurs
entre l'homme et le Dieu suprême, et
les Parsis les prient d’intercéder pour
eux dans leurs besoins. On ne peut
guères douter, que les sept premiers ministres
ne soient les sept intelligences
des sept planètes, subordonnées, à l ’intelligence
universelle, qui se distribue
dans ces corps célestes. C’est cette intelligence
que Thalès appeloit Dieu, .et à
lkqüelle il subordonnoit des Génies , des
Démons et des Héros, êtres intermédiaires
entre la grande ame divine et l ’ame
humaine ( 3 ).
_ L inscription Grecque trouvée sur une
pierre dutheatre dçMilet sa patrie (4), où
sont écrites les sept voyelles, suivant
sept- combinaisons differentes, dont
(1) Ibid. p. X40—442.
(2.) Cont. d’Orvilî. t. 2, p. 181.
(3) Arhenîg. Légat, pro Christ, p. ica.
(4) Acad. Inscr. t. 4 1 , p. 5x2.
chaque ligne porte en tête la .voyelfe
de la planète, à laquelle elle étoit cou.
sacrée, est une formule de prière
telle qu’on en adressoit souvent auj
êtres intermédiaires, Anges pu Archau.
ges, qui ont leur siège dans les sept pla.
nètes. Le nom d’Ized, y est remplacé
par celui d’Agié, ou Saint, et le nom
d’Archangeloi , ou d’Archanges,qui s’y
trouve joint, ne permet pas de douter
qu’elle, ne s’adressât aux sept grandes
intelligences des planètes, connues souvent
sous le nom de sept Archanges,
ou grands Anges , ou Amsc'haspands,
La théologie de Zoroastre les désignoit
souvent sous le nom des sept Yinges (5',
intelligences préposées aux sept sphères,
qui forment une chaîne subordonnée à
la souveraine intelligence , et qui y est
attachée par son sommet. Ce sont là
ces,intelligences. dont parle Prideaux (6)j
et qu’il dit avoir été choisies par les
Perses comme autant de médiateurs,
par le moyen desquels ils pouvoient
s’adresser au Dieu suprême. Us croyoient
en effet, dit-il, que le soleil, la dune
et les étoiles étoient la demeure d’autant
d’intelligences , qui animoient les
corps célestes, et qui en régloient les inou-
v-emens. En, même-temps ils pensoient,
que ces intelligences étoient des 'êtres
mitoyens entre le: Dieu suprême et les
hommes, et conséquemment les plus
propres à servir de médiateurs entre
Dieu et eux. C’est d’eux que les Juifs,
sans doute, apprirent que les astres et
les cieux sont animés par la substance
lumineuse , qui les remplit ( 7 ).
Les Sabéens , qui reconnoissoient un
grand Dieu suprême et unique., qu’ils
qualifioient de seigneur des seigneurs*
lui subordonnoient des Anges, qu’ils ap-
peloient des médiateurs ( 8 ).
Les habitans de l ’île de Formose , <lm
adoroient le soleil et la luné , qu’ils
resjfrdoient comme deux Divinités su*
(5) Kii.k-r (Enip. t. 3 , p. 480.
(6) Hist. des Juifs 9 1. 3.
(7) Cont, d’Orvill. t. 2, p. 364.
(8) D’herbe!, in voc. sabi.
étoient des demi-Dieux ou des Divinités
d’un ordre inférieur. On voit qu’ici le
| témoignage des yeux a décidé du rang
des Divinités, et de l’importance de
le u r fonction dans l’ordre du monde.
[ placés des intelligences dans le soleil
et dans les étoiles , et vous aurez aussitôt
une grande intelligence y à laquelle
sont subordonnées des intelligences inférieures.
C’est à-peu-près ainsi , qu’a
été réglé l’ordre hiérarchique des Anges
et des Dieux, lorsqu’on a considéré
les, intelligences particulières des as-
, très et des autres parties les plus appa-
! rentes de la Nature , dans leurs rapports
avec l’intelligence universelle de
l’ame du monde. Le premier Dieu
étoit regardé par les naturels de l ’île
de Bormose, comme le maître des
autres Dieux , celui à qui tous les autres
étoient soumis. Il étoit envisagé comme
le grand moteur de la Nature, celui
qui la conservoit. Les Brames chez les
Indiens placent la terre au centre de
l’Univers; et ils imaginent au-dessus
sept étages: dé mondés, qui ne peuvent
être que lés sept sphères, que peuplent
les intelligences planétaires.
Les habitans de l’île de Madagascar (1)
reconnoissent un Dieu souverain , qui
gouverne le monde. Ils l ’honorent, le
révèrent, et n’en parlent qu’avec le
plus grand respect. > Ils le regardent
comme l’auteur de tous les biens , et
le démon, qu’ils admettent aussi, comme
1 auteur de tous les maux. C’est Osiris
et Typhon, Ormusd et Ahriman, dont
nous avons parlé déjà , et dont nous
allons bientôt parler encore. Dieu habite,
suivant eux , hdseptième ciel ( r) ;
ce qui rapproche leur théologie de
celle des Mages , qui disent qu’Ormusd,
s est placé autant au-dessus du soleil,
que le soleil est élevé au-dessus de la
jerre. Us comptent aussi sept cieux, et
us admettent des intelligences ou des
esprits chargés de faire mouvoir et gouverner
les cieux ou! les sphères-célestes ,
les planètes -et les autres astres. Ces
Génies ont différentes fonctions : les
uns ont le département de l ’air ', les
autres celui des météores ; ceux - ci
régnent sur les eaux, ceux-là veillent
sur les hommes. Ils supposent que les
Génies,' qnoiqu’invisibles de leur nature,
petivent quelquefois prendre des
corps,, et par ce moyen se rendre visibles
, quand ils le jugent à propos.
Ces derniers forment un second ordre
d’esprits , qu’ils divisent en mâles et en
femelles, qui souvent 's’accouplent ensemble
, comme les Angés qui eurent
commerce avec les filles des hommes,
et qui donnèrent naissance à ces Géans,
qui parurent avant le déluge , suivant
la Genèse ët Joseph' (2). Cés (Génies du
second ordre ont la connoissance de
l’avenir, dans l’opinion des insulaires
de 1 île de 'Formose. Us admettent un
troisième ordre: de Génies, dans lequel
ils rangent les esprits lutins, les fantômes
, les revenans , etc. Quant au
Diable, ils lui donnent, comme nous ,
comme les Perses, etc. la figure d’un
dragon de feu ; ils l’appellent Saca;e.
Parmi ces différentes opinions sur les
différentes classes de Génies, nous distinguerons
sur-tout les Génies du premier
ordre , ou nos sept Anges principaux ,
qui habitent les sept cieux ; ce qui lie
la théologie dé ces insulaires à celle
des Perses, des Clialdéens, des Juifs, des
Grecs, et en général à celle de toutes les
Nations savantes , qui ont placé des intelligences
dans les sept planètes, qui
régloient le destin de l ’Univers. En fait
de superstitions , toutes les parties de
l ’Univers se rapprochent , et se ressemblent
à quelques nuances près. Il
n’y a point dile si éloignée qui puisse
s’en affranchir ; et les vastes étendues
de mer, qui séparent les habitations des
hommes, ne peuvent les séparer de la
contagion religieuse. Le tableau.suivant
va achever de prouver cette grande
( l) Cont. d’Ort. t. 6 , p. 498, 477. (2) Genes. c. 5 > Joseph, c. 3.N
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