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4 zo R E L l è l O N ü
et de l ’orge dans des vases ; ce qui- est
conséquent aux principes théologiques
des Egyptiens, avoués par Diodore lui-
même. En effet il nous dit, que cesPeuples
attribuoient au Soleil et à la Lune l’administration
de l’Univers et la cause
productrice de tous les biens , que la
Terre verse de son sein fécond, enfin
de tout ce qui résulte de l’action génératrice
de la Nature ( 1 ). C’est par
cette raison , que l’on disoit, qu'Osiris
aimoit l’agriculture, qu’il inventa la
charrue , et qu’il planta la vigne, dont
la culture a besoin du Soleil.
On fit, il est vrai, ce qui étoit nécessaire
pour persuader au Peuple , que
les Dieux, que l’on honoroit sous ces
noms, avoient existé autrefois, et avaient
été des Princes, qui avoient bien mérité
des hommes , soit qu’on voulût donner
dans leurs personnes des leçons aux
Rois (2) , qui ne pouvoient aspirer à la
même gloire, qu’en les imitant, et en
s’attachant leurs sujets parla reconnois-
sance (ce) ; soit qu’on voulût donner un
encouragementà, la vertu duPeuple (dd),
en lui persuadant, que le sceptre autrer
fois fut Je prix des services , et non
pas le patrimoine desfamilles; soit qu’ün
crût devoir couvrir de l’ombre du mystère
les opérations de la Nature , afin
d’imiter son secret, et de rendre plus
auguste le culte religieux. On montrait
les tombeaux des dieux , et on célébroit
des fêtes, dontlebut sembloit être de re-
nouveller tous les ans le deuil, qu’avoit
autrefois occasionné leur perte. Enfin
on rendoit à leur mémoire tous les
honneurs, qu’on accorde aux héros, aux
grands hommes et qui sont les plus
propres à faire germer les semences de
vertu dans les générations suivantes!
On décri voit jusqu’à la structure de leurs
corps ; on disoit quelle avoit été la
teinte de leur peau et de leurs cheveux.
Oms étoit très-blanc;Typhon absolument
(il Ibid. 1. 1 , c. 9 , p. 19.
(2) Diod. 1. 1 , c. 28, p. 53.
(3) De Iside, p. 339.
N I V E R S E L L E.
roux (3). Des inscriptions pompeuses
portoient jusqu’à la postérité la plus
reculée les témoignages de leur gloire.
Telles sont celles que l’on voyoit gravées
sur ces fameuses Colorines , élevées
près de Nyse en Arabie , où l’on dit
qu’ils avoient deux tombeaux. On lisoit
sur l’une (4). : « Je suis Isis , Reine de
» cette contrée; j ’ai été instruite par
» Mercure. Personne ne peut détruire
» les lois que j’ai données. Je suis la
» fille aînée de Saturne, le plus jeune
31 des Dieux. Je suis l’épouse et la soeur
» duRoi Osiris. C’est moi qui la pre mière
» ai découvert aux Mortels l’usage du
» froment. Je suis la mère duRoi Orus,
» C’est enmonhonneur, qu’est élevée la
» ville de Bubaste. Réjouis-toi, ô Egypte,
» réjouis-toi, Terre qui m’a donné nais-
» sance ».
Sur l’autre colonne, on lisoit (5) : « Je
» suis le Roi Osiris, qui ai conduit mes
33 armées dans toutes les parties du
» Monde, jusqu’aux; contrées les plus
» inhabitées de l’Inde, - de l’Ourse , du
» Danube, et de l’Océan. Je suis le fils
» aîné de Saturne ; je suis né de l ’oeuf
» brillant et magnifique , et ma subs-
3» tance est de la nature de celle qui com-
3> pose la lumière. Il n’est point de lieu
33 dans l’Univers où je n’aie paru, pour
3> y faire éprouver mes bienfaits , et y
3» faire part de mes découvertes ». C’est
tout ce qu’on pouvoit lire sur cette dernière
colonne ; le reste étoit altéré et
effacé.
Voilà deux inscriptions, qui semblent
au premier coup d’oeil gravées en l’honneur
d’un Prince et d’une Princesse, qui
avoient signalé leur puissance , par leur
bienfaisance envers tous les hommes.
Elles seroient peut-être trop pompeuses
pour des hommes ; mais elles sont simples
, si elles sont consacrées aux deux
plus puissans Agens de la Nature ,
aux deux Astres, à qui est confiée
U) Diod. I. i , c. 16, p. 32.
Î5J Diod. ibid. p. 31.
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consacrées , étoit la Lune , Reine des
cieux, et non pas une ancienne princesse
, qui eût vécu autrefois en Egypte.
lien est demêmed’Osiris son époux et
son frère : car la nature de la soeur nous
donne celle du frère. Sa naissance d’un
oeuf et d’un germe, formé de la substance
lumineuse du jour, décèle évidemment le
Soleil,l’astre brillant qui distribue la lumière
à la terre, et qui répand ses bienfaits
dans tout l’univers , de l’orient au couchant,
du nord au midi : car c’est ce
qu’indiquent ses voyages dans l’Asie et
dans l’Inde , dans l’Europe et aux sources
du Danube ; au nord, près des
contrées glacées de l’Ourse ; au couchant,
près des rives de l’Océan. Le Soleil en
effet -se montre à tonte la terre , avec
un éclat majestueux , et tout oeil a vu
sa gloire. Il est le fils du temps ; il sort
du sein de l’oeuf symbolique , qui représente
le monde , dont la révolution
chacjue jour ramène cet astre siu*notre
horison. Tel Phanès , ou Bacchus sort
également de l’oeuf Orphique , pour répandre
par-tout sa lumière. Il n’est donc
encore ici aucun trait de 'l’inscription ,
qui ne caractérise évidemment le Dieu
Soleil dans cet Osiris , que d’ailleurs
nous avons déjà prouvé être le Soleil,
roi de l ’univers , et qui est personifié *
dans la légende sacrée du Soleil, qu’à
tort on prend pour de l’histoire.
D’après ces démonstrations, nous ne
verrons dans l ’histoire merveilleuse de
ce prétendu Prince et de la princesse
son épouse, qu’une légende sur le Soleil
et la Lune ; et la croyance universelle
du peuple Egyptien , qui y voyoit des
hommes, qui avoient passé au ran<*
des Dieux , ne nous en imposera point.
Ceci est une nouvelle preuve , qu’en fait
de religion , le consentement universel
de plusieurs siècles , d’un ou de plusieurs
peuples, est un argument nul ,
‘ orphyr,
iitabrig.
(4) De Iside, p. 367,