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Voilà l’origine du culte de Priape,
et des divinités qui portent ses attributs.
Ainsi Orus, ou le Dieu du printemps
en Egypte, étoit représenté tenant en
main l’organe de la génération dans
une forte érection , tel qu’on voit un
homme à bonnet Phrygien dans le monument
de Mitlira, à côté du chien
céleste et du taureau. C’est également
près du taureau céleste et du grand
chien , vers les limites. équinoxiales ,
que l’on trouve Orion, que les Egyptiens
appeloient Orus, suivant Plutarque.
Orion périssoitparlapiqûreduscorpion,
comme le taureau'du monument de Mi-
thra périt par la moi-sure du môme animal
en automne. Donc ce sera aussi
vers les limites de l’équinoxe d’automne,
que nous chercherons les Génies mal-
faisans, qui font la guerre aux principes
du bien, et qui ôtent au ciel et au soleil
la force féconde, qu’ils communiquent
à la terre. Ce sera sous le scorpion
, que Typhon fera périr Osiris ,
et que se célébreront les fêtes tristes ,
qui annoncent le dépouillement de la
Nature. Nous reviendrons sur-cette idée
bientôt, en exposant le système des
deux principes, qui se combattent dans
l ’univers. Ici nous ne devons encore
parler, que de ceux qui s’unissent pour
tout produire.
L ’équinoxe de printemps, autant désiré
du navigateur, qu’il l ’est de l’agriculteur
, doit nous fournir aussi les astres
, qui, avec le soleil, ouvrent la
navigation , et qui exercent leur empire
sur les mers. Ainsi nous verrons alors
se précipiter dans les feux solaires, ou
clisparoître au couchant, et descendre
avec le soleil an sein des eaux , les deux
gémeaux, divinités tutélaires des navigateurs,
connus sous le nom de Dioscures,
Cette idée à été rendue allégoriquement
par les Phéniciens dans leur cosmogonie,
où on lit, « que le Dieu du temps ayant
(2) Ëuseb' præp. Ev. 1. 1 , c. 10.
(3) Eusèl). ibid,
» jeté les fondemens de sa première
» ville , les descendans des Dioscures
» (a) construisirent des radeaux, et se
» mirent en mer ». Ce sont aussi eux,
qui s’embarquent avec Jason pour aller
à la conquête du bélier à toison d’or,
ou du bélier céleste , dont le lever du
matin arinpngoid l’entrée du soleil au
taureau équinoxial, au lever du soir du
serpentaire , qui prit aussi le nom
de Jason , et qui, en aspect avec les
Dioscures , fut regardé comme leur
frère (3), ou comme frère des Cabires,
par les mêmes Phéniciens. Les Rho-
difens , grands navigateurs , ainsi que
les Phéniciens (4), né quittaient jamais
le rivage ; sans lui avoir fait un sacri-
lice , ët ils l’invoquoient sous le nom
de Pnorhas (h). Ce Génie et les deux
enfans gémeaux terrolent lieu à ces
peuplés de notre Raint Nicolas. '-Les
Phéniciens en firent leur Cadmus, frère
d’Europe , qui s’embarque pour chercher
‘sa soeur, que Jupiter , sous la
forme d’un taureau, marqué à l’épaule
du disque de la lune , avoit enlevée,
et qui fut placé aux ;cieux.
Je parlerai-également d’Orion, placé
vers les mêmes limites équinoxiales du
printemps , sous ce riiême taureau , à
la suite duquel il se lève, et dont on
le fait naître. On le dit aussi fils de
Neptune, à cause dé sa grande influence
sur les mers. Tantôt' il annonçôit le
calme, et tantôt la ' tempête (5) . ' On
trouvera dans Aratus rémunération des
constellations , dont les navigateurs ti-
roient dés signes ou prognostics : ' tels
sont l’autel, le Centaure, & c.
Le solstice d’été ne fut pas une
époque moins importante du mouvement
du soleil, que l’étoit l’équinoxe
du printemps, sur-tout pour le peuple
Égyptien, qui non-seulement y voyoït
le terme de l’accroissement de la lumière
et le maximum, de l’élévation du soleil»
(4) Hygin. 1. 2. Diod. Sic. 1. 5, c. 32.
(5) Germ. Cæs. in Orione.
comme tous les autres peuples, mais qui
encore, y trouvoit lixé le retour d’un
phénomène particulier à son pays, l'intumescence
des eaux du Nil, et l’épanchement
de ses mêmes eaux dans des
campagnes, qu’elles alloient féconder,
en y déposant un limon favorable à la
végétarien. La Nature pour eux parojs-
eoit avoir choisi cette époque , pour
détruire: l’ancien ordre de choses, et
préparer la terre à recevoir les germes
d’une reproduction nouvelle. Le Nil ,
toujours rival du1 soleil dans sa marche,
sera bloit augmenter et décroître aveç
les jours, et en suivre la progression
graduée, puisqu’il étoit au plus bas au
solstice d’hiver, et qu’il se débordoit à
celui d’été..; La marche, périodiqne du
Nil se lia naturellement à -celle du soleil,
qui.sembloitfa régler; et le moment
de l’arrivée de- cet astre au point
solstitial, étant celui de la descente du
Nil dans lès campagnes , fut choisi par
les Egyptiens pour le .commencement
d’une année, qu’on appela l’année de
Dieu (1), et période So(Iliaque, du nom
du soleil leur grand Dieu , et de So-
this , ou de la canicule, qui, par son
lever du matin, fixoit cette époque si
importante pour le peuple Egyptien. On
l’appela aussi l’aimée ou la période hélia-
que , autrement dit , solaire ; et l’année*
caniculaire , de la canicule, qui préside
a son commencement. Elle étoit de trois
cents soixante-cinq jours, sans intercalation,
de manière, qu’au boutde quatre
ans,, ou de quatre Lois trois cents soixante
cinq jours , qui font quatorze cents
soixante jours , il;s’en falloit d’un jour,
qui! y eût quatre révolutions complètes
du soleil. C’est pour réparer .cette erreur,
que certains peuples ont fait de trois
cents soixante-six jours la dernière de
ces quatre* années. C’est ce que nous
appelons l’année bissextile. Les Egyp-
uens préférèrent de ne rien ajouter à
1 année de. trois cents soixante-cinq
jours , qui , au bout de cent vingt
ans , ou de trente fois quatre ans ,
se trouva en défaut de trente jours,
ou d’un- mois ; c’est-à-dire , qu’il s’en
falloit d’un mois, que les cent-vingt
révolutions du soleil fussent complètes ,
quoiqu’on en comptât cent-vingt , ou
.cent-vingt ans, comme si elles l’etoient.
Le commencement de la cent vingt-
unième année ne se trouvoit donc plus
répondre au solstice d’été, mais le pré-
cédoit d’un mois ; en sorte que, quand
le, soleil arrivoit au point solstitial , d’où
il étoit originairement, parti, et où il
devoit revenir , pour qu’il y eût réellement
cent vingt ans , ou cent vingt
révolutions complètes , on finissoit déjà
le premier mois de la cent vingt-unième
année.
On sent que , si le commencement de
l ’année reculoit de trente jours tous les
cent vingt ans , au bout de douze fois
cent vingt ans , ou au bout de quatorze
cents soixante ans , ce commencement
d’année toujours en reculant revenoit
au point solstitial, ou au point du départ
primitif de la période. Alors le
soleil n’avoit fait que quatorze cents cinquante
neuf révolutions, quoiqu’on en
«Domptât quatorze cents soixante ; il falloit
donc encore un an pour qu’il en eût
fait réellement quatorze eenU soixante.
Ce n’étoit donc qu’au .bout de quatorze
cents soixante - une années cîe trois
cents soixante-cinq jours , que le soleil
avoit exactement fait ses quatorze cents
soixante révolutions , lesquelles sont ,
non pas de trois cents soixante - cinq
jours en nombre précis et rond , comme
on le supposoit , mais de trois cents
soixante-cinq jours un quart réellement.
Ce sont ces quarts de jours qui, répétés
quatorze cents soixante une fois,
durant quatorze cents soixante-un an ,
don noient trois cents soixante - cinq
jours un quart, ou une révolution entière
de moins sur les quatorze cents
spixan.te-un an , que l’on coiuptoit,
II,y ayoit bien quatorze cents soixante-
(0 Censçr. de Die Nat. c. 18.