pion, auquel répond le vautour ou l’aiglê
tombant. Cet oiseau , selon Kirker,
fut souvent substitué sur le pavillon de
Dan, pour des raisons mystiques qu’il
est aisé de sentir , quand on sait que ce
signe étoit redouté, à cause de sa terrible
influence. Typhon y avoit établi son empire
: il n’en fallut pas davantage pour
en faire proscrire l’image et y substituer
celle de son Paranatellon, le vautour ou
l’aigle. C’est ce qu’on a fait, comme on
le voit par les quatre figures fameuses
dans les peintures sacrées des Juifs et des
Chrétiens ; savoir le lion , le boeuf,
l’homme , et l’aigle. Ce sont les quatre
animaux de l’Apocalypse , qui est une
copie des livres d’Ezéchiel , où on les
trouve roulant autour de cercles enflammés.
Ce sont les quatre animaux
qui accompagnent les quatre Evangélistes
, &c. JS) ous aurons occasion d’en
parler plus au long dans notre explications
du livre Apocalyptique de la sectè
Phrygienne, ouvrage composé par un des
prophètes , ou illuminés de cette société
d’initiés , que nous appelons vulgairement
l’écrivain de Pathmos, où St. Jean.
Ee bélier, domicile de la planète de
Mars , chef de la milice céleste et
des douze signes , est affecté à Gad ,
dont Jacob fait un ..guerrier , chef de
'son armée. Le Cancer, où sont les étoiles
appelées les ânes , forme l’empreinte
du pavillon d’Issachar , que Jacob assimile
à l’âne. Le Capricorne à queue de
poisson , que les Astronomes appellent
le fils de Neptune , devient l’enseigne de
Zabulon, à qui son père dit qu’il habite
le bord de la mer. Le chasseur du Sagit-
taire , que précède le loup céleste , devient
l'emblème de Benjamin, que Jacob
compare au chasseur; les Romains y
ùvoient placé le siège de Diane , Déesse
des chasses. La Vierge, domicile de Mercure
, est peinte sur le pavillon de Nep-
thali, dont Jacob vante l’éloquence et la
■ ( i) Phot.\ Cedex. 244.
(2) Procl. in Tim. Plat. 1. 1 , p. 16.
(3) Plat, de Legib. 1. 5 , j> ■■ 745. Euseb. Prjep.
Ev, 1. 12 , c. 47, p. étd. u- . ( ,
légèreté à la course, attributs distinctifs de
Mercure. Siméon et Lévi sont unis entre
eux par Jacob , comme le sont les deux
poissons sous lesquels ils sont casés.
Il sëroit difficile de regarder comme
un jeu du hasard une série de rapports
aussi marqués, entre les signes Astronomiques
et lés caractères distinctifs des
chefs des douze tribus, et qui leur sont
donnés par celui qu’ils regardent comme
le père de leur horde ; sur-tout quand on
se rappelle que les Caldéens, les Arabes
et les Egyptiens leurs voisins , avoient
donné à VAstrologie une sigrande influence
dans l’ordre civil et dans l’ordre religieux.
Aussi Diodore de Sicile, dans son
» f i livre cité par Fhotius(i), disoit que
Moïse avoit divisé son peuple en douze
tribus , parce que ce nombre est parfait
et qu’il correspond à la division même
de l’année. Il aj outoit que la grande Divinité
de Moïse et même la seule étoit,
’comme celle des Perses, la circonférence
du ciel qui embrasse la terre, et qui est'le
maître, suprême de toutes choses ; que
c’est pour cela qu’il ne figura pas la
Divinité sous une forme humaine. Ainsi
Moïse auroit calqué sa ville , ou son
petit état sur le Monde.
C’est ce que fit Platon dans le plan qu’il
conçut de sa République , comme l’a
très-bien remarqué Proclus (2) son commentateur,
qui nous en a développé les
rapports avec le ciel. Il suffit'de lire
Platon (3) lui-même, pour s’assurer de
la justesse de l’observation de Proclus ,
et pour reconnoître que toutes les divisions
des tribus et leurs sous-divisions(4),
celle de la ville et de ses quartiers, sont
toutes des divisions consacrées dans la
sphère , et imitées à dessein par Platon.
Lycurgue (5) , si on en croit Lucien,
emprunta aussi du ciel tout le plan
d’administration et de distribution qu’il
appliqua à sa B épublique.
Cécrops, que l’antiquité mythol ogiqne
(4) Kirker, (Edip. t. 3, p. 217. Et Marâliu»
Ficmus.
(>) Lttcian. de Astrolog. p. 994.
place dans le Verseau , dans la case
occupée par le premier des douze fils
de Jacob, partagea les Athéniens en
quatre parties , ou tribus premières (1),
nombre égal à celui des saisons ; chaque
tribu en trois peuples, ce qui donne
autant de peuples que de signes ; et
chaque peuple en trentièmes , ee qui
fait précisément autant de trentièmes
qu’il y a de degrés au signe, ou de jours
au mois : d’où il résultoit (2) une somme
de petites sous- divisions égale aux trois
cent soixante dégrés et aux trois cent
soixante jours de l’année, sans épago-
mènes. Chacune (3) de ces tribus étoit
sous l’invocation d’un héros ou d’un génie
, dont le nom est dans les constellations,
tel que Thésée, Léon ,Egée, &c.
Suidas (4) remarque avec raison , que
cette division de Cécrops étoit relative
aux quatre saisons , aux douze mois et
aux trente jours de chaque mois, et
conséquemment aux signes et aux parties
de signe qui y correspondent.
Chun (5) , chez les Chinois, divise
aussi la Chine en douze Tchéou et désigne
douze montagnes. Cette division
revient à celle des astrologues qui ont
partagé la terre en douze climats (6) ,
soumis chacun à l’influence d’un des
douze signes du zodiaque. Le cercle de
l’horizon fut, comme nous l’avons déjà
dit, divisé en douze , par une suite du
même système d’influences de la part
des douze signes, ün retrouveda même
opinion chez leS' peuples de la Corée
(7), qui pensent que le monde
est:divisé en douze cantons , ou douze
royaumes.
A l’autre extrémité de l’Univers , on
vit les Etrusques se distribuer en
douze cantons , et nommer en commun
(1) Julius Polluxi Onomast. I. 8 , c. 9 , §. 31.
(2) Corsini. Fast. Attic. t. 1 , p. »88.
(3) Strab. 1. 9.
14) Suid. Yoc. Vs'.'UTUt.
1 5 ) T. 1 , du Mémoire des Missions de Pékin.
P* *^4-
( ) Théo ci. Episcop. Tars. 1. 3. Apud Photltim.
Cod. 223. p. 667. * f i f
un ro i, qui les gouvernoit, comme le
soleil régit l’Univers en versant sa lumière
dans les douze divisions du ciel.,
Chaque canton lui donnoit un satellite
, ou licteur, qui lui composoit un
cortège représentatif de l’ordre duodécimal
des génies, qui formoient le cor-,
tège du soleil. Ce fut d’eux que Romulus
emprunta son idée des douze licteurs,
qui accompagnoient toujours le premier
magistratdesRomains (8). LesEtrusque*
étoient fort versés dans là science religieuse
de l’Orient, et avoient porté avec,
eux en Italie les distributions politiques
créées par les peuples d’Asie.
Les peuples d’OEolie (9) formoient
une confédération de douze villes , et
s’unissoient pour célébrer en plein air
le culte du soleil, sous le nom de Bac-
chus.
Douze villes d’Ionie (10) s’étoient aussi
réunies, pour faire bâtir un temple
commun, appelé Pan-Ionlum. Hérodote
observe que la division duodécimalefi 1)
reçue chez les Ioniens, subsistait parmi
eux , même avant leur établissement
en Asie , lorsqu’ils occupoient encore
le Péloponèse. Il ajoute que le Achéens
qui les chassèrent avoient adopté cette
division. Ils célébroient tous en commun
(12) les fêtes dites Apaturi.es.
L ’empereur Hadrien , qui accordoit
une grande importance à l'influence du
ciel et des astres , bâtit à Jérusalem,
qu’il appela Æ lia , nom dérivé de celui
du soleil et du sien ( AElius) , un superbe
édifice appelé Dodécapylon, où
Temple aux douze Portes ; allusion manifeste
aux douze maisons du soleil,
Hé lias (r3). Il divisa aussi la ville en
sept quartiers , division relative au
nombre des planètes et des sphères
(7) Contant d’Orville, t. t , p. 176.
(8) Tue Livc, L>ec;ul. 1 , 1. 1 , c. 8,
(9) Hérodote, 1. 1, c. 149.
(10) Ibid. c. 141.
f u i C. 145.
(12I C. 147-
(13) Chrome. Alex. 797.