cert que Didon donne aux Tfoyens
échappés du naufrage (1). Ce poète ,
pour se conformer aux usages du siècle
oùsonliéros était supposé vivre, termine
le repas , que donne à Enée la reine de
Carthage , par des libations aux Dieux ,
accompagnées de chants sur la Nature
et sur les étoiles.
» Pendant ce temps-là , dit Virgile ,
» Jopas chantoit sur sa lyre d’or les
» sublimes leçons du savant Atlas,
» la course de la lune, les travaux du
» soleil, l’origine des hommes et des
» animaux , la cause de la pluie et du
» tonnerre , les astres , l’arcturë , les
» liyàdes et les deux ourses 5 à c’est-à-
dirë , les sujets de toutes les anciennes
cosmogonies.
Certainement , ce n’étoit point par
des chants sur les étoiles qu’on terini-
poit les repas d'Auguste ; mais Virgile
a cru devoir peindre les moeurs et les
usagés des siècles dont il parloit. Chanter
Tes astres , c’étoit chanter les Dieux :
aussi le poète Latin plàee-t-il ces citants
au momentou lesTyriens èt lés Troyens
font des libations aux Dieux, et à lasuitë
d’une cérémonie religieuse. Dans les
pâstorales du même poète , le vieux Silène
chante la Nature et l'organisation du
çhaos. Orphée, dans lès ârgonautiqùës
d’Apollonius (2) , en fait autant; il nous
peint l’Ether enfantant lë soleil etlës astres
. là terré produisant lès hautes montagnes,
l’océan ët lés fleuves se peuplant
deNÿmphés, &c. Musée donna en mêmé-
tfiin i js à-u x Grées une tliëbgon te ( i) & unè
description dë la sphêrè [iidj.
Plus nous remontons vers l'origine
dés siècles, plus noiis trouvons lës rtomà
des étoilés employés dans les poèmes.
Les saisons , la marche du soleil dan s le
zodîaqué , & les heures de la nuit n’y
sont désignées que par des levers , des
couchers , ou des hauteurs d’étoiles.
On nommoit Sirius et les Plèiadès sur
le théâtre d’Athènes (4), comme on peut
le voir dans Euripide. Homère, Hésiode,
Théocrite, Anacréon , &c. nous fournissent
une foule de semblables exemples
; c’est un reste de l’ancienne poésie
consacrée tonte entière à chanter la
Nature et ses phénomènes, et à peindre
ses plus brillans tableaux. L ’Olympe
devint le séjour habituel du génie des
poètes, parce qn’il étoit celui des Dieux.
Les Muses qui les inspiroient, ainsi quë
Mnémosyne , n’étoient , suivant Pytha-
gore(5), que les intelligences célestes dea
Sphères,d’où émanoit ce feu éternel,dont
une seule étincelle meftoit tout en feu
leur génie , et d’où partoient ces accorda
harmonieux, à l’unison desquels se mon-
toit la poésie. .Hemplis de 1 influence des
astres lesPoètesparloient alors le langage
des Dieux : » Je vais , dit Orphée, ictns
» son poème des Argonautes , m’eiat-
» cer vers 1 Olympe et dans les sphères
» célèstës(ù), pour y chanter des choses
» inc mnues aux mortels ; » et alors il
commence son poème sur l’arrivéè du
soleil au premier des signes qu occupe
le bélier étoilé , ou à toison d’or, place
dans le templ'e de Mara , ou, sam ligure,
dans le domicile de cette planèté ; cas
tout ce poèmë est Astronomique,
On faisoit dès failles sur les étoiles ;
èt les anciens ont reconnu que les poésies
d’Homère et d Hésiode contenoiënt
beaucoup dé ces fables Astronomiques.
Héraclidës (7) de Pont ob.-.erye, qu’il y»
dans Homère plusieurs récits de combats
dés Dieux , que certains auteurs
ëxpliqüoient par des phénomènes _cé;
leftes , èt par les himations respectives
dtes planètes ët des signes. Plutarqite (iS)
convient, que plusieursexpliquoient.j)*f
les aspects des planètes les aventurés de
Mars et de V en ns: Lucien (9) est du -n ambre
dè ceux, qui croient que toute cette
(0 Virgil. Æneid. I. T, v. 744.
f l1 Apollo*?. Rhod. 1. 1. A-rgonaut. v. 494.
(' ) Diog. l.aert. p. 3.
(4) Eoripid. Iphizes. acte T. sc. 1.
f 5) Porph. Vitâ Pythag. p. a i.
fè) Arg-n. Ofph. y . 48.
(-) Opusc. Mytholcg. TH. Ga'ï. p. 479.
(8) P lutarch, de A u d ien d . Pcétis. p . lÿ*
(9 ) L u d a n . d e Aitrelog. p , 9 9 a.
aventure est Astrologique, et il ajoute,
que les poésies d’Homère et d’Hésiode
sont une preuve des rapports, que les
anciennes fables ont avec l’Astrologie.
Ceci est entièrement conforme au passage
de Chérémon, que nous ne nous
lasserons pas de rappeler au lecteur. La
fable d’Ampliion et de Zéthus fils
d’Antiope , qui attachent à la queue
d'un taureau furieux Dircé leur tante,
qui relenoit leur mère prisonnière, nous
offre des traces des rapports établis entre
les cieux et les fables sacrées, dans la
cérémonie qui se pratiquoit tous les ans
au tombeau d’Antiope (1) , au moment
où le soleil arrivoit au signe du taureau
et an coucher héliaque des Gémeaux.
Tliéon , dans ses commentaires sur
Aratus., explique la génération des
Jltnules, filles d’Atlas, et de Pléione
fiile de l'Océan , par leur sortie du sein
des eaux et de l’horizon, et ne voit dans
cette histoire qu une allégorie Astronomique
(a), ,
Les Arabes, dont les tribus , comme
tiens l’avons vu , sont consacrées aux
étoiles , amusoient le loisir de leur vie
paatoiale par de petits contes ou romans
Sur les astres , moins agréables néanmoins
que ne le sont les fàl.les Grecques.
Lins allons citer un exenq le de ces
Sortes de récits , dépouillé de toute
allégorie, et dans lequel chaque étoile
fst nommée par son nom Arabe (3).
l eur prouver, dit Abrlfaiage , que les
Arabes ne s’o'cciq ni nt pas dn mouve-
menttles astres seulement comme les astronomes
, tuais qu ils nvoienf encore m
am»e point de vue sons -lequel ils les
ëonsrdéi oient, nons rappellerons une
de ces fables , qu'ils'fnisoient sur les
astres. Ils dirent quêtes étoiles Ah.hèrc
et g#, y • fe-i gvandvchîen et le
pfîffi > ohioit ijU^iolcwt riens tuteurs, qui
avomm j our frère Sohil, ou Can pus.
Celui-ci épousa la constellàtion d’O.i n,
■ d/jauze en Arabe | mais ayant tué
0 ) R o s i r . Boe otic. p. 29 $ . ■
ri) Thepn. p. 1 3 3 . - 1 ,0 .
sa nouvelle épouse , Soliil se sauva vers
lé pôle austral pour éviter la poursuite
de ses soeurs ; Alobur ou Sirius le
poursuivit au-delà de la voie lactée }
mais Algomeyse resta en place et
versa des torren.s de larmes , au point
que sa vue s’affoihlit. Tout ce petit roman
n’est que la description de la position
de ces étoiles, et un tableau de la
succession de leur marche : la belle
étoile de Canopus , placée au midi,
en se couchant précipite Oiion souS
l’horizon.
Les Grecs avoient aussi une fable sur
le coucher d’Oricn, lequel a toujours
lieu au lever du scorpion. Ils disoient
qu’O lion étoit un géant, qui étoit mort
de la piqûre d’un scorpion ; par la
même raison , ils faisoient aussi mourir
Canopus de la piqûre du même animal.
C’est aussi ce scorpion qui effraye le cocher
céleste , et précipite ses chcvauxdans
l’Lridan , lequel se couche à ce même
inslant. Les Grées firent des lloïades
sepf soeurs , dont une ne paroissoitplus
et s’éteit sauvée vers le Nord , près de
la queue de la grande Ourse, où elle
prit le nom de Renard (4 ).
Nous nous bornerons à ces exemples,
qui suffiront pour juger du génie
des anciens poètes , et sur-tout de celui
des Orientaux , qui , ayant placé
leurs Dieux dans l’Olympe , ou sur la
voûte des cieux, s’occupoient à les chanter
et à les mettre en action , dans leurs
poèmes sur la- Nature , et dans les légendes
sacrées.
Les poètes ne sont pas les seuls dontles
ouvrages dé posenfen faveur dn culte de la
Natuie , et qui dans leurs écrits et dans
leurs ferions nous aient laissé des traces
.<*e leur respect re ligieux.jiotu lesoleii, la
luire . lesastres et pour toutes les jiar tiesde
l ’Uni vers divinisées. Les plus savans | lii-
iosophesde lantiqYiité avoienf conçu de
la Nature et de ses agens la même idée
que les poètes ; et les mis et les autres,
(3^ Abulf. Spec. Hist. cîim NotisPocke. p. 131.
(4) Tlicon. ad Arat. Phæm. p. 134.