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teur Arabe , regarde-t-il les pyramides
comme autant de mormmens consacrés
à la religion (1) , et il les appelle' les
autels des Dieux. Lucain (2) les appelle
de même. Les historiens Arabes par lent
de pyramides qui avoient des portes placées
chacune à une de leur quatre faces,
dont l’aspect étoit exactement en regard
avec les quatre points cardinaux du
monde (3). Ces portes servoient d’entrée
à sept petites chambres intérieures consacrées
, comme le conclave Molochi,
aux sept Planètes dont elles contenoient
les images ou les petites idoles en or.
Une de ces idoles ressembloit au fameux
Hctrpocrate Egyptien, et avoit le doigt
posé sur sa bouche d’une manière mystérieuse
, tandis que , de l’autre main, il
soutenoit un livre à la hauteur de son
front.
Les Sabéens , adorateurs des Astres,
croyoient que sous ces monumens repo-
soient les cendres d’Agathodémon et
d’Hermès. Quoiqu’on puisse penser de
ces traditions , il résulte au moins que
les Arabes croyoient que ces pyramides
étoient un monument du Sabisme et du
culte des Astres. La distribution intérieure
des chambres et leur destination
supposée* conduit à cette conclusion.
Hermatelès, qui avoit écrit sur l’Egypte,
regardoit aussi les obélisques comme
autant de monumens du culte du Soleil
(4 ), si nous en croyons Tertullien.
M. de Paw , dans ses Recherches sur
l ’Egypte , pense comme nous sur les
pyramides et les obélisques, qu’il regarde
comme autant de monumens élevés en
-honneur du Dieu qui éclaire l’Univers (Z);
et c’est-là, suivant lui, la raison qui les
a faitorienter (5). Il prétend, avec beaucoup
de -vraisemblance, que l’espèce de
tombeau qu’on trouve dans l’intérieur,
et qu’à tort on a pris pour le tombeau
d’un ancien roi, étoi t le Taphos Osiridis, 1
(1) Kirker, GEdip. t. x , p. 31°* Sx) Lucan, de nello Civiii.
3) Ben.-Salam. apud. Kirker, GZdip. t. », p. 2 ,
p. 30t.
(3) Tertull. de Spect. ç. 8, p. 53 , édit.Rig.
ou un des tombeaux d’Osiris, dont le
nombre étoit assez grand en Egypte.
Il n’est pas étonnant en effet, que
les Egyptiens qui honoroient le Soleil,
sous le nom d’Osiris , qui donnaient la
représentation de ses souffrances et de
sa mort (6), dans ce qu’ils appeloient les
myftères de la Nuit, aient aussi eu son
tombeau. Ainsi les Cretois avoient chez
eux le tombeau de Jupiter, et les Chrétiens
montrent pareillement celui de leur
Dieu, de cette Lumière éternelle qui
éclaire tout homme venant au monde.
M. de Paw fiait une remarque (7),
qui, si le fait est vrai, s’accorde bien
avec la théorie sacrée des Egyptiens ,
sur les rapports de la lumière et de
l’ombre dans l’économie uuiverselle du
monde (ni). Il nous assure que les pyramides
étoient construites de manière que,
pendant une moitié de l’année , c’est-à-
dire , durant tout le temps que le Soleil
parcourt i’hémisphère boréal , ou les
cercles dés longs jours, les pyramide*
ne projetoient point d’ombre à midi
au-delà de leurs bases, qui, à cet effet,
dûrent être larges , vu la grande hauteur
que l’on donna aux pyramides. Il
regarde cette construction donnée à ces
monumens, comme une suite de la superstition
du peuple Egyptien , qui vou-
loit que la lumière chassât l’ombre et
l’obligeât à se réfugier sous la base des
corps durant tout Te temps que le Soleil
occupoit l’empire de la lumière, ou la
partie du ciel qui assure au jour l’empire
sur les liants.
Cette idée des Egyptiens étoit très-
ingénieuse. En effet, il étoit assez natu-
relque les monumens du culte du Dieu
de la lumière, et son image imitassent
en quelque sorte la nature de l’Être divin,
auxquels la religion les avoit consacrés.
Ainsi , à l’équinoxe du printemps , la
grande pyramide consommoit son ombre
(5) Recherches sur les Egypt. & les Chinois,
t. 2 , p. 30.
(6) Hérodote, Euterpe, c. 17* •
(7) De Paw, ibid.
à midi. Ce n’étoit qu’à l’équinoxe d’Automne
que l’ombre excédoit la base , et
que par son prolongement elle annonçoit
la supériorité que la nuit et le principe
ténébreux avoient reprise sur le jour et
sur Osiris, principe lumière, dont Typhon
étoit vainqueur.
C’est-là ce que le génie symbolique
des Egyptiens a vonlu retracer, et ce
qui nous est indiqué d’une manière trop
générale par Solin, Ammien-Marcellin
et Cassiodore. L ’un nous dit, qu’il arri-
voit un temps, où elles aortoient de la
mesure des Ombres, et n’en projetoient
plus. L ’autre , que cela étoit l’effet d’un
certain mécanisme, celui sans doute de
leur construction.Onpouvoit donc se promener
alors autour des pyramides , sans
perdre le Soleil de vue. M. de Paw prétend
que ces sortes de monumens furent d’abord
élevés (1) devant le temple de Jupi-
ter-Ammon ; ce qui est assez naturel,
puisqu’il occupe le Bélier céleste ou la
première des douze maisons du Soleil ,
et qu’il fixe la division des deux hémisphères
, dont l’un est affecté à la lumière
et à la chaleur, et l’autre aux ténèbres
et aux froids de l’hiver. C’est du Bélier,
Ou du Temple d’Ammon , que le Soleil
étoit censé partir.
Ainsi les Grecs à Sicyone (2) avoient
représenté leur Jupiter par une pyramide.
La statue de Vénus à Paphos
avoit la forme d’un cône ou d’obélisque
(3). On la trouve ainsi représentée
6ur plusieurs médailles. On trouve aussi
dans la Grèce de ces colonnes de pierre
Consacrées aux planètes : telles étoient
les sept colonnes de Laconie, dont parle
Pausanias (4 ), et qu’il dit être les anciennes
statues de ces Astres. Ainsi les
Indiens ont leur temple des sept Pago-
des (5) ; ce qui rentre assez dans l’idée
de la pyramide aux sept chambres dont
nous avons parlé plus haut, et des sept
divisions de l’antre MithrLaque , ou de#
6ept enceintes du temple de Jérusalem,
dont nous parlerons dans la suite.
Outre ces figures géométriques, qu’on
peut regarder comme des formes savantes
des statues des Astres, il en étoit de
plus simples, telles qn’un cercle ou disque
représentatif de celui du Soleil. Tel étoit
le simulacre de ce Dieu , chez les Péo-
niens, au rapport de Maxime de Tyr (6).
Ce disque étoit soutenu d’.une longue
perche, au bout de laquelle il étoit
porté.
Celle du Dieu-Soleil qu’adoroient les
Emesséniens, celle qu’Héliogabale (y) fit
transporter à Rome, et qu’il y promenoit
avec tant de pompe («), étoit conique et
conséquemment avoit les formes géométriques
, que nous appelons savantes ;
car elles tiennent à la science , au-lieu
que la forme ronde est celle que le Soleil
présente naturellement à tous ceux qui
le regardent. Il suffit d’avoir des yeux :
au-lieu que l’application faite des figure*
géométriques , telles que le cube, la
pyramide , le dodécagone, à la peinture
des élémens et du monde, est le résultat
d’une théorie compliquée. Les Emesséniens
publioient que cette statue étoit
tombée du ciel. Les habitans de Pessi-
nunte en disoient autant de la pierre
sacrée qui représentoit Cybèle. Numa disoit
la même chose du bouclier de Mars.
Notre sainte Ampoule en est aussi venue.
Chaque peuple a eu ses talismans, que le
ciel a pris soin de lui envoyer. La foi
explique tout.
Les Egyptiens empruntèrent non-seulement
de la géométrie les figuresde leurs
Divinités, et sur-tout celle du Soleil, à
qui la pyramide fut consacrée-; mais ils
les empruntèrent aussi de l'astronomie et
des emblèmes des animaux des Constellations.
C’est ce que nous assure Jam-
blique (8), quand il nous dit que le So-
P-
>)
23
4
5
S6.
Ibid, de Paw, p. 67.
Pausan. Corinth,. ,p. 5#.
Tacite, Hist. i , c. 5.
Laconie, p. 103.
Sonnerat, Voyag. de l’Iade i t . ï , I.
Ci-dess. p. 52, 5 »
(6) Maxim. Tyr. c. 38. Hyd. Reüg. Pets. c. 4
p .n é .
(7) Herodien, 1. 5, p. aoi & «14.
(8) Jamblicb. de Myst. Egypt. S c præmissa ad
Anneb. Epist. Jambi. sect. 7 , c. 3, Proclus. 14
Tün. 1. i ,p . 33.