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rouloient leurs fables sacrées, et que
c’étoît-là ce qu’ils réprésentûiënt dans
leurs temples (i) parleurs statues, et par
tout l’appareil de leur culte.
La défense faite par Moïse au peuple
Juif d’adorejr lé soleil, la luné et toute
la milice céleste, ne se trouve liée à
celle qu’il leur fait également d’adorer
des représentations ( i ) d’animaux ,
d’hommes, de quadrupèdes , de reptiles
et d’oiseaux , que parce que cês
deux cultes étoient intimement liés entre
eux, comme l’être adoré l’est à son
image, soit naturelle , soit symbolique.
C’étoit le culte Egyptien principalement
que Moïse avoit en vue.
C’étoit à l’imitation du culte idolâ-
triquede l’Orient, et sur-tout de l’Egypte,
que les Grecs d’Ionie, au rapport de (3)
Cédrénus, consacrèrent des simulacres
au soleil, à la lune , et aux corps célestes
, par qui ils supposoient que toute
la Nature sublunaire étoit gouvernée ,
Suivant les rapports que les planètes
avoient avec les autres astres dans le
cours de leur révolution. Dé-là dépen-
doit la naissance et l’accroissement de
tous les corps , ainsi que toutes les variations
de l'air , qui influent si fort sur la
végétation universelle, ‘
Atlianàse (4) , après avoir décrit
toutes les absurdités prétendues des
fables, sacrées des anciens et la monstruosité
de leurs idoles, convient que
. leurs plus savane auteurs assuraient, que
tout le culte idolâtrique s’adressoit àu
soleil, à la lune, aux élémens, et à toutes
les parties de la Nature , auxquelles ,
disent-ils , on ne peut contefter d’être
des causes éternelles et divines, douées
de vie et de raison et d’üne nature supérieure
à celle de l’homme , et conséquemment
d’être des Dieux“, suivant la
définition que nous avons donnée de ce
mot, au commencement de cet ouvrage. 1
(1) EuseV.Piap. Ev. 1. 3, c<4,p. 92.
(2) Deuteron. c 4. _ ..
( y Cedren. p. 46.
(4) Attunas. Cuntr. Cent. p. 28.
Un des savans les pins instruits
chez les Romains, Yarron (SV, prétend
que ces simulacres et ces idoles , que
l ’antiquité avoit consacrés , n’étoient
u’un moyen de réveiller dans l ’esprit
es peuples des idées plus relevées , et
qui tenoient à l’ordre physique du
“ Monde , et de l’élever jusqu’à la contemplation
de Famé du monde et de ses
parties , c’est-à-dire, à la contemplation
des véritables Dieux. On sait d’ailleurs ,
que toutes les explications de Varron
sont tirées de la physique, et qu’il rapporte
tous les Dieux à la Nature et à ses
parties ; conséquemment il ne devoit
voir dans leurs idoles que les images des
êtres physiques.
Simplicins (6) prétend que tous les
temples, les édifices sacrés, toutes les
images des Dieux ont été faites à l ’imitation
des cieux , et qu’elles ont avec
eux des rapports symmétriques, afin
de mieux recevoir l’influence lumineuse
des Dieux ; qu’il n’y a point de culte
sans cette correspondance. C’étoit aussi
l’opinion des anciens Sabéens( 7 ) ,
au rapport de M. Hyde. Us regar-
doient les corps lumineux des sept
planètes , comme sept palais, ou sept
temples habités par des Dieux, ou par des
Génies , on des Anges qu’ils appeloient
des Bois j dénomination qui a donné
lieu à bien des méprises sur l’histoire
des siècles mythologiques. En conséquence
, ils imitoient ces palais ou temples
célestes par des édificessacrés, qu’ils
consacroient sur la terre à ces Génies ,
dont ils renfermoient les images dans ces
mortumens : telles étoient les chapelles
de Moloch, dé l’astre Remphan , dont
parlent les livres Juifs et les actes dès
Apôtres. Us avoient pour ces images
autant dé respect que pour les astres
eux-mêmes , ajoute M,. Hyde (8) 3 ils
leur adressaient des prières, leur of-
(t) August. de Çiv. Dei. 1. 7., c. 3.
r Simpiic* iirAristotel. de Coel. p. 32.
y j .Hyd. de Vet. Pers. Relig. p. 63 & 128.
(fc) Ibid. p. 12p.
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frô len t de l’encens et des parfums ; ils
5e revêtoient eux-mêmes d'habits d’une
couleur agréable à la planète. La statue
ou l’image de chaque astre étoit du métal
qui lui étoit consacré , et représentoit la
figure de la constellation : ainsi la constel-,
lation du Céphée, dans laquelle on avoit
peint autrefois un berger et ses brebis(i),
avoit pour image la statue d’un berger
accompagné de ses brebis , et on propo-
soit cette image on ce simulacre au respect
et à la vénération du peuple. C’étoit
toujours une suite du principe, qu’il
felloit que la terre imitât le ciel, pour
obtenir l’assistance des Dieux ( 2 ) et
pour qu’ils se plussent à y descendre
et à honorer leurs images et leurs temples
de leur présence.
On poussa encore plus loin ce principe
d’imitation ; on l’appliqua aux distributions
politiques et aux divisions
des différentes parties du système social,
afin de les soumettre à l’influence du
ciel, et de mettre les villes et les empires
immédiatement sous la protection des
Dieux. Ainsi chacune des tribus Arabes
avoit pris une étoile , ou une planète
pour patron ou pour génie tutélaire , et
elle en conservoit l’image ou le talisman 5
c’étoit son Fétiche , £es Dieux Pénates,
ou ses Therapims , tels que ceux de
Laban. La tribu Hamyar , comme nous
l ’avons déjà dit, étoit sous la protection
du Soleil (3) 3 la tribu Cennah, sous celle
de la Lune ; une autre , sous la protection
de la planète Jupiter ; celle-ci, sous
la protection de l’oeil du Taureau, ou
de la belle étoile Aldébaran 5 une autre,
sous celle de Sirius 5 celle-ci, sous la
iutele de Mercure 5 celle-là, sous celle
de Canopus, ou de la belle étoile du
I Vaisseau céleste. Chaque tribu Arabe
I avoit son étoile , comme chaque tribu
I Juive son drapeau , sur lequel étoit
I peint un des douze signes du zodiaque.
I Airker (4) à fait graver cette distribution
(1) Çæsius. Coelum. Astrçn. Hyd. c. 5, p. 131.
(2) Kirker, (Édip. t. 3, p. 157.
Î I3} Abulf. Kist. Dyn. p. 101.
(4) Kirekr, (Edip. t. 2, part. 1 , p. 22.Viilapand.
symétrique des douze tribus, rangées
chacune sous son enseigne, telle que le
génie Astrologique des Juifs, en cela
le même que celui des Arabes , l ’avoit
conçue.
Le camp des Hébreux est formé sur
un grand quadrilatère, divisé en seize
cases , dont quatre plus voisines du
centre sont occupées par les images des
quatre élémens. Les quatre cases, qui terminent
les quatre angles du quadrilatère
, portent l’empreinte des quatre signes
que les Astrologues appelent fixes ,
et qu’ils soumettent à l’influence de
quatre grands astres , appelés étoiles
royales, dont nous avons parlé plus
haut ; savoir le lion, le taureau, l ’homme
du verseau, et le scorpion influencé par
la. belle étoile du vautour céleste , espèce
d’aigle qui monte sur l’horizon avec
ce signe, et qui fait à son égard la fonction
ue Paranatellon. Les autres fignes
sont rangés sur les quatre faces du
quadrilatère et dans les cases parallèles
et intérieures. On remarque une étonnante
correspondance entre les caractères
que Jacob dans sa prophétie (5)
donne à chacun de ses enfans, et les
caractères des signes ou des planètes
qui ont leur domicile dans ces signes.
Le verseau , dont l ’eau s’écoule dans
les cieux vers le pôle austral, et le premier
des quatre signes royaux en montant,
sert d’enseigne à Ruben, premier
fils de Jacob, que son père compare à
l’eau qui s’écoule. Le lion est peint sur
le pavillon de Juda , que Jacob a comparé
à net animal , qui dans les cieux
est le domicile du soleil, de cet astre
lumineux dont tous les peuples ont fait
leur Dieu , sous les noms d’Adonis, de
Mithra, de Christ, Scc. Ephraïm, què
Moïse assimile aru boeuf (6) a pour enseigne
le taureau céleste. Dan, celui que
Jacob compare au Céraste , espèce de
serpent, est casé sous le signe du scort.
2. Descrip. Templi. Origen. Contr. Çelsam, 1. 6,
p. 299.
(5) Genes. c. 49.
(6) Dent. c. 33, 17.