mbntagne qu’ils allouent chercher le feu
sacré qu’ils tiroient des rayons du- soleil,
et qu’ils chantoient jnsques à midi des
hymnes à la gloire du Dieu de la lumière,
(i) Les sauvages de ^’Amérique en faisaient
autant sur leurs montagnes. Il en
étoit de ‘ triêrne des Perses , comme nous
l’avons déjà vu. On donnoit assez gène-
râlement à ces montagnes le nom de
monts de Jupiter, ou morts Jovis ; (2 )
et les Perses appeloient aussi Jupiter
le ciel lui-même, à qui ils sacrifioient
Sur ces montagnes. Le ciel, ou la voûte
surbaissée qui s’élève sur nos têtes,
pôrtoit originairement le nom de Tem-
plum, ou de Temple, chez les anciens
Romains, au rapport de Varron. ( 3 )
Le temple des cieux , parsemé d’étoiles
brillantes , disoit un de leurs Poètes.
Cet espace que l’augure marquoit dans
l’air, et qui limitait sa vue par des
espèces de signes ou de termes qu il
choisissoit dans l’horizon, s appeloit
aussi temple , suivant le même V arron.
Ce nom de temple donné à l’étendue
du ciel que l’oeil mesuroit, fut transporte
par raison de similitude à l’édilice sacré
où l’on se réunissoit pour adorer la Divinité
, et dont l’enceinte étroite circons-
crivoit l’oeil dans une espèce de petit
Univers abrégé, dont le temple dans
la suite contînt la représentationMais
avant cette époque, le temple etoit tout
l ’espace que l ’oeil peut mesurer dans
l ’air et dans les cieux, lorsqu’il ne trouve
aucun obstacle, comme il arrive à celui
qui est placé sur une haute montagne.
Telle fut, avec assez de vraisemblance ,
l’origine de l’usage ou on etoit, d allhr
prier et sacrifier sur les lieux hauts ; usage
qui subsista long-temps chez les peuples
civilisés, et qui avoient déjà des édifices
pour eux-mêmes. Ce que les Sauvages'et
tons les premiers hommes avoientfa.it par
défaut de civilisation, et par la suite de
(1) Phil. !. 3 , c - 3.
(1) Kirker , (Scip. t. t , p, 119.
(3) Varro. de ling. Latin, c. d , p. 71.
■ (4) Diogen. Laertius, p. 7 , in prsem.
(5) Euseb. præp. Ev. 1. 9, c. 6, p. 4>°>
leurgenre de vie, d’autres continuèrent
à le 'faire par principe religieux, et par
raison (1e convenance avec la grandeur
même de la Natuie. Ils ne voulurent
point la circonscrire, et ne crurent point
qu’elle dût habiter ailleurs qu’en elle-
même , ni avoir d’édifice autre que celui
de l’Univers, qui est appuyé sur j des
fondemens éternels. Par la même raison
ils ne voulurent d’autre image de leurs
Dieux, que leurs Dieux eux - mêmes
qu’ils voyoient; ainsi raisonnèrent les
anciens Perses (4).
Cette idée nouvelle-, qui assimilait la
Nature à l’homme (5) , qui lui donnoit
une habitation et des portraits comme à
l’homme (6), ne fut pas goûtée de tous
ses adorateurs, qui craignirent d’outrager
l’être éternel, en le traitant comme
Fhomme foible et mortel (7). Si cette
innovation déplut aux adorateurs de la
cause visible , à plus forte raison revol-
ta-t-elle les Spiritualistes ; ils ne crurent
pas qu’il fût permis de représenter dans
des images matérielles l’êti e immatériel
et invisible (8) ; c’eût été directement
aller contre sa nature. Dieu n’étoit pas
plus susceptible d’être peint , que ne
l’est l’ame elle-même, ou le principe
invisible de nos pensées.
Les Spiritualistes, tels que les Juifs ,
crurent donc qu’ils nedevoient admettre
aucune image de la divinité, et que
Dieu ne de voit être vu que par la pensée,
commenousle ditTacite (9). Aussi
voyons-nous avec quel soin le législateur
des Juifs proscrit toute espèce d’image
de la divinité, comme étant absolument
contraire au culte d’un Dieu qui de sa
nature est invisible , et qui ne peutconsé-
quemment être représenté par des formes
visibles.
» Le Seigneur, leur dit-il (10) , vous a
» parlé à Horeb, au milieu des flammes;
55 vous entendîtes la voix qui proféroit
(6) Tarir. de Morib. Germ. c. 9.
(7) August. dç Civ. Dei, 1. 4 , c. 31. ,
(8) Clem. Alex. Str. 1. 3 , p. 584.
(9) Tarit, Histor, 1.5 , c. 5,
(10) Deuteroa. c. 4 , y. i a , . . v. 15 , &«,
» ses paroles , mais vous n’y vîtes au-
„ cune fo rm e ....... Souvenez-vous bien
„ que vous n’avez vu aucune figure ni
M aucune ressemblance , de peur qu e-
„ tant séduits , vous ne fassiez quel-
„ qu’imagé ou seul pitre d homme, de
„ femme, ou d’animaux, &c. «
U étoit dans les principes d un Spiritualiste
d’être Iconoclaste ; mais le culte
des images est si fort dans le goût du
peuple, qui s’accommode mal d’une religion
fondée sur des abstractions , que
les Juifs revinrent souvent aux images
que le.culte Egyptien et Phénicien avoit
consacrées. Les Chrétiens, tout Spiritualistes
qu’ils sont, ont eneore des
imases , non-seulement de leurs saints ,
mais de la divinité elle-même , du Pere
éternel , du Fils , de l’Esprit, quoique
dans leur système la divinité soit incorporelle
et invisible : tant est impérieux
le besoin de parler'aux yeux de la
multitude, qui veut être menée par les
La connoissance qu’avoient de ce
besoin et de l’empire de ce moyen
les premiers inventeurs des statues et
des images , fit imaginer le culte îdp-
latrique et l’usage des symboles religieux
qui avoient été primitivement
ignorés. A quelqu’époque que Ion fasse
remonter cette invention , quels qu en
soient les auteurs, il est certain qu elle n a
pu naître que dans ufi siècle et que chez
un peuple qui étoit déjà très-civilisé,qui
avoit du génie, des arts et des sciences.
Nous nous garderons bien de déterminer
quelle a été cette époque, quel fut
ce peuple inventeur : Eh, qui oseroit fixer
ce point dans l’éternité ? Toute ancienne
néanmoins que cette invention puisse
être, relativement à notre âge,elle; ne peut
être que moderne, relativement à la duiée
infinie des siècles qui nous ont précédé.
En effet, elle n’est point une idee première
et tellement naturelle , qu elle ait
dû se présenter dans tous les temps, à
(1) Y . ci-dessus, c. a , p* 4*
(a) Herod» Euterp. c. 50.
tous les hommes. Elle est née des
circonstances et du besoin , et du caractère
particulier du génie des inventeurs.
Elle a été généralement accueillie
et elle a dû l’être assez facilement,
par une suite cle l’ainour naturel des
hommes pour la pompe, la décoration
et les images.
Ne pouvant point établir d’une manière
incontestable l’origine de cette
invention , nous nous contenterons
d’indiquer la source d’où communément
on la fait partir, et cela avec assez de
vraisemblance.
Si ceux que nous allons nommer ne
sont point absolument les premiers inventeurs,
au moins ils le sont relativement
à notis Occidentaux , puisque ce
sont eux qui les premiers ont introduit
en Grèce et en Italie l’usage des temples,
des statues et des images des Dieux ;
peut-être même, est-ce ce qui leur en a
fait attribuer l'invention par ceux qui
l’ont reçu.
Les Egyptiens et les Phéniciens, qui
n’adoroient que la Nature, et qui inventèrent
toutes les Théogonies répandues
dans l’Univers, comme nous
l’avons vu plus haut(i), passent aussi
pour avoir été les premiers qui aient
donné une forme pompeuse au culte de
la Nature, qui lui aient bâti des temples ,
élevé des autels et lui aient consacré
des, statues et des images. La forme
nouvelle du culte, l’institution des fêtes
et dès mystères, la nomenclature des
Dieux , leur généalogie , tout le cérémonial
sacré passe pour être leur ouvrage
, au moins les Grecs conviennent
les avoir reçus d’eux (2).
Nous avons vu qu’Hérodote leur
attribue la fameuse distribution des
Dieux en douze grandes divinités (3) ;
distribution qui a été adoptée par les
Grecs , par les Romains, et qu’on retrouve
par-tout. Il leur fait aussi honneur
de l’invention des mystères do
(3) Ibid', c. 4,