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son vaisseau ? Chez le r\ ourricier d’Orus ,
ù Boutas. Où va la lame ? Elle entre
dans le signe de la Balance, à l'entrée
duquel se trolive le Bootès, appelé le
jiaurricier d’Orüs. Isis rencontre donc
ici tout ce que rencontre la Lune. Que
fait-elle alors ? Elle dépose à l’écart le
coffret' précieux (i). Il est bientôt trouvé
nar Typhon , qui chassoit au clair de
... Lune, Quel étoit le chien de Typhon?
L'Ourse céleste , dit Plutarque ; cette
Ourse fut appelée autrement le Porc
d’Erÿmanthe. C’est-là ce qui donna lieu
à la’ tradition Egyptienne , rapportée
par Plutarque (2) , lorsqu’il nous dit,
que Tvphon poursuivoit à la pleine
Lune un Porc , quand il trouva le
coure (/), qui renferinoit le corps d’Osiris.
Il le brisa pour en tirer ce
corps , qu’il coupa en quatorze morceaux
(1) ; ce sont ces morceaux épars,
(3) que rassemble Isis. Quels tableaux
nous présente le ciel , -dans la pàrtie
où la Lune se trouve pleine , avant
qit’Isis retrouve son époux ressuscité ,
ou dans la dernière pleine Lune, ijui
avoit lieu avant la néoménie équinoxiale,
qui les réunit l’un et l’autre
dans l’empire de la Lumière ? Nous trouvons
le Dragon des Hespérides , celui
dont Typhon prend la forme et les attributs
; nous trouvons l’Ourse céleste , ou
le Porc cl’Erymanthe , le Chien de
Typhon. Voilà les Paranatellons , qui
composent le cortège de la dernière des
pleines Lunes , qui arrivent pendant le
temps que le Soleil reste dans l’hémisphère
inférieur , ou de celle qui précède
l ’époque à laquelle il regagne l’hémisphère
supérieur. Entre cette pleine Lune
et la néoménie équinoxiale , il s’écoule
quatorze jours ; ce son t les quatorze morceaux
(4) dans lesquels est partagé le
corps d’Osiris , ou la Lumière du Soleil,
que reçoit la Lune pleine (/«) , et qui est
une émanation d’Osiris. Cette explica-
(1 ) De Iside, p. 358.
(2) De Iside, p. 354.
(3) Ibid. p. 3jS.
N I V E R S E L L -f.
tion du démembrement des parties du
corps d'Osiris , qui est la seule vérita.
blé , nous est donnée par Plutarque lui.
môme. Quant au partage, dit Plutarque
cc du corps d’Osiris en quatorze parties
'33 on doit y voir les quatorze jours, quis’é.
- » coulent depuis la pleine Lune jusqu’à
» la n ouvelle. C’est également pour cela
» qu’ils donnent la forme échancréedu
» disque lunaire au coffre, qu’ils coiis-
» truisent eiibois, dans les funérailles
» d’Osiris , pour imiter la forme que
» prend laLune lorsqu’elle se rapproche
» du Soleil et de la néoménie. Les vingt-
» huit années, que l’on donne, à la durée
» delà vie j ou, suivant d’autres, du
» règne d’Osiris, nous dit toujours Plu-
» turque (5) , répondent aux vingt-huit
33 jours de la durée de lalumière lunaire,
3» àchaque révolution ou à chaque mois.»
Ces traditions précieuses , recueillies
par Plutarque , justifient le système d'explications
que nous suivons ic i , dans
lequel toutes les aventures d’Osiris et
d’isis ne sont que les phénomènes luiii-
solaires, et se réduisent à la course du
Soleil et de la Lune, considérés dans
leurs rapports entr’eux , et avec les i
signes supérieurs et inférieurs, avec
l ’hémisphère diurne et l’hémisphère noc-1
turne , et avec les astres Paranatellons.
On se rappeler» , que nous ne faisons
que suivre ici la marche , que nous indiquent
Chérémon et les autres Savans
Egyptiens pour l’explication des fables
sacrées en général, et en pàrtieulier
pour celle d’Osiris et d’isis, qui n’est pas la
seule , dit Chérémon , qui doive s’expliquer
par ces principes. Nous avons
rapporté ailleurs ce passage fonda-;
mental (6) , que le Lecteur fera bien de
remettre sous ses yeux , afin qu’il voie
que notre marche est rigoureusement
conforme aux préceptes , qui nous ont
été donnés par les savans Egyptiens 1
dans ce précieux passage.
(4) De Iside, p. 388. .
Q). Ibid. p. .368.
(6) Ci-dessus 1. 1 , c. 2, p. 9. ,
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J/hémisphère diurne et l’hémisphère
Lpcturne , ont pour centre , l’on le
Soleil, et l’autre le point opposé à cet
astre 1 c’est-là que se termine l’oinbre
de la terre , et c’est ce point,-qui détermine
le lieu de la pleine Lune, toujours
en opposition avec le Soleil, et qui ne
souffre éclipse, que lorsqu’elle se plonge
dans ce cône d’ombre. C’est donc-là
Je lieu du coffre obscur., dans ' lequel
entroit Osiris , au moment où le Soleil
occupoit le Scorpion : car alors le
centre de la nuit & la pointe du cône
d’ombre tomboient sur le Taureau , ou
sur le signe , qui f’ournissoit à Osiris ses
attributs, Taureau-dont Apis, image
d’Osiris, étoit la représentation. De-là
cette cérémonie , dans laquelle on pro-
menoit un. boeuf d’or , couvert d’un
crêpe noir , le, 17 du mois du Scorpion ,
le jour de la pleineLun,e, oùl’on pleuroit
Osiris mort, et jour auquel le calendrier
Egyptien dePtolémée marque le commencement
de l’iiiver (1). On sent bien, que
chaque mois le Soleil avan çant d’un signe',
en parcourant les signes inferieurs , le
I coffre obscur ou le cône d’ombre s’â-
vançqit aussi progressivement dans les
signes supérieurs , tandis qu’à toutes
les pleines Lunes, Isis ou la Lune cherchent
à l’atteindre. Mais enfin , lorsque
la Lune se trouvoit pleine au, signe
de la Balance , et que le Soleil conséquemment
étoit au Belier, près des limites
équinoxiales, alors le cône d’ombre
passoitdans l’hémisphère inferieur.
Depuis cette époque , jusqu’à la néoménie
.suivante , qui arrivoit au Taureau
, il s'écduloit quatorze jours-y. durant
lesquels le- cône d’ombre quittait
l’hémisphère supérieur, et alloit se con-
iondre avec les ténèbres, qui régnent
dans l’hémisphère inférieur du monde.
La Lune nouvelle rejoignoit le Taureau
et lp Soleil y et alors arrivoit cette
belle npopiénie , où l’on célébroit l’entrée
d’Osiris. dans; la Lune. Le Taureau
céleste devenoitle centre dit jour , et ret
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rassoit dans l’hémisphère lumineux, tandis
que six mois auparavant, il étoit plongé
dans les'ténèbres de la nuit, à l’extrémité
du cône cl’om lire,qui en f’ormele centre.
On retrouve des traces de cette explication
, et de\la théorie qui en est
la base , dans ce passage où Plutarque
rapporte l’opinion de ceux , qui enten-
doient par le coffre obscur , dans lequel
Typhon enferme Osiris , l’ombre dé la.
Terr,e , et le.cône prolongé, qui éclipsé
la pleine Lune, quand elle y entre (2)..
Leur erreur étoit d’appliquer aux seule»
éclipses cette fable , qui tient, à la vérité,
aux rapports de la position du
cône-d’ombre de la Terre dans les Cieux,
mais qui n’a trait qn'accidentellement
aux éclipses , c’est-à-dire toutes
les fois seulement, qu’il y avoit éclipse ,
dans les limites équinoxiales (n). Voici ce
qtie dit Plutarque. « Beaucoup de gens
33' pensent,que Cette fable énigmatique dé-
33 signe les éclipses, et que le coffre obs-
33 car, dans lequel Osiris est enfermé, est
33 l’ombre délaTerre^danslaquelle entre
33 laLune, au momentdëson opposition
3> avec le Soleil. >3 Les éclipses de Lune
n’arrivent,qu’à la pleine Lune. H n’y a
de vrai dans cette tradition que ceci,
savoir, que le Coffre obscur, dans lequel
entre Osiris ,'ièt; où l’enferme Typhon ,
principe des ténèbres, c’est le cône
d’ombre, que projette la Terre, et qui
forme la nuit. Car la nuit n’est que la,
privation de la lumière èolaire, produite
par l’interposition du corps opaque
de la Terre. Son centre est toujours à
l ’extrémité du cône d’ombre, qui répond
nécessairement au point du Ciel
opposé au lieu du Soleil, et conséquemment
au Taureau d’Osiris , quand le
Soleil est uni au Scorpion de Typhon,
Quoique l’hémisphère lumineux soit toujours
égal à l’hémisphère obscur, quand,
on considère la terre en général, it ne
l’est plus-, quand on rapporte l’un et
l’antre à un peint particulier, Iet à un
horizoq donné. Ainsi , quand le Soleil
(0 Uranolog-Petav. t. 3;, p. 42V ^2) De Isid. p. 3683