élevoient continuellement la voix, en
s’efforçant de contenir dans le spiritualisme
des disciples toujours prêts à
leur échapper. L ’auteur d’un de : ces
ouvrages, connu sous lé nom de livre de
la Sagesse, s’exprime ainsi : (1) 3, tous
» les nommes qui n’ont point la connois-
» sancé de Dieu, ne Sont que vanité ; ils
» n’ont pu comprendre, par la vue des
» choses qu’ils admirent, celui qui est,
» ni reconnu le créateur dans ses ou-
vrages ; mais ils se sont imaginé que
xi le leu, ou le v e n to u l ’air le plus
xx subtil, ou la multitude des étoiles,
xi ou l’abyme des eaux , ou le soleil
3, et la lune, étaient les Dieux qui gou-
xx vernoient tout le monde ; que s’ils
33 les ont cru des Dieux, parce qu’ils
33 ont pris plaisir à en voir la beauté,
>3 qu’ils Conçoivent de-là combien celui
33 qui en est le dominateur , doit être
33 encore plus beau ; car c’est l’auteur
33 de toute beauté qui a donné l’être à
33 toutes ces choses ; que s’ils ont admiré
« le pouvoir et les effets de ces créatures,
33 qu’ils comprennent d e -là , combien
33 est encore plus puissant celui qui les
33 a créés ; car, là grandeur et la beauté
33 dé la créature, peut faire connoître
33 et rendre en quelque sorte visible le
>3 créateur. 33 L ’auteur cependant excuse
ceux qui s’en tiennent à la puissance
visible, et ne sentent pas le besoin d’en
imaginer une autre hors de là nature ;
» et néanmoins, dit-il, ces hommes
33. sont un peu plus excusables que les
33 autres; car, s’ils tombent dans l’erreur,
33 on peut dire que c’est en cherchant
33 Dieu, et en s’efforçant de le trouver ;
33 ils le cherchent parmi ses ouvrages,
33' et ils sont séduits par la beauté des
33 choses qu’ils voient. » Cet aveu marque
plus de franchise, que le 'raisonnement
ne renferme de logique ; car , avant de
remonter à la beauté de l’auteur invisible,
en voyant la. beauté de là cause
visible, il falloitprouver que cette cause
étoit un effet, un ouvrage ( ce qui précisèment
fait le sujet de la question) et
non pas le supposer. Il résulte toujours
de Cé passage, qu’excepté un petit
nombre cl’hoinmes plus clair-voyans que
les autres, et qui devinoient ce que ni
eux, ni d’autres, n’avoient jamais vu,
et ne dévoient jamais voir, le reste des
hommes ne connoissoit d’autre cause
universelle et d’autre divinité que la
Nature e t’ses parties ; l ’Univers à leurs
yeOx, senibloit renfermer en lui-même,
primitivement et par essence, le principe
de vie, de mouvement, et d’harmonie,
qu’on y remarque.
Les nations savantes de l’Orient, les
Egyptiens et les Phéniciens , deux
peuples qui ont le plus influé sur les
opinions religieuses du refte de l’Univers
5 ne connoîssoient d’autres Dieux ,
chefs de l’adminiftraüon du monde, que
le soleil, la lune, les astres et le ciel
qui les renferme , et ne chantaient que
la Nature dans leurs hymnes et leurs
théogonies. Diodore-de-Sîcile , Eusèbe
et tous les auteurs qui ont parlé de la
religion de ces peuples , n’ont là-defius
qu’un même sentiment. 33 (2) Les Phéni-
33 ciens et les Egyptiens , dit Eusèbe ,
33 ont les premiéis attribué la divinité
xx au soleil , à la lune et aux étoiles ,
33 et les ont regardés comme les seules
33 causes de tous les êtres produits et
33 détruits. Ce sont eux qui ensuite
33 ont répandu dans l’Urîvers toutes
33 les opinions qu’on y trouve sur la
»• génération et la filiation des Dieux.
55 On 11’avoit point encore porté son
33 esprit au-delà dés causes visibles de
33 la nature et des phénomènes céleftes,
33 excepté up petit nombre d’hommes
33 connus Chez les Hébreux , qui, à
33 l’aide des yeux de l’a me , s’élevant
x> au-deiîus du monde vifible. ont re-
» connu et adoré le fabricateur et l’ar-
xx chitecte souverain du monde. Frappés
3? de la sagesse et de la puiffanee qu’ils
33 crurent apercevoir dans son ouyrage,,
»J Persuàclés qu’il est lé seul Dieu, ils
(1) Euseb. Pi* j . Ev. (0 c. 13. v. », '1. i. je. 6.. g c. 9.
» firent du dogme de l’unité de Dieu la
» base de la théologie qu’ils transmi-
33 rent à leurs enfans , qui la conser-
3> vèrent comme la véritable, la pre-
33 mière et l’unique doctrine qu’on dût
xi avoir de la divinité.... Le reste des
33 hommes séduits par le spectacle des
33 cieux , regardèrent comme Dieux ces
xx corps lumineux qui brillent au firma-
» ment, leur offrirent des sacrifices,
k se prosternèrent devant eux , et n’e-
33 levèrent pas leur ame ni leur culte
,3 au-delà du ciel visible. Les erreurs
33 des Phéniciens et des Egyptiens ont
33 paffé chez les Grecs avec les myttères
» d’Orphée et avec la connoissance
33 des lettres. H Le même Eusèbe-, dit
ailleurs (1) ix que les Hebreux f urent les
33 seuls mortels qui regardèrent les pre-
33 miers élémens, la terre , l’eau, 1 air
33 et le feu, le soleil , la lune , les astres
33 et toutes les parties qui composent
33 l’Univers , non comme autant de
33 Dieux , mais comme les ouvrages de
33 la divinité ; et qu’ils imaginèrent une
i3 subftance intelligente supérieure à
33 tout cela , qui en dirigeoit les mou-
33 vemens , en régloit P ordre et entre-
33 tenoit cette admirable économie. «
Mais il sont forcés de convenir, ces
Hébreux , que cette religion des Spiritualistes
n’étoit pas leur culte primitif,
et que leur Abraham , s’il eft vrai qu’il
ait jamais exifté , nâquit et fut eleve
dans le Sabisme et dans la religion des
adorateurs du feu et de la Nature entière.
Les Chaldéens, les Cananéens, les
Syriens, au milieu desquels ils vivoient
et dont on cherchoit à les séparer par
le spiritualisme, n’avoient point d’autres
Dieux (2). Les Cananéens avoient consacré
des chevaux et des chars au soleil, leur
grande divinité. Les habitans d’Emesa
(1) L. 7. c. 3.
(2.) Hyde. de Vet. Pers. Rel. p. 117»
(3) Hérodien. 1. 5 , p. 201.
(4) Euseb. Præp. Evang. 1. 3. c. 11.
(5) Hygin. 1. 2 , c. 42.
(6) Germa«. Cæs. c. 36.
(7) Lucian. de Deâ Syria. p, 878.
en Phénicie, adoroient ce Dieu sous le
nom d’Heliogabale, ;et lui avoient élevé
un magnifique temple , où brilloit i’o r ,
l’argent et les pierres les plus précieuses
(3). Non-seulement les habitans
du pays, mais les rois, les chefs des
nations voisines y aboient porter tous
les ans les plus riches offrandes, nous
dit Hérodien. Hercule étoit la grande
divinité des Tyriens ; et les traditions
sacrées du pays portaient qu’il étoit le
même que le soleil (4) , et que la fable
des douze travaux exprimoit la course
dé cet àffre dans les douze lignes du
zodiaque. Nous aurons occafion de prouver
ailleurs que les auteurs de cette
tradition avoient raison.
Les Syriens adoroient les étoiles de
la conflellation des poiffons (5) , et en
avoient consacré les images dans leurs
temples (6). Le culte d’Adonis étoit établi
à Bybios et dans le voifinage du Liban
(7) ; et tous lés savans conviennent
que c'était le soleil (8) qu’on adoroit sous
ce titre , qui répond à celui de seigneur.
Cet aftre avoit un magnifique temple
à Palmyre , qui /fut pillé jiar les soldats
d’Aurelien (9) , !et dont ce prince ordonna.
la restauration et une nouvelle
dédicace. Les Fjeïades (10), sous le nom
de Succoth-Benoth, furent honorées
d’un culte public par les colonies Babyloniennes
établies dans le pays des
Samaritains. Saturne , ou la planète de
ce nom, s’appelle Reinphan, chez les
Cophtes (11), et les Actes des apôtres reprochent
aux Juifs d’avoir adopté le
culte de l’aftre Remphan fia) ; ce qui ne
permet pas de douter que les peuples
au milieu desquels qs vivoient , et dont
ils honorèrent quelquefois les idoles ,
ne rendiffent un culti? à cette planète.
( i3) La planète de Jupiter portait le nom
(8) Macrob, Saturn. I. i, c. z>. i
(9) Flav. Vopisc. in Aureliano.
(10) Kirker. (Edip. t, i , pi 35°*
(11) Kirker, (Edip. t. 1 , pJ^ 383.
(12.) Act. Apost. c. 7, v. 43.1
^(i3)Salmas. Ann. CI. p. 5x^* Kirker. (Edip.
t. 2, p. 425, •