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du Bélier à toison d’o r, vient la conquête
des Boeufs de Géryon. LAstro-
nomie et la Poésio-offrent donc Successivement
les mêmes tableaux, puisque
la fable suppose qu’Eurysthée imposa
au vainqueur des Amazones un
dixième travail, qui consistoit à lui
amener les Boeufs de Géryon , qui pais-
soient dans les contrées voisines de
l’Océan 5 et que la sphère , sous ce
dixième signe, nous offre l’image d’un
Boeuf, et parmi ses Paranatellons, celle
d’un bouvier ; ce bouvier descend dans
les flots de l’Océan, qui baigne les
côtes d’Espagne. C’est lui qui, dans la
sphère Indienne , est désigné dans le
second Décandu Taureau, sous l’image
d’unhomme actif, qui conduit des boeufs,
et qui réunit dans sa personne monstrueuse
(1 ) les parties du corps de
l’homme à celles du Bélier et de la
Chèvre, et qui véritablement offre
un composé de trois corps. Cet assemblage
bizarre n’est que la réunion
des trois principaux Paranatellons du
Taureau, qui sont le Bouvier, la
Chèvre et les parties antérieures du
Bélier. Au lever du Taureau, dit Hygin
( 2 ) , « se lève l’extrémité du pied
» gauche du Cocher, et sa main droite,
» où sont les chevreaux et la Chèvre.
» Arctophylax , ou le Bouvier , se couche
». Aratus et Théon en disent autant.
Nous avons donc pu projeter ici le Bouvier
, comme Paranatellon du Taureau.
Par la même raison , nous y avons
aussi projeté le Cocher, qui porte la
Chèvre et ses chevreaux, ou Aiga femme
de Pan , de ce Pan appelé autrement
Faune par les peuples d’Italie.
La sphère Barbare de Scaliger met ,
comme nous, le Cocher parmi les tableaux
, qui montent avec les derniers
degrés du Taureau. Aratus et Théon
font pareillement lever avec le Taureau
(3 ) , 1a Chèvre et les chevreaux, quifont
( i l Scalig. not. ad Manif. p. 337.
( î) Hygin. i. 4 , c. 13.
(3) Theon. p. 177.
partie du Cocher: Le calendrier <Jei
Pontifes-ou des fastes d’Ovide fixe vers
le milieu du mois, où le Soleil parcourt
le Taureau, le lever de la Chèvre
Amalthée. Le calendrier rustique de C0.
lumelle (4) marque aussi à la fin d’avril
sous le Taureau, le lever de la Chèvre,-
Ce Paranatellon est donc ici à sa place,
Nous pouvons en dire autant d’Oiion
et des Pléïades, que nous avons aussi
projetés sùus la dixième division de
notre planisphère, ou sous le mois du
Taureau. En effet le calendrier des
Pontifes indique pour ce mois le cou.
cher d’Orion , et le lever des Pléiades,)
ou des Atlantides. C’est à ce lever des)
Pléiades et des étoiles du front du
Taureau, qui sont à côté, que les traJ
ditions des Pontifes fixent une cérémonie
religieuse, commémorative ds
l’arrivée d’Hercule en Italie avec les
Boeufs de Géryon, qu’il venoit de conquérir
, et cela peu de temps avant qu’il
s’acheminât à son onzième travail,
C’étoit au moment même où l’on
célébroit les mystères de la bonne
Déesse, au lever de la Chèvre, suivant!
le calendrier sacré des Romains. Her)
cule, ajoute-t-on, fut reçu par Faune)
Nous avons donc eu toutes sortes de rai)
sons pour marquer sons cette division les
sept Atlantides ou Pléiades , qui fou)
partie de la constellation du Taureau
D’ailleurs les Atlantides figurent dan)
la Mythologie avec Orion, sous le nom
des sept filles d’PIespérie et d’Atlas,à
la poursuite desquelles s’attaclioitOiionJ
qui effectivement monte sur l'honnonl
après elles, et qui semble les poursuivra
toujours dans les cieux.
Théon ( 5 ) , en parlant des PIAj
des, ou des filles de Pleïone et d’Atlas
, dit qu’elles avoient été obligées
de fuir les poursuites d’Orion J
fils dë Neptune, qui pendant cinq H
s’attacha à leurs pas et à ceux de jeoj
(4) Columelle, 1. n , c. % p. 42;
15) P- >3*.
mèrOi
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mère et vouloit les violer. Jupiter tou- par-'à, cbmment les fhbles sucrées de
' ché de leur sort les métamorphosa en
pléiades et les plaça aux cieux sous
| Je nom d’Atlantides. Il fixe pareille-
! ment leur lever du matin en mai ( 1 ),
| le Soleil étant, dit-il, dans le Taureau,
I c’est-à-dire, sous notre première divi-
I sion, ou-sous le mois auquel répond
le dixième chant du poème d’IIercule.
I C’est précisément dans ce même chant,
que l’auteur du poème d’Hercule place
l’aventure des sept filles d'Atlas, ou
des Atlantides, dont la beauté et la
I sagesse avoient inspiré de l’amour à
Busiris roi d’Egypte, fils de Neptune (2),
qui voulant s’en rendre maître avoit
I envoyé des pirates pour les enlever.
Hercule tua les pirates et rendit les
filles à leur père Atlas , quipn recon-
noissance fit part à Hercule des con-
noissances Astronomiques, qu’il porta
Iensuite eh Grèce. Hercule ( 3 ) tua
; aussi alors Busiris, le ravisseur de ces
filles, prince féroce qui égorgeoit les
j étrangers, qui abordoient en Egypte ;
Let bâtit ensuite la superbe ville de
! Thèbes dans la haute Égypte.
Il n’est pas difficile a’appercevoir,
| qu’il n’y a que le nom d’Orion à subs-
} tituer à celui de Busiris, pour recon-
noitre les amours d’Orion dans ceux de
Busiris pour les Pleïades , que l’un et
; 1 autre veulent favir, l’un près de Thè,-
bes en Boeotie, l’autre près de Thèbes en
hgypte. On y voit un même phénomène
Astronomique , qui a lieu au lever du
Taureau , sur lequel sont placées les
, fleiades, et sous lequel , et à la suite
[duquel se lève et monte toujours Orion.
Ou remarquera, que le Serpentaire, qui
porte lesnomsde Cadmus, et d’Hercule,
fonda aussi la Thèbes de Boeotie, dans
je lieu où le Taureau d’Europe , celui-
ja même qui est au Ciel, et qui porte
hs Pleïades, vint se reposer. On voit
la Thèbes d’Egypte , et celles de la
Thèbes de Grèce, (c) se rapprocher: t,
dans l’aventure des Atlantides, poursuivies
ici par Busiris, fils de Neptune
, et là par Orion , fils d’un boeuf
ou d’un taureau , dont Neptune féconda
la peau. Dans les Dionysiaques de Non-
nus-(4) , c’est aussi, à la lin de l’hiver ,
lorsque le Soleil se lève avec le Taureau,
et avec Orion, dit le Poète, que
Cadinus fonde sa ville de Thèbes; c’est
alors que paroît, dansNonnus, le jeune
Emathion, fils d'Electre , ou d’une des
sept Pleïades , qui reçoit Cadmus (5).
C’est également, dans le Poème d’Her-
cule, dont Diodore nous .a conservé les
débris , à l ’époque des amours de Busiris
pour les Pléiades,,qu’est rapportée
l ’histoire d’Emathion, roi d'Ethiopie,
dont Hercule triomphe ; nouveau rapprochement
entre les fictions des Grecs
et celles des Egyptiens, en cetendroit du
Poème. Lorsque Cadmus fonde sa ville
de Thèbes, c’est-à-dire, au moment
où le Soleil arrive au Taureau, Jupiter
venoit de détruire Typhon , ou le mauvais
principe, qui avoit régné tout l’hiver.
De même Hercule, lorsqu’il va en
Egypte fonder Thèbes, venoit de délivrer
la Crète de tous les animaux venimeux,
des reptiles , des ours, des loups, et la
purger de toutes les productions du
mauvais principe. C’est une allusion à
ce qui se pratiquoit en Orient, à l ’Equinoxe
de printemps (6), où l’on signaloit
sa dévotion, en tuant toutes les productions
d’Arhiman , et en se munissant
de Talismans', qui avoient la vertu de
chasser les scorpions, et les autres reptiles
que produit le principe du mal et
des ténèbres qui avoient régné tout
l’hiver. Cette allusion fut rendue ailleurs
par la fiction du brigand Cacus , dont le
nom signifie \eMéç/iant,et dont Hercule
h) Theon. p. 134.
(2) Diod. Sic. c. 17.
(3) Diod. Sic. c. 18.
(4) Dionysiaq. 1, 3.
Relig. Uriiv. Tome I.
(5) Dionysiaq. Ibid.
(6) Zemf-Avest, t. 2 , part. ï , p. 377 ; Hyde;
c. 16 , p. 255.
V v