planétaires. La nouvelle Jérusalem de
l ’Apocalypse a aussi douze portes ,
douze fondemens , douze génies à
chàcpie porte ( i ). L ’Astrologie dirigea
le plan de cette ville chimérique, comme
elle avoit dessiné celui de la nouvelle
ville bâtie par Hadrien ; c’étoit l ’esprit
du siècle et la grande science à la mode.
Lés Byzantins (a ) avoient dans leur
ville un édifice public appelé Zeuxippe,
ayant quatre portes, et au milieu duquel
étoit élevée la statue du soleil de forme
Colossale ; ils appeloient ce lieu Hélion,
du nom du soleil.
On voit dans un livre Chinois ( 3 ) ,
l’indication de la cérémonie qui se fai-
soit à l’ancien palais, le premier de
chaque lune. Ce palais renfermoit quatre
bâtirnens, dont les portes regardoient
Les quatre coins du monde ; le bâtiment
de l’est étoit pour les lunes de
printemps; celui dè l’ouest pour celles
d'automne ; celui du midi pour Celles
d’été , et celui du nord pour celles
d’hiver; à côté de ce palais , il y avoit
douze loges pour 'les douze lunes. C ’est
là que l’empereur et les grands venoient
faire la "cérémonie de l’immolation de
la brebis , ou de l ’animal qui préside
au premier de nos signes. Alors le président
du tribunal de mathématiques ,
on le chef des Astrologues annonçoit
le j our de la lune ; ensuite on montoit
A la totrr , et on Observoit vers les
quatre parties du monde. Cet. édifice
’«Voit beaucoup de ressemblance avec
le labyrinthe oEgypte (4 ) , dont nous
avons parlé plus haut , cet dont nous
-avons fait, voir lès rapports avec les
divisions célestes, Les Chinois ont aussi
une division du Zodiaque en vingt-
'quatre parties (y ’) ; ris ont consacré
cette division dans le cérémonial religieux
, ét dans la pompe d’nhë de leurs
processions (5) quia un but ailégèriqpe,
comme l ’avoit tout le Cerémoaial ancien.
(1) Apocalyp. c. 21,
?S Chrome, Ibid. 620.
3) Souciet. t. 3, p, 33.
4) Ci-dessus, p.
La marche s’ouvre par vingt* quatre
tambours , rangés sur deux lignes , ou
files, et par vingt-quatre trompettes ;
vingt-quatre hommes à la livrée de
l’empereur, armés de bâtons de sept
pieds de long, suivent cette musique.
On voit venir ensuite vingt-quatre bannières,
sur lesquelles sont représentés les
signes du Zodiaque , que les Chinois,
comme nous l’avons déjà dit , divisent
en vingt-quatre parties 5 puis cinquante-
six autres bannières qui ont rapport
aux cinquante-six constellations auxquelles
les Chinois réduisent toutes les
étoiles. Vient ensuite l’empereur qui
porte une longue veste jaune; le fond
en eat de veloursbrodé en plein d’une
multitude de dragons, qui ont cinq
griffes à chaque pied ; deux gros dragons
avec leurs corps, et leurs griffes entrelacés
remplissent des deux côtés le
devant de la poitrine. Ils sont dans une
attitude qui laisse croire, qu’ils s’efforcent
de s’élancer sur une très-belle perle,
qui semble tomber du ciel. Peut-être
cettë image symbolique représente-t-elle
une éclipse de soleil, d’après l’opinion
populaire de ces pays, qui est que l’eclipse
n’arrive, que parce qu’un dragon englou-
titcet astre. Ce préjugé est né de l’altération
d’une opinion plus sage,savoir,que le
principe ténébreux qui réside dan s la matière
, et qu’on peignoit par un dragon,
obscurcit-en ce moment par son interposition
lalumièré du soleil. Car les anciens
Orientaux se plaisqient à rendredes vérités
physiques , sans des formes monstrueuses,
qui étonnoient ceux qui les
écoutoient. C’est ainsi qu’ils déroboient
la science A la corinoissance du commun
des hommes. C’est l’empereur qui,
à la Chine , est chargé -(-.6) d’offrir des
sacrifices solemnels aux génies du ciel,
dé la terre , dés montagnes , des vallées,
des rivières, &c.
Ainsi, par-tout le despotisme s’étaye
TO Contant d’Orville, t. 1 ,p . 92.
(6) .M. de.Paw, Recherches sur.les Egyptiens^
les Chinois, t 2, p. 42.
de
de la religion ; car il n’est point d’homme
plus puissant, que celui qui seul a droit
de corn muBiquer immédiatement avec la
divinité, et d’intimer aux crédules mortels
les ordres de l’invisible , qu’on fait
toujours parler, suivant l’intérêt de son
organe.
Les anciens Chinoisb j avoientdonné
les noms dit ciel ,-‘de.la terré et des quatre
saisons àux six-grands collèges de là
cour ; c’eft au collège d’automne, qu’on
adresse maintenant les affaires nrimi-
nellës. Les Chinois ont un.exercice mili-
taire ( f l , datés lequel ils imitent les révolutions
de la Nature par leurs évolutions.
D'abord , le nombre oinq , qui est
célui des planètéS,: et-qui étoit celui des
anciens Dactyles Cretois , y eft singulièrement
consa cré: cinq hommes^ armés de
sàbrèp et de'boucljéfs- , se combattent les
uns lefd autres, dé: manière que leurs boucliers
par cette' position imitent la forme
d’unè 'éertaîne fleur. Ceci noué rappelle
la danse dés Sàliens avec leurs bbucHers,
et leurs exercices militaires en honneur
de Mars, dont ils étoient les prêtres. Ils
font une manoeuvré-pou* imiter la pro-
jeètiôn de la lune; dans une évolution
générale , ou les 'Cinq corpà" ‘de milice
sont employés, ils imitent les quatre
coins de la terre, et ensuite la rondeur
du ciel, en mêlant la cavalerie aux sens
de pied. °
Ainsi, chez les Grecs, la marche des
c coeurs au théâtre (3) représentait'les
mouveraens du ciel et des planètes ; là
strophe et 1 anti-strophe , suivant Aris-
toxène (4), étoient une imitation du mouvement
des astres. Dans les cérémonies
qn on faisoit en honneur des Divinités-
planètes , on imitoit souvent leur costume
: il falloit être en habit de femme,
pour se présenter (5) dans le temple de
enus , et endosser la cuirasse et s’ar-
M s“ Dei Egypt.eflesChin. t. 2 , p.337.
la; Ibid. p. •
/ \ ^Pl^®r, tSdip. t, 1 , p. 236.
(4) Aristox. Lib. de f orainin, Tibîar.
C l Lentir. Lib. de Art. Màgiiâ.,Kîrker, (Edip.
I l S t P ! ; •
J teü ff. U n iy . T om e I .
mer de là- pique , pour se présenter devant
Mars. On voit que c’est encore ici
le Renie imitatif, qui règle Je costume de
1 adorateur des astres.
Les jeux mêmes , qu’on inventa pour
amuser le loisir de l’homme sédentaire,
retracèrent souvent l’ordre du monde
et le système dès corps1 cëlëstësV Le jeu
qneJPalàmède inveita au prétendu'.sîérié
de Troie , pour délaiàer jesGrecs , con-
tenoit le tableau de l’Univérs et de ses
parties avec les divifions connues , et il
suffit pour prouver le génie imitatif-de
ces siècles-la (G) , oh on ne trdùvoit
•tien de si beàn à copier que la Nature.
La terre , les.doitze'rignes du zodiaque,
les sept planètes ét la hauteur des coeftÿL
dont le mouvement règle la fatalité et
le sort du jeu de la vie, y étoient retracés
par des pièces emblématiques, telles que
la-tour, lés dduze easeS , l’échiquièr lut-
meine, &c, (z).'Si le goût de l’Astrolovie
-et des peintures1 : de; lbrdre du ihoUdé
dirigea les amusemens ét " les jeux des
anefens- peuples , quelle dut être son
influence sur la construction des tem-
plps , sur la composition1 des images ët
des statues, èt sur tout le cérémonial
1 religieux ?- Par-tout la Natuÿè 'reconnût
Son empreinte. - . n:. , i l ■ ,
Le bouclier d Achille, dans HdnlèVetv),
représentait l’Univers, le soleil, la lune,
les constellations | sa formé orbictdaire
retraçoit celle du monde j le mélange
des métaux étoit analogue à la nature
des élémens qu’il reprefentoiî ; on y
voyoit là mer, le ciel, le soleil, la
pleine lune , les plus apparentes de nos
constellations, les divisions des cinq
zônes, &c. (8 ^ l’or, suivant Heraclite de
Pont , y design oit la zône torride.
Souvent on sculptoit,, Ou:on gravoit les
constellations-sur les vase&, ou sur les
epupes. Anacréon ne veut pas que l’ou-
(6) Cecîren. p. 125.
y ) Ibad. 6 , v. 485 ,• &c.
^c’n* P’^49* Heraçl. Pont. Opus.
•Mytaol.-Edà. Tri. Gale. p .1 467 , -47j , 47J
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