Lune, au moment où le Soleil passoit dans
l'hémisphère boréal , et où la Pyramide ne
.devoit plus rendre d’ombre. C’est ici l’occasion
de se rappeler le passage de Diodore sur Isis , et
sur la vache de bois dans laquelle elle rassemble
les débris du corps de son époux.
( qq ) Lorsque vous entendez , dit Plutarque
( i ) , les histoires merveilleuses que les Egyptiens
font sur leurs Dieux j lorsqu’ils vous
parlent de leurs courses, de leurs démembre-
xuens et d’autres aventures de cette espèce, il
faut bien se garder de prendre ces choses à
la lettre , et de croire qu’elles se soient ainsi
passées; leur style , comme leurs images, tout
est allégorique. Croire qu’effectivement la Divinité,
qui par sa nature est heureuse et immortelle
, éprouve ces déchiremens , et ces
aventures tragiques, est un erreur abominable ,
contre laquelle il est inutile de prévenir le lecteur.
On ne doit avoir que de la haine pour
ceux qui auroient des opinions aussi barbares
et aussi impies sur la Divinité. Je ne sais ce
que penseroit Plutarque d’un Dieu crucifié. Au
reste, il ne faut pas s’imaginer, que ce ne soit
que des fictions vagues, et sans aucune espèce
de fondement. On doit les comparer à l’Ârc-
en-Ciel ( 2 ) , qui se joue sur le nuage, et
qui n’est que l’image du Soleil , dont les rayons
éprouvent diverses réfractions dans ce nuage.
Çes allégories réfléchissent une lumière , dont
il faut chercher ailleurs le foyer, et.la source
véritable. Tout le cérémonial Egyptien, généralement
symbolique , prouve que le génie
allégorique a présidé à toutes ces histoires,
( rr) Comme les premiers hommes s’attristèrent
sur l’éloignement du Soleil en hiver , et prièrent
cet Astre de hâter son retour vers eux, et de
ne pas les livrer aux horreurs d’une nuit éternelle
, iis pleurèrent aussi le dépouillement de
la nature , qui étoit une suite de cette absence ,
et en déposant dans le sein de la terre les semences
d’une nouvelle récolte , ils prièrent le
Ciel et la T erre de s’unir ençpre pour féponder
ces nouveaux germes , et pour leur rendre de nouvelles
moissons (3). Tel fut le premier objet des
fêtes de deuil, célébrées en Grèce en l’honneur
de Cérès et de Proserpine. La mysticité les
tourna ensuite vers un autre but plus relevé ,
et qui tenoit à la théorie des âmes.
( а ) Plutarque dit formellement, qu’il y avoit
un poème appelé la Théseïde, où Jes exploits
de Thésée étoient chantés. Aristote , dans sa
poétique, parle aussi de la Théseïde et de
( 0 De Isîde , p. 355,
(2) Ibid. p. 35S.
(3) Ibid. p. 379.
(4) Aristot. Poétic. c. S,
($) Plut, vira Thés.
(б) Pausan. Heliac. 1, 166.
X7) Pausan. Corinth. p. 75.
l ’Héracléïde ( 4 )• Cette Fable se lie &
celle de Jason ; car Plutarque suppose que
Médée, lorsque Jason l’eut quittée , se réfugia
chez Egée, et vécut dans un commerce illicite
avec lui ( 5 ). Eile voulut même engager ce
Prince à empoisonner le jeune Thésée, lorsqu’il
arriva avec son épée et ses chaussures , pour
se faire reconnoître ; ce qui s’accorde assez, si
Médée est Méduse, placée près de Persée, qui
se lève au coucher de la Coupe.
(b ) L’Hercule céleste porte aussi le nom de
Thésée $ il est précédé de la Ly re , appelée
Lyre cTHercule ou de Thésée, et de la couronne
boréale , appelée Couronne d*Ariadne.
Sur le coffret de Cypsèlé , on les trouve exactement
groupés ainsi. On y voit Thésép, qui
tient une Lyre, et Ariadne, qui tient une
Couronne (6 ).
(c ) Thésée défit dans la suite les Amazones
en cet endroit, et on y éleva un temple à
Mars ( 7 ).
(c?) Sur la route d’Hermione à Trézène, on
trouvoit la source du fleuve Hylycus, autrefois
Taurius , et la pierre nommée pierre de Thésée,
parce que ce Héros l’a voit soulevée, pour
y prendre l’épée et les chaussures qu’y avoit
cachées Egée (8 ) .Avant cela, on l ’appeloit l’autel
de Jupiter Sthénius ou le Fort ( 9 ). Un monument
en bronze , placé dans la citadelle. d’Athènes ,
retraçoit cette aventure de Thésée, qui n’avoit
alors que seize ans (10). On y avoit aussi représenté
sa victoire sur le Taureau céleste ,
connu dans les Fables sous le nom de Taureau
de Marathon , et qu’Hercule avoit dompté en
Crete, avant de l’amener dans le Péloponèso
et dans l’A.ttique , où il tua Androgée , fils dje
Minos. Nous avons une Epigramme Grecque sur
la statue de ce Héros domptant, comme Michra ,
le Taureau de Marathon (11),
( e ) On voit ici une allusion au Solstice j et au
coucher de l*Ingeniculus porte - massue. Hercule
prenoit, pour symbole de son premier travail,
la peau de lion, emblème du premier signe.1
Thesée prend la massue , emblème de la force
solaire à cette époque. Le Soleil s’arrête au Solstice
, et l ’Ingeniculus porte - massue est tué 9
c’est-à-dire, se couche. Thésée étoit peint avec
une barbe pleine ( 12 ) , telle que celle que l’on
donnoit aux effigies du Soleil solstitial, suivant
Macrobe ( i3).
00 On remarquera, que Ménalippe étoit fillo
du Centaure Chiron , et que tous les Héros ici
nommés tiennent à la famille du Centaure,
(8) Pausan. Corinth. p. 95.
(9) Ibitk p. 76.
(10) Pausan. Attic, p. 26.
(11) Epigram. Græc. 1. 4, Epig.
(ia) Luc, t. 2, Cynic. p. 971.
(13) Microbe $at. 1. 1, c, 18.
( g ) C’est pour cela qu’on chantoit dans cette
cérémonie : « Divine Branche , tu portes des
» figues et du froment 3le miel délicieux et l’huile
» salutaire découlent de tes rameaux sacrés 3 et
as les vieilles trouvent en toi ce doux Nectar, dont
33 elles s’enivrent et qui les endort 33. C’étoientlà
les principales productions de l’Attique.
(h) On choisissoit un certain nombre de jeunes
garçons , pris dans les plus nobles familles de
chaque tribu, qui avoient tous leur père et leur
mère vivans. Ils portoient à la main des branches
de vigne avec leurs raisins , et couroient, depuis
le temple de Bacchus jusqu’à celui de Minerve-
Scirade , qui étoit au port de Phalère. Celui qui
arrivoit le premier bu voit une coupe de vin , où
l’on avoit mêlé du miel, du fromage, de la farine
et de l’huile. Ils étoient suivis d’un choeur 9
conduit par deux jeunes hommes habillés en
femmes , et qui chantoient les louanges de ces
jeunes garçons. Les femmes les accompagnoient 9
portant sur leur tête des corbeilles ; et l’on choi-
siseoit pour cet emploi les plus riches de la ville :
toute la troupe étoit précédée par un Héraut,
qui portoit un bâton entouré de rameaux.
( i ) On avoit gràvé les tableaux différens des
événemens de cette guerre ( 1 ) , sur le bouclier
de Minerve et sur le piédestal de la statue de
Jupiter Olympien.
( k ) Trézène étoit voisine d’Epidaure , ville
fameuse par le culte d’Escnlape (2 ) et de ses
Serpens, ou de la constellation appelée le Serpentaire
et Thésée., Ceux de Trézène se van-
toient d’avoir eu les premiers chez eux le fameux
Horus ou l’Apollon Egyptien ( 3 ) , à qui les
Egyptiens consacrent Orion, qui se couche au
lever du Serpentaire. Ceux d’Epidaure^sacrifioient
au Cocher céleste , qu’ils appeloient Hippolyte ,
fils de Thésée ( 4)* Us avoient planté un bois
sacré et élevé une statue. O11 voyoit dans la même
enceinte le temple du Soleil et d’Apollon, dont
le Cocher Heniochos , comme Phaëton, dont
Hippolyte éprouva le sort , conduisoit le char
vers nos régions. On alloit consacrer ses cheveux
dans son temple. On dit que Thésée, dans sa
jeunesse , s’assujettit à cette même pratique , et
qu’il alla consacrer les siens à Delphes, à Apollon,
et qae le lieu où il les déposa s’appela Thé sels,
(/) D’autres disent, qu’il combattit le Sanglier
de Calydon ; d’autres , tels que Strabon , liv. 8 ,
que cette Laye étoit mère du Sanglier de Calydon
( 5 ).
( m ) Gerntanicus, subjinem , compte Arcturus,
O rion et les Chevreaux au nombre des Constellations
, qui excitent les vents impétueux et les
orages.
(1) Pausan. Attic. p. 17.'
(2) Paus. Corinth. p. 71,
(3) Ibid. p. 68, 70.
.(4) Ibid. p. 74.
(n) On personnifia la massue , sous le nom de
Corynztes-, comme on l’a personnifiée sous celui
de Ropalos , compagnon d’Hercule. On fit
même allusion à la peau du Lion, que porte
l’Ingeniculus, en supposant qu’Hercule étant
venu à Trézène (6), chez Pithée, avec la peau
du Lion, tous les enfans de Trézène eurent peur 9
croyant qu’il avoit avec lui un véritable Lion.
Le jeune Thésée seul n’eut pas peur; mais au,
contraire il s’arma pour le combattre.
(o) Le combat contre Procruste est le sixième y
et il doit répondre au Capricorne , Neptunia
proies. On disoit Procruste fils de Neptune.
( Hygin , Fab. 38 ).
Sciron seroit-il le Centaure ou Pégase , Sciron ?
Ce qu’il y a de certain, c’est que dans la généalogie
de la Nymphe Endéide, Plutarque dit qu’elle est
fille de Chariclo et de Sciçpn ; et Apollodore , de
Chariclo et de Chiron; ce qui feroit croire, que Sciron
et Chiron sont le mêfne nom , différemment
prononcé. Le caractère d’homme juste,que veut lui
rendre Plutarque , s’accorde assez avec l’opinion reçue
sur le Centaure Chiron, célèbre pour sa justice,
à cause de la Balance. Cependant Sciron pourroit
être le vent qui souffle sous.la division de la Balan-
ce,aulieudu lever du Centaure,et que l’onappeloit
Scirony comme on peut le voir dans notre Planisphère
sur Hercule. Il n’est pas étonnant, qu’un
vent impétueux soit représenté comme un Athlète
terrible , qui précipitoit dans la Mer ceux qui
n’avoient pas la force de lui résister. Voilà cette
espèce de lutte , qu’il proposoit à tous les étrangers
, qui passoient dans la route escarpée , qui
va de Mégare à Corinthe, près des roches Mo-
lurides , où il souffloit, et où l’on dit qu’il habi-
toit (.Pausan. Attic. pag. 43). Une tortue étoit
en bas , qui déchiroit ces malheureux. Alors se
couche la Lyre placée sur le Centaure. (Testudo ).
Columelle ( liv. 11 , cap. 2 , pag. 428), nous d it,
qu’au 10 des kalend. de septembre, Testudo 9
F id is , se couche et excite de violentes tempêtes.
Strabon , liv. 1 , p^g. 28, dit que , pour l’At-
tique , le vent du couchant , Zéphyr , souffle
du côté des roches Scirroniennes ; ce qui fait
qu’on les appelle les Vents Scirroniens ou de
Sciron. Arrien d it, que c’est le Thrascius quis’ap^
pelle Sciron. Hesychius , que le vent Sciron
s’appelle Argestés (7). Pline, liv. 2 , chaj). 4 7 ,
parle du vent Sciron , comme d’un vent qui est
contigu à l’Argestés , et qui n’est, connu que des
Athéniens. Voyez.aussi Suidas, et Strabon , 1. 9 ,
pag. 391 , sur les vents Scirroniens. Ils disent,
que ces vents sont violens , et excitent des tempêtes.
(ç) Natal. Com. I. 7, c. 9, p. 730.
(6) Pausan. Attic. 26.
(7) Hesych. voc. Scyron»