de Divi-potes, ou Dieux tout-puissans
( i ). Aussi, Vairon, si savant dans les
antiquités romaines, et de qui nous
tenons ces détails sur les grands Dieux,
ou Dieux Cabires, rapporte t-il à la Nature
et à ses différen tes parties, les principaux
Dieux de sa nation ( 2 ) , tels que Jupiter,
Junon, Saturne, Vulcain, Vesta, etc.
et toutes les divinités du premier ordre.
Il y avoit à Byzance, ou à Constantinople,
un anffien temple du soleil et
de la lune (3). On y remarquoit plusieurs
statues, dont la face regardoit le nordj
et au milieu, dans un espace circulaire,
s’élevoit la statue du soleil, qui y étoit
représenté sur un char d’une blancheur
éclatante ; près de lui étoit la lune,
montée sur un char attelé de deux chevaux,
et portant sur la tête une couronne
semblable à celle dont on pare les Nymphes.
On sait également que le fondateur
de la nouvelle Byzance, autrement appelée
Constantinople, adoroit Apollon,
ou le Dieu-soleil (4) ;'le véritable Dieu de sa
secte, connue déjà sous le nom de secte
de Christ , ou du Dieu-soleil, principe de
la lumière qui éclaire tout homme venant
au monde, pour me servir de l’expression
de l’évangeliste Jean. Le Danube étoit
regardé comme un Dieu ; et Alexandre-
le-grand, crut devoir lui sacrifier pour
obtenir de lui un heureux passage ( 3 ).
C’est par une suite de la même opinion
sur la divinité de l’eau, que cé conquérant
arrivé en Asie, sacrifie à l’Océan,
à l’Hydaspe, à l’Acesine qui se jète
dans l’Hydaspe; enfin, à l’Indus, sur
les bords duquel il donne des fêtes gymniques
, et fait immoler des victimes (6).
Ainsi, autrefois Enée en Italie , renaoit
hommage à la divinité du Tibre (7). L ’Empereur
Julien devenu philosophe, choisit
le soleil pour son Dieu, et lui adresse un
«uperbe discours que nous avons encore,'
(1) Varro. Ibid.
(2) August. de Civ. Dei. 1. 3,, c. 5.
(3) Cedren. p. 323..
(4) Hist. du bas Empire, t. 1, p. 99.
(5) Arrian. 1. 1, p. 4.
(6) Idem. Arrian. de Reb. Indic. p. 181. ’
dans lequel il représente cet astre comme
le père de la Nature (8), comme la divi.
nité universelle, et le principe des êtres
intelligens, et des êtres sensibles.
Jetons maintenant un coup-d’oeil sur
les grandes nations répandues dans tout
le nord de l’Europe, et qui n’a voient
point altéré la forme de leur culte, par
une qommunication si intime avec les
peuples du midi, en général plus civilisés
et plus instruits 5 et nous verrons que le
Sabîsme et le culte de la Nature s’y montrera
encore plus à découvert. Les na-
tionsNomades quierroient dans les vastes
plaines qui sont au nord de l’Europe et
de l’Asie, connues sous la dénomination
générale de Scythes, avoient pour principale
divinité la terre, dont ils tiroient
leur subsistance, eux et leurs troupeaux
(9) .Ils lui donnôient pour femme Jupiter,’
ou le ciel qui verse dans son sein les
pluies qui la fécondent. Car, les Orientaux
placés au nord de l’Asie, donnoient
au ciel le nom de Jupiter, comme nous
le dit Hérodote, à l’article de la religion
des Perses, dont nous parlerons bientôt
(10) . Justin dans un discours qu’il met
dans la bouche des Scythes (1 1), leur
fait attribuer aut feu, l’organisation de
l’Univers. Il est pour eux le principe
demiourgique, et comme le feu artiste,
divinité des Stoïciens. C’étoit aussi un
des dogmes de Zoroastre (12),et vraisemblablement
l’origine du culte rendu à cet
élément, en Perse. On l’honoroit ici-
bas , comme une image et une éman ation
du feu principe qui compose la substance
de l’Ether et de tous les astres, et sur-tout
du soleil, père de la Nature, la grande
divinité des Perses, et en général celle
de l’Univers. Dans toute la partie'intérieure
du nord de l’Europe , et dans
sa partie occidentale, lespeuples, connus
sous le nom général de nations Celtiques,
(7) Æneid. I. 8, v. 76.
(8) Julian. lmp; Orat. 4.
(9) Herodot Melpom. c. 54-
(10) Herod. Clio. c. 131.
(11) Just. I. a, c. 2.
(12) Psellus in Orac. Zoroast.
rendoient un culte religieux au feu, à
l’eau, à l’air, à la terre, au soleil, à la
lune , aux astres, à la voûte des deux ,
aux arbres, aux. fontaines, &c. comme
l’a très-bien observé Peloutier, dans son
histoire des Celtes ( 1 ). Les Hongrois
professoient une religion assez semblable
à celles des Perses (2) ; ils n’avoient ni
temples, ni images ; ils adoroient le feu
comme Dieu, et lui saerifioient des chevaux.
Les Huns adoroient le cieletla terre
(3) ; leur chef prenoit le titre de Tanjou
ou de fils du ciel. Les Francs qui passent
en Italie sous la conduite du roi Theudi-
bert, immolent les femmes et les enfans
des Goths, et en jètent les corps dans
le fleuve du Pô , ausquels ils en font
offrande, comme des prémices de la
guerre ( 4 ) ■ On voit que ces barbares,
quoiqu’ils eussent adopté la nouvelle
formé du culte solaire, ou le christianisme
, avoient encore gardé les superstitions
de l’ancien Culte. Les Illyriêns, les
Thessaliens, les peuples d’Islande, adoroient
l’eaü et les fleuves, et leur offroient
des victimes. C’est ainsi que dans Homère
nous voyons les Troyens en Asie, immoler
des taureaux au Scamandre, et
précipiter des chevaux tout vivans dans
ses flots. Agathias nous dit que les Allemands
rendoient un culte aux arbres,
aux bois sacrés, aux collines, et aux
fleuves, et leur immoloient des chevaux
Ç5). Procope nous apprend que les habi-
tans de l’île de Thule , et tous les
Scandinaves, plaçoient leurs divinités
Bans le firmament, dans la terre, dans
la mer, dans les fontaines, dans les eaux
courantes, &c. (6). Le vainqueur de*
Gaules, Jules-César, en parlant de la
religion des peuples qui habitoient l’ancienne
Germanie , nous assure que les
Germains n’adoroient que la cause visible
■ ( 1 )Peloutier. t. 3, p. 58.
(2) . Daniel Cornid. Custos. Biblioth. Pest.
Gottingæ, voyez Mercure deFrance,n9. 46. Sam.
12 oct; 1785.
(3) Hist. du bas Emp. t. 4,p. 323.
(4) Procop. Bell. (jolh. 1. 2 , c. 25,
(5) Agath. t. 1 , p. 13. . ;
et ses principaux agens, le soleil, la lune,
le feu, ou Vulcain (7) ; qu’ils ne recon-
noissoient pour Dieux que ceux qu’ils
voyoient et dont ils éprouvoient l’heureuse
influence ; système religieux, qui
est absolument, celui qu’Eusèbe attribue
aux Phéniciens et aux Egyptiens , et
que nous prétendons être le point central
auquel se rapportent toutes les religions
en dernière analyse. Ce eulte rendu à
la Nature par les anciens Germains,
s’est propagé jusque* dans les temps
modernes, puisqu’un évêque est obligé
de le proscrire en Allemagne (8). « Vos
33 pères, leur dit-il, vous ont laissé
33 comme en héritage cette superstition
33 qui vous fait honorer les élémgns, la
33 lune, le soleil, et les astres ; observer
33 la nouvelle lune, les éclipses, comme
y si vous pouviez par vos cris, lui rendre
33 son éclat, et si les élémens pouvoient
» venir à votre secours. 33
• Canut, roi d’Angleterre, fit la même
défense dans ses états et en bannit
l’idolâtrie , en expliquant ce qu’il entend
par idolâtrie : 33 J’entends, dit-il (9),
proscrire le culte qu’on rend au soleil ,
à la lune , an feu , à l ’eau cpurante ,
aux fontaines , aux forêts ,; aux pierres
mêmes et aux idoles. Il eft donc vrai
que cette superstition subsistoit encore
dans ses e'tats , puisqu’il est obligé de
faire une loi contre elle. Nous savons,
par Solin (io) , qu’autrefois dans la
Grande-Bretagne on entretenoit le feu
sacré dans le temple de Minerve. Dans
le comté de Kildar des vierges étoient
chargées de l’entretenir (11). On a des
capitulaires de Charlemagne qui proscrivent
l’ancien usage où l’on étoit de
placer des chandelles allumées auprès
des arbres et des fontaines, auxquels on
rendoit un culte superstitieux (12). Au-
(6) Procop. Befl. Gotb. 1.2, c. 13.
’ (7) Jul. Coes.'de bello Gall. 1. 6, c. 5.
(8) Burechard. Wormanen. Episcop. 1. 10. decrft.'
c. 33. & lib. 19. de poenit. p. 269.
(9) Pelout. t. 5 , p. 53.
(io) Solin, e. 33.;
pi) Hyd. de’Vet. Fers. Rel. p. 148.
ni2) Pelout. t. 6, p. 204.