qui arrivera à l’enfant nouveau né, &c.
Les habitons de Pile de Java , ( i ) ,
ont aussi leurs Astrologues, qui leur
font sacrifier à la nouvelle lune.
Les Banians ( 2 ), au Bengale, purifient
par l’eau et par l’onction de l’huile
l’enfant le dixième jour de sa naissance;
ensuite le Bramine fait son horoscope,
conformément à la position des douze
figures célestes au moment de sa naissance.
Cet horoscope est gardé secrètement
, jusqu’au jour du mariage de
l’enfant, et alors on publie hautement
les dangers auxquels il a échappé et
ceux qu'il a encore à craindre. L ’Astrologie
est une des sciences que les Brames
cultivent le plus. Chaque jour de la
semaine, chaque heure du jour et de
la nuit est propre, suivant eux, à faire
telle chose déterminée dans une espèce
d’almanach. Les Brames sont fort attentifs
à observer, quels astres se trouvent
au méridien, au moment de la naissance
d’un enfant. 11 y avoit autrefois une
loi qui ordonnoit de porter touï les
ans au roi ( 3 ) les prédictions, qui
concernoient les fruits de la terre, les
animaux, les hommes et la patrie pour
chaque .année. La science des astres,
et la connoissance de leur rapport avec
ce qui s’opère ici bas, étoit le grand
secret qu’Hystaspes, père de Darius (4),
apprit des anciens Brachmanes ou des
savans de l’Inde, au rapport d’Ammien
Marcellin. Les Brames, qui sont les
dépositaires de l’ancienne science, se
partagent en trois classes ; la première
compose tous les ans un livre Astronomique
nommé Pandjagam, où on voit
à quelle heure le soleil entre dans chaque
signe, ses éclipses, ainsi que celles de
la lune, l’heure du jour à laquelle cette
planète entre dans une des vingt-sept
étoiles, ou maisons de la lune ; le moment
où les planètes malfaisantes passent 1 2
(1) Contant d’Orville, t. a, p. 296.
(2) Ibid. p. 152.
'3) Abrah. Roger. Traité de l’Idol. p. 84. Aman,
de Refo. Indic. p. 176. Diod. 1. 2.
{4) Hyde, p. 306. Amm. Marcel!.
au Zémith, et tout ce qui a rapport aux
fêtes ; ils tirent aussi des augures et font
les almanachs , ( 5 ) livre le plus important
chez tous les peuples que régit
la superstition.
En Afrique, les prêtres de l’fle de
Madagascar (6) sont ministres des sacrifices
, médecins et Astrologues tout
ensemble ; ils fabriquent des talismans,
et vendent à leurs concitoyens de petits
billets écrits en caractères Arabes, qui
sont autant de préservatifs contre le
tonnerre, la pluie , les vents/, &c.
Ce respect pour les astres et pour les
Astrologues subsiste éneore aujourd’hui
dans tout l’Orient, où il se trouvé établi
dès la plus haute antiquité ; car l’origine
de nos erreurs se perd dans la nuit des
temps. Nous venons de voir encore de
nos jours Ginghis - Kan conquérir la
Perse et se faire accompagner dans
cette expédition de ses Astrologues,
comme Alexandre - le - Grand en prit
autrefois en Egypte. Les nations les
plus sages de' l’Europe n’ont point
échappé à cette maladie. Les ouvrages
de Manilius , qui a composé un poëme
sur l’Astrologie, prouvent que cette
science etoit en honneur à Rome dans
ses plus beaux temps. Plusieurs auteurs
nous ont laissé le thème ou l’horoscope
de la fondation de Rome H , tel
qu’il avoit été composé par L. Tarrutius
Eirmanus ami de Cicéron. Nous avons
celui de Constantinople; lorsque Constantin
eut achevé sa ville, il en fit tirer
l’horoscope (8) par l’Astrologue Valens,
le huitième jour de la fête de sa dédicace,
qui tomba au n de mai; ce fut là comme
le complément de son inauguration. lien
fut de même d’uné foule de villes et de
peuples dont nous avons les médailles,
qui sont autant de monumens de cette
superstition, laquelle vint de l’ancien
usage où on étoit, de mettre les empires
(5) Sonnerat, t. 1 , I. 1 , c 15 , p. 76.
(6y Contant d’Otville, t. 6, p. 506.
(7) Acad. Inscript, t. 4 1 , g. J13.
(8) Cedrene p. 284.
comme les hommes, sous la tutele des
Dieux. Ces Dieux étoient censés résider
dans, les astres, seuls arbitres de la
destinée des choses d’ici bas,
Cette superstition, pour mieux s’accréditer,
forma un corps complet de science,
dontleslivres de Manethon, de Ptolémée,
de Firmicus, &c. contiennent les principes.
Depuis eux, jusqu’à nos jours, l’Astronomie
n’a été proprement que de
l’Astrologie, et même ce n’est qù’à la
faveur d§ cette dernière science , que la
première , qui est seule véritablement
une sCience, est parvenue jusqu’à nous.
NoS bibliothèques sont remplies de livres
Arabès écrits par les commentateurs de
Ptolémée, de livres latins modernes, ou
écrits en vieùxfrançois, qui tous nous ont
transmis les dogmes etles règles de calcul
de cette science chimérique, dont les aimait
achs du peuple con servent encore les
traces. Ces ouvrages de nos vieuxmatlié-
maticiens, devenus le rebut de notre librairie
, étoient autrefois les dépôts précieux
d’une science à laquelle les grands,
comme le peuple, attachoient la plus
haute importance ; car , les princes
y cherchent le sort des empires, comme
les peuples y cherchent la destinée des
princes, dont le despotisme les fatiguent.
Cette curiosité des peuples fit chasser les
Astrologues de Rome,sousles empereurs,
qui eux-mêmes les avoient souvent
protégés. Catherine de Médicis avoit
aussi du goût pour cette science, ou
plutôt une espèce de manie. On à tiré
1 horoscope de Louis XIV; et le savant
Astronome Cassini lui-même, commença
sa carrière par l’étude de l ’Astrologie.
Enfin, de nos jours, le grand Turc
fit demander en France les ouvrages
de l’Académie des Sciences ( 1 ) , et
on a su que c’étolt, parce qu’il croyoit
trouver, dans les ouvrages de nos Astronomes,
des .prédictions sur le succès
d’une guerre qu’il avoit entreprise.
Nous bornerons ici ce que nous avons
cru devoir dire sur l’étendue et sur l’an-
W Astron. de la Lande, t. x , 1. 3. '
Çienneté de l’Empire, que l’Astrologie
s’est fait dans l’univers', par une suite
de l ’opinion dans laquelle ont été tous
les_ peuples , que la cause de tout ce
qui arrive, naît et croit ici bas, est dans
les astres, et qu’ils sont les arbitres
souverains de nos destinées ; prérogative
qui ne peut appartenir qu’à la Divinité.
C’est cette opinion qui a donné naissance
au culte de ces agens de la Nature;
culte dont nous avons recueilli les vestiges
dans tous les monumens politiques
et religieux de l’antiquité ; et qui est
une conséquence nécessaire de l’idée
qu’on s’etoit faite d’eux , comme de
causes souveraines de toutes choses.
Ainsi le même principe , qui a donné
naissance à la religion , que je pourrois
appeler Astrologique, l’a donné à l’Astrologie
elle-même, qui n’est qu’une
branche plus étendue du culte superstitieux
des astres.
Une nouvelle preuve de la liaison,
qu’il y avoit entre l’Astrologie et la religion
, se trouvera dans les fêtés mêmes
des adorateurs de la Nature. Les anciens
Sabéens, dont la religion a été celle
de tous les peuples, mais qui n’avoient
point jeté sur leur culte ce voile savant
et monstrueux, qu’y jetèrent les Egyptiens,
et qui professoient ouvertement
leur respect pour les astres, avoient
établi des fêtes en honneur de chaque
planète, et avoient fixé l’époque de la
célébration de ces fêtes, au j our où l'astre
entroit dans le lieu de son exaltation, ou
arrivoit au dégré du signe du Zodiaque,
dans lequel l ’Astrologie a fixé le lieu de
l ’exaltation des planètes, comme on
peut le voir dans Firmicus, et dans les
autres Astrologues,qui nous ont conservé
la théorie des exaltations des planètes.
Le soleil a son exaltation au bélier;
c’étoit en conséquence à l ’entrée du
soleil à ce signe, qu’étoit fixée la fête la
plus solemnclle de cet astre ; cette fête
du passage du soleil au bélier est ' la
fameuse fête du passage ou de Pâques
L a