» 3a plus favorable à l'agriculture, au
moment où la terre se couvre de
>* verdure et de fleurs, et s’enorgueillit
» des productions nouvelles du prin-
» temps ; au moment où la mer devient
» libre pour la navigation, et où la
» tristesse et la rigueur de l’hiver sont
>• remplacées par la gaîté d’une saison
n plus riante et plus douce. L ’autre a
» donné la préférence à l’été, qui lui
» assure ses récoltes, et le met à l’abri
>> de tonte inquiétude sur Je succès de
» son travail. Ses moissons alors sont
» récoltées , et les fruits pendants aux
» arbres achèvent de se mûrir. D’autres
» ont voulu attendre cette mâturité, que
» donne l’automne et le complément
» du grand ouvrage de la végétation
» annuelle , après quoi tout s’altère et
» se dégrade. C’est vers cette époque,
» qu’ils ont fixé le commencement de
» leur année lunaire , et attaché la
» première néoménie qui la commence.
» Mais nos ancêtres, continue Julien,
» instruits par le divin Nurna, ont cru
» ne pas devoir se déterminer dans ce
» choix par des raisons d’intérêt per-
» sonnel ; ils ont cm devoir chercher
>i dans le Dieu-Soleil lui-même les rai-
» sons de cette préférence. Ces hommes
» sages et presque divins n’ont consi-
» doré, que l’astre puissant, dont ils
» tenoient tous les biens, et ont célébré
» le moment heureux où, s’arrêtant dans
» sa course, le Roi-Soleil se préparoit
» à revenir vers eux , et lorsque son
» char ayant doublé la borne, qui fixé
o le terme de sa carrière vers les régions
35 australes , le ramenoit vers les con-
» liées boréales du monde, pour y ré-
» pandre ses bienfaits (î). C’est à cet
» instant qu’ils ont fixé la célébration
» de ces superbes fêtes du cirque , de
» ces magnifiques jeux en honneur du
» Dieu-Soleil invincible (///) «.
On voit par ce passage de l’Empereur
Julien , qu’il n’est point une seule de 1 2
(1) Julian. Ibid. p. 292.
(2) Varro. de luig. Latin. 1. 5 , p. 47.
nos quatre divisions principales du cercl»
du Zodiaque, qui n’ait servi d’époque J
un commencement d’année ; mais ou
remarque aussi, que l’époque du solstice
d’hiver avoit un rapport plus direct à ij
lumière et au soleil, considéré comme
divinité . suprême , et conséquemment
appartenoit plus particulièrement à l’an,
née religieuse. Cettenemarque trouvera
sa place dans l’explication de la mythologie
des Chrétiens , et de la fameuse
fable sur la naissance du soleil , sons
son nom mystique de Christ. On trouvera
aussi occasion d’en faire usage,
en expliquant le calendrier des Pontifes
Romatns, dont Janus, ou le Dieu h
plusieur s faces f’aisoit l'ouverture (mmm).
L ’année religieuse des Romains , établie
ou réformée par Nurrra, comnreri-
çoit au solstice d’hiver , comme nous
verrons de le voir dans le passage de
Julien ; comme on le voit aussi dans
Macrobe et dans les fastes d’Ovide.
Aussi appeloient-ils première saison,
(2) , celle qui commençoit au solstice
d’hiver ; la seconde , celle qui com-
mençoit à l’équinoxe , ou au printemps
; la troisième , celle qui coin-
mençoit au solstice d’été, et la quatrième
celle qui commençoit à l’équinoxe d’automne.
Souvent leur Janus eut les quatre
faces ; quelquefois aussi il n’en put
que deux , lorsqu’on ne voulut peindre
que la jeunesse et la vieillesse du temps,
et la division de sa révolution en deux
parties d’un équinoxe à l’autre , ou
d’un solstice au solstice opposé.
Nous apprenons par Macrobe , qre
plusieurs peuples d’Italie coinmençoient.
leur année à la même époque du solstice
d’hiver (3) , et qu’ils peignoient, put
les quatre âges de l’homme, la succession
graduée de l’accroissement et cl®
la diminution périodique du jour j#
de la lumière du soleil (4) , dont i“
faisaient un jeune enfant naissant
solstice un jeune homme au pnn*
(3' Macrob. Sat. 1. x , c. r8.
(4) Ulpian in Oiation. Cunu. Midiam.
temps,
temps , un homme robuste au solstice
d’été , et un vieillard à l ’équinoxe d’automne.
C’étoit dans les sanctuaires du
Dieu principe de toute lumière , qu’é-
toient renfermées ces statues et ces
images, et conséquemment on peut les
regarder comme les quatre principales
formes des quatre grandes divisions dé
l’année religieuse ou du soleil, qui pror
duit le jour, dont la durée semble passer
par tous ces degrés d’accroissement et
de diminution pendant chaque révolution
solaire , à compter du solstice
d’hiver , où se manifeste,rie premier
degré d’accroissçmejlt de .durée , et où
un soleil nouveau; succède à 'Cèlui qui
en automne avoit paru vieillir , pour
renaître ensuite.
Cette idée d’assimiler le soleil, ou
plutôt la lumière du jour à l'homme;,
et d en comparer les, progrès et la
duree à celle de la vie humaine,' dans
des différons âges : qui en divisent le
icours, semble avoir été empruntée des
; Egyptiens par les Grecs établis en Italie 3
j au moins Macrobe nous dit qu’ils le firent
al exemple des Egyptiens (1), qui, dans
un certain jour de l ’année, présentaient
a l adoration des peuples l'image du so-
r ei‘ > sous l ’emblème d’un enfant naissant
, qu ils tiroient du fond de leur
sanctuaire., Notas ferons voir dans la
surte de cét ouvrage , que ce jeune enfant
mystérieux est le Christ des Chrétiens,
e nreme que le fameux Orus, ou l ’Apol-
on Egyptien, fils de la vierge Isis , ou
Çue le jeune Harpocrate , dont" cette
r f esse> suivant Plutarque (2) , accourt
a vers le solstice d’hiver : et on disoit
P e c’était Orus , ou le Dieu qui
j Mesure 1 année (3), qui inventa le pre-
jnner sa division en quatre ; saisons.,
I es saisons elles-mêmes furent per-
I onnrfxees, et revêtues d’attributs qui les
[ aracterisoient , lesquels-' étaient: eoe-
(0 Macrob. Sat. 1. 1 , c. 18.
r ) t>e Isid. p. ,377.
D\ r ensorin- de Die Nat»!.. g. jo.
WlEuseb. præp.Ev. 1. i . c.ro.
*2 ] .v ,c . 'i . '
Rehg. Univ. Tome I.
pruntés' de l’état et des ’productions de
la terre dans chaque saison. On en fit
lés filles bu les femmes' du Dieu du
temps : ainsi Chrone, dans la cosmogonie
Phénicienne, prendHoi-a{4)pour
une de ses,femmes, q
. Non-seulement la terre fournit les
attributs des saisons , mais 1er ciel lui-
meme fournit la ' parure, du Dieu-soleil
dans chaque saison. L ’image des
signes , dans lesquels chacune d’elles
Commençoit, devint’ la forme sous laquelle
on peignit Je soleil çle cette saison.
:. ainsi: la peau du lion devint le
.mantegu cl Hercule, les cornes du taureau
parèrent le .front de Iîacohus, et
le serpent d’automne entoura de ses
longs replis la statue de Sérapis, environ
clerrx mille çinq qenls ans avant
nôtre Ere, lorsque, ces constellations
repondoient au commencement des saisons.
^Cês attributs ont changé dans la
suite, lorsque d’autres constellations vinr
rent remplacer les premières à Ces mêmes
points, par l’effet de la precession des
équinoxes, comme nous en avons fait la
remarque plus haut (5). Ainsi le bélier
succédant au taureau fournit*au soleil
la, coiffure qui paroit sa tête , sous le
nom de Jùpiter-.Aimmon. Il ne naissoit
plus .exposé 1 aux eaux du verseau ,
comme Bacchus, ni enfermé dans l’urne,
comme le Dieu Canope des Egyptiens ,
mais il prenoitnaissance dans les étables
dAugiasj.ou du bouc céleste (6), qui
avoit ,eté , suivant Eratostliène , nourri
avec Jupiter sur le mont Ida, et à ce
titre placé au. nombre des constellations,
sons le nom d-’AEgipan. C’est le Bac-
ohus, fils de;Caprins , dont parle Cicé-
ron (7). Comme Bacchus, ilachevoit son
triomphe monté Sur l’âne placé dans
les étoiles de la constellation du can-
cer (8) , qui occupoit alors le point
solstitial d’été, ou le lieu le plus élevé
(6) Isid. Orig. 1. 3 , c. 47. feratosth. c. 27,
Hyg:n. 1. 2. in Capric. German. Cars. *
(7) Cicer. de Nat. Daor. I. 3, c.
(8) Hygin. 1. 2.
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