chez les Juifs, chez les Chrétiens ; c’est
celle du Neurouz chez les Perses. Les
Egyptiens, suivant St. Epiphane (1),
avoient aussi une fête à cette même
époque ; elle se célébroit à Hélio-polis,
ou dans la ville du soleil en Syrie,
avec une pompe incroyable, et les
peuples s’y rendoient de toutes parts.
Là , on allumoit un bûcher dans lequel
on livrait au feu toutes sortes d’offrandes
d’animaux, d’étoffes précieuses, et d’aromates
; on portait autour les images des
Dieux. C’est notre feu de Saint Jean
transporté de l’équinoxe au solstice.
On peut voir dans Lucien (2) les détails
de cette fête, qu’on appeloit fête du
feu et de la lumière ; notre cierge pascal
en retrace une foible image. Cette fête
était pour les Sabéens la plus grande
de toute l’année , comme elle l’est pour
nous; onmettoit ce jour-là ses plus beaux
habits, dit l’auteur Egyptien, cité par
M. Hyde (3>.
On célébroit la fête de Saturne, sous le
vingt-unième degré de la balance, parce
que c’est le lieu de l’exaltation de cette
planète. Les anciens Romains, à ce qu’il
paroît, avoient préféré le lieu des domiciles
, puisqu’ils célébraient les fêtes de
Saturne en décembre, sous le signe du
capricorne, signe où Saturne a son
domicile; celle de Mars sous le bélier,
domicile de cette planète ; celle de
Vénus , sous le taureau, ou en avril;
et celle de Mercure, sous le signe des
gémeaux, domiciles de ces deux planètes.
La substitution des exaltations
aux! domiciles est l’ouvrage des Chal-
déens, suivant Firmicus ; ce qui fait
croire, que les fêtes des Sabéens , fixées
aux époques de l’exaltation des planètes,
avoient été instituées dans les principes
de lf Astrologie des Chaldéens, et non pas
de celle des Egyptiens.
La fête de Jupiter, chez les Sabéens,
(1) Epiph. Adr. Hæres. 1. 1 , c. 18.
(2) Lueian. de Deâ Syr. p. 910. jl
y» Oalcashendi Ægyptius , apud Hyde ; p.
125.
(4) Pline, Hist. Nat. 1. 2, e. 16. de Exaltat.
se célébroit sous le quinzième du cancer,
lieu de l’exaltation de Jupiter; celle de
Mars, sous le dix-huitième degré du
capricorne, où est le lieu de l’exaltation
de Mars (4) ; celle de Vénus au
vingt-septième des poissons; celle de
Mercure, au quinzième dégré de la
vierge , ou à là. mi-aoust ; enhn., celle
de la lune, au troisième du taureau,
lieux de l’exaltation de ces planètes.
C’était aussi à ces époques ( 5 ), qu’ils
avoient institué des jeunes en honneur
des planètes, et qu’ils leur avoient bâti
des temples. Les exaltations en Astrologie
sont les lieux du ciel, où l’in fluence
de la planète est supposée la plus forte,
et où l’astre développe sur la Nature
une plus grande énergie. Ainsi le soleil
du printemps, ou d’aries, qui éveille
toute la Nature et échauffe tous les
germes qu’il féconde, eut le lieu de
son exaltation sous ce signe ; et là
fut fixée sa plus grande fête chez
tous les peuples ; par une suite de cette
analogie, on lui consacra le jour; la
lune eut pour elle la nuit. Les Sabeens
du temps de St. Augustin (6 ) , adres-
soient des prières à ces astres , en se
tournant du côté du ciel où ils étaient.
M. Hyde conclut, avec beaucoup de
raison, qu’ils se tournoient vers chaque
étoile particulière , qui était l’objet de
leur adoration. Les Perses en font encore
aujourd’hui autant (7).
Ce que nous avons dit des planètes,
dont les fêtes étaient fixées au moment
où elles e'toient dans le lieu, soit de
leur exaltation, soit de leur domicile,
doit s’appliquer aux étoiles, dont les
levers et les couchers, et les conjonctions
avec le soleil, ainsi que leur première
apparition , en sortant des rayons de
cet astre, fixèrent les époques des fêtes
instituées en leur honneur. C’est sur
ce pied que furent réglés les calendriers
(5) Ibn. Shahna , apud Hyd. Vet. Pers- Rel.
p. 128..
(6) Àugust. Lib. de Hæresib.
(7) Amjuetjl, t. 2., pt. 59P -
sacrés des anciens, comme on peut le
voir dans le calendrier des Pontifes
Komains, qu’Ovide a embelli dans ses
fastes, dont six livres seulement nous
sont parvenus. Ce poète a eu soin de
joindre à chaque lever d’étoile la fable ,
qui avoit été faite à cette occasion;
c’est comme la légende du. saint ; mais
légende agréable, ingénieuse et d’uu
autre style que les nôtres, qui sont
toutes un .chef-d’oeuvre d’imbécillité et
un monument honteux de la crédulité
de ceux qui ont pu les recevoir ou s’en
amuser. On pardonne plus volontiers
aux anciens leurs fictions, en faveur de
l’esprit et du style des poëtes, qui nous
les ont transmises.
L’année des Romains commença à
minuit depuis Numa, qui en fixa le
départ huit jours après le solstice d’hiver.
Cet instant, où le jour naturel commençant
ouvrait en même-temps la carrière
du soleil et de l’année, qu’il engendre
dans sa course à travers les douze lignes,,
étoit marqué dans les cieux par le lever
des étoiles des pieds de la vierge, La
plus remarquable d’entre-elles fut regardée
, comme le portier de l’Olympe ,
et en prit 1(8 nota de Janitor ou de
Janus {1), Cette étoile devint un génie
qui fut placé à la tête du calendrier
des pontifes ;,/qui lui élevèrent une
statue symbolique , portant en main
les clefs du ciel et du temps (2) , et qui
instituèrent en son honneur la première
fête de l’année ,■ dont le premier
jour fut mis sous ; l’inlyo^ation de Janus.
On y adapta une0petiî<e fable sur ses
liaisons avec Satùrne, Où avec la, planète
dont le domicile, le, capricorne, étoit
alors occupé par le, stfleil, et on feignit
que Saturne avoft, étér/reçu en/ Italie
chez ’ J anus, et qu'il y j étoit, arrivé sur
un yafsseau(3) : allusion à-la constellation
quj monte an même instant que lés ■
pieds'de la vierge! sur ■ l’itoriàûn , jet qui
fixe, tomme L'étoile Janus , le départ de
l’année -solaire, et le commencement
de la marche du Dieu du 'temjîs, des
(1) Plut. P4rail,ip,;307j /. j >v ,jeJ
f 1) Ovid. Fast. 1. x, v. 99, où.
85
heures et des saisons. Cette petite allégorie
, enseignée au peuple , qui n’étoit
pas assez sçavant pour en saisir les rapports
avec les cieux, se changea en une
tradition qui, passant de bouche en bouche',
des pères aux enfans, se confondit
. avec les anciennes traditions historiques
dupays. Après bien des siècles, les savans
crurent avoir fait un grand pas, en disant
que c’étoit de l’histoire altérée par l’amour
du merveilleux ; mais que Saturne
étoit venu réellement en Italie, et qu’il
y avoit été reçu par un ancien prince
du pays, nommé Janus, qui, comme
Saturne, fut un personnage réel. Par-là
on écartait le merveilleux, et on faiscit
de l’histoire ; malheureusement cette
histoire étoit celle du ciel et nullemeitt
celle de la terre; et les sçavans n’étoient
pas plus dans la route de la vérité que
le peuple, dont ils ne diffèrent souvent,
que parce qu’à force d’esprit ils ont acquis
des erreurs différentes. La vérité, est que
tout cela n’étoit qu’une allégorie Astronomique
, qu’il n'étoit donné d’entendre,
qu’à ceux qui étaient du secret ; et qui
avoient conservé quelques notions de
l’ancienne Astronomie sacrée; si tant
il est, que ce secret n’eût pas été déjà
perdu à Rome, depuis bien des siècles.
Car les prêtres par-tout n’entendent
guères ce qu’ils enseignent; ils jouissent
au sein d’une profonde ignorance des
fruits de la science de leurs prédécesseurs.
Mais les anciens pontifes, qui
•avoient rédige' primitivement le calenr
dïier, ne : durent pas ignorer le sens
dés fictions sacrées, qui accompagnoient
totijoùrs l’institution de leurs fêtes et
le lever des astres, sous l’ascendant
desquels ces fêtes de voient se célébrer.
Le soleil arrivoit-il au point culminant
du zodiaque , au cancer ? on célébroit à
Rome la fête de, Pallas, ou delà Déesse,
àdaqnellqjes lieux élevés et les citadelles
étaient consacrés (4 ), et celle de Jupiter-
Statpr. ,On célébroit aussi en juin , suivant
le même calendrier, les fêtes d’Her-
ciiie Sy/doxit'le coucher arrive à cette épo- Macrob. Sat. I. i! c, 7, 9.
Ovid. Fast. 1. 6,