1 année toutes les actions des crédules
Eloridiens.
Les Périmons révéraient ( 1 ) Tacha-
camac , Dieu invisible , immatériel
et auteur du bien ; ils lui opposoient
( upcti, qui etoit l ’auteiir du mal, et
lorsqu’ils prononçoient son nom, ils
craeiioient à terre en signe de mépris.
Les Virginiens ( 2. ) recormoissent un
Dieu suprême et bon , qui fait constamment
sa demeure dans le ciel, et
dont les bénignes influences se répandent
sur la terre. Ce Dieu est éternel
, souverainement heureux, souverainement
tranquille , mais en même-
temps souverainement indifférent. Cependant
les Virginiens l ’invoquent ,
quoiqu’ils 11’osent se flatter de le tirer
de son engourdissement. Ils en recon-
noissent un autre plus actif, mais dont
l’activité se tourne vers le mal. Il ne se
mêle du monde, que pour en troubler
l ’harmonie. C’est lui qui détruit les
moissons, qui produit les tempêtes, et
qui cause tous les ravages qu’éprouve
la terre. On ne peut l’appaiser que par
de fréquens sacrifices. On ne sait s’ils
le subordonnent au grand Dieu, et-si
c ’est lui qu’ils appellent OkéeouKiwasa,
Divinité à laquelle se rapporte presque
tout leur culte.
Les Canadiens _et les Sauvages ( 3)
voisins de la baye d’Hudson adorent
le soleil, la lune et le tonnerre. Mais
les Divinités auxquelles ils adressent le
plus;souvent leurs prières, ce sont les
esprits malins ; qu’ils redoutent beaucoup
, comme étant tout-puissans pour
faire le mal.
Les Eskimaux (4), qui habitent cette
contrée , reconnoissent un Dieu d’une
bonté infinie , qu’ils appellent U k COU-
Tna, mot qui dans leur langue signifie
grand chef. C’est ce Dieu, qui leur
accorde tous les biens dont ils jouissent,
et en reconnoissance, ils chantent ses
louanges, et lui adressent des prières.
(1) Cont. d’Orville, t. J , p. 351.
fa) Ibid. p . 45 a.
(3) Ibid. t. 5, p. 411.
Un autre Dieu, nommé Ouikka, est
l ’auteur de tous leurs maux. Il fait
naître les tempêtes, il renverse les
barques, il rend inutiles les travaux
et sa méchanceté le rend redoutable.
Voici le raisonnement que font tous
les Sauvages, qui admettent le Dieu
bon, et le mauvais. Us croient assez
inutile de faire des offrandes au premier
, parce qu’incapable de faire
du mal il cherche à faire tout le bien
qu’il peut ; l ’esprit malin ,'au contraire,
toujours disposé à nuire, veut être
fléchi par des prières ou gagné par des
offrandes.- De-là vient que nous avons
vu assez généralement, chez les peuples
Sauvages, le Dieu méchant recevoir
plus d’hommages que le bon.- Il n’en
étoit pas de même chez les Peuples
civilises de l’ancien continent. Ilsavoient
des sacrifices pour le bon, comme pour
le mauvais principe , et ils croyoient
qu’il ne suffisoit pas d’écarter le mal,
mais qu’il falloit encore solliciter le
bien, parce que les Dieux, comme
les hommes, ne sont pas fâchés d’être
priés.
Revenons donc à ceux-ci, et laissons
les hordes Sauvages, qui ont bien conservé
des traces de l’ancienne tradition
sur lès deux principes contraires
de la Nature , tradition qui se perd,
suivant Plutarque, dans la nuit des
temps ; mais chez qui ce dogme ne
forme par un système théologique aussi
complet et aussi régulièrement ordonné
, qu’il se trouve l’être chez les Grecs,
et sur-tout chez les Egyptiens, chez les
Chaldéens, et par-dessus tout, chez les
Perses, et chez les Assyriens, de qui
les Juifs et les Chrétiens ont emprunté
ce dogme fondamental de leur croyance.
Les Assyriens et les Perses ( tttt ) ,
dit Saint-Augustin (5) , honorent deux
Dieux, l ’un bon, et l’autre mauvais,
comme il est aisé de s’en convaincre
par leurs livres.
(4) Ibid.p. 511.
(5) De Ciy, Dei, 1, 5 , c. 21.
Nous n’avons pas les livres théolo-
ciques des premiers ; mais nous avons
une partie de ceux des féconds, ou
des Perses, et nous retrouvons à chaque
page le dogme des deux principes, qui
est tellement fondamental dans cette
religion, qu’on pourrait croire qu’ils
en ont été les auteurs avec les Egyptiens
, ou au _ moins, qu’aucun peuple
n’a fourni autant de monumens de
cette opinion religieuse. Aussi sera-ce
de leurs livres que nous tirerons le
plus de lumière pour l’intelligence des
Comosgonies, et des grandes fables
sacrées de tous les peuples.
Les Mages , suivant Diogène Laerce
( 1 ) , ou plutôt suivant Aristote cité
par lui, etoient plus anciens que les
prêtres Egyptiens , et ils reconnois-
soient deux principes, l ’un qu’ils ap-
peloient le bon Génie, et l ’autre le
mauvais. Le premier se nommoit Oro-
maze , leur Jupiter , et le second Ahri-
man, leur Pluton. Hermippus, Eudoxe,
I et Théopompe assuraient la même chose
qu Aristote. On prétend même que leurs
dogmes étoient passés chez les Indiens
et chez les Juifs, et que les Gymno-
spphistes de l’Inde, et les docteurs Juifs
avoient été Disciples des Mages. Ce
qu’iby a de certain, c’est que la Genèse
des Juifs, et les fictions sacrées du
Christianisme, entées sur la doctrine
Judaïque, s’expliquent parfaitement par
les principes de la théologie des Perses
comme nous le faisons voir dans la
suite de cet ouvrage. On en trouvera
une nouvelle preuve dans notre explication
de l’Apocalypse , qui roule
toute entière sur le combat des deux
principes, et qui se termine par la victoire
.que le.soleil, ou Qrmusd, principe
lumière , figuré par l’agneau équinoxial
du printemps, remporte sur Ahri-
|nan > figuré par le dragon, qui fixe
le retour de l’automne et . 'de l ’hiver ;
mot, on y retrouvera toutes les
Wees théologiques sur le monde et sur
(0 Diog. Præm. p, (b
sa fin future , que Plutarque attribue aux
Mages , comme nous le verrons bientôt.
Quant aux Egyptiens, on ne peut
0 ou ter que leur Osiris et leur Typhon
ne répondent à l’Ormusd et à l’Ahriman
des Perses j et que le système des deux
principes ne soit la base de leur théo-
comme elle l ’est évidemment du
trane d lsis et d’Osiris de Plutarque.
Neanmoins nous sommes persuadés,
que queiqu ancienne que soit en Egypte
cette théorie sur les deux principes,
ainsi que Application qui en a été
faite a 1 Astronomie , ces idées Cosmogoniques
n’y sont pas nées. Elles n’ont
guères pu y naître, parce que le contraste
des deux principes et de leurs
eirets, sur-tout relativement à la vicissitude
périodique du chaud et du froid
de la régénération et de la destruction
des plantes et des végétaux , n y est
pas à beaucoup près aussi sensible que
dans le nord de fa Perse et dans l ’Ar-
meme (uuuu)<
Pour qu’une idée physique ait été
fortement exprimée , il af'aliu quelle ait
été fortement sentie; pour que le contraste
des principes générateurs et destructeurs
qui se partagent entre eux
révolution annuelle, ait été la base
dune Cosmogonie, il a fallu qu’il fût
très-frappant, chez ceux qui fes premiers
les ont fait entrer dans la théologie
naturelle. O r , à cet égard, le climat
de Perse a dû être beaucoup plus
favorable que celui d’Egypte, pour faire
germer de semblables idées; et Aristote
me semble avoir raison de donner à la
doctrine des Mages la priorité sur
celle des Egyptiens, au moins relativa-
ment ciu dogme des deux principes.
C’est à tort qu’Agathias dit que ce dogme
etoit récemment admis chez eux, et qu’ils
avoient une nouvelle doctrine, quileur
étoit commune avec les Manichéens
laquelle consistait à admettre deux principes
,~ 1 un bon et l’autre mauvais, Çe
dogme étoit bien celui des Manichéens ;