sur sa peau de Lion. Cette époque étoit
marquée le soir par la Vierge céleste ,
qui suit immédiatement le Lion , et
sous laquelle s’alonge l’Hydre de Lerne,
comme on le voit dans notre second
travail d’Hercule. Elle se précipitoit
alors au sein des flots de l’Océan , et
des feux du Soleil, ou d’Hercule, à
qui elle alloit s’unir. A l’Orient montoit
le cheval Pégase, qui ligure sous le
nom de Cavale de Diomède , dans le
huitième travail. Il est dans la case dia-
métralementopposée à celle de la Vierge,
ou aux Poissons, et en partie , dans
celle du Verseau, et de sa coupe, opposée
au Lion , et conséquemment il est
Paranatellon du Soleil au Lion solstitial.
Notre planisphère , etl’inspection d’une
sphère % suffisent pour justifier ces rapports.
Voilà ces chevaux , que cherchoit
Hercule , et que la jeune fille , dont
la partie inférieure est un serpent, lui
fit retrouver. Ce cheval porte le double'
nom de Cheval Arion, et de Scythien.
Ce dernier nom est celui du fils de
cette Vierge à corps de serpent, avec:
laquelle coucha Hercule. Quant à la
coupe ,' c'est celle du Verseau, qui est
au-dessous. L ’arc et la flèche, c’est la:
flèche céleste , appelée Flèche d’Her-'
cule, qui se couche avec le Verseau,’
ce jourrià, et qui fixe l ’aspect du matin
de ce Solstice.
Ce qui achève de confirmer notre explication
sur cette femme aux attributs
de serpent, avec laquelle couche Her-'
cule, et qui lui fait retrouver ses che-'
vaux , en devenant mère de Scytha ,
ou de Scythius } c’est la génération de
ce.cheval Scythien, sous le nom d'Arion,
qui est un de ses autres noms. Dans
cette nouvelle généalogie, on suppose
que Cérès (et'Gérés est le nom de la
Vierge céleste ) eut de ses amours avec
Neptune, le cheval Arion, ou Pégase (1),
et cette Cérès étoit également revêtue
des attributs de serpent, empruntés de
J’Hydre , placée sous elle , et qui se
(i) Pansan. Arçad- *7$. (2) Servi« Georg. 1. 1 , v. !}•
' Spü»
Enfin, il est une dernière fable isolée,
Êt détachée du grand Poème de l’Héra-
cléide, par l’explication de laquelle nous
terminerons ce travail sur Hercule. C’est
la victoire d’Hercule enfant , sur deux
serpens qu’il étouffa dans son berceau.
Cette victoire est rapportée par Dio-
dore de Sicile, et par tous les Mythologues
, qui ont parlé d’Hercule ; mais
elle n’a nulle part dès caractères aussi
précis, et des détails aussi circonstanciés
que dans Théoçrite ( r ).
Ce poète, dans son Idylle (2) sur
Hercule enfant, nous dit que ce héros,
dès l’âge de dix mois , triompha de
deux serpens, que Junon avoit suscités
contre lu i, pour le dévorer, et cela ,
pendant la nuit , à l ’heure de minuit,
lorsque l’Ourse penchoit vers le couchant
, et qu’Orion venoit de se développer
tout entier. Hercule les étouffa,
et une femme, le matin, fut chargée
d’en jeter les cendres dans un fleuve (3).
La plûpart de ces circonstances pour-
roientêtre regardées comme assez étrangères
au fond du fait, et comme l’ouvrage
du génie du poète , libre dans
ses fictions ; néanmoins, elles nous ont
paru exprimer des circonstances trop
précises, pour qu’il n’y ait pas eu du
dessein , dans ceux qui les ont fait remarquer,
et qui nous les ont conservées.
En examinant avec un peu d’attention,
nous avons vu, que notre explication
peut satisfaire à toutes, en les
rapportant aux phénomènes, ou aux
positions , que présente la sphère, dix
mois après le lever , ou après la naissance
de l’Hercule Ingeniculus, véritable
image du Soleil Hercule, et qui
en a conservé le nom et les attributs.
La Naissance ou le «lever Héliaque de
cette constellation a ' lieu, lorsque le
Soleil arrive vers le milieu du Scorpion.
Alors on voit, dans l ’hémisphère supérieur
, l’Hydre de Lerne déployée
toute entière, et une grande partie du
(1) Theocrit. Idylle ±4.
(1) Idylle 24, y. 1 , 11.
R e l i g , U n i v . T o m e l .
serpent d’Ophiucus , qui porte sa tête
près de l’Hercule Ingeniculus. Ces vieux
constellations, ou serpens célestes, sont
si étendues , et tellement disposées dans
la sphère , qu’il n’y a qu’une seule
position, où elles puissent être toutes
deux en même temps sous l’horizon.
C’est ce qui a lieu, lorsque le Soleil
est arrivé vers les deux tiers du
signe de la Vierge , précisément dix
mois après le lever , ou la naissance
d’Hercule , et cela à l’heure de minuit,
heure à laquelle ce jour-là , effectivement,
l’Ourse penche vers le couchant,
et oùOrion est entièrement levé. C est la
position qui nous est donnée par Théo-
crite, pour le minuit, auquel correspond
la défaite des serpens tués par \
Hercule au berceau, à l’âge de dix
mois. Hercule alors est tout entier sur
l ’horizon, et sa tête touche le bord
Occidental de ce même horizon , tandis
que les deux Serpens , placés au-dessous
, l’un vers le couchant, l’autre vers
l’Orient, ont entièrement disparu. Quelques
minutes plutôt, ou plus tard, il
y a toujours un de ces deux Serpens
sur l’horizon, et le plus petit mouvement
du globe, soit à droite , soit à gauche,
suffit pour ep ramener un d’entre eux.
C’est donc alors seulement, ou à l’heure
de minuit indiquée par Théoçrite, dix
mois après la naissance d’Hercnle, que
ce héros est débarrassé de tous les deux
monstres. Dans toute autre position, il se
trouve sur l’horizon avec eux, ou au
moins avec un d’eux. La femme qui doit
le matin, aux premiers rayons de l’Aurore
, en jeter les cendres dans un
fleuve, sans se retourner pour regarder
, pourroit être la Vierge céleste,
qui a cette position, relativement au
fleuve Erydan, lequel se couche alors le
matin, au lever de cette même Vierge.
Il seroit assez difficile de croire , que
toutes les circonstances les plus minutieuses
de ce poème s’accordassent
(3) Ibid, y. 92.
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