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Appelée Hercule Ingéniculus , et le
grand Hercule Dieu immortel, le Soleil,
au mouvement duquel il préside, comme
premier moteur, et avec qui il est censé
voyager autour du monde. Pour rendre
cette idée plug sensible , on peut coller
sur un carton notre planisphère, au
centre duquel on attachera une règle
mobile à son extrémité. On établira ,
sur un petit morceau de carton verticalement
placé, l’image del’Agenouille,
portant sur sa' tête le disque solaire,
et parcourant avec lui la circonférence
< du Planisphère , où sont gravés les douze
signes, sous lesquels sont casées les principales
constellations, qui y répondent,
ou les animaux célestes, qui sont l’objet
des combats et des, victoires d’Hercule.
Par ce moyen p on suivra aisément la
marche du Soleil et de son conducteur ,
dans toute la révolution annuelle, ou
dans la carrière des douze travaux. On
dispense • ainsi le ldcteur de la vérifi-
"cation des 'aspects' sur un globe, qu’il
n’est pas donné' , à tous de bien con-
noître , et dè faite mouvoir, : et qui
d’ailleurs 'rie forme jamais une suite
"aussi marquée , ; que celle d’une règle,
qui , d’un mouvement uniforme, parcourt
tous les points de la circonférence,
au centre delaquelle son extrémité
est attachée. Ceux qui voudront vérifier
par eux-mêmes l’exactitude de notre
projection , seront libres de le faire ; je
les y invite même.
Avant de quitter le premier signe et
la constellation du Lion, que parcourt
le Soleil, le premier mois, et qui mar-
que ses premiers pas dans la carrière
1 annuelle, il est lion d’observer que toute
l’antiquité nous a- répété, que ce Lion
étoit le même que celui qui fut chanté
dans le récit des combats d’Hercule,
comme ayant été l’objet de son premier
travail, et qu’à ce titre on l’a toujours
’ appelé le Lion Néméen (o), le premier 1 2 3
des animaux vaincus par Hercule, s0-
premier travail (i). Cette tradition cons.
tante de tonte l’antiquité n’est pas
indifférente à remarquer. Il n’est paj
le seul animal céleste, qui ait conservé
jusqu’à nous les rapports, qu’il y.j
entre les constellations ét les monstres
;qu’a combattus Hercule. Il est vrai,
qu’on a supposé , qu’ils y avoient été
placés depuis, en mémoire d’Hercule (2);
mais cette supposition n’est pas recevable,
quand on sait, qu’avant que les
Grecs eussent une Astronomie , et con-
séquemmen t eussent placé^ au rang des
signes le prétendu Lion de la forêt de Némée,
le signe du Lion étoit déjà employé
dans les monumens de la Perse, tels
que celui de Mithra, et dans ceux de
l’Egypte, ou l'on avoit consacré les
images du Lion, à cause, disent Plutarque
, Horapollon , et Théon,' quele
Nil se débordé sous ce signe (3). Certainement
les Egyptiens if’empruntèrent
jamais des Grecs , ni leur Astronomie,
ni leurs monumens religieux. Doi)c
ce n’est point la forêt ; de Némée en
Grèce , qui a, produit ée Lion , lequel,
après la victoire prétendue d’Hercule,
fut placé aux cieux; mais c’est bien le
Lion céleste, que la fiction des Poètesj
fit descendre de l’Olympe dans les forêts
de la Grèce, et qu’elle plaça dans les
temples, à côté des images'du Dieu
fort, qui 'subjugue la Nature, et des
images du Soleil solstitial. Aussi di-
soit-on,que le Lion de Némée étoit tombé
du Ciel(4 ) > et qu’il avait pris naissance
dans les régions voisines de
la sphère de la Lune. Il étoit ,
Tatien (AA, tombé de eette terre supérieure
, placée f au-dessus de l'atmosphère
;>ce qui désigne assez le Firmament,
où siégoit réellement ce Lion,
que les Poètes chantaient dans ®
grands poëmes sur l’année , et su1
la course du Soleil dans les cieux.
(1) Manilius Astron. 1. 2 , v. 651 ; 1. 4 , v. 75 6.
Hygin. 1. 2, c. »5. Theon. ia3.£ratosth. c; 12.
(2) Isid- Orig. 1. 3 , c. 47-
(3) Theon. Cou1., p. n 3.
(4) Gernian. Cæs. c. 11. AE’ian. de And- 12 j
c. 7. Hygin. Fabl. 30. Achjlt. Tat. 0. a i , p- 83-
(5) Tatian. Cont. Gent. p, 164.,
Ainsi)
R E L I G I O N U
Ainsi , quand certaines traditions disoient
, que ce Lion avoit,été placé aux
cieux , d’autres traditions plus anciennes
disoient qu’il y était né , et
q u ’il en était tombé sur la terre. On rac
o n t a i t egalement, que le Dragon du
pôle étoit de la même famille quele Lion
de Némée, et que ce dernier -était ■,
comme le premier, un. des Géans que
v a in q u i t Hercule , dans la guerre contre
les Dieux (1 ). Toutes, les traditions
rapportent donc au Ciel l ’origine de
l’animal terrible , dont Hercule, portait
les attributs, et quil .étoit censé avoir
vaiiiçu, îc'estfà-dite , sans.figure, qu’il
avoit parcouru, et éclipsé dans ses feux.
La nature du premier animal bien Connue
détermine nécessairement celle des
antres, .et fixe le champ de bataille'de
tous ces combats. |
Avant de passer à. l’examen des Para-
jnatelkujs' des signes suivans, nous ajouterons
que le premier signe, occupé par
Hercule, ou par le .Soleil, était consacré
à Jupiter , dans la distribution des
douze, grands Dieux entre les signes. 5
à ce Jupiffer, appelé quelquefois Jupiter
Hélios, ou Soleil, De même le signe
opposé , qui ouvroit le Soir la marche
■ de Ja nuit étoilée , et clans lequel arri-
,voit la première pleine Lune de l’année
, ou celle qui correspondoit au Soleil
solstitial, était consacré à Junon, ou
a la Déesse, qui imposoit à Hercule la
jtache des douze travaux, et.qui présidoit
|a chaque commencement de mois. G’é-
toit cette pleine Lune , qui fixoit; l’ouverture
de la période Olympique > aussi
Ion donnoit à la Lune elle.mêrne le
nom d’Olympias, ou de Déesse Olym-
PlcFe , nom qu'elle empruntait, du
^odiaque , appelé l’Olympe * ou eer-
ple Olympique (2 ) , clônt ,1a Lune
parcouroit les douze maisons chaque
®ois. Perit-être que cette circonstancié
! r la première Lune , pleine dans le
Pgne de Junon, ou du Verseau, ap-
I ï \*) oyhnoctief,lsle’, cpo.d -1 9J97.° î P- 484- .
Relig. JJniv. Tome T.
N I V E R S E L L E . 319
pelé astre de Junon , donna lieu au
rôle important que cette Déesse.joue
dans tout le Poème d’Herculej car le
mouvemen t combiné de ces deux astres
entroit dans la formation du temps, et
dans lès chants poétiques sur la Nature.
Jopas , dans Virgile , chante les courses
irrégulières de la Lune , et les travaux
du Soleil. Je traduis ici travaux
comme, l ’a traduit Servius (3) et Lsû
corda, et pour les memes raisons qu’eux.
Passons , au , second, signe qui suit le
Lion solstitial, et. qui répond au second
mois, c’est-à-dire, à là Vierge.
Deuxième Divisiùn,ozi second frets-ail.
La constellation la plus apparente
celle qui est liée le plus étroitement à
ce: signe, comme jPa'ranatellon , c’est
la longue constellation de l’Hydre ,
dorit, -la. te te se lève, avec le Cancer,
dont le corps s’alonge sous le Lion ,
.et sous la Vierge, et se termine aux
derniers degrés: du second signe , ou
de la Vierge 3- ensorté que le Soleil n’a-
clièye de la parcourir, qu’au moment
où s’achèvelesecond mois. Cette Hydre
porte le nom ôé Hydre sacrée, Hydre de
Lerne ,.ou du second animal, que défit
Hercule , après sa victoire sur le Lion.
Nous l’avons en conséquence projetée
sur notre Planisphère, dans toute sa
longueur, de manière à la faire répon- .
dre aux trois signes, sous lesquels elle
s’étend. On voit, du premier coup-d’oeii', t
pourquoi, la_Poésie feignit q 11’Hercule, r
à peine sorti du. combat contre le Lion b
de Némée , eut à lutter contre une ’
hydre redoutable , dont les têtes re- .
nais,soient, et à la. résistance de laquelle ,
cpncourôit l’Ecrevisse, ou le „Cancer,
qui l’aidoit à Se reproduire, et piquoit
le talon ,du héros, (4). On ajoute, que
ce Cancer, ou cette Ecrevisse, est aux
cieux,. et qu’elle est placée au-dessus
de là tête de l’Hydre de Lerne, qui se
(3) Servius et Laçerda, Cooi. in AÈneid.v. 746.
(4) Synesius Caïv. p. 64. . '*•
ô s