en fan s à cette Déesse. Par une conséquence
toute naturelle de cette fiction ,
l'amour suivant l'impression' du désir
s’attache à la beauté , et leur union
donne naissance à tons les êtres. C'est
ainsi q-u’Hésiode (i) peint l’Amonr,
qui s’unit au cahos , et organise la
Nature entière. Voil.\ donc Vénus'devenue
mère de la Génération par le
secours de l’Amour. C’est alors qu’elle
peut adresser à soit fils ce beau vers',
que "Virgile lui met dans la bouche (a) :
k O mou lils! toi qui lais seul ma force
» et toute ma puissance ! » Ajoutons
à cela, que les anciens ayant remarqué,
qu’elle ne paroissoit jamais que vers le
crépuscule , soit le matin, soit le soir,
ils attribuèrent à son influence cette
rosée féconde , qui nourrit les plantes,
les arbres et les fruits. Cette remarque
est de Pline , qui assure que cette rosée
est un stimulant de génération même
pour les animaux. Ptoléméë (3) prétend,
qu’elle contient autant du principe humide
générateur, que la lune elle-même,
et quelle attire autant vers elle les
vapeurs, qui s’exilaient de la terre. Ces
préjugés astrologiques, joints aux idées
d’éclat et de beauté, que fait naître
Vénus, ont été plus que suffisons, pour
lui donner , dans l’administration du
inonde, la beauté et la génération en
apanage.
Appliquons la même règle à l ’examen
du caractère et des attributs de Mercure
(4). Cette planète , très-voisine du
soleil, et même' la plus voisine de cet
astre , dont Mercure est le compagnon
fidèle et inséparable, se meut avec une
extrême vitesse (ƒ>ƒ?). Ces deux circonstances
ont fait naître deux idées sur
Mercure. La vîtesse et la légéreté , et
en général le mouvement, furent mis
dans son domaine et dans sa dépendance.
On lui donna en conséquence
(1) Theog. v, 130.
(2) Virgil. Æneid. 1. 1, p. 628.
(3) Ptolem. Tetra’a. 1. 1 , ç. 4.
£43 Plin. Ibid. 1. 2, c. 8.
(5) Maaob, Sat, 1, 1 , c. 13.
des ailes et des talonnières. Il fut lo
messager des Dieux. Les mouvemens
célestes furent sous son inspection, et
il en moderoit les différées degrés de
vîtesse. Il frit donc censé être l'inventeur
de l’Astronomie. On lui mit en
main une verge , autour de laquelle
s’entrelacoient les deux grandes routes
obliques du mouvement des astres , l’écliptique
et l'équateur (5)i, qui s’unissent
et s’écartent deux fois entre eux. Les
serpens , par lesquels on liguroit le
mouvement oblique (6) .des astres, sb
croisèrent donc autour de la baguette
de Mercure , et formèrent son caducée
surmonté d’ailes, emblème naturel du
mouvement des cieux. Macrobe (7) a
très-bien aperçu cette origine du ca-
ducée, avec cette dllférence, que c’est
par l’orbite de la lune qu’il fait croiser
l’écliptique ou la route du soleil, et
non pas par l’éqnateür.
Quant à la proximité où est Met cure
du soleil, aux côtés duquel il paroît constamment
attaché , elle donna.lieu de le
comparer au chien , gardien fidèle de
son maître. Alors on le peignit en
Egypte avec une tête de chien, et on
l’appela Chien, nom, dit Plutarque (8),
qui n’éxprime que l’idée de fidélité et
«assiduité vigilante dans Mercure. II
gardoit lé soleil, appelé Osiris chez les
Egyptiens (0) : on en fit le gardien
d’Osiris. Diodore et Plutarque nous
disent, que les deux grands Dieux de
l’Egypte , Osiris et Isrs , prirent pour
garde du corps et pour compagnon
Mercure-Anubis (10) , qui refflplissoit
près d’eiix la fonction de gardien , que
le chien remplit près de l'homme. On
sent que , si quelque chose a pu faire
naître cette idée sur Mercure, c’est
d’être vu toujours à côté du soleil,
tantôt devant , tantôt derrière , sans
jamais le quitter. Il étoit tout simple*
(6) Clem. Alex. Strom. 1. 5 , p. 356.
(7) Sût. 1. 1 , c. 19.
(8) De Istd. p. 355.
(9) Proclus , de Politic. Plat. p. 417.
(ic) Diod, et Plut, ne Isid. p/356.
JTUJUv SV y v v w u i , » D U U i -
paraison ne révoltoit pas, dans ces siècles
de moeurs simples , où on voit -le roi
Evendre et Ulysse avec leur chien.
D autres cependant firent une comparaison
plus noble , et ils attribuèrent
il Mercure la fonction de secrétaire et
d’homme de confiance du soleil (qq) ,
qui paroissoit toujours aux côtés du
roi de l’Univers. Ainsi on voit le roi des
Etrusques, Porsenna (1), ayant à ses
côtés son secrétaire, lorsqu’il donné ses
ordres dans son camp, au moment où
Mntius-Scévola veut l ’assassiner. Le secrétaire
étoit l’homme inséparable du
roi, l’organe de ses~volontés , et le dépositaire
de ses secrets. C’est sous ce
point dé vue , que Mercure a été envi-
Isagé chez les Phéniciens, cpii en ont
fait le secrétaire du Dieu du temps,
j Dès-lors, l’invention de l’écriture (2)
et des lettres lui fut attribuée (rr). Il
avoit dicté des loix à l'Egypte, où commandait
Osiris. Il étoit l’auteur de toutes
lies sciences , et le plus ancien dépositaire
des connoissances humaines (3). Il
favoit le premier appris à rédiger des
i.mémoires, suivant Sanchoniaton (4),
tet imaginé les caractères alphabétiques.
[Les prêtres de l’Egypte metloient sous
•son nom tous les ouvrages de science ,
[lui en'faisoient l’offrande , et les inti-
ltuloîent(5) Livres de Mercure. Les co-
llonnes, sur lesquelles on grava les principes
de la' science , s’appelèrent Co-
uannes de Mercure. Le Scriba sacro-
rum., ou le prêtre-secrétaire chez les
Egyptiens, portoit une plume (6) à son
[chapeau, symbole de sa fonction : on
(Uut de même des plumes .au petase ou
[au chapeau, dont on coiffa. Mercure,
[secrétaire des Dieux.
On voit par ce que nous yenons de
[due, que les principales fonctions et les
attributs caractéristiques du Dieu Mer-
Cure ont une origine toute naturelle ,
dans la célérité du mouvement de la planète,
qui porte ce nom, et dans son
assiduité auprès du roi de la Nature,
le soleil, qu’il ne quitte jamais.
Il est encore un caractère de Mercure
planète ; c’est d’appartenir également
à l’empire de la lumière et à celui
des ténèbres : ce qui l’a fait appeler planète
commune par les Astrologues (7).
Sur cinq planètes’, les Astrologues en
ont affecte deux an jour , et deux à la
nuit, les unes au soleil, et les autres
à la lune : la cinquième, Mercure, fut
mixte , et partagea ce double privilège.
On lui d oima donc le titre de commun,
qu’il possède exclusivement. On sent
bien qu’on prit ce parti, parce qu’il se
trouvoit seul dans la division en deux
d’un nombre impair , et qu’il ne falloit
pas troubler l’équilibre du partage des
planètes ou étoiles errantes, entre le jour
et la nuit. Ce qu’il y a de remarquable,
c’est que la mythologie lui a conservé
•ce double caractère cle Dieu du ciel et
des enfers , du séjour de la lumière et
de celui des ténèbres : nouveau rapport
entre la planète-Mercure et le Dieu
Mercure.
j La planète de Jupiter peut être considérée
plutôt comme l’astre de Jupiter,
que comme Jupiter lui-même. En effet ,
nous savons que, par Jupiter, les anciens
ont désigné plusieurs êtres naturels.
Le ciel, ou la voûte azurée, dans
laquelle circulent les planètes et les fixes,
et qui comprend la route des premières,
divisée en oi.uze parties'ou signes, s’ap-
peloit Jupiter chez les Perses , comme
l ’assure (B) Hérodote. Les Romains ap-
peloient aussi Jupiter le ciel ou l’Ether ,
comme on peut en juger par les1 vers
d’Ennius (9) , que rapporte Cicéron ,
(0 Tite-Live , Decad. 1,1. 2 , c. 12.
(1 2 3 * 5) Plat, in Pliilelb. t. 2 , p. 18. Cicer. :de Nat.
Beor~!.:3,c . 22.
(3) Diod. p.41. Lact. 1. i , c.-6.
(4) Euseb. Prsep. Ev. 1. ï , c. m. Plut. Svmp.
»• ÿ , qiuest. 3.
(5) Jamblich. dcMyst. Ægyptiac. c. 1. Jablouski,
1. J , c. 3.
(6) Clem. Strom, I. 6 , p. 633.
(7) Procl.i in Tim. p. 257^ Firmic*. 1. 2, c. 7.
(8) Herod. Clio.4 c. 131.
(9} Çicer. de $at. Deor. I. 2, c. 25.