Circé , et qu’elle j vint, non de la Sarmatie ,
mais du Pont. Médée apprit d’elle , ek de leur
xnôre Hccate , l’art des poisons.
( r ) Noël le Comte ( t ) fait remarquer cette
prodigieuse variété, dans la route que les diffé-
rens Auteurs des Poèmes ou Ronians , faits sur
l ’expédition de Ja$on , font tenir, aux Argonautes
dans leur retour. 11 n’en faut pas davantage
à un homme de bon sens , pour reconnaître qu’il
ne s’agit pas d’événemens historiques. ! •' >
( s ) C’est une circonstance bonne à remarquer r
que l’on fait périr Absyrte dans les mêmes
pays , où l’on pleuroit tous les ans , suivant Plutarque
, la mort de Phaéton ou du Cocher céleste
, qui porté les deux noms d’Ab&yrtè et de
Phaéton. n
(a ) Le Poète Apollonius étoit d’Alexandrie ;
i l eut pour père Silléus , et polir mère Rliodè.
I l étudia à Alexandrie sous le Grammairien Cal-
limaque. 11 passa ensuite à Rhodes , après avoir
composé ce Poème. Il se mêla de l ’administration
et fit le métier de Sophiste. On prétend
qu’il retourna depuis à Alexandrie , et qu’il succéda
à Eratosthène dans la fonction de Garde
de la Bibliothèque 5 et qu’a près sa mort y il fut
enterré avec Callimaque son maître.
~'(b) Les uns font venir le nom d’Argo de celui
qui avoit construit ce vaisseau. Phérécyde dit
que ce nom venoit d’Ârgus , fils de Phryxus.
On prétendoit que c’étoit le premier vaisseau
long qui eût été construit. On lui donna aussi le
nom de vaisseau de Danaüs, parce que Danaüs
l’avoit construitpour se sauver des poursuites
d’Egyptus son frère.
( c ) Pélias étoit fils de Neptune et dé Tyro.,
fille de Salmonée , qui avoit été élevée chez:
Créthéus, frère de Salmonée. Elle étoit devenue
amoureuse du fleuve Enipée ( a ) , dont Neptune
prit la forme , pour obtenir ses faveurs. Elle de?
yint mère de deux enfans, Nélée et Pélias, dont
«lie accoucha secrètement , et qu’elle exposa.
Devenus grands, ils se séparèrent. Néjée .bâtit
Pylos en Messénie. Pélias habita la Thessalie, et
usurpa les états d’ESon père de Jason , et fils
de Créthéus , qui régnoit à Iolcos. Pélias /jaloux
de savoir quel seroit son successeur , interrogea
l ’Oracle d’Apollon , qui l’avertit de se garder de
l ’homme, qui se présenterait à lui un pied nud
et l’autre chaussé. 11 ne-comprit pas ,d’abord le*
sens de cet Oracle ; mais il çut occasion1 de lè
comprendre dans la suite , lorsqu’imiuolant un
Taureau à Neptune sur lé, rivage il. invita un
grand nombre de personnes à cette cérémonie,
et erftre autres Jason. Celui-ci,qui aimoit à cultiver
la terre , vivoit à la campagne.' Il la quitta pour
fi) Nat. Coin. 1. 6, c. 8. p. cSé—587.
(a) Apellod. 1. 1. .
<3) Scholiast. ApoJIôn. v. c1 •
(4) Pausan, Messe«, p, 143,, .ac
se rendre au -»sacrifice v et en passant le fleuve
Anurus, il perdit une chaussure. Arrivant ainsi
un pied nud devant Pélias^ celui-ci se ressouvint
de l’Oracle, et songea dès ce moment à en prévenir
l ’effet.
( d ) Orphée, à qui l’on attribue 1er Poème des
Argonautes, dont nous avons donné' plus haut
l’analyse , étoit fils d’Apollon et de Calliope,
suivant les uns 3 et suivant d’autres ,.fils d-’OEa-
grus et de Polhymnie (3 ). Hérodùrus distingue
deux Orphées , dont .l’u^ni fut de l’expédition des-
Argonautes. Phérécyde, dans son Livre sixième ,
-prétend que ce fut Philammon, et non Orphée r
qui fut de cette expédition, Philammon étoit
père ; de Tamyris ( 4 •) y fameux Chantre. L’Hercule,
céleste poirte les noms d’Orphée et de T a myris
( 5 ) j ce qui rentre dans la même idée r
et nous : oblige ae chercher dans la même Constellation
le Chantre, qui fut de,l’expédition des
Argonautes, que l’antiquité place aux d eux près
de la Constellation de la Lyre. Ce même rhi-
lammon étoit, comme Orphée,chef d’initiation (6)»,
On prétend, que le . motif qui engagea Ghiron- à
conseiller à Jason' d’invite): Orphée à. f’accqm-
p,agner , c’est qu’il ne pou voit, sans son secours ,
passer près*de Pile des , Sirènes’(7). Car il étôit réservé
au .seul Orphée de leur imposer silence., par
la force d’une harmonie infiniment supérieure à
celle des chants ade ces monstres perfides.
(e) Il est bon d’observer, que le travail du Sanglier
d’Erymanthe répond au troisième travail
d’Hercule, et conséquemment au Ieyer de l’extrémité
de la Balance ,. et: du commencement du
Scorpion } ,c’est-à-dire) à la partie du Ciel, qui
monte au moment du ,départ de la;Sphère à
l ’ouverture de la nuit r qui précède l’équinoxe
de Printemps, chanté dans ce Poème de la
conquête du Belier. On sera peut-être surpris
de voir Hercule , quLest le $oleil » figurer dans
cette'fable avec Jason , qui est a^ssi 1$ Soleil.
Mais, on doit faire- usageniçÔ d'unedistingtion
établie déjà plus haut,, 44ns i&Jtre I?pèi)3e §ur: Hercule
(8) ou dans l’Hisacléidie, entre Hercule.
Soleil, et les imagés; qui Ie ^représentent au
Ciel. Jason, le Héros du Poème, est le.Soleil,
dont l’image est au Serpentaire j mais cette image
elle-même porte les noms d’Hercule ; VIngeniculus
porte aussi,le nom d’Hercuie. Un des Gémeaux,
porte encore le n»m; d’Hercule. Ainsi on compte
trois images d’Hercule au.Ciel. C’est comme constellation
, qu?il, figure joi dans le Poème ,, sous son
nom d’Hercüle,$\et non comme Soleil., Car sous le
rapport de Soleil, il se nomme et il est réellement.
Jçson, le chef véritable de l’entreprise.
(J) On faisoit Chiron , ainsi que lès autres Cen-
(y) Hyp‘n» i* «• 7*
(6) Pausan. Corirnh. p. 7p.
(7) Scholiast. Apollonradv. v. ' i. "r - ^ 4 ■
\i) Ci-dess. L 3, c. l > P* î V*
taures , fils d’Ixion, suivant Suidas, dans
son histoire de Thessalie ( l). Ixion est le nom
de l’Hercule Ingeniculus , qui se lève avec
Çhiron ( a ). Mais l’auteur de la guerre des
Géans prétend , que Saturne , s’étant métamorphosé
en Cheval , eut commerce avec Philyra
fille de l’Océan, et que de cette union naquit
1 Hippocentaure .Chiron. Sa femme fut
Chariclo. Chiron étoit le plus humain et le
plus juste des Centaures. 11 éleva Jason, à
qui il apprit la médecine , science qui lui fit
donner son nom de Jason, qui veut dire
Guérissant, ou Médecin.
(g ) Polyxo et Hypsipile sont des noms
d’Hyades et de Pleïades ( Arnobe , 1. 4 , p. 144.)
(Hygin, 1. 2 ) , ou des Astres^du Printemps,
qui fixoient autrefois l’arrivée du Soleil à
l ’Equinoxe.
(A) Quelques Auteurs ont prétendu , que le
teinple de Cyzique étoit consacré, non pas
à Apollon Ecbasius ( 3 ) , mais à Apollon
Jasonien; ce qui confirme notre opinion, que
Jason n’est que le Soleil, le fameux Apollon ,
Esculape , Dieu de la Médecine : on l ’appeloit
VApollon de Cyzique.
(i) Le vaisseau Argo , d’oii cette Colombo
doit partir, est la fameuse Arche de Noé ,
et le vaisseau de Deucàlion j comme on le
verra dans notre troisième Volume , «à l’article
des Apocatastases et des déluges. Le Poète
donne à cette Colombe le nom de Peleias (4).
(k) Ce lieu est près d’Héraclée. On prétend
, que c’est par cet endroit qu’Hercule tira
des Enfers le Cerbère , qui y vomit une
écume noire , qui forma la première plante
de ciguë. Andron de Téos dit que , dans
ces lieux, avoit régné autrefois un certain
prince appelé Âcheron, qui eut pour fille Dar-
danis, dont Hercule eut uh fils, qui bientôt
mourut ainsi que sa mère. Ils donnèrent leur
nom à deux endroits dans ce pays ( 5 ).
(l) Tricca est une ville de Messénie (6) ,
où Esculape fut élevé. Or Esculape est le
même Dieu que Sérapis, la grande Divinité
de Sinope, comme on peut le voir à notre
article Esculape et Sérapis.
(m) Les uns font Hécate fille de Persée (7),
d’autres de Jupiter. Dans les Orphiques on la
dit fille de Cérès. Bachylide la fait fille de la
Nuit \ Musée la fait fille de Jupiter et d’A«-
téri#, et Musée la dit fille d’Aristée, fils de
Pæon.
(/z) Cette circonstance prouve bien, qu’il s’agit
(1) Schol. Apollon, adv. v. 554.
<a) Hygin. 1. a, c. 7.
(3) Scholiast. Apollon, adv. v. 065.
(4) V. 318.
(5 ) Scholiast. Apollon.adv. y. 3^4,
\p) Pausan. Messen. p. 1 *3.
ici d’une fable Cosmique , qui a pour objet le
Dragon du Pôle , appelé Dragon de Çadmus ,
et le Taureau d’Europe , ouvce.lui des Constellations.
En effet, les deux monstres les plus
redoutables , dans le travail de Jason , ce sont
les Taureaux et le Dragon. C’est aussi le Taureau
et le Dragon qui jouent le rôle le plus important
de la fable de Cadmus. Il est à propos
d’observer, que le même Serpentaire, qui s’appelle
Cadmus, s’appelle aussi Jason j et que c’est la
même Fable, sous deux noms différens.
(o) De-là vint., sans doute , que certaines
traditions ne donnent que deux mois de durée
à cette navigation de Jason (8).
(p) Les filles de Pélias (9 ) portoient des
noms de Pleïades, telles oyéAsterope. ,(.Apol-
lodore , 1. l . )
Eschyle prétend, que les nourrices de Sacchus,
qu les Hyades , furent aussi cuites et rajeunies
dans la fameuse chaudiève (10) , où Médée ra-
jeunissoit les hommes, tels que Pélias , Eson,
et même Jason •, ce qui prouve bien , que cette
fiction sur le rajeunissement de Pélias, par le
moyen d’une chaudière, peut être relative au
rajeunissement de la Nature et du Soleil, au
moment où le Soleil a parcouru le Belier, et
qu’il s’unit aux Pleïades et aux Hyades, nourrices
de Bacchus. Ainsi Hercule épouse Kébé,
suivant le Sclioliaste d’Hésiode. On donne pour
fils à Jason, Apis, dont le Taureau céleste
étoit le type , et le Boeuf Egyptien l ’image ,
comme nous l’avons vu ailleurs 5 et pour fille
Atalante. On prétend que Jason fut tué par
Staphylus, ou Raisin. Le vieux Belier mis en
morceaux et cuit dans une chaudière d’airain ,
d’où sort ensuite un jeune Agneau ( 1 1) , offre
bien une allusion au«v renouvellement de l’année
, qui finissoit sous le mois où le Soleil
parcouroit le Belier , et qui renaissoit à son
lever Héliaque, à l’entrée du Soleil au Taureau.
C’est Christ - Agneau, qui sort du tombeau.
(q) Strabon, 1. 1 , p. 4 5 , etc. s’efforce de
prouver la réalité de l’expédition des Argonautes
; et il apporte entre autres preuves celle-
ci, qu’il existe une ville appelée A E a y près
du Phase ; qu’Ælès fut roi de-Colchide ; que
les richesses de ce pays furent un motif plus
que suffisant pour déterminer l’expédition de
Jason , comme elles avoient déjà déterminé le
voyage de Phryxus. Il existé, dit-il, des mo-
numens de cette double expédition dans le
Phryxium , ou ville de Phryxus} et les Jasonia ,
(7) Schol. Apollon, v. 467.
(8) Natal. Com. 1. 6, c. 8 1 p. 5S7,
(9) Ibid. I. 6 , p. 575 , ibicl» $89.
(10) Æschyl. Bacch. Nutricib.
(11) Hygin, Fab. 24.