L I G I O S U N I V E R S E L L Ë.
35 les autres nations, et peu ’à peu tout
33 l’Univers fut rempli de cette supers-
33 tition 33.
C’est également dans lés,' livres des
Egyptiens que le célébré Maimonides
nous dit avoir puisé toutes'ïés cpniltji?-
sancés. et lés1 détails qu’il ridüs MSnSe
sur le Subisme (r):,''et sur-tout dans les
livres de leur agriculture et de’ leur
astronomie rurale ;car, par-tout lècidte
dut naître des besoins de. l’homme., et
du sëntiment de là dépendance dans
laquelle il est de la Nature. Ainsi l’Egypte
peut être regardée comme1.'la
mère de folites les théogonies et1 la
source des fictions que les Grecs accueillirent
et embellirent ensuite ; car, il
ne paroît pas qu’ils aient beaucoup inventé.
eux-mêmes, comine Tatien J le
leur reproche (a) ; mais ils avaient tout
emprunté des barbares , c’est-à-dire, de
ces peuples , Egyptiens et Orientaux ,
qui du temps de Platon n’àdôroient
encore que la. Nature. Pliilort de Byblos
observoit avec raison que le$ Grecs,
naturellement ingénieux1 ' s'approprièrent
une partie des Fables cosmogoniques
des Phéniciens , lés embellirent ,
et quelquefois même les altérèrent par
la broderie merveilleuse qu’ils y ajoutèrent
{3) j mais le fond resta toujours
le même , et çe fond ne ' put être
que la Nature , puisque nous avons
prouvé plus haut que lès Phéniciens ,
les Egyptiens et les Orientaux, dont
les Grec^ empruntèrent leurs fables religieuses
, n’adoroient que les Dieux
'naturels (4) , le soleil, les astresetles élé-
mens, et généralement Unîtes les parties
de la cause universelle visible1; et ,
en effet, ils ne pouvoient donner
d’autre culte et d’autres Dieux que
ceux qu’ils avoient eux-mêmes ; seulement
les noms, leS attributs des
(i) More. Nevoch.Part. 3. c. 30 ï p. 423.1
(a) Tatien. p. 141, - >ni9Y'ni «-
(3) Ëuseb. Præp. Ëv. 1. t", c. 10, p. 39.
, i (4) Herod. 1.'2,, <at$<U &c..Jatnblicir.i!ds My»t.
Ægypf. c. 5 , §• 7; .r; ,t • iiuJi , J
(5) Herod, Ettterpe. c. 4. /
Dieux , les ’formes des cultes ‘ furent
différentes. Aussi' , Hérodote ne dit-il
pas* que la Grèce a reçu de nouveaux
Dieux de l’Egypte (c), mais qu’elle en a
reçu les noms et lés formés de culte (5).
.3? Ees^Egyptiêfis, dit cet historien ,
33 sont 'ceux- qüi passent pour avoir
33 ’imaginé leS: premiers les; iibrris des
33 douze grands Dieux , et les avoir fait
33 connoître aux Grecs (6) ; presque tous
33 les noms des Dieux sont venus de
33 , l’Eâypte en Grèce. D’après mes rë-
33 recherches, j’ai trouvé qu’ils venoient
33. dès barbares' et principalement dés
33 Egyptiens, a Les hordes Pelasgi-
ques’ qui s’établirent en Grèce influèrent
auffi sitr le culte ; mais ces Pelasges eux-
mêmes , remarque Athanase (7), avoient
originairement tiré de l’Egypte leurs
idées et leurs institutions religieuses.
U pàroît effectivement par Hérodote ,
que lès Pelasges primitivement hono-
roient, par des sacrifices, des Dieux à
qui ils ne donnoient aficun nom ni surnom,
et qu’ils désignoient par le nom
’général de Dieux (8). Ainsi les premiers
peuples de la Grèce, suivant Platon (9) ,
appelèrent Dieu« d’un nom général,
le soleil et'tous'lès astres qu’ils voyoient
dans un mouvement éternel ; mais dans
la suite les Egyptiens y portèrent, dit
Hérodotè (1 o}, les noms des Dieux, et entre
autres célüi de Bacchus. Les Pélasgês
furent consulter l’oracle de Dodone, le
plus ancien- de toute la Grèce, pour savon'
s’ils pouvoient adopter ces noms ;
et l’oracle leur répondit qu’ils ne pouvoient
rien faire de mieux : en conséquence',
ils reçurent toute cette nomenclature
sacrée , qui passa- ensuite- aux
Grecs. Donc les Grecs reçurent desËgyp-
"fiens § soit médiatement, soit imme-
diateruent, pair’ les Pelasges, les différentes
dénominations des êtres adorés,
9 (-6) îdetïi. Euterp. c. $o.~n.
($) Athanas. üqnt.-ù Genres, p. 15-
(8) Herod. in Euterp. c. p
(9) Plato. in Cratylo. p, 397. ,
| p Herudot, in Euterp., c. 15a. •: I (*)
SOUS
soits le titre général de Dieux. Ce ne
fiit donc que des noms , et vraisemblablement
une forme' différente de culte,
et non pas de nouveaux Dieux , que les
Grecs reçurent des Pelasges et des Egyptiens.
Eten effet, comment les Egyptiens,
qui, comme nous l’avons vu plus haut,
n’adoroient que le soleil, la lune et les
astres , qu’ils regardoient comme les
seules causes de tous les effets produits,
auroient-ils, en donnant leurs Dieux,
donné de nouveaux Dieux à des peuples
qui les adoroient aussi, comme le prouve
le passage de Platon ? Les Grecs, par
exemple , adoroient déjà le soleil, mais
ne le connoissoient point sous le nom
d’Hercule, qu’il portoit en Egypte et en
Phénicie , et ignoroient entièrement la
fiction sacrée de ses douze travaux. Ils
ignoroient pareillement son nom de
Bacchus que lui donnoient les Arabes,
et l ’histoire romanesque de ses voyages
i astronomiques , calquée sur celle des
yages d’Osiris ou de la grande divi-
’ uité des Egyptiens, le soleil, époux d’Isis.
' Ces différentes généalogies , ces nouveaux
noms , ces aventures feintes , les
1 attributs et les images des astres déjà
adorés en Grèce, sous le nom général de
Dieux ; voilà ce qui étoit nouveau pour
les Grecs, et ce qui donna à leurs idées
religieuses et à leur culte une face absolument
nouvelle. Nous nous bornerons
: aux seuls exemples de Bacchus et d’Her-
, cule, que nous ferons voir tirer leur ori-
Igine d’un peuple qui n’adora jamais des
hommes déifiés (1), et qui ne reconnut
|pour Dieux que la Nature et ses parties ,
le soleil, la lune et les astres, comme le
dit Eusebe (2).
Hérodote assure (3) que le culte d’Her-
■ cule étoit établi en Egypte dès la plus,
ihaute antiquité, bien des siècles avant
Ua naissance du prétendu fils d’Alcmène ;
tque ce sont les Grecs qui ont emprunté
sde l’Egypte le nom d’Hercule, et non
(1) Jahl. Proleg. § .9 , & c. 2 , sect. 12 & ,8, 21.
(2) Euseb. Præp, Ev. 1. 1, c. 6 & 9.
(3) Herod. in Euterp. c. 43.
(4) Ibid. c. 50.
Relig. Univ. Tome I.
pas les Egyptiens qui ontcopié les Grecs ;
que le culte d’Hercule remonte chez les
Egyptiens à plus de dix-sept mille ans ;
qu’il étoit chez eux un des douze grands
Dieux, c’est-à-dire , un des Dieux dont
les Grecs empruntèrent les noms de
l’Egypte ; c’est-à-dire d’un Dieu qui,
de l’aveu du même Hérodote (4) > fût
honoré d’un culte religieux par un peuple
qui n’adora jamais les héros ; car c’est
l’éloge que leur donne Hérodote : ce
qui confirme ce que nous avons établi,
qu’ils n’adorèrent que les Dieux naturels
(5).
Le même historien attetse qu’il a vu
un ancien temple d’Herçule en Phénicie,
c’est-à-dire chez un peuple qui n’ado-
roif que les astres , comme le dit Eu-
sèbe (6), et ce temple avoit été bâti pins
de deux mille trois cents ans avant l’époque
où l’on fixe la naissance de l’Hercule
Grec, autrement, l'établissement de son
culte en Grèce. Il ajoute qu'il passa
ensuite dans l’île de Tliase, où les colonies
Phéniciennes avoient élevé un
temple à ce même Dieu, et cela, plus
de cinq âges d’homme avant le siècle
du prétendu fils d’Alcmène ; d’où Hérodote
conclut qu’Hercule est un des
plus anciens Dieux, et que sor culte
étoit établi en Phénicie et en Egypte ,
avant de l’être en Grèce (7). Il est vrai
qu’il distingue deux Hercules ; l’un ancien,
, ou Dieu ; l’autre moderne , ou
héros. L ’existence du premier est bien
démontrée ; celle du second, comme
homme , n’est pas aussi claire ; et nous
ferons voir ailleurs , sur quoi porte cette
distinction (if) que fait Hérodote, pour
concilier l’opinion de son siècle avec
le résultat de ses recherches et le témoignage
des natious les plus savantes
dé l’Orient ; et que le véritable et le
premier Hercule est l’Hercule Egyptien,
ou lé soleil, adoré sous ce nom à Tbèbgs
en Egypte.
(5) Voyez Fréret, Défense de la Chronolog.
Herod. Euterp. c. 5°-
(6) V. ci-dessus,.p. 4.
(7) Herod. Euterp. c. 14,
C